Laurent Fabius
et José Antonio Meade
célèbrent ensemble
la
fête nationale française
Par le Grand Journal
L’arrivée du ministre au Mexique le 14 juillet 2013 vise à «
marquer l’importance de la coopération franco-mexicaine le jour de la fête
nationale » française. Ci-après le discours des Ministres des Affaires Étrangères
de la France, Laurent Fabius prononcé devant la communauté française. La venue du ministre au Mexique vise à « marquer l’importance de la coopération franco-mexicaine
le jour de la fête nationale » française et la « la relance de
l’amitié » entre les deux pays, a déclaré le ministre à des journalistes de
la presse française au Mexique.
Monsieur le Ministre, Madame l’Ambassadeur, Mesdames et
Messieurs, Chers compatriotes, Chers amis,
Il est exceptionnel, dans la vie d’un responsable politique
de n’être pas dans son propre pays pour célébrer la fête nationale. C’est mon
cas aujourd’hui en ce 14 juillet et c’est un choix car ma présence ici traduit
la volonté de la France et celle du Président de la République de célébrer à
Mexico le jour même de notre fête nationale, Mexicains et Français réunis, la relation
forte entre le Mexique et la France.
Je vois dans votre présence, monsieur le Ministre, cette
même volonté. Je vous en remercie tout particulièrement. Votre présence honore
et touche mon pays comme elle honore et touche tous les représentants de la communauté
française que je salue chaleureusement ainsi que nos amis mexicains.
Fête nationale en France, le 14 juillet est aussi, d’une
certaine façon, la fête des Mexicains. Nos deux pays partagent en effet des
aspirations communes. Les idéaux de 1789 ont été ceux de plusieurs générations
de combattants de l’indépendance et de la liberté du Mexique : le Père Hidalgo,
le grand Benito Juarez, qui réunit en lui l’héritage des Lumières et du Mexique
(Amér)indien, puis les révolutionnaires de 1910.
L’histoire de nos deux pays est, comme le disait le
Président Mitterrand dans son fameux « discours de Cancun » en 1981, celle de
deux « vieux compagnons ». Cette complicité nous a toujours rapprochés, même
quand la politique ou les circonstances nous séparaient.
Pour preuve,
l’affrontement de Camerone, dont nous venons de célébrer le 150ème
anniversaire, qui est devenu une source de respect et de reconnaissance entre
nous.
Notre capacité à dépasser les vicissitudes de
l’Histoire vient d’une affinité culturelle, comme il en existe peu entre deux
peuples. Le penseur humaniste Antonio Caso Andrade en 1924 soulignait que le
Mexique est en Amérique latine « ce que la France est en Europe : le point
d’intersection de deux grandes cultures humaines ».
Notre histoire, notre
géographie, tout nous apprend que « toute culture naît du mélange, de la
rencontre, de chocs », selon les
mots d’Octavio Paz (dont je salue la veuve, chère Marie José Paz). De cela sans doute vient notre passion commune pour les
échanges culturels, pour le dialogue des civilisations, en un mot notre
attirance réciproque.
Depuis deux siècles nos artistes, créateurs et penseurs
entretiennent un dialogue ininterrompu, à l’image de Frida Kahlo et d’André
Breton, de Jules Romains et d’Alfonso Reyes, de Carlos Fuentes et de Jean-Marie
Le Clézio.
Communauté de valeurs et intensité des relations culturelles
constituent donc deux piliers de notre relation particulière. Rien ne
l’illustre mieux que l’histoire de l’Institut Français d’Amérique Latine, la «
Casa de Francia », cœur battant de nos échanges culturels, fondé à Mexico par
un intellectuel français résistant, Paul Rivet, qui, comme Jules Romains et
d’autres, fut généreusement accueilli par le Mexique révolutionnaire lors de
l’Occupation nazie.
A partir de cette base et de cette amitié, nous souhaitons
ouvrir une nouvelle page des relations franco-mexicaines. Je suis ici pour y
travailler avec mon homologue Jose Antonio Meade, avec le Président Pena Nieto
et avec vous tous, Mexicains et Français. Le contexte est favorable.
Nos deux gouvernements sont animés par une volonté
réformatrice qui nous rapproche. En France, la politique de redressement et de
préparation de l’avenir. Ici, le « Pacte pour le Mexique » qui veut libérer le
potentiel de croissance du pays, assurer la justice sociale, améliorer la
sécurité, renforcer l’Etat de droit et assurer au Mexique toute sa place sur la
scène internationale.
Vous pouvez compter sur l’appui de la France, comme nous
savons pouvoir compter sur le Mexique. C’est dans cet esprit que le Président
Enrique Peña Nieto et le Président François Hollande ont décidé en octobre
dernier de créer le Conseil stratégique franco-mexicain.
