des armes non létales :
le Brésil
Par l'agence Pública· Traduction de Henri Dumoulin
L'utilisation des armes dites non
létales est remise en question par la justice brésilienne alors que la
fédération des fabricants APEX continue à en promouvoir l'exportation
vers des pays comme la Turquie ou les Emirats Arabes. En novembre
dernier, le procureur général aux droits des citoyens du Brésil a ouvert
un enquête sur les conséquences pour la santé de l'usage de ces armes
dans le pays. Cette démarche a été provoqué par l'ONG Tortura Nunca Mais
(Plus jamais la torture), de São Paulo.
Un groupe de travail composé de
représentants du ministère de la Justice, de la Défense, de la Santé,
de la Direction des droits de l'homme auprès de la Présidence de la
République, ainsi que de des Polices Fédérales, des Polices Nationales,
et municipales a été mis en place pour réaliser un projet de loi sur ce
sujet. Il n'existe en effet aucune norme nationale pour encadrer les
interventions et garantir un usage adéquat de telles armes.
Ce groupe de travail devra également
réaliser une étude comparative sur les formations spécifiques destinées
aux policiers et sur les conséquences pour la santé des personnes
exposées, tout spécialement lors de l'utilisation d'armes administrant
des chocs électriques et des composants chimiques.
Wilson Furtado, de Tortura Nunca Mais-SP, commente :
Nos forces de police utilisent ce type d'arme dite non létale de manière systématique… la police au lieu d'arrêter une personne est toujours prête à tirer, atteignant principalement les jeunes qui manifestent.
Le groupe de travail demande, outre une
infomation complète des citoyens, une législation qui encadre et régule
ce type d'armement, qui définisse les types d'armements autorisés et les
normes à suivre pour les acheter et qui contrôle leur usage.
Les armes fabriquées par Condor sont
largement utilisées par le Gouvernement Fédéral et par les polices de
tout le pays. Les programmes fédéraux prévoient par exemple l'achat de
telles armes pour les Unités de police de Pacification (UPP) à Rio de
Janeiro et pour les forces spéciales de la police de 12 Etats engagées
dans le programme. Ceci inclut les pistolets du type “tasers” et les
sprays au poivre. Leur usage est envisagé lors des grands événements du
type Coupe des Confédérations ou coupe du monde 2014 : à cet effet le
Brésil a déjà prévu un budget de 49 millions de Reais pour Condor (17 millions €).
Le gaz lacrymogène exporté en Turquie a
été aussi acheté par le gouvernement fédéral en vue de son utilisation
éventuelle pendant la Coupe du monde 2014 et pendant les Jeux
olympiques.
En avril 2012, le Portail de la transparence révélait
que le gouvernement fédéral avait acheté pour 1,5 millions de Reais
(500 000 €) d'armes non létales chez Condor pour une intervention de
l'armée pour faire respecter la loi et l'ordre dans un quartier nord de
Rio de Janeiro les complexos do Alemão e da Penha. Il
s'agissait entre autre de 1 125 grenades explosives (GL307), 500
grenades multi-impact au poivre (GM 102) et 500 grenades fumigènes, 29
500 cartouches à balles en caoutchouc et 700 grenades lacrymogènes aux
mouvements aléatoires (GL -310), les mêmes qui ont été utilisées pour
réprimer les manifestations en Turquie.
En juin c'est le gouvernement local de l'Etat de Rio de Janeiro qui a fait une commande à Condor pour sécuriser le Sommet Rio+20 :
Un achat de 900 sprays au poivre, de 1300 grenades lacrymogènes
triples, 870 grenades explosives et 5000 cartouches calibre 12 avec
projectiles en caoutchouc.
Pour la Coupe : la bagatelle de 50 millions de Reais
Le gouvernement fédéral a conclu un
contrat de 49,5 millions de Reais pour l'achat de milliers d'armes non
létales à l'entreprise Condor, dans le but d'une utilisation éventuelle
par la Police de toutes les ville concernées par la Coupe des
Confédérations de 2013 et la Coupe du Monde de 2014.
Ce contrat signé le 26 novembre 2012
avec Condor S.A sera effectif jusqu'au 31 décembre 2014, et prévoit la
fourniture de divers types d'armements dont 2200 kits non létaux à
courte distance contenant des sprays poivre et de mousse de poivre, des
grenades lacrymogènes avec des puces de traçabilité, des grenades
assourdissantes à usage interne et externe et des grenades explosives
“son et lumière”….Ajoutez à cela : 449 kits non létaux courte distance
de balles en caoutchouc et cartouches à impact expansif ( les balles
gonflent au contact de la peau évitant la perforation).
Note :
Ce billet écrit par Bruno Fonseca et Natalia Viana, de Agência Pública, a été publié à l'origine sous le titre “Bomba brasileira na pele turca” (des
grenades brésiliennes contre des Turcs) , il fait partie d'une enquête
spéciale sur le lobby et l'industrie des armes au Brésil #IndústriaBrasileiraDeArmas.
Source : article et photos de GLOBAL VOICES