mercredi 11 septembre 2013

Chili, Salvador Allende son combat pour l’Unité Populaire

Coup d’Etat de 1973 : 
Un crime 
sans coupables ?

Par Víctor de la Fuente (*) - Traduction de Libres Amériques

Il y a quatre décennies, le haut commandement des Forces Armées a commis des graves délits, de soulèvement et de rébellion en destituant un gouvernement légal – délibérément constitué et mettant un terme à la Constitution. Parallèlement, ils instaurèrent un régime dictatorial avec une répression féroce. Ni les exécuteurs du coup d’Etat, ni les civils qui se sont conjurés ont été jugés (1), jusqu’à présent a régné l’impunité.

Le régime civique et militaire, qui dura 17 ans, liquida le projet d’un socialisme démocratique et instaura une dictature, qui fut un laboratoire d’application des politiques néolibérales dans le monde, réduisant le rôle des Etats-Unis, privatisant le plus possible, et faisant de l’éducation et de la santé un négoce.

Une des conséquences a été d’amplifier les inégalités, et toujours en faveur des plus puissants. Ceux qui succédèrent à la dictature ont continué à gérer administrativement le modèle économique et même ils ont élargi les privatisations (ouverture de l’exploitation du cuivre aux transnationales, l’eau…). 

Pour leur part, ceux qui firent le coup d’Etat et éliminèrent la Constitution, aujourd’hui ont le toupet d’envisager que la Constitution de la dictature, doit seulement être modifiée selon les termes, qu’ils mirent en œuvre.

Le plus surprenant encore est que les opposants à la dictature ont la même position et - avec la droite -  ils se refusent à appeler à une Assemblée Constituante pour élaborer et approuver démocratiquement, par un vote populaire, une nouvelle Constitution.

CONSTITUTION

J’appelle l’attention, qu’au sein de notre pays, les années de l’Unité Populaire ne sont pas très connues, ni revendiquées, bien plus elles ont été dénigrées, alors que Salvador Allende – avec raison – a gagné – dû au prestige et c’est beaucoup plus valorisant, cependant la grande oeuvre de Salvador Allende est, précisément, l’Unité Populaire.

Les forces politiques qui ont été parties prenantes de ce projet ne l’ont pas revendiqué, en partie – assurément – déjà parce qu’elles n’ont pas ces positions révolutionnaires de transformation de la société, puisqu’elles n’ont aucune perspective, pour prendre un seul exemple, la nationalisation du cuivre.

Au fil du temps, ressort encore plus la figure d’Allende et sa clairvoyance. Assez pour se souvenir de son discours sur le commencement de la globalisation néo-libérale, à l’ONU, le 4 décembre 1972, en critiquant « le pouvoir et les agissements néfastes des transnationales, dont les budgets dépassent beaucoup de pays... Les Etats semblent être interférer dans leurs décisions fondamentales – politiques, économiques et militaires – par des organisations globales, ne dépendant, ni n’étant fiscalisées par aucun Parlement, par aucune institution représentative des intérêts collectifs » ».
 

Nous souhaitons mettre en relief l’engagement et la fidélité d’Allende, jusqu’à sa mort, pour les causes sociales et politiques des plus pauvres et en même temps son réalisme politique, sa capacité d’éveiller, d’éduquer et surtout d’unir les forces autour d’un programme populaire, en dirigeant ce gigantesque mouvement qui amena le peuple au gouvernement en 1970.

Il y a à récupérer la mémoire d’un président qui fit de l’étique sa plus haute valeur, qui mourut dans le bombardement du palais de La Moneda, en soulignant son combat pour un socialisme démocratique et révolutionnaire.

Allende n’est pas un simple martyre, il ne doit pas être oublié, que sous le gouvernement de l’unité Populaire du Chili, il nationalisa le cuivre, il a approfondi la réforme agraire, il défendit l’enseignement public et gratuit, il créa dans l’espace social de l’économie, et il promut la participation populaire aux décisions.

Avec Allende, les Chiliens retrouvèrent la dignité

Dès le début l’Unité Populaire commis des erreurs et Allende a réagi à chaque fois avec une certaine ingénuité (2), mais les erreurs  ne justifient pas, en aucun cas, un coup d’Etat, qui fut un crime contre le peuple et la démocratie. Comme ont pu nous le démonter l’Unité Populaire et Allende, ils furent victimes des transnationales, de l’empire étasunien, des grands entrepreneurs. Jamais il ne faut confondre les victimes avec les bourreaux, jamais l’erreur d’une victime ne justifie un crime contre elle.

L’exemple de Salvador Allende vit aujourd’hui dans les combats des étudiants et des peuples,  aussi bien au Chili qu’en Amérique Latine. Son exemple nous aidera à conquérir cet autre monde si nécessaire et possible avec lui, que nous rêvons tant !


Notes :

 (*) Directeur de l’édition chilienne du Monde diplomatique.

1. Lire, Eduardo Contreras, A 40 ans, « Jugement des civils du coup d’Etat », Edition chilienne du Monde Diplomatique, avril 2013 et aussi  Jorge Magasich, Le coup d’Etat cívico-militaire et le terrorisme, dans cette exemplaire du mois de septembre 2013.

2. Regarder le documentaire « El último combate de Salvador Allende » (Le dernier combat de Salvador Allende). Quand très tôt dans la matinéee du 11 septembre 1973 ne trouvant pas à joindre Pinochet, Allende dit à Carlos Jorquera, « Pauvre Pinochet, il doit être prisonnier ».


édition chilienne de septembre 2013 (N°144)