Par Amnesty International - France
Les candidats à l’élection présidentielle au Honduras doivent promettre de faire face à la terrible crise des droits humains que connaît le pays, en vue d’enrayer l’escalade de la violence, de l’insécurité et de l’impunité, a déclaré Amnesty International à l’approche du scrutin, prévu le 24 novembre 2013. Dans un courrier adressé aux huit candidats à la présidence, l’organisation les a exhortés à affirmer leur détermination à faire respecter les droits humains.
A
averti Guadalupe Marengo, directrice adjointe du programme Amériques
d’Amnesty International.
« Ces élections pourraient marquer un tournant et les candidats à la
présidentielle doivent s’engager à mettre en œuvre des changements
concrets et à mettre un terme aux violations généralisées des droits
humains que subit la population du Honduras. »
La lettre aux candidats à l’élection présidentielle expose en détail
la profonde crise des droits humains, qui se caractérise notamment par
des homicides, des agressions physiques et des menaces ciblant les
défenseurs des droits humains.
« Ceux qui défendent les droits fondamentaux courent chaque jour des
risques terribles pour mener à bien leur travail essentiel, dans une
société empoisonnée par des taux élevés d’inégalité, d’insécurité et
d’impunité, a poursuivi Guadalupe Marengo.
« Les prochaines élections offrent une nouvelle occasion aux futurs
dirigeants honduriens de tourner la page de cette situation désastreuse.
Nous avons hâte de voir émerger des projets et des propositions
accordant la priorité à la protection des droits humains et de ceux qui
les défendent. »
En mai 2013, une délégation d’Amnesty International s’est rendue au
Honduras et a recueilli des informations sur les actes de harcèlement,
les menaces et les agressions dont sont victimes des indigènes, des
afro-honduriens et des dirigeants paysans, des militants des droits des
lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexués (LGBTI), des
avocats et des journalistes.
Au mois de juillet, trois défenseurs des droits humains ont été
assassinés en l’espace de 10 jours :
Le 24 juillet à midi, la juge Mireya
Efigenia a été abattue à El Progreso, dans le nord-ouest du pays.
Le
21 juillet, le corps sans vie du militant LGBTI Herwin Alexis Ramírez
Chamorro a été retrouvé sur les rives du fleuve López Bonito, dans la
zone côtière de La Ceiba, dans le nord du pays.
Le 15 juillet, Tomás
García, éminent dirigeant autochtone, a été abattu par l’armée lors d’une
manifestation pacifique à Río Blanco, dans le département d’Intibucá.
« La situation des droits humains au Honduras se détériore chaque
jour. Il semble que personne ne soit à l’abri des violences et de
l’insécurité qui gangrènent le pays. Ceux qui défendent les droits
fondamentaux sont particulièrement exposés aux violations et aux
agressions », a constaté Guadalupe Marengo.
Facteur majeur d’inquiétude, la police et l’armée contribuent à la
violence au lieu de la combattre, situation exacerbée par une absence
quasi totale d’obligation de rendre des comptes pour les violations
commises.
Des affaires comme celle d’Ebed Yánez l’illustrent
parfaitement. Le 26 mai 2012, cet adolescent de 15 ans a été abattu à un
poste de contrôle de l’armée à Tegucigalpa, alors qu’il circulait à
moto.
Amnesty International a invité les candidats à l’élection
présidentielle hondurienne à s’engager à protéger efficacement les
défenseurs des droits humains, à renforcer le système judiciaire et
l’état de droit, à éradiquer l’impunité pour les violations des droits
humains, et à garantir la justice et des réparations pour les victimes
de violations, en particulier pour les personnes et les groupes
vulnérables.
« Nous attendons des candidats qu’ils annoncent publiquement avant le
24 novembre, jour du scrutin, qu’ils feront tout pour résoudre ces
questions décisives, a indiqué Guadalupe Marengo.
« Les Honduriens ont le droit de vivre leur vie sans crainte ni
menaces et de compter sur les institutions étatiques pour faire
respecter leurs droits humains. Nous espérons que les candidats
réagiront avec l’urgence que nécessite la situation. Les droits humains
doivent être au cœur de ce scrutin et imprégner les propositions portées
par les huit candidats. »
Complément d’information :
Selon les chiffres des
Nations unies, le taux d’homicides au Honduras s’élevait à 92 pour
100 000 habitants en 2011 – taux le plus élevé au monde. En 2010, 82 %
des homicides commis dans le pays impliquaient l’utilisation d’une arme à
feu.
En avril 2013, l’ancien procureur général a affirmé devant le Congrès
que seuls 20 % de ces homicides avaient fait l’objet d’investigations.
Selon
l’Institut national des statistiques, en 2010, plus de 60 % de la
population vivait dans la pauvreté et plus de 40 % dans une extrême
pauvreté.

Les autorités honduriennes n’ont pas
pris en compte les graves violations des droits humains consécutives au
coup d’État et aux élections.
Durant cette période, des policiers et des
soldats se sont rendus responsables d’arrestations massives, de
passages à tabac et d’actes de torture. Personne n’a encore été
sanctionné pour ces agissements.
Vous pouvez lire la lettre dans son intégralité (en espagnol ou en anglais) en cliquant sur : Cliquez ici !
Vous
pouvez lire les manifestes des candidats à la présidentielle qu’Amnesty
International a reçus en réponse à sa lettre en cliquant sur : Cliquez ici !
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