Les Teko(s) de Guyane à l’honneur à Strasbourg
Exposition jusqu'au 13 novembre 2013
Par l’Association des Étudiants et Amis de l’Institut
d’Ethnologie de Strasbourg et notes de Libres Amériques
Les Teko(s), font partie d’une des six populations
amérindiennes présentes en Guyane. Ils vivent dans les communes de Camopi, pour
la plus grande partie, et de Maripasoula, un territoire essentiellement couvert
par la forêt tropicale. La Guyane est la plus grand département de France et le
plus grand territoire continental de l'Union européenne en Amérique du Sud.
« Les Teko, réduits a une soixantaine de membres dans les années
1930-1950, ont bien failli disparaître (…), ils
sont actuellement environ cinq cents. » (Une vidéo en ligne de la conférence sur « Quel avenir pour les
Amérindiens de Guyane ? »).
Aujourd'hui se pose la question de la transmission des
savoirs, des techniques et des valeurs spirituelles et morales remise en
question par la disparition des anciens et peut-être aussi par une perte
d'intérêt d'une partie des jeunes pour la tradition.
Ce qui est menacé, c'est un mode d'être, de penser et
d'agir fondé sur quatre pôles : la chasse, la pêche, la collecte et
l'agriculture itinérante sur brûlis. Les causes en sont multiples et
correspondent a une politique ethnocidaire constante d'assimilation :
transformation des cadres de vie (habitat "moderne" mais complètement
inadapté), développement du salariat, orpaillage clandestin ou non (pollutions,
pression excessive sur les ressources cynégétiques et halieutiques), etc.
Face à face, deux modes de vie, l'un (traditionnel) fondé
sur le souci de préserver l'équilibre des relations entre les communautés
d'êtres humains et leurs environnements naturels et humains, visibles et
invisibles ; l'autre foncièrement écocidaire (destruction des milieux naturels)
et ethnocidaire (destruction de la diversité culturelle).
Le Projet
L’origine de ce projet culturel et scientifique, est un
hommage à Éric Navet, enseignant à l’Institut d’Ethnologie de l’Université de
Strasbourg (Unistra) depuis 1985, à
l’occasion de son départ à la retraite.
À cette occasion,
l’Association des Étudiants et Amis de l’Institut d’Ethnologie organise,
du 11 Septembre au 13 novembre 2013, en collaboration avec l’Association de Muséologie et de
Médiation Scientifique (AMMS) une exposition, une table ronde, un cycle de films et des
représentations de danses traditionnelles.
Les Emerillon ou Teko et diversités culturelles en Guyane
Ils vivent au centre sud, ils se trouvent sur une ligne
fictive, ouest-est, entre Maripasoula et Camopi qui délimitait autrefois le
«territoire de l'Inini» dans lequel on ne pouvait pénétrer qu'avec une
autorisation préfectorale.
La Guyane française compte plus de 25 groupes culturels
différents parlant chacun sa langue. Outre les Amérindiens, on distingue la
population d'origine africaine (métis et descendants des anciens esclaves),
européenne (métropolitains ou anciens colons), les immigrants asiatiques (du
début du XX° siècle et des années soixante-dix) et des vagues d'immigration
plus récente (Brésiliens, Haïtiens, Saint-Luciens, Libanais, Surinamiens, Guyanais
- de la Guyana ex-britannique -, etc.). Il existerait aujourd’hui environ
15.000 amérindiens en Guyane.
La Guyane compte plusieurs communautés amérindiennes (entre
5% à 10% de la population, il n’existe pas de données précises, les
statistiques communautaires ne sont pas autorisées en France) considérées comme
descendantes des plus anciens habitants (plusieurs milliers d'année), ce furent
principalement des populations nomades ou non sédentaires.
Les principales familles linguistiques autochtones de l'Amérique du sud amazonienne sont représentées en Guyane : tupi (Wayampi et Teko), arawak (Lokono et Palikour) et carib (Wayana, Kalinya).
Les principales familles linguistiques autochtones de l'Amérique du sud amazonienne sont représentées en Guyane : tupi (Wayampi et Teko), arawak (Lokono et Palikour) et carib (Wayana, Kalinya).
Activités et Ressources
Qu'ils se situent dans l'une ou l'autre zone géographique,
les Amérindiens ont maintenu un mode de vie basé sur les activités
traditionnelles: chasse, pêche, essartage dit agriculture sur brûlis
(défrichage par le brûlis de parcelles qu'on appelle «abattis» en Guyane) et
cueillette. Ils cultivent, entre autres, du manioc dont les fins granulés, appelés
«couac» en Guyane, accompagnent la nourriture de tous les Guyanais.
La pratique de l'essartage suppose la rotation des
parcelles, donc des territoires assez vastes par rapport au chiffre de la
population. Cela pose le problème non résolu de la sauvegarde et de la
protection des territoires autochtones de Guyane qui se trouvent en zones
forestières, menacées par l'orpaillage et des projets de «développement»
économique mal adaptés.
Mais tous les groupes autochtones sont aussi aujourd'hui
dépendants de l'économie de marché pour se procurer ce qu'ils ne produisent pas
(sucre, café, vêtements, etc.). Ils touchent, pour certains, des allocations
familiales ou le RMI ce qui a créé des difficultés d'ajustement de leur gestion
économique.
Quel avenir pour les Amérindiens de Guyane ?
Les Amérindiens de Guyane, en particulier les Teko, se
trouvent aujourd’hui confrontés à de nombreux problèmes sanitaires et culturels
qui tiennent largement aux politiques d’assimilation prônées et mises en place
par l’administration française depuis les débuts de la colonisation (XVI°
siècle) mais aussi aux pressions environnementales liées à l’orpaillage
clandestin ou légal.
La mise en place du Parc Amazonien de Guyane présente de
nouveaux défis que la population amérindienne doit relever afin que cette vaste
entreprise contribue effectivement à résoudre les problèmes écologiques et
culturels qui concernent au premier chef les peuples traditionnels mais aussi
l’ensemble de la vie sur cette planète.
Source : TEKO