Afro-Colombiens
au Chili
Par Isabel Araya M. - Traduction de Libres Amériques
Les droits des migrants au Chili sont vulnérables. La
situation des colombiens noirs dans la région d’Arica et de Parinacota révèle
des aspects préoccupants d’un point de vue humanitaire. Touchés par le conflit
armé, ils demandent à l’état chilien un refuge, cependant ils sont rejetés
malgré les accords internationaux définissant ce type d’action comme une
violation des droits de l’Homme au regard des normes internationales pour les
migrants et les réfugiés. Être au nord d'un espace frontalier entre le Pérou et
la Bolivie, constitue ainsi une « entrée ou une porte de sortie »
pour le reste de l'Amérique latine, la région frontalière est devenue un
véritable point d'intérêt géopolitique.
Non seulement, avec ces limites (douanières) transitent les
flux économiques de capitaux protégés par des accords bilatéraux, mais aussi
les personnes parcourant des routes migratoires spécifiques à la recherche
d'emplois et de meilleurs projets de vie.
C'est ce qui arrive aux migrants
latino-américains, en particulier les Afro-Colombiens touchés par le conflit
armé dans leur pays et cherchant asile auprès de l'Etat du Chili, ils sont rejetés par celui-ci en dépit des
accords internationaux définissant la nature de ces actions comme une violation
des droits des migrants et des réfugiés.
Migration Afro-Colombienne et violation des droits de
l'Homme
Arica est une ville qui se caractérise par un taux élevé de
migrants Péruviens et Boliviens, des hommes et des femmes (d’origine) Aymara
venant travaillés comme saisonniers dans les vallées arables d’Azapa ou de
Lluta. Leurs conditions de vie sont mauvaises, le paiement de leur labeur est
minime et ils vivent souvent dans des pièces surpeuplées et insalubres, sans
même avoir de l'eau dans les locaux où ils travaillent.
Pour Hernán Ramírez
- Coordonnateur du Centre
local d’accueil et de protection des Migrants : Il est important de souligner que l'introduction des Etats modernes et
du système capitaliste, la relation entre les cultures se caractérise par
l'exploitation, à la différence des temps précolombiens, quand il était normal
que les autochtones des zones hautes allaient cultivés les dites vallées, sur
les mêmes parcours par lesquels actuellement péruviens et boliviens migrent en
utilisant les routes ancestrales.
Mais il n'en est pas de même avec la migration colombienne : un phénomène récent déterminé par les conditions politiques de ce pays, un profil des migrants ne venant pas spécifiquement pour travailler dans
l'agriculture, mais plutôt
échappant à la guerre et cherchant un refuge.
Au cours de ces 10 dernières
années, la migration colombienne
a considérablement augmenté dans la
région d'Arica et le reste du pays, étendant les requêtes
et les projections de la migration « traditionnelle », ayant pour
répercussion dans des organisations comme le Centre d’Accueil et de protection
des Migrants (CAMI), d’élargir son plan d'action devant le manque de réponses
de l'État et de commencer à travailler avec des personnes sollicitant pour un
asile ou comme réfugié-e-s.
Parmi les demandeurs d’asile, les Afro Colombiens
prédominent. Ils viennent de Cali (au sud)
et de Buenaventura (au nord de la Colombie) des zones caractérisées par une
terrible violence, qui ne permet pas d’envisager les possibilités de protection
de la vie de ses habitants et, ce qui est la raison de la nécessité de migrer
vers d'autres lieux. Le Chili, en raison de son image et publicité
internationale d'être un pays démocratique avec une stabilité économique, a été
l'un des pays de préférence des déplacés, cependant après être arrivé sur le
territoire national, en plus de faire face à un rejet à leurs demandes d’asile,
ils sont confrontés à des hauts niveaux de racisme et de violence, desquels
justement ils ont dû échapper.
Selon l'article n ° 2 de la loi chilienne 20.430 qui
établi les dispositions sur la protection des réfugiés, il est entendu
que :
« Ceux qui par des craintes fondées
d'être persécutés au motif de la
race, la religion, la nationalité, l’appartenance à un groupe social
particulier ou politique, se trouvant en dehors de son pays de nationalité et
ne pouvant pas ou ne voulant pas profiter de cette protection en raison de
cette crainte ». L’article suivant établi que, « La
protection des demandeurs au statut de réfugié est
régie, par des principes de non refoulement, y compris l'interdiction de refoulement à la frontière, de non
sanction pour entrée illégale, de confidentialité, de non-discrimination, un traitement le plus
favorable possible et d'unité des familles ».
Il arrive, cependant, de ces principes qu'aucun ne soit
respecté et en dépit de documents accréditant la vérité de la persécution d'un
groupe armé (auparavant pris en charge par les organismes compétents en
Colombie), les demandes d'asile sont délibérément rejetées par les responsables
du PDI (Police chilienne). Cette situation révèle l'énorme racisme et
l'autoritarisme caractérisant les institutions publiques et l'Etat du Chili,
qui, malgré la ratification de la Convention relative au statut des réfugiés de
1951 et son Protocole de 1967, ont systématiquement violé chacun de ses
articles.
