de Danielle Mitterrand
Par Libres Amériques
Un entretien de Danielle Mitterrand sur les Mapuches ... à lire absolument ! Et des extrait vidéo d'une conférence de presse en 2008 (8 minutes). "En tant
qu’altermondialiste, je rêve d’un monde humaniste dans un environnement
respecté"
Fait en 2010, suite à sa visite au Chili
Comment a commencé votre relation avec le peuple Mapuche? Vous souvenez-vous quand est-ce la première fois que vous avez pris contact avec eux ?
DM : En 2000, j’ai
été invitée par le maire de Tirua, Adolfo Millabur, à visiter les régions de Bio-Bio
et l’Araucania victimes des plantations intensives de résineux et d’eucalyptus
qui détériorent la terre, ravagent l’humus et polluent les sources, les
rivières et les lacs. J’ai répondu à son invitation.
J’ai parcouru la zone
pendant une semaine. J’ai rencontré des hommes et des femmes résistant aux déplacements de
population, encourant les risques de violences que vous connaissez, des
familles en quête de nouvelles des membres de leurs familles arrêtés.
Informée par des avocats
qui forment juridiquement les communautés indigènes pour défendre leurs droits.
J’ai recueilli les
témoignages d’une femme âgée qui a marché plusieurs jours pour m’alerter sur
les dommages causés par le barrage de Ralco sur le Bio Bio.
Comment est
votre relation actuelle avec les Mapuches? Comment vous êtes informée sur ce
qui se passe au Chili ?
DM: Lors de mon
dernier séjour au Chili, J’ai rencontré une délégation de lonkos Mapuches et de
diverses communautés venue à l’ex Congrès National.
Ils s’insurgeaient contre
la loi anti terroriste qui leur est appliquée. Ils défendent leur terre contre
les divisions créées par des implantations industrielles, contre les projets
d’infrastructures qui vont naitre en terre mapuche et qui polluent leur territoire,
par exemple l’aéroport et la décharge de déchets qui sont en phase
d’approuvassions dans la neuvième région. Ils demandent plus que de la terre,
ils demandent du territoire où pouvoir exister avec leurs structures sociales,
politiques, culturelles.
Cette population comme tous les Chiliens ont droit à
être respectés avec leurs particularités. Et ils
entendent bien légalement se faire respecter.
Au Chili il y
a une phrase typique qui dit “remuer le poulailler”, quelque chose comme mettre
du désordre. Quelques secteurs du Chili disent que vous êtes entrain de
« remuer le poulailler » au Sud du Chili. C’est ainsi ? pourquoi ?
DM : Je ne sais pas
si c’est « remuer le poulailler » que de s’informer sur la situacion
des peuples indigènes ou sur Hidroaysen. Ce dernier est un projet pharaonique,
destructeur de la biosphère pour
des intérêts ciblés qui n’ont rien à voir avec l’intérêt général. Le fait de
poser publiquement les questions
qui gênent, peuvent donner à réfléchir à l’inopportunité de ce programme.
En
l’occurrence, ma présence en Patagonie à permit d’amplifier la voix des
victimes de la construction des barrages et des câbles électriques. Ce travail
a permit de remuer quelques consciences. Peut-être est-ce ce que vous appeler
mettre du désordre ? Moi je dirai plutôt ramener les décideurs à la
raison.
Il est vrai
que les communautés mapuches reçoivent de l’argent de votre part? Financez-vous
des projets des organisations mapuches? Qu’elle a été votre apport ?
DM : La Fondation a
pour vocation de répondre aux appels des communautés qui dénoncent des
injustices. Les Mapuches, à l’image d’autres peuples, se sont rapproché de nous
pour demander notre appui pour obtenir plus d’équité dans leur défense.
Heureusement,
aujourd’hui, il existe au Chili des structures et des lois qui devraient permettre
d’avancer positivement dans la résolution des conflits environnementaux et
sociétaux. Les Mapuches doivent utiliser ces lois et les faire respecter.
C’est ainsi que par le
passé, nous avons contribué à financer des programmes de défense des droits du
peuple mapuche en partenariat avec le Centre des droits de l’homme mapuche.
Aujourd’hui, nous travaillons avec l’Observatoire Citoyen pour un plaidoyer
international. Notre dernière action conjointe a été réalisée au mois d’août
lors de la présentation du rapport parallèle de la société civile chilienne au
Comité contre le racisme et la xénophobie des NU.
Que les votre
opinion sur l’action du gouvernement et du peuple chilien vis-à-vis des
mapuches ?
DM : Je pense qu’un
contentieux culturel reste profond, encore de nos jours. Comme dans tous les
pays Sud Américains, un sentiment
pervers de culpabilité vis-à-vis de ces peuples autochtones pourchassés
et massacrés par les « découvreurs des Amériques » et leurs
héritiers, laissent des traces durables. Je crois qu’il est temps pour les
Chiliens de s’analyser pour retrouver des relations humanistes avec leurs hôtes
ancestraux. Alors il en sera
terminé avec les lois anti-terroristes et les conflits qui n’ont pas lieu
d’être sur une terre dont tous ont l’usage.
Appuyez-vous
les manifestations radicales du peuple mapuche, les attaques à la propriété
privé qui montre la presse ?
DM : Sachez que la
Fondation France Libertés a pour principe de ne pas soutenir les luttes armées,
pas plus que les actes de violence. Elle condamne toute forme de terrorisme,
qu’elle soit d’Etat ou des populations. Dans le premier cas c’est un crime
contre l’humanité, dans le second, résister à la violence par la violence est une mauvaise stratégie.
Qu’elle est
la solution pour vous pour finir avec le conflit qui existe?
DM : J’étais à la
dernière session du Conseil des Droits de l’Homme à Genève, où j’ai entendu les
dispositions de l’Etat chilien : Création de l’Institut des Droits de
l’Homme pour répondre aux recommandations des « Principes de Paris »,
rédaction d’un « Plan National des Droits de l’Homme », approbation
récente de la Convention 169 de l’OIT qui concerne les Peuples Indigènes,
et proposition de création du Ministère
Indigène.
Ce sont de bonnes
intentions qui pourraient répondre
en partie aux attentes des
peuples indigènes, et nous
apprécierons ces avancées.
Nous, les associations de
défense des Droits de l’Homme, proposons : d’en finir avec la
criminalisation des demandes sociales des peuples indigènes. Des garanties par
l’intermédiaire du Haut Commissariat des NU, sur un dialogue d’égal à égal en
vue de résoudre les conflits.
Qu’elle est
votre opinion sur la présidente Bachelet?
DM : Je me garde
d’exprimer une opinion sur la personne que j’ai rencontrée à la Moneda mais que
je ne connais pas. Je reconnais sa volonté de considérer cette situation. Or, ce
sera le peuple chilien qui portera un jugement sur sa politique.
ARCHIVES : Pantuana TV, année 2008
Images et son de Lionel Mesnard
Avez-vous un message pour le peuple chilien?
DM : Vous connaissez,
sans doute, la campagne que mène le mouvement des « Porteurs d’Eau »
pour la défense du statut de l’eau, comme bien commun du vivant. Je me suis
rendue récemment au Chili pour porter ce message, jusque dans le bureau de
madame Bachelet, à l’attention de tout le peuple chilien.
En tant que
femme et leader d’opinion, qu’elle est votre rêve sur le futur ?
DM : En tant
qu’altermondialiste, je rêve d’un monde humaniste dans un environnement
respecté.
Sources : France-Libertés et Pantuana TV - Archives