Par PBI (Suisse)
Aline Herrera est de retour en Suisse après avoir passé une année au Guatemala. Elle nous décrit ses sentiments ambivalents et les richesses qu'elle retire de son engagement. Aline Herrera est partie en mai 2012 pour le projet Guatemala. Elle souhaitait "pouvoir apporter au moins un appui modeste à ces défenseurs qui se tournent vers [PBI] pour être soutenus et poursuivre leur lutte en faveur de la promotion de la paix et du respect des droits humains". Des paroles engagées qui prennent plus de poids lorsqu'au retour c'est l'émotion qui prime au moment d'évoquer les souvenirs marquants de son séjour.
Aline Herrera est de retour en Suisse après avoir passé une année au Guatemala. Elle nous décrit ses sentiments ambivalents et les richesses qu'elle retire de son engagement. Aline Herrera est partie en mai 2012 pour le projet Guatemala. Elle souhaitait "pouvoir apporter au moins un appui modeste à ces défenseurs qui se tournent vers [PBI] pour être soutenus et poursuivre leur lutte en faveur de la promotion de la paix et du respect des droits humains". Des paroles engagées qui prennent plus de poids lorsqu'au retour c'est l'émotion qui prime au moment d'évoquer les souvenirs marquants de son séjour.
Son témoignage après une année sur le terrain est en effet rempli
d'émotions contradictoires, joie d'être rentrée chez elle mais peine
d'avoir quitté un pays qui lui a apporté beaucoup. Les
nombreuses rencontres qui ont émaillé son séjour lui donnent force et
espoir, des sentiments puisés auprès de l'équipe PBI sur place mais
surtout auprès des nombreux défenseur-se-s côtoyés qui continueront à
lutter pour le respect de leurs droits.
Elle évoque également le procès de l'ancien général Ríos-Montt, auquel elle a pu assister car PBI Guatemala a accompagné l'un des avocats des victimes.
Après son retour : Une année au Guatemala…
Après une année intense et bouleversante au
Guatemala, me voilà de retour en Suisse. Difficile d’en tirer un bilan
étant donné les multiples étapes traversées au cours de ces douze mois
au sein du projet PBI Guatemala. Les émotions sont partagées ; je
ressens d’une part une certaine allégresse d’être retournée à un
entourage sécurisé, une bureaucratie qui fonctionne et de retrouver une
vie sociale active au sein de ma famille et de mes proches.
D’autre part cependant, une frustration, impuissance et nostalgie me gagnent parfois sachant la distance qui me sépare des défenseuses et défenseurs guatémaltèques qui m’ont tant appris au cours de cette année. Cette lutte pour le respect de leurs droits, leur bravoure, énergie et résistance sont autant d’éléments qui m’ont profondément émue. Ces personnes fantastiques m’ont permis d’ouvrir les yeux, de découvrir une autre cosmovision, culture et sensibilité, de réaliser quelles sont les vraies valeurs dans une vie et de comprendre au mieux les racines historiques et actuelles de cette lutte constante et pacifique visant à faire respecter leurs droits.
Qu’ils soient paysans ou avocats, hommes ou femmes, citadins ou de la campagne, issus de peuples autochtones ou ladinos, les défenseuses et défenseurs que j’ai eu la chance de côtoyer m’ont profondément impressionnée par cette force individuelle et collective qui les pousse à revendiquer leurs droits.
D’autre part cependant, une frustration, impuissance et nostalgie me gagnent parfois sachant la distance qui me sépare des défenseuses et défenseurs guatémaltèques qui m’ont tant appris au cours de cette année. Cette lutte pour le respect de leurs droits, leur bravoure, énergie et résistance sont autant d’éléments qui m’ont profondément émue. Ces personnes fantastiques m’ont permis d’ouvrir les yeux, de découvrir une autre cosmovision, culture et sensibilité, de réaliser quelles sont les vraies valeurs dans une vie et de comprendre au mieux les racines historiques et actuelles de cette lutte constante et pacifique visant à faire respecter leurs droits.
Qu’ils soient paysans ou avocats, hommes ou femmes, citadins ou de la campagne, issus de peuples autochtones ou ladinos, les défenseuses et défenseurs que j’ai eu la chance de côtoyer m’ont profondément impressionnée par cette force individuelle et collective qui les pousse à revendiquer leurs droits.
Un procès historique
Au cours des derniers mois dans l’équipe, j’ai notamment pu assister à l’événement historique qu’a été le procès pour génocide des anciens généraux José Efraín Ríos Montt et José Mauricio Rodríguez Sánchez.
