sont exposés
à de nombreux abus
Par Aline Timbert
Ce
sont environ 110 000 enfants et adolescents qui réalisent au Pérou des
travaux domestiques, des tâches susceptibles de les éloigner du système
scolaire et de les exposer à différents dangers, c’est le message
d’alerte diffusée par la fondation Terre des hommes. Le monde
compte plus de 100 millions d’enfants travailleurs, la majorité est
exploitée par des familles. Ils sont la plupart du temps très mal payés
ou bien ne perçoivent aucune rémunération, et leurs conditions de
travail dépendent entièrement du bon vouloir de l’employeur. Ils ont
très souvent une lourde charge de travail : ils font les courses, la lessive, la cuisine, le ménage et ils peuvent également s’occuper des enfants du foyer.
Un
rapport de l’OIT et du Programme international pour l’éradication du
travail infantile émis en 2002 (International Programme on the
Elimination of Child Labour – Ipec) fait mention de près de 2 millions
d’enfants domestiques, principalement des fillettes et adolescentes
travaillant en Amérique Latine et en zone caraïbe.
En Amérique
du Sud, le Pérou et le Brésil sont les pays qui présentent les pires
chiffres relatifs au nombre d’enfants domestiques, malgré les efforts
fournis ces dernières années par les autorités.
« 62 % des adolescents âgés de 14 à 17 ans présentent, en moyenne, un retard scolaire de deux ou quatre ans »,
a souligné la représentante de l’organisation, Carmen Montes. La
fondation se base sur des chiffres émis par l’Organisation
internationale du travail qui a lancé la campagne « chez moi il n’y a pas de travail infantile domestique »
dont l’objectif est de faire en sorte que la société reconnaisse cette
situation comme un véritable fléau social.
L’OIT affiche clairement sa
volonté de sensibiliser le public sur les risques encourus par les
mineurs contraints de travailler, mettre cette triste réalité dans la
lumière pour y mettre fin.
« 65 %
des travailleurs infantiles domestiques de Lima [capitale du Pérou]
sont des migrants, la modalité principale est celle du ‘gîte et couvert’ »,
une situation qui génère le plus grand risque d’exploitation, logés au
domicile de ceux qui les emploient et loin de leurs familles, les
enfants domestiques se retrouvent dans une situation de totale
dépendance.
Les jeunes travailleurs issus essentiellement des zones rurales les plus
pauvres (le travail infantile est une conséquence directe de
l’exclusion sociale) sont fréquemment soumis à de longues journées de
labeur (dans le pire des cas, « ils peuvent être exploités jusqu’à
16 ou 18 heures par jour, ils peuvent être également soumis à des abus
physiques, émotionnels et sexuels, sans compter les problèmes de retard
ou de désertion scolaire », a indiqué la représentante.
Le travail infantile est
synonyme de longues heures d’activités diverses, les enfants et
adolescents ne peuvent donc pas suivre une scolarité normale ni même
tisser des liens sociaux en adéquation avec leur âge ou s’épanouir par
le jeu, ils sont également exposés au risque d’accident ou encore à
différents types de lésions, il faut également citer le risque de
harcèlement sexuel.
Selon des renseignements fournis par
l’Organisation internationale du travail, sur les 110 000 travailleurs
domestiques âgés de moins de 18 ans, 79 % d’entre eux sont de jeunes
filles et 74 % sont âgés de 12 à 17 ans et 26 % entre six et 11 ans.
Être une petite fille, ou une adolescente issue d’une famille
défavorisée des zones rurales ne fait qu’augmenter les risques
d’exploitation !
Selon l’OIT, la pauvreté et l’empreinte culturelle sont des facteurs déterminants à l’origine de ce problème social « beaucoup
pensent encore que le travail est formateur, que les enfants et
adolescents seront meilleurs s’ils commencent à travailler très jeunes.
Mais il est également vrai que les mauvaises conditions économiques
peuvent expliquer l’expulsion des enfants du foyer familial ».
La
spécialiste souligne donc l’importance du secteur éducatif, ce dernier
doit être attractif pour les adolescents, d’autre part il précise que
les gouvernements locaux et régionaux doivent agir en faveur de la
protection de l’enfance. Cette année l’OIT souhaite attirer
l’attention sur ce type d’exploitation infantile, car cette activité est
très enracinée dans de nombreux pays. On estime que 15,5 millions
d’enfants et adolescents de moins de 18 ans travaillent comme
domestiques.
Le travail infantile domestique ne
constitue pas une aide, c’est de l’exploitation. Les mineurs n’étudient
pas, ne jouent pas, sont exposés à différents dangers, au harcèlement
sexuel, et sont contraints d’accomplir des journées de travail pouvant
atteindre jusqu’à 18h.
Pour l’OIT, l’éducation est l’un des
principaux droits des enfants qui est mis à mal, en travaillant ainsi
dès leur plus jeune âge, c’est également l’intégrité physique et
émotionnelle des mineurs qui est clairement menacée (abus, maltraitance,
brimades et discrimination).
Selon
la loi péruvienne, aucun enfant n’est pas autorisé à travailler avant
l’âge de 15 ans en accord avec la résolution 138 de l’OIT, à partir de
15 ans un adolescent est autorisé à exercer une activité à condition que
les normes de sécurité, de moralité soient respectées et que sa santé
ne soit pas mise en danger. Une législation souvent contredite par les
faits.
Au Mexique, plus de 3 millions
d’enfants âgés de 5 à 17 ans travaillent, employés dans les champs ou
majoritairement comme domestiques, beaucoup d’entre eux ne vont pas
l’école.
Pour l’expert de l’Institut de recherche juridique de
l’université nationale autonome de Mexico, quatre mineurs sur 10
travaillent sans recevoir la moindre rémunération, 60 % travaillent
auprès d’un proche, 30 % d’entre eux sont employés dans le secteur
agricole et 52 % dans le secteur des services et du commerce.
Comme le
précise Thomas Wissing, 1 929 161 mineurs ne sont pas scolarisés au
Mexique. De nombreux enfants et adolescents travaillent comme
domestiques ils sont soumis à des journées de travail à rallonge, sous
fond d’humiliation, de violences physiques ou verbales et d’abus
sexuels, des risques encore accrus lorsqu’ils sont logés au domicile
même de leur employeur qui peut dès lors exercer des pressions sans la
moindre contrainte.
L’OIT
a créé la journée mondiale contre le travail infantile en 2002 (qui se
tient le 12 juin) pour éveiller les consciences et promouvoir des
actions qui condamnent la privation des droits élémentaires des enfants.
L’année 2013 a été dédiée plus particulièrement au travail des enfants
dans les milieux de la domesticité, ce qui concerne environ plus de 10
millions d’enfants sur la planète selon un dernier rapport de l’OIT.
Jean Zermatten, directeur de l’Institut des droits de l’enfant et vice-président du Comité ad hoc des Nations Unies, a déclaré « L’agriculture
et le travail domestique constituent les deux principaux secteurs
informels non protégés » ajoutant « Mais le travail domestique connaît
souvent des situations plus graves, car il a lieu derrière une porte
close et il permet de décharger une famille déjà très pauvre ».
Source : l'article et photos d'ACTU LATINO