Il réunit d’éminentes
personnalités de nos deux pays qui ont accepté de mettre leur talent et leur
expérience au service du renforcement des liens entre nos deux pays. Certains
des membres français m’accompagnent pour cette visite. Je les remercie et
j’adresse un salut tout particulier aux deux présidents, le Ministre Jorge
Castaneda et l’Ambassadeur de France Philippe Faure.
Au service des priorités de nos deux gouvernements, nous
allons travailler dans plusieurs directions d’intérêt commun :
1- Sur le plan politique, les domaines d’application de
notre partenariat sont nombreux : la promotion des droits de l’homme ;
l’abolition de la peine de mort ; la lutte contre le crime organisé ; le
développement de la santé et la recherche des moyens d’accroître la sécurité ;
le combat contre le blanchiment et la fraude ; l’inclusion sociale par l’accès
aux services sociaux de base et la lutte contre les discriminations ; la lutte
contre le changement climatique ; la sécurité alimentaire, en faveur de laquelle
nos deux pays œuvrent à l’ONU et sur le terrain.
2- Sur le plan économique, nos relations doivent être
fortement développées. La part de marché de la France au Mexique plafonne à 1%,
au 4ème rang seulement parmi les Européens. La France n’est que le 8ème
investisseur. Pourtant, il y a beaucoup à faire, en nous appuyant sur nos
complémentarités. Je pense en particulier à l’aéronautique, figure de proue de
ce partenariat renouvelé, mais aussi aux transports, à l’énergie, à la ville
durable, à la santé, aux services aux populations, aux NTIC.
J’appelle également les dynamiques entrepreneurs mexicains,
qui, je le sais, investissent de plus en plus à l’étranger, à profiter des
opportunités en France. La France est la cinquième économie du monde, la quatrième
destination d’investissements étrangers. On dénombre 20000 sociétés détenues
par des investisseurs étrangers, 32 des 500 plus grandes entreprises mondiales.
Au cœur de la zone euro, c’est une porte d’entrée naturelle pour le marché
européen et pour d’autres, comme l’Afrique.
J’invite donc les entreprises
françaises à participer à cette nouvelle aventure franco-mexicaine et à se
mettre dans les pas des célèbres « Barcelonnettes », émigrants français venus
chercher – et trouver ! – fortune au Mexique au XIXème siècle. Ils ont
introduit de nouveaux savoir-faire et contribué à l’entrée du Mexique dans
l’ère industrielle.
3- Notre coopération doit aller au-delà, dans des domaines
comme le cinéma, où la France et le Mexique partagent beaucoup. Je suis heureux
que le festival de Cannes ait décidé cette année d’honorer un film mexicain
(Heli, de Amatescalante, prix de la mise en scène).- Les échanges culturels sont
depuis toujours le fer de lance de notre relation.
Le succès populaire de
l’exposition sur Teotihuacán en 2009 au Musée du Quai Branly montre que
l’intérêt des Français pour le Mexique est très vif. La présentation à Paris, à
partir d’octobre prochain, de la plus grande exposition jamais présentée en
Europe des œuvres de Frida Kalho et de Diego Rivera suscite beaucoup
d’attentes.
4- Diplomatie, économie, culture : notre relation est faite
d’échanges humains que nous devons développer. Construire l’avenir, c’est
mettre l’accent sur les contacts entre sociétés, le développement du tourisme,
les rencontres entre jeunes, l’éducation, les coopérations universitaires et de
recherche. Nous disposons d’un réseau exceptionnel d’Alliances françaises
implantées sur tout le territoire et de lycées qui scolarisent près de 4000
élèves.
Le dynamisme de nos échanges universitaires est remarquable avec 2600
étudiants mexicains en France et 1500 Français dans les universités mexicaines.
L’accueil des étudiants mexicains est une priorité pour le gouvernement
français, et je vous assure de ma détermination à tout faire pour faciliter
leur séjour.
Nous devons également mettre en place des coopérations durables
avec les universités de ce pays. Je confirme notre souhait d’accueillir
l’annexe européenne de l’UNAM, sœur mexicaine de la Sorbonne. Notre
gouvernement soutient ce projet emblématique. Si cette prestigieuse université
le décidait, vous pouvez compter sur notre plein appui pour faciliter son
installation en France.
Je pense aussi aux partenariats possibles entre
collectivités locales. Je salue, à cet égard, la présence de Michel Vauzelle,
Président de la belle région PACA et de Jose Calazada Rovirosa, gouverneur de
Queretaro, qui mènent ensemble une coopération exemplaire.
Comparaison n’est pas raison mais je suis tenté de dire
qu’entre la France et le Mexique, tout recommence et que, comme au temps du
Général de Gaulle, nous voulons marcher à nouveau « la mano en la mano » (la main dans la main)
Vive le Mexique ! Vive la France !
Vive l’amitié entre le Mexique et la France !
Monsieur Philippe Faure, ambassadeur de France
Monsieur Philippe Faure, ambassadeur de France
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Source d'origine : Le Grand Journal (Mexique)