Silence sur l’état du monde et triomphe
de la plus-value ?
Par Ivan de la Pampa,
Si l’on recense le nombre des conflits armés en activité ou latent, on peut avoir quelques surprises sur l’étendu des guerres sur la planète bleue. Il est à souligner le peu d’intérêt suscité ou de relais auprès des opinions publiques sur de nombreuses situations tragiques. Il existe bien sur l’Afghanistan, depuis plus d’un an la Syrie et le conflit israélo-palestinien pour les plus connus, mais que sait-on vraiment sur ce qui se passe au Congo (100.000 morts récemment), au Mexique (un minimum de 60.000 victimes du narcotrafic ces dernières années), ou en Colombie (une moyenne de 20.000 morts par an, ces vingt dernières années en raison du seul conflit armé) ?
Et en citant ces 3 pays, il n’est fait pas état de toutes
les guerres existantes, latentes ou potentielles, ni même des chiffres réels ou
complets de ce que la guerre a provoqué dans ces états.
Si l’on dresse un état des 20 dernières années, le constat
est la persistance de l’usage de la guