et
l’occupation de l’UNICEF
à Santiago du Chili
Portrait d’une femme
et
résistante Mapuche
et
résistante Mapuche
Natividad Llanquileo,
anciennement porte-parole des Prisonniers Politiques Mapuches de la Coordination Arauco Malleco (CAM), elle se retrouve, en ce début août, participante à l’occupation du
siège de l’Unicef à Santiago du Chili avec Alliance Territoriale Mapuche.
Elle aura fort à faire à la fin de ses
études tant l’état chilien et l’étendu des crimes commis en son nom sont
légions, et en particulier ces dernières années à l’encontre des communautés
indigènes du Chili (lire la note, en bas de l’article).
C’est le 1er
août 2012 qu’elle s’est jointe à l’occupation, tout en suivant de près cette action visant à faire connaître et demander l’application des droits les plus
élémentaires pour les populations originaires du Chili.
Depuis 15 jours,
c’est-à-dire, depuis le 26 juillet, des femmes manifestent et réclament le
respect des droits des enfants Mapuches. Une manifestation de soutien a eu lieu
en présence de personnalités, d’artistes chilien, d'enfants venus dessiner, le 3 août 2012, lors d’une
journée dédiée aux enfants.
Pour rappel, le 23 juillet
à Temuco, capitale régionale de l’Araucanie, trois mineurs ont été blessés par
des projectiles provenant des forces spéciales. Actuellement, Amnesty
International au Chili rassemble les preuves et témoignages. Cela fera l’objet
d’un rapport, et qui sait, à des suites judiciaires ou juridiques, si les
conclusions mettaient en cause les policiers et leurs autorités de tutelle.
Natividad est une belle
jeune femme, cela n’échappe à personne et en particulier aux journalistes en
recherche de sensation, mais attention, son parcours n’a pas été un conte de
fée.
Elle a commencé très tôt le métier de garde d’enfants et elle a connu une forte exploitation de ses patrons, avant de commencer des études universitaires, et de se spécialiser en droit. De plus, rien, ne l’amenait à prendre la parole. D’une grande émotivité, elle a su à travers ses combats en faveur du peuple Mapuche dépasser ses peurs du passé.
Elle a commencé très tôt le métier de garde d’enfants et elle a connu une forte exploitation de ses patrons, avant de commencer des études universitaires, et de se spécialiser en droit. De plus, rien, ne l’amenait à prendre la parole. D’une grande émotivité, elle a su à travers ses combats en faveur du peuple Mapuche dépasser ses peurs du passé.
C’est un bel exemple de
combativité de la jeunesse Mapuche, et il n’est pas le seul. Ci-après, son "CV" et quelques extraits d'articles de la presse chilienne à son sujet.
Qui est Natividad Llanquileo ?
Natividad Llanquileo a été la porte-parole des
détenus Mapuches de la prison d'El Manzano à Concepción, au Chili.
Elle a 28 ans et elle est étudiante en droit.
Natividad Llanquileo a eu deux frères incarcérés,
Ramón à la prison de Concepción, et Víctor dans celle d'Angol. Mais l'activisme
remonte à plus loin dans sa famille : son père,
décédé il y a cinq ans, avait
rejoint les mouvements indiens des années 1970, sous le gouvernement
de Salvador Allende.
Sa vie est remplie de luttes et reflète la réalité de
milliers de jeunes mapuches. A sa sortie du lycée, Natividad est partie à
Santiago pour trouver du travail et gagner sa vie.
Le blog Ukhamawa [en espagnol] la décrit ainsi :
« Avant de devenir
porte-parole, Natividad souffrait d'une peur phobique en public. Et
aujourd'hui, on a du mal à chaque fois à croire qu'elle rougissait, qu'elle
parlait en public ou passait un oral pendant ses études, elle se serait figée
devant une grève de la faim. “Mais du jour au lendemain ma timidité a disparu”.
Cela, depuis qu'elle s'est vue confrontée à prendre part à des forums public, à parler au mégaphone en diverses marches, donner des entretiens et négocier sur un pied d'égalité avec des ministres et sous-secrétaires. »
Cela, depuis qu'elle s'est vue confrontée à prendre part à des forums public, à parler au mégaphone en diverses marches, donner des entretiens et négocier sur un pied d'égalité avec des ministres et sous-secrétaires. »
Observatorio Ciudadano relate son histoire :
“Je croyais que Santiago serait plus beau et aimable qu'en
réalité,” se souvient Natividad Llanquileo. “J'ai trouvé un travail d'employée
de maison logée chez des particuliers. Je m'occupais des enfants, faisais à
manger, le ménage… j'avais un jour de congé par semaine et j'allais chez ma
soeur à Lo Espejo…
Je me levais tous les matins à 6 heures pour faire le petit-déjeuner. Je ne savais jamais à quelle heure j'irais me coucher, ça pouvait être 2 ou 3 heures du matin, quand mes patrons rentraient tard. C'est comme ça pour la plupart des nounous.” C'est aussi là qu'elle a dû apprendre le fonctionnement des appareils électro-ménagers, s'adapter aux transports en commun et à dominer les technologies qu'elle a rencontrées en ville."