Accompagnant Edgar Pérez Archila, l’un des avocats représentant les
victimes, l’équipe de PBI Guatemala a ainsi suivi jour après jour les
étapes mouvementées de ces audiences. Les témoignages m’auront marquée à
jamais, tout comme l’émotion éprouvée lors de la lecture du verdict
condamnant l’ancien chef d’Etat José Efraín Ríos Montt.
Bien que la peine ait été annulée quelques semaines plus tard,
l’espoir qui a émané au cours des derniers mois a permis à une partie
de la population victime de la guerre de croire enfin à une justice, de
rompre le silence et de se confronter aux démons passés.
Toujours plus de danger pour les défenseur-se-s
Malgré ces avancées, la situation des défenseuses et
défenseurs guatémaltèques demeure pourtant précaire. Les urgences
auxquelles nous avons dû faire face cette année se sont multipliées. Les
délogements forcés, attaques à main armée ou détentions illégales ont
malheureusement été chose courante. C’est grâce pourtant aux
remerciements fréquents que nous adressent les personnes que nous
accompagnons que nous trouvons l’énergie qui nous permet de croire que
notre présence n’est pas vaine et que notre contribution peut faire une
différence.
Richesses de l'engagement
Même s’il n’a pas toujours été facile de cohabiter
et travailler à plusieurs, le fait de partager le quotidien en compagnie
d’une dizaine de volontaires en provenance de pays différents a été une
expérience enrichissante sur bien des niveaux et m’a permis de tisser
des amitiés sincères au sein de cette nouvelle famille.
Qu’il s’agisse ainsi des rencontres mémorables, des
rires partagés, des moments plus difficiles lors d’accompagnements ou de
problèmes internes, de la diversité du travail entre bureau, terrain et
réunions multiples avec les autorités et d’autres organisations, cette
année restera gravée à jamais. J’espère ainsi pouvoir, en Suisse
désormais, continuer à apporter ma petite graine pour que soient enfin
respectés les droits pour lesquels luttent ces personnes admirables que
sont les défenseuses et défenseurs des droits de l’homme.
Avant son départ pour le Guatemala
« Les études universitaires et les stages effectués durant ces dernières années m’ont permis d’en apprendre davantage sur les droits de l’homme et en particulier sur le travail des défenseur-e-s de ces droits universels et fondamentaux. Ces personnes courageuses trop souvent risquent leur vie ou sont victimes de menaces, de harcèlement, de détentions arbitraires ou d’enlèvements.
La frustration et l’impuissance
ressenties lors de la lecture des multiples articles et rapports
relatifs aux violations des droits de l’homme et à la situation des
défenseur-e-s m’ont incitée à effectuer des recherches afin de trouver
une manière de m’engager concrètement, sur le terrain, afin d’établir un
contact direct avec ces personnes, de mieux comprendre leur réalité
quotidienne et d’essayer de les soutenir d’une manière ou d’une autre.
Le travail de PBI a dès lors
attiré mon attention. Les principes prônés par cette ONG internationale,
ainsi que son mandat et sa manière de travailler, par le biais
notamment de l’accompagnement protecteur, ont d’emblée correspondu à mes
attentes.
J'ai décidé de rejoindre le projet Guatemala pour plusieurs raisons. Tout d'abord
l’histoire du pays mais surtout les thématiques sur lesquelles se
focalise le travail de PBI sur place: droits des populations
autochtones, droits liés à la terre, la lutte contre l’impunité et les
effets de la globalisation sur les droits de l’homme. Cette année au
Guatemala représente pour moi une opportunité de mieux comprendre ces
sujets complexes et de saisir l’ampleur du travail des défenseurs des
droits de l’homme, dans un pays où les injustices et l’impunité
perdurent.
Je ne m’attends pas à ce que le
contexte du Guatemala change pendant que j'y serai. Toutefois, en tant
que volontaire PBI, j’espère pouvoir apporter au moins un appui modeste à
ces défenseurs qui se tournent vers cette ONG pour être soutenus et
poursuivre leur lutte en faveur de la promotion de la paix et du respect
des droits humains.
Vivre en Suisse est semblable à
vivre dans un petit espace protégé en comparaison avec la majorité des
autres états dans le monde. Je me réjouis dès lors de sortir de cette
bulle quelque temps pour apporter ma contribution en aidant les
défenseurs guatémaltèques dans le besoin ».
Source : Article et photo Brigades de Paix Internationales (Suisse)