La situation décrite occasionne que, dans une recherche
continue de la sécurité, les migrants doivent passer par des étapes non
homologuées, restant une fois sur le territoire national dans une situation
irrégulière en l’absence de document (officiel), et en vivant avec la peur
constante d'être expulsé du pays au moment d’un contrôle de carabiniers ou de
policiers du PDI. Cette dynamique constitue un fait totalement illégal
attentant au principe de « non dévolution » convenu par la Convention
citée. Parallèlement, cet état par absence de document officiel, porte
préjudice à l'accès à un travail digne, à un logement, à la santé et à
l’éducation : des droits basiques qui sont quotidiennement violés.
Parmi de nombreux, le
cas de Jennifer Suley Candelo, celui d’une Afro-Colombienne déplacée
par la guérilla, qui après avoir été contrôlée
par le PDI, elle a été enfermée
dans les locaux de l'institution pendant 54 jours sans aucune décision de justice. Là, elle
a été contrainte de dormir sur un
matelas souillé par l’urine,
à faire ses besoins dans
des sacs plastiques, entendre constamment des insultes racistes et sexistes par des fonctionnaires, en plus de vivre dans l'ignorance des raisons de son emprisonnement
et, craignant un incertain
retour au pays. Un autre facteur
aggravant est le fait que face à
cette réalité, des organisations comme le HCR
(Haut Commissariat des Nations Unies
pour les réfugiés) ne se sont
pas prononcées.
Fermeture des frontières, l'hypocrite
lutte contre le trafic de drogue
La migration a été amalgamée au narcotrafic
et par conséquent, il a été ignoré la nature primordiale du droit de migrer et
de demander refuge. Pour cette raison, renforcée par les derniers
gouvernements, l'Etat du Chili a mis en place une forte politique anti-drogue
forte visant essentiellement les Colombiens, les Portoricains et les
Équatoriens, définissant ainsi a priori, qui peut ou non entrer sur le
territoire national.
Pour Ramirez, « La politique des
frontières nord du Chili a catégorisé les personnes qui ne peuvent pas entrer.
Maintenant, le problème est le suivant, il existe des traités signés par le
Chili, l'un d'eux avec le MERCOSUR, stipulant qu'en réalité les citoyens des
pays signataires peuvent entrer dans le pays sans aucune difficulté, juste avec
leur carte d'identité. Mais ces politiques de fermeture des frontières l’ont
déterminé, en permettant cette discrimination constante visant à éliminer les
Colombiens, les Equatoriens, et les Portoricains (...) et de se rendre compte que, d'autre part que pour une
grande quantité de migrants espagnols la porte n'est pas fermée, sachant qu'ils
pourraient faire entrer une drogue plus dommageable.
En ce sens, les systèmes de contrôle et de
surveillance des frontières comme Chacalluta, ont été renforcés, non seulement
avec un caractère de sécurité opérationnelle, mais aussi avec une forte
empreinte de racisme et de discrimination de la part de fonctionnaires dans
l'exercice de leur pouvoir (ou fonction), aidant à la formation de ghettos.
Face à cette situation, tout ceci devient
très éclairant, quand le même président Piñera déclare qu' « Arica est une
ville très importante, entre autres raisons, parce que c'est une ville
frontalière et qu’elle a une importance géopolitique cruciale, car nous avons
besoin de renforcer nos frontières, parce qu'ainsi nous renforçons non
seulement le développement d'Arica mais aussi la souveraineté du Chili. »
Les règles internationales
Le Chili a décrété une mesure de fermeture
des frontières au niveau national, les politiques en tant que telles répondent
à des règles internationales protégeant les intérêts économiques avant tout.
Les accords économiques entre pays ont contraint à ouvrir leurs frontières, non
seulement au capital, mais aussi aux personnes, cependant la signature massive
de demande d'asile par le Chili signifierait reconnaître l'image d'une Colombie
en crise et il obligerait les organismes internationaux des droits de l'Homme à
intervenir dans le pays, influant sur une forte fuite des capitaux étrangers.
Afin d'anticiper cette situation (le
président colombien) Santos a annoncé la mise en oeuvre pour le retour des
Colombiens dans leur pays d’une série d'avantages, une situation totalement
contradictoire étant donné que ceux qui migrent le font seulement pour des
raisons d'insécurité et de peur. Pour Hernan Ramirez « Cette loi promulguée par Santos avec le pouvoir
exécutif et législatif, vous met en échec une demande d'asile devant le droit
international. Comment se mettre à l'abri, si ce même gouvernement a promulgué
une loi qui favorise le retour ? ».
Enfin, signalons que le gouvernement
régional d'Arica et est entrain de penser à créer une maison d'accueil pour
migrants, un fait fortement critiqué par le Centre d'Accueil et de protection
des Migrants, puisqu'il impliquerait la création de véritables centres de
rétentions gardés par des policiers. « Non, il ne peut pas être accepté que le
gouvernement disposent de maisons d'accueil, ce serait la prison. Si
aujourd'hui, il n'existe pas de maison du gouvernement, il ne devrait pas
exister cette surveillance des migrants ou des réfugiés bafouant leurs droits,
- avec ces maisons, - la violation des droits de l'homme deviendrait
systématique ».
Article en relation en espagnol :
« Solicitantes
de asilo en Chile : Afrocolombianas al borde », Cliquez ici !
Source d’origine : EL CIUDADANO