un autre ethnocide
perpétré ?
LIVRE : « Gaz Amazonien » - Les peuples
autochtones face à l‘avancée des frontières de l’extraction au Pérou - Editions ICARIA 2013
Par OPSur (Observatoire des hydrocarbures du Sud) – Notes et traduction de
Libres Amériques
Le livre "Gaz Amazonien" souligne la responsabilité des violations du droit à la vie des peuples en isolement volontaire. Pour Marc Gavaldà, l’auteur du livre : Les entreprises pétrolifères qui exploitent les lots liés au projet gazier « Camisea » jouent sur un terrain favorable pour agir avec des pratiques discutables et transgressant les droits des communautés natives. L'inaccessibilité, le manque de témoignages, le tout uni à une complicité gouvernementale et les trompeuses campagnes d'image de marque et de relation communautaire, permettent à Repsol, Petrobras, Hunt et Pluspetrol, les entreprises opératrices, d’agir avec une large marge d'impunité.
Le livre « Gaz Amazonien » est une étude du
programme « Gouvernabilité Environnementale » (ENGOV). Il a été
récemment publié la maison d'édition Icaria (Pérou), il apporte de nouvelles
preuves sur les forfaits de ces entreprises sur les deux rives de la rivière
Urubamba, au sud de l'Amazoníe péruvienne.
Là-bas, des dizaines de communautés natives, les peuples
Matsiguenga, Yine Yami, Asháninka et Kakinte ont été exploités (ou manipuler) pour réaliser une
industrialisation du territoire sans précédents. Pire encore pour les peuples
en isolement volontaire comme les Nahua, Nanti et Masco-Piro, dont la survie
est graduellement menacée. En unissant les 4 lots, les entreprises additionnent
plus d’un million et demi d'hectares touchés par une possible intervention,
même à l'intérieur de la Réserve Territoriale Nahua Kugakapori Nanti, des
Réserves Communales Machiguenga et Ashaninka et sur les limites du Parc
National Otishi et du sanctuaire Megantoni.
« Les effets de cette industrialisation se font déjà
sentir et ils ont modifié les conditions de vie des communautés. Mais les lots
se trouvent encore dans une phase germinale (de pré exploitation) de son
développement. Les compagnies opèrent depuis 5 ans en explorant leurs
entrailles et les derniers mois ont donné des résultats satisfaisants. Ayant
découvert des réserves prouvées de gaz, nous sommes entrés dans un compte à
rebours quant à l'ouverture effrénée de dizaines de puits dans chaque lot, la
pose de kilomètres de conduits, l'expansion des réservoirs de stockage et la construction
de nouveaux et gigantesques
pipelines pour exporter les richesses découvertes. Et avec cette industrialisation, le
destin des communautés est resté, sans le savoir, rattrapé pour toujours à
l'intérieur de ce complexe industriel qui englobe tout. » (1)
Dans un contexte national en pleine danse des chiffres sur
les attentes de production et l'exportation de volumes de gaz, les corporations
réussissent à installer dans la société urbaine l'espérance d'une baisse des
prix du gaz domestique, très cher au Pérou, par l'intégration verticale de
Repsol dans tous les chaînons de production et de commercialisation de cette
ressource. Mais dans le livre « Gaz Amazonien », les vicissitudes
affleurent en imposant une injonction au développement local et pire, au
respect et au droit à la vie des peuples dans un isolement volontaire ou en
contact initial (c’est-à-dire limité).
Dans le livre se trouve la documentation d'accidents et les
dispersions d'hydrocarbures dans les rivières, la détérioration graduelle de la
qualité des ressources par l'intensification du transport fluvial et aérien, ou
les instruments de Relation Communautaire, mis au point pour obtenir un
consentement servile à partir de mécanismes de dépendance dans les communautés.
De plus, l'histoire récente est reconstituée du contact et la débâcle du peuple
Nahua, à partir de l'entrée de Shell et des opérations postérieures de
Pluspetrol à l'intérieur de la Réserve Territoriale Nahua Kugakapori Nanti.
Actuellement, cette entreprise projette la construction de
18 nouveaux puits et de suggérer des moyens destinés à accorder un autre lot (le Lot
Fitzcarrald) entre cette réserve et le Parc National Manú. Les menaces
s'accentuent.
Pour cela, la lecture de Gaz Amazonien semblera
inconfortable pour les corporations du projet gazier CAMISEA et dans certains
bureaux de Lima. Parce que c'est un reportage in situ donnant la voix aux
communautés, cet ouvrage est fondé et bien référencé. Un effort pour, depuis
une optique scientifique, démonter le discours « extractiviste ». Et
voilà qu’affleurent les doutes, au gré de la responsabilité que les compagnies
présument. Ses justifications, dans le domaine de la criminalité
environnementale, seront fortement controversées et mettront un doute sur le
fait de continuer de parier sur la progression des frontières de l’extraction
dans l'Amazoníe.
Note :
Note :
(1) Marc GAVALDÀ, « Gas Amazónico » - Los
pueblos indígenas frente al avance de las fronteras extractivas en Perú
(Gaz Amazonien - Les peuples autochtones face à l‘avancée des frontières de
l’extraction au Pérou) – Editions péruviennes ICARIA, année 2013 : cliquez ici !
Présentation du livre en espagnol sous format PDF, cliquez ici !
Vidéo de "Peru camisea project" (en anglais)
Articles en français en relation sur le site "Forest Peoples Programme" :
La Banque interaméricaine de développement (BID) a joué un
rôle moteur dans le développement du projet gazier de Camisea dans l’Amazone
péruvien en 2002/2003, bien qu’elle ne possède aucune politique spécifique pour
les projets ayant des répercussions sur les peuples autochtones. Même si la
Banque en a adoptée une en 2006, une disposition clé sur les peuples isolés a
été ignorée lorsqu’elle a accordé un prêt de 400 millions de dollars US l’année
suivante. Par ailleurs, les tentatives de la Banque pour « protéger » une
réserve pour peuples autochtones en « isolement volontaire » directement
affectés par le projet de Camisea se sont révélées être presque entièrement
inefficaces et sont maintenant davantage fragilisés par des plans imminents
d’expansion des opérations dans la Réserve, des plans que la BID est sur le
point d’approuver.
La BID, Camisea et le Pérou : une très triste histoire de
mesures de protection, cliquez ici !
Source : OPSur (Argentine)