Je me levais tous les matins à 6 heures pour faire le petit-déjeuner. Je ne savais jamais à quelle heure j'irais me coucher, ça pouvait être 2 ou 3 heures du matin, quand mes patrons rentraient tard. C'est comme ça pour la plupart des nounous.” C'est aussi là qu'elle a dû apprendre le fonctionnement des appareils électro-ménagers, s'adapter aux transports en commun et à dominer les technologies qu'elle a rencontrées en ville."
Elle est considérée comme faisant partie de la
“nouvelle génération mapuche” par la
Revue Que Pasa, comme le rapporte Prensa. Chile: asuntos indígenas (en espagnol):
« On dit qu'enfants,
ils gardaient les animaux et vivaient dans des huttes. Aujourd'hui, ils
étudient à l'université. Ils admirent les héros mapuches comme Lautaro et non les héros nationaux chiliens tels que Prat.
A la différence de leurs parents, ils apprennent le mapundungun et jouent au palín [respectivement, langue et sport mapuches, NdT]. Ils sont organisés et prétendent devenir des dirigeants. Les savoirs winka [non mapuches, NdT] sont un “levier” pour leurs fins, parce qu'ils ne veulent définitivement pas se “chilianiser”. »
A la différence de leurs parents, ils apprennent le mapundungun et jouent au palín [respectivement, langue et sport mapuches, NdT]. Ils sont organisés et prétendent devenir des dirigeants. Les savoirs winka [non mapuches, NdT] sont un “levier” pour leurs fins, parce qu'ils ne veulent définitivement pas se “chilianiser”. »
Magnétique, hypnotisant, sont parmi les adjectifs utilisés par Patricio Hidalgo dans El Quinto Poder :
« A la différence de
quasi tous nos politiques et analystes d'opinion de notre patrie, sa parole est
précise, juste, elle se garde des émotions artificielles et des citations
provocatrices. Il y a quelque chose de magnétique, d'hypnotisant dans sa force
simple, son ton de voix macéré, son regard farouche. Le contraste est notable :
l'écran est saturé de politiques qui “dénoncent” ce que les comuneros mangent,
de gens qui se gargarisent de la “menace terroriste”, de l'atrocité d'”attenter
à leur vie”, et la riposte vient, symbolisée par un visage frais, simple,
inoubliable. »
C'est avec la même clarté qu'elle est venue à la
table de négociation, selon Quepasachile.com
« Dans une réunion, la
première chose que j'ai faite c'était de montrer du doigt le ministre Larroulet
(ci-contre) et de dire à voix forte : “Vous avez dit que nous sommes des terroristes et
maintenant vous dites que non. Que s'est-il donc passé ?” Dans ce sens, ce n'est
parce qu'on est ministre qu'on doit être traité autrement, parce que je
suis l'égale de tous. Celui pour qui j'ai un grand respect, c'est l'évêque
Ezzati. Son rôle en la matière a été très important. Sans lui, le gouvernement
n'aurait pas éprouvé à le besoin de dialoguer avec nous. De plus, pour négocier
avec le gouvernement, il nous fallait un médiateur, qui soit en même temps un
garant, sans quoi il n'y aurait pas de négociation. En effet, qui nous garantit
que le gouvernement va signer ou non l'accord ? Sans garantie, une négociation
ne sert à rien. »
Note :
Faut-il précisé qu’en 200
ans les colons chiliens se sont appropriés 99,98 % du territoire d’origine des
communautés mapuches du Chili…Et en l’état actuel l’état chilien se refuse
d’appliquer la Convention 169 de l’OIT, quand on peut même affirmer qu’il
bafoue à plusieurs titres le droit international. Soit en matière d’application
de la convention qui stipule que l’état
doit sur toute mesure concernant les communautés indigènes, les
consulter, ou bien simplement sur les droits fondamentaux de n’importe quel
citoyen de cette planète, sans oublier la Charte des droits de l’Enfant de
1989.
Sources :
Global Voices : écrit par Paulina Aguilera Muñoz ·
et traduit par Suzanne Lehn (Octobre 2010).