de grève de la faim
pour le jeune
Gabriel Valenzuela Montoya
Par Ivan de la Pampa
Si la presse internationale ou francophone apporte des
informations sur le Chili, c’est souvent au compte-goutte, et la grève de la
faim engagée par Gabriel Valenzuela Montoya depuis la prison pour mineur de
Chol-Chol a peu de chance de faire les titres, pourtant voilà plus de 50 jours
qu’il s’est engagé dans cette lutte pour faire connaître sa situation de prisonnier
politique. A part, quelques blogueurs ou sites militants et notamment des
communautés Mapuches du Chili, rien ne semble sortir dans la presse pour nous
informer. Ne cherchez pas ailleurs et notamment dans la langue de Molière, un
titre ou même une dépêche sur le sujet. Si la presse chilienne n’en parle pas,
pourquoi voudriez-vous que nos gazettes en fasse état ?
A plus de 40 jours nous entrons dans une phase d’alerte et
qui plus est à plus de 50, la santé de Gabriel est sérieusement menacée et à tout
moment certains organes vitaux peuvent être affectés. Dans un dernier
communiqué paru le 1er juillet le jeune mapuche en appel à sa
communauté, mais aussi la communauté nationale chilienne et internationale à se
mobiliser.
Dans un autre communiqué » paru à la mi-juin, un mois
après le lancement de da grève de la faim, il précisait « Je me rends compte de
l'affaiblissement de ma santé en raison de la grève de la faim » (initiée
depuis le 13 mai 2013), « c’est un très grand risque pour ma condition
physique, mais je jette tout dans la bataille afin que mes revendications
soient entendues »
Il rappelait aussi qu’au titre de l'article 37 de la
Convention Internationale des Droits de l’Enfant (1989), qu’il n’avait rien à
faire en prison en tant que mineur (1). Et il en concluait « Cela signifie
que l'État chilien a violé cette convention, chaque fois qu'il entre dans nos
communautés mapuches ». Et
Gabriel n’est pas le premier mineur à être incarcéré pour ce qui relève ou
ressemble le plus couramment à des délits d’opinion, ou la loi antiterroriste
appliquée depuis la dictature sert depuis à criminaliser les communautés
mapuches récalcitrantes ou plus exactement contestataires.
Dans son dernier communiqué Gabriel en appel « à rompre
le silence » qui se fait autour de sa lutte et il y a de quoi préciser que
jusqu’à présent et en dehors de très maigres réseaux sociaux, il doit faire
face à un silence plus que consternant et qui en dit long sur le traitement de
l’information, ou de la volonté d’écrire à ce sujet. Cette énième grève de la
faim est un appel au secours d’un gamin qui ne comprend pas et il a bien raison
de le croire, pourquoi le droit le plus usuel et aussi international ne
s’applique pas à lui.
Non seulement l’état chilien bafoue régulièrement les
différents textes existant sur les droits des peuples originaires (Convention
169 de l’OIT), mais en plus il emploie des méthodes ou s’exerce une loi
d’exception qui vise à faire des Mapuches des citoyens à part, ou de deuxième
catégorie et qui plus est paré de l’infamie de se faire traiter comme des
terroristes et de subir des peines disproportionnées.
Face à cette violence d’état et un silence un peu pesant des
médias, il est à souhaiter que cette question trouvera une place dans la
campagne présidentielle ou l’ancienne présidente, Michèle Bachelet semble de
nouveau la favorite à quelques semaines des élections au Chili. Par ailleurs il
aura fallu 3 grandes mobilisations étudiantes à Santiago (plus de 100.000
personnes à chaque fois), une fin mai et deux en juin pour voir enfin des échos
à ce sujet et surtout se limiter à faire état des heurts entre la police et les
manifestants, quand le Brésil occupait une part abondante de l’information
latino-américaine.
