samedi 22 juin 2013

Nicaragua/Chine, signature de l'accord sur le "grand canal"

La Chine construira 
le grand canal 
du Nicaragua


Par le CEI (Canada)

Le président du Nicaragua, Daniel Ortega, a signé vendredi dernier avec le consortium chinois, KH Nicaragua Canal Development Investment, un contrat de concession relatif à la construction du grand canal du Nicaragua. Cet accord, qui a été également paraphé par Manuel Coronel Kautz, président de l’autorité dudit canal et vice-ministre des Affaires étrangères du Nicaragua, intervient à la suite de l’adoption par le parlement nicaraguayen d’une « loi spéciale relative au développement des infrastructures ». L’exécution de ce contrat se fera sur une période de 50 ans renouvelables et intègrera plusieurs éléments, dont la construction d’un pipe-line, d’un chemin de fer et d’un aéroport.

Évalué à près de 40 milliards $ US, il s’agit du plus grand projet d’infrastructure publique dans l’histoire de l’Amérique centrale. Il aura le mérite de concurrencer le canal de Panama et de transformer le Nicaragua en une véritable plate-forme logistique capable de rivaliser avec les autres grands partenaires régionaux et internationaux. 

« Le Nicaragua est l’un des pays les plus pauvres de la région après Haïti » et ce « projet nous aidera à conquérir notre indépendance complète », a déclaré le président Ortega. Selon les initiateurs du projet, les retombées économiques du Canal contribueront à revitaliser le commerce et l’économie de ce pays d’Amérique centrale qui possède un produit intérieur brut (PIB) de 27 milliards $ US par an. 

Les études prospectives officielles indiquent d’ailleurs que « de la réalisation de ce projet dépendra l’augmentation substantielle du PIB nicaraguayen, soit près de 10,8 % en 2014 et 15 % en 2015 ».

Toutefois, plusieurs observateurs se demandent quelle sera la contrepartie chinoise dans ce nouveau partenariat avec le Nicaragua. S’exprimant à BBC Mundo, Heinz Dieterich, chercheur à l’université autonome métropolitaine du Mexique, explique qu’il s’agit d’un vaste projet géopolitique qui a pour « objectif non avoué » de rapprocher davantage la Chine de l’Amérique du Nord et de lancer ainsi un signal fort en direction des États-Unis. 

« C’est comme aux échecs », ajoutera-t-il.  

« La Chine dit : si vous essayez de mettre en place une politique d’endiguement dans notre entourage immédiat, sachez que nous pouvons le faire aussi avec le Costa Rica, le Mexique et le Nicaragua ».

Si cette explication de Heinz Dieterich semble relever l’opacité de la pensée géopolitique chinoise dans ce qu’il est convenu d’appeler « la coopération Chine-Nicaragua pour la construction du canal du Nicaragua », il reste que la plupart des analystes s’accordent à dire que la réalisation de ce projet facilitera l’écoulement et la compétitivité des produits chinois sur le marché américain.



Sources en espagnol : 

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