mercredi 3 juillet 2013

Paraguay, un an après les affrontements de Curuguaty ?

Justice 
pour 
Curuguaty 



Par Gabriela Galilea · Traduction de Henri Dumoulin

Un an après l’affrontement qui a causé la mort de 11 ouvriers agricoles et 6 policiers à Curuguaty au Paraguay, les organisations  qui défendent les paysans rappellent que l'enquête pénale concernant cette affaire est biaisée et que pendant le procès on a assisté à plusieurs violations des droits humains comme des exécutions et des actes de torture en représailles sur des paysans. Elles affirment que les preuves soutenant la mise en accusation de 14 paysans pour association criminelle, intrusion dans une propriété privée et homicide volontaire sont insuffisantes et parfois non recevables selon le code de procédure pénale du Paraguay. Avec une vidéo en ligne 'l'histoire non officielle" de 28 minutes en espagnol.

La défense et les accusés eux mêmes continuent à affirmer que des tireurs embusqués se sont infiltrés dans leur campement et ont ouvert le feu provoquant la mort des premiers policiers qui étaient alors désarmés.

Sur Scribd on peut télécharger une enquête complète réalisée par la PEICC (Plate forme d'étude et d'investigation sur les conflits concernant les agriculteurs) et utilisée pour la défense des ouvriers agricoles pendant le procès pénal et mentionnant des détails précis du massacre et des événements qui ont suivi.
 
Les faits

Le 15 juin 2012, Curuguaty, une ville située dans le département de Canindeyú, au centre du Paraguay, a été le siège d'un affrontement entre policiers et cultivateurs après une expulsion : “Como Marina Cue”: une expression qui, en guarani, signifie que ces terres étaient celles de la marine qui les a utilisées un temps avant de les rendre à l'Etat du Paraguay


La propriété réelle de ces terres fait l'objet d'une procédure judiciaire entre Campos Morombí S.A (une entreprise qui appartenait à un politicien aujourd'hui décédé : Blas N. Riquelme) et le gouvernement du Paraguay.

L'expulsion a provoqué une réaction en chaine déstabilisant politiquement le pays jusqu'à entraîner la destitution du président Fernando Lugo, un ex-évêque élu en 2008. 

Un procès politique marathon expédié en 24 heures et considéré par beaucoup comme un “coup d'état parlementaire”. Entre autres conséquences au niveau international, le Paraguay a vu sa participation au MERCOSUR temporairement suspendue.

Sur une video du programme “Quelque chose va mal” (en VO) , partagée sur YouTube et commentée par le journaliste paraguayen Santiago González, on voit une chronologie de la tragédie à l'endroit des faits accompagnée de témoignages des protagonistes et des acteurs clés de la confrontation :



Parmi les insuffisances de preuves dénoncées par la défense et ceux qui soutiennent les paysans arrêtés domine l'inexistence du délit d'intrusion dans une propriété privée étant donné que ces terres sont actuellement l'objet d'un litige juridique sur leur propriété.

Le procureur Jalil Rachid n'en affirme pas moins posséder des preuves suffisantes pour établir que les paysans qui se trouvaient sur ces terres avaient prémédité la confrontation. Il ne s'agirait pas, selon lui, d'un épisode fortuit.

Dans ce reportage de Daniela Candia on peut voir un résumé juridique du conflit foncier avec des témoignages des familles et des paysans impliqués dans l'occupation et le massacre :

Les 14 paysans mis en accusation se trouvent  aujourd'hui en détention préventive et attendent la première audience, annulée pour la deuxième fois cette semaine par la juge chargée de l'affaire, Janine Rìos. Selon le journal officiel Ultima Hora dans sa version numérique, la juge affirme que le motif de cette suspension est que l'on n'a pas respecté les délais légaux après le rejet par la cour de l'appel portant sur la classification des faits et visant à dire si les terres en cause appartiennent à l'Etat ou à “Campos Morombi”.

 

Premier anniversaire de Curuguaty

Le vendredi 14 juin 2013, pour commémorer la tragédie de l'année dernière, des habitants, des défenseurs des droits de l'homme, et des artistes se sont réunis pour un hommage aux victimes, demandant que justice soit faite. Il y a eu de nombreuses manifestations à travers le pays : des rassemblements sur le lieu de la tragédie, et sur Internet des déclarations de familles, de témoins et des paysans mis en accusation.

De grands artistes de la scène locale ont apporté leur soutien au travers d'un vidéo clip créé par Sandra Kukú Flecha qui a circulé sur Internet depuis le samedi 15 juin. On y voit des cinéastes, des acteurs des chanteurs et des danseurs dirent ce qu'ils croient s'être réellement passé, leur sentiment de citoyens sur cet épisode sombre de l'histoire de leur pays et ce qu'ils attendent de l'avenir.

On voit également des interventions spontanées dans les rues sur les murs  et les inévitables notes de ceux qui soutiennent la campagne appelée “Que s'est-il passé à Curuguaty?” devenue l'emblème de ceux qui veulent la vérité sur le 15 juin.

Que s'est-il passé réellement à Curuguaty ? Y avait-il des provocateurs parmi les manifestants ? Les paysans ont-ils reçu une formation para-militaire à la guérilla ? Tout cela était-il planifié d'avance ? La destitution faisait-elle partie du plan ou était-elle seulement une conséquence, le saurons-nous un jour ?

Si vous voulez en savoir plus sur tout cela et les campagnes qui soutiennent la recherche de la vérité et le respect des droits humains, allez sur le site Que paso en curuguaty ?


Source : Global Voices