samedi 1 juin 2013

Guatemala, l'ONU préoccupée et le génocidaire Rioss Mont

L'ONU préoccupée par la situation au Guatemala à la suite de l'annulation du jugement contre Rios Montt

Par le CEI

Le haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Navi Pillay, a exprimé vendredi dernier son inquiétude quant à la question de la réparation des dommages causés aux victimes de génocide et de crimes contre l’humanité commis au Guatemala en 1982. Cette préoccupation s’inscrit dans un contexte particulier marqué par l’annulation de la décision de justice rendue contre l’ex-président du Guatemala, Rios Montt, accusé de génocide et de crimes contre l’humanité.

En effet, le 10 mai dernier, Rios Montt avait été condamné par un tribunal guatémaltèque de première instance à une peine d’emprisonnement de 80 ans. Il avait alors été déclaré coupable de crimes contre l’humanité et de génocide contre le groupe ethnique Maya-Ixil pendant sa présidence entre mars 1982 et août 1983. Au total, près de 200 000 personnes y avaient été tuées au cours des 36 années de guerre civile, dont 80 % étaient d’origine maya.

Le 13 mai dernier, après avoir pris connaissance de cette décision judiciaire, le haut-commissariat des Nations unies aux droits de l’homme avait salué le courage et la diligence de la justice guatémaltèque. Il avait déclaré à cet effet que par « cet acte, le Guatemala participe à l’immortalisation de l’histoire des procès pour crimes de masses et crimes contre l’humanité. C’est le tout premier pays au monde qui punit un ancien chef d’État à partir d’une juridiction nationale pour les atrocités qu’il a commises pendant l’exercice de ses fonctions ».

Toutefois, le 23 mai dernier, l’organisme international de défense des droits de l’homme a dû se raviser sur le sujet. Pour cause, la Cour suprême du Guatemala a pris une décision contraire à celle du tribunal de première instance. Elle a invalidé simplement la décision de justice de la cour inférieure pour vice de procédure et a ordonné la tenue d’un nouveau procès juste et équitable. Cette situation a suscité tout un tollé au sein de la communauté internationale.

C’est dans ce contexte que le porte-parole l'organisme onusien, Rupert Colville, s’adressant aux journalistes à Genève, a souligné l’indignation de la communauté internationale en regard à ce revirement de la justice guatémaltèque. « Nous sommes préoccupés par la situation des droits de l’homme au Guatemala. Nous réitérons les obligations des États à poursuivre, les responsables de génocide, crimes de guerre et crimes contre l’humanité » a-t-il martelé. 

Pour sa part, Navi Pillay a rappelé que les rescapés et les familles des victimes du génocide ont attendu pendant trois décennies pour que les responsables de ces atrocités soient traduits en justice, « ce qui reste quand même ahurissant ». Il a ajouté qu’il est lamentable qu’un verdict aussi important et symbolique soit annulé pour de simples raisons de procédure.

Plus de 70 organisations de défense des droits de l’homme et des victimes de génocide ont également dénoncé avec virulence cette décision de la Cour suprême guatémaltèque qu’elles qualifient de « ridicule » au regard des dommages qu’elle cause à son tour aux familles des victimes.


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