Gabriel est une triste illustration de comment est priorisée
l’information, à se demander s’il ne faut pas attendre un mort pour qu’enfin
lire des articles dans la presse ? Souhaitons que non et qu’il ressorte
une meilleure connaissance des luttes des populations Mapuches, mais il y a en
ce domaine un grand vide à remplir…
Communiqué public depuis la prison de Chol Chol de
Gabriel Valenzuela Montoya
Depuis cette prison sous Chol Chol, j'informe le peuple
Mapuche et l'opinion publique nationale et internationale, que moi Gabriel
Valenzuela-Montoya, jeune Mapuche prisonnier politique, de la communauté Wente
Mapu Winkul de la commune de Ercilla, aujourd'hui le 1er Juillet, 2013 , je
suis à 50 jours une grève de la faim en raison du processus (judiciaire)
injuste qui m’est fait, par l'État chilien et le procureur anti-mapuche Luis
Chamorro.
J’ai été accusé à tort, de vol avec homicide du
propriétaire Hector Gallardo, je me suis rendu volontairement, - je n'ai rien à
cacher - j'ai fait 4 mois de détention pour la durée de l'enquête, et elle en
est déjà à 10 mois et je suis toujours prisonnier dans cet endroit. En plus de
cela, mon processus judiciaire a été suspendu par le procureur anti-mapuche
(inefficace et sans éthique), Luis Chamorro, qui en dehors de ne pas faire son
travail dans les délais prévus par lui-même, garde des preuves secrètes allant
contre tout processus juste.
J'assume cette mesure si drastique et de la poursuivre
au moyen de mon sacrifice, jusqu’à mon transfert à la prison de Angol (…) (où
sont enfermés les autres prisonniers politiques Mapuches). Je suis désespéré,
comme jeune Mapuche, étant si loin de mon pays, de ma famille et de ma
communauté, dans ce lieu, avec d'autres jeunes, des modes de vie et des idéaux
très différents des miens.
C'est pourquoi face au silence et l'indifférence de l'État
chilien et la justice, j'appelle le gouvernement chilien à acte de présence et
de répondre à ma réclamation, puisque ce sont eux qui m’ont enfermé ici. Je
suis sûr de mon innocence, donc je demande à être avec mes proches.
Tous s’excusent qu’ils doivent faire valoir la Convention
relative aux droits de l'enfant, mais que dit-il l’article 37 du paragraphe C
« tout enfant privé de liberté sera séparé des adultes, à moins que l'on
n'estime préférable de ne pas le faire dans intérêt supérieur de
l'enfant » (1). J'ai comme
jeune Mapuche besoin d'être près de ma terre et de mon peuple, ma mère n'a pas
d'argent pour venir me voir toutes les semaines et le coût du voyage est très
élevé pour toute la famille.
Je répète que ma décision ne changera pas, être avec les
« Comuneros » au sein de leur module de la prison d’Angol. Que le
procureur anti-mapuche daigne faire son travail et en tenant parole.
Je me demande à tous de vous mobiliser pour appuyer ma
demande, à partir de n’importe quel lieu de lutte, pour rompre ce (silence ou)
siège de la communication !
Note :
(1) Convention Internationale des Droits de l’Enfant (1989
Article 37 - Les États parties veillent à ce que :
a) Nul enfant ne soit soumis à la torture ni à des peines ou
traitements cruels, inhumains ou dégradants: ni la peine capitale ni
l'emprisonnement à vie sans possibilité de libération ne doivent être prononcés
pour les infractions commises par des personnes âgées de moins de 18 ans ;
b) Nul enfant ne soit privé de liberté de façon illégale ou
arbitraire: l'arrestation, la détention ou l'emprisonnement d'un enfant doit
être en conformité avec la loi, être qu'une mesure de dernier ressort et être
d'une durée aussi brève que possible :
c) Tout enfant privé de liberté soit traité avec humanité et
avec le respect dû à la dignité de la personne humaine, et d'une manière tenant
compte des besoins des personnes de son âge : en particulier, tout enfant privé
de liberté sera séparé des adultes, à moins que l'on n'estime préférable de ne
pas le faire dans intérêt supérieur de l'enfant, et il a le droit de rester en
contact avec sa famille par la correspondance et par des visites, sauf
circonstances exceptionnelles ;
d) Les enfants privés de liberté aient le droit d'avoir
rapidement accès à l'assistance juridique ou à toute assistance appropriée,
ainsi que le droit de contester la légalité de leur privation de liberté devant
un tribunal ou une autre autorité compétente, indépendante et impartiale, et à
ce qu'une décision rapide soit prise en la matière.
Source : le site WERKEN-CL (Chili)