dimanche 8 septembre 2013

Chili, des milliers d'étudiants veulent en finir avec l'héritage

Les étudiants chiliens 
se mobilisent pour l’éducation 
et en finir avec l’héritage de Pinochet

Par la rédaction du quotidien La Jornada  – Notes et traductions de Libres Amériques

Les étudiants chiliens ont organisé de nouveau une manifestation le jeudi 5 août 2013 pour exiger une profonde réforme du système éducatif actuel, et pour en finir avec les héritages de la dictature d’Augusto Pinochet (1973-1990) et le message très symbolique de cette marche à Santiago du Chili. Le rassemblement a réuni entre 50.000 et 80.000 personnes. La manifestation s’est terminée avec des incidents violents et comme une habitude des plus malsaines et routinières, par une forte répression des policiers. Un reportage vidéo (en ligne) d’OPAL Presse nous montre une fois de plus le comportement brutal des agents de la force publique. (et un document vidéo en ligne sur l'éducation et les inégalités sociales au Chili)

La manifestation a  commencé sur la grande place Italia à Santiago, d’où de longues colonnes de personnes engagèrent une marche jusqu’à la station Mapocho, où s’est conclue la protestation, au milieu d’un très important dispositif policier.

La protestation s’est déroulée à moins d’une semaine de la commémoration des 40 ans du coup d’Etat militaire du 11 septembre 1973, qui entraîna la chute du président socialiste Salvador Allende, et l’arrivée de la dictature de Pinochet, qui se termina en 1990.

Des slogans comme « à 40 ans du coup (d’Etat), le coup nous le donnons » ou « fin à l’éducation du tyran », ont retenu l’attention tout au long de la marche, qui a réuni selon la Confédération des Etudiants du Chili (Confech) plus de 80.000 personnes, pendant que la police a chiffré la mobilisation à 50.000 manifestants.

Vidéo d’OPAL Presse, de la dernière manifestation étudiante !


Avant que ne se termine la marche ont éclaté des affrontements entre manifestants et les agents des forces spéciales de la police, qui lancèrent des jets d’eau à partir de leurs camions blindés et par des gaz lacrymogènes pour contrôler les débordements, ce qui a mis fin au bon déroulement de la manifestation (plus que majoritairement pacifique).

Une centaine d’individus cagoulés (*) ont jeté des pierres et des bâtons aux agents des force spéciales policières, de même, ils ont incendié des barricades et réalisés des destructions sur le mobilier public. Les incidents ont donné lieu à 214 arrestations et 34 policiers blessés, selon le rapport de la police. (ndt et évidemment pas de blessés chez les manifestants qui ne portent pas des tenues de Robocop…).

(*) Les encagoulés : Un procédé bien connu au Chili de provocations, ou des individus non identifiés viennent à la fin des manifs pour provoquer des heurts avec les forces de l’ordre et servant ensuite à la propagande du pouvoir pour dénoncer les agitateurs dans le camp des manifestants, bien que ne dépassant pas le nombre d’une centaine, mais qui à chaque marche sont présents comme par enchantement…

En finir avec l’héritage de la dictature

Depuis mai  2011, les étudiants chiliens ont fait une centaine de manifestations dans les rues pour une éducation gratuite et de qualité, certaines d’entre elles ont même dépassées les 100.000 personnes (pour 16 millions d’habitants), et représentant les défilés les plus massifs de ces 20 dernières années depuis le retour de la démocratie au Chili en 1990.

En plus des marches ou manifestations, les étudiants ont occupé « illégalement » des collèges et ont été appuyés par les syndicats de professeurs et de travailleurs.

Les étudiants exigent un changement radical de l’actuel système éducatif, un des héritages de la dictature de Pinochet, un des plus ségrégationniste (socialement) du monde, pour entre autres assurer la gratuité et la qualité aussi bien au collège qu’à l’université.

Dans le système actuel, l’inscription à l’école publique à l’entrée au collège représente seulement 40% des écoliers, pendant que les autres sont dans des collèges privés ou dans des centres éducatifs qui perçoivent des subventions de l’Etat, mais aussi, si les parents ont de quoi payer. (pour une famille des petites classes moyennes, un enfant peut représenter 30% des dépenses du foyer sur une année dès le collège).

A l’entrée à l’universitaire, il n’existe pas la possibilité d’étudier sans payer des frais très lourds, et en accédant à l’éducation supérieure, les étudiants doivent prendre des crédits, qu’ils sont obligés de rembourser à la fin de leurs études.

« Dans le cas de l’éducation, il faut prendre en compte un autre lègue de la dictature, avec lequel nous voulons en finir et qui justement est le présent que vivent des milliers de chiliens par l’imposition d’un modèle économique et social », a déclaré Diego Vela, présidente de la Fédération des Etudiants de l’Université  (FEUC).

« Nous observons un individualisme, il  existe dans l’éducation, par la ségrégation (sociale) qui a été générée par un excès de commercialisation dans son fonctionnement et il est lié justement aux changements que nous voulons obtenir », a ajouté Diego Vela de la FEUC.

Un peu avant cette manifestation, les étudiants ont présenté un rapport de 11 pages dans lequel ils ont  rassemblé toutes leurs revendications, qui en plus de l’éducation gratuite et de qualité, ils ont inclus entre autres choses, la fin de la municipalisation de l’éducation des écoles du primaire, la nationalisation de l’industrie du cuivre.

« Non ce n’est pas un livre de recettes, c’est une invitation à débattre sur l’éducation (ou l’école) que nous voulons », précise le document.


Vidéo de Pantuana TV, Mouvement étudiant et inégalités sociales au Chili



Source : Le quotidien La Jornada (Mexique)