mercredi 19 septembre 2012

Bolivie, des heurts violents entre les mineurs à La Paz

Mineurs du secteur privé  
contre 
mineurs du secteur public en Bolivie



Par Ivan de la Pampa

Les mineurs de la coopérative minière de la Ceja de El Alto, ont déclaré une trêve de 48 heures après les incidents intervenus le 18 septembre 2012 ayant fait 1 mort et 9 blessés à La Paz, capitale de la Bolivie. Selon le journal en ligne ERBOL (.com.bo) : Tout « a commencé par des insultes, puis ils ont jeté des bouteilles d'eau, des pétards, des pierres et des bâtons de dynamite puis certains se prémunir contre les employés en fonction. 


Dans la confusion, plusieurs mineurs ont été blessés. La police n'a pas pu empêcher la violence en dépit de l'utilisation de gaz lacrymogènes.

L'explosion des bâtons de dynamite a laissé trois trous dans le toit de la Fédération des mineurs de Bolivie et fait des ravages dans un certain nombre de magasins installés dans le bâtiment. » 

Les mineurs de la coopérative privée poursuivaient le blocage des principales voies d'accès à La Paz depuis quelques jours.

Dans un univers de hausse des matières premières et des minerais en particulier, l’on voit poindre une concurrence entre les mineurs du privé et du public sur certains gisements suite en partie à une décision gouvernementale.
Il s’agit d’un conflit entre les mineurs d'une coopérative privée de la Fédération Départementale des Coopératives Minières de La Paz (FEDECOMIN) et les mineurs salariés de la Compagnie Minière de Bolivie (COMIBOL), gérée par l'état bolivien.

Les deux groupes rivaux se trouvent en concurrence et cherchent  à prendre le contrôle de la mine de zinc et d'étain de Colquiri.

Un site d’extraction ayant appartenu au groupe GLENCORE International,  nationalisé par le gouvernement bolivien en juin 2012.

Le problème a surgi après la signature du Décret 1337 de la Cour Suprême, par le président Evo Morales, garantissant le contrôle de l'exploitation de la partie nord de la mine de Colquiri, et plus particulièrement la veine de Rosario.

Le conflit a démarré après la répartition des zones d'opération : les mineurs salariés et syndiqués, qui sont supposés travailler dans le sud, refusent la participation des mineurs des coopératives.

Dès le 12 septembre, Le gouvernement avait mis en place des négociations entre les factions rivales et il avait été convenu que le siège serait levé ; cependant, les blocages se poursuivirent et les mineurs ont maintenu leurs menaces.

Les mineurs des coopératives privées jusqu’à présent se sont toujours montrés favorables au gouvernement de gauche mené par le Président Evo Morales. 

Selon deux blogs le 14 septembre, quelques jours avant les heurts de La Paz… 

Le Président Morales a déclaré que « Les deux secteurs ont des droits définis par la constitution et ont l'obligation de se comprendre mutuellement et de travailler ensemble pour l'exploitation de ressources naturelles essentielles pour les boliviens. » (Le blog Americas Quaterly)

Pour un autre blog, ce sont les deux groupes de mineurs qui affaiblissaient l'industrie minière et feraient obstacle aux intérêts de l'Etat :


« A ce stade, les deux groupes de mineurs font ce que tous les mouvements sociaux ont fait au cours des dix dernières années : ils s'opposent à l'autorité, ils imposent une logique de chaos, ils violent les lois et sapent les opportunités de construction d'un Etat bolivien.

La seule différence c'est que cette fois l'Etat plurinational est à l'origine de sa propre mort. (Le blog Eduardo Bowles)


Le correspondant à La Paz de RFI, Reza Nourmamode a écrit au  sujet de la manifestation, du 18 septembre à La Paz :

« Acte criminel », « terrorisme », « agression inacceptable » : l’attaque perpétrée par les mineurs du secteur privé contre leurs rivaux du secteur public est unanimement condamnée, que ce soit par le gouvernement, les organisations de défense des droits de l’homme ou encore les médias et les simples citoyens.

Il faut dire que la violence de l’affrontement, en pleine journée et dans le centre-ville de La Paz, a choqué la population.

Alors que plusieurs milliers de mineurs indépendants défilent pacifiquement dans les rues de la capitale politique, un petit groupe décide de prendre d’assaut le siège syndical des mineurs de l’Etat protégé par à peine une dizaine d’hommes.

L’affrontement a lieu à coup de bâtons de dynamite et l’un des mineurs du secteur public, grièvement touché à la poitrine, succombera à ses blessures quelques heures plus tard.

En représailles, les mineurs du secteur salarié public brûlent immédiatement le siège de leurs rivaux à Colquiri, là où se situe la mine d’étain dont l’exploitation est en jeu, et promettent de nouvelles actions pour ce mercredi 19 septembre.

Les mineurs indépendants, regroupés au sein de coopératives, sont en conflit avec les employés de la mine de Colquiri ( 250 km au sud de La Paz ), qui refusent de partager l'exploitation de cette mine après sa nationalisation par l'Etat.


L'installation doit produire 3 000 tonnes d’étain concentré par an, soit 15% de la production annuelle d’étain du pays.

« Le gouvernement n’est responsable de rien » a, pour sa part, déclaré le vice-ministre de l’intérieur, Jorge Perez, qui a une nouvelle fois convoqué les deux secteurs frères ennemis à s’asseoir à la table des négociations.

En juin 2012, mineurs indépendants et salariés du public s’étaient déjà affrontés à Colquiri pour prendre physiquement le contrôle de la mine, occasionnant 22 blessés.



Sources : Global Voices – ERBOL.com - RFI