Chroniques et stratégies
du génocide invisible
(des Amérindiens d’Argentine)
Par Marcelo Valko - Traduction de Libres Amériques
Qui abordera sa lecture, trouvera des données très peu
citées et inédites, comme la répartition d'enfants indigènes, comme s'ils avaient
été "des chiots" ; l'exil des amérindiens se fit de la Patagonie
dans des conditions inhumaines jusqu'au débarquement au port de Buenos-Aires, à
cet effet Julio Argentino Roca mettra en évidence son pouvoir en exhibant des milliers de prisonniers par
les rues de la capitale argentine.
Au fil de nombreuses pages, je donne à connaître les preuves
de la contagion de la variole qui va se transmettre aux indigènes sur l'île de
Martin García, peut-être le plus grand camp de concentration de l'histoire de
l'Argentine. Ainsi à la lumière, des situations incroyables font surfaces,
comme celles des captives blanches "rachetées" par l'Armée du Général
Roca (Julio Argentino Roca). Elles finiront chassées et mourront à (l’île de) Martin García près de
leurs enfants. Pour avoir connu un rapport sexuel avec les
"sauvages".
Une manière étrange de concevoir la libération avait la
génération pompeuse de 1880 ! De plus, il y a comme évidence, la complicité de
l'Église ayant porté sa bénédiction, de la même manière qu’au commencement de
la Conquête, une couverture idéologique ayant justifié l’action des armes. La
pédagogie de la Mémoire absente est la belle-mère de l'Histoire Officielle et
elle fait de l'oubli, de la perte de l'identité, de l'amnésie et de
l'interprétation tendancieuse de son catéchisme maximal.
Au milieu, l'auteur Marcelo Valko
Le pouvoir a une peur panique de le révéler, pour cela il
cherche par tous les moyens à collectiviser l'amnésie et l'accès à la parole.
Il aime l'oubli. Il aime l'illusoire, se désespère pour inculquer une réalité
qui n'existe pas. Il a besoin d'oublier, parce qu'oublier est de s'oublier
soi-même, de ses responsabilités, de son ignorance feinte devant l'Holocauste
des peuples originaires. Au temps du Bicentenaire, il est temps de concrétiser
la Patrie fraternelle et pluriethnique que les meilleurs hommes de Mai (1810)
ont rêvée.
La recherche dispose d'un prologue de l'historien Osvaldo Bayer
(en photo ci-contre), auquel je joins le passage suivant :
"De toutes les caricatures excellentes (dessin ci-dessous en noir et blanc) qui touchent la
sinistre personnalité de Roca, aucune ne surpasse cette composition minutieuse
de la figure du général. On observe, par exemple, que le nez est la tête d'un
âne, que ses yeux sont sacs d'argent avec le mot"negotium"
(signifiant la force probante attachée au contenu d'un acte juridique), le
menton est composé par des baïonnettes et des sabres, la moustache est un
adversaire assassiné, ses galons sont des têtes de mort ; dans le front, la
Constitution est traversée d'un sabre et le regard toujours revêche...
Ce livre est un apport important pour le débat, que nous
nous devons les Argentins. Ici les preuves historiques nous apportent des
conclusions définitives. Les citations des soit disants penseurs, qui
apparaissent ici, un par un, ne peuvent échapper. Pénétrer dans cette recherche
profonde de Marcelo Valko, c’est gagner les armes de l'information pour
chercher la réponse à la question : qu’est-il arrivé aux Argentins ? A tout
cela, l'auteur se propose de
revenir au passé pour apprendre.
Dans ces pages
sont bien expliqués, les intérêts politiques de Mitre, de Sarmiento, de Roca et
d'autres figures consacrées par l'histoire officielle. Les intérêts agricoles
de l'époque et les expéditions préalables à la campagne de Roca, desquelles il
est si peu parlé. Le chapitre de ce qui est arrivé dans ce vrai camp de
concentration qu’a été l'île Martin García est si terrible que le lecteur
n'arrive pas à s'expliquer jusqu'à quelles limites de cruauté et de cynisme a
été vécu dans ces années. On peut seulement décrire avec des substantifs
dépeignant en corps entier le développement des faits : la prison, le travail
malsain forcé, la faim, la malnutrition, les rats, la variole, le choléra, le
typhus, l’évangélisation forcée, et une mort horrible. Tout cela avec une
documentation testimoniale irréfutable. Un travail révélateur et profond. Un
livre pour un grand débat historique.
"Pedagogía de la Desmemoria. Crónicas y estrategias del genocidio invisible" de Marcelo Valko – dans la Collection Osvaldo
Bayer, Editions Madres de Plaza de Mayo
Source : Memorias de la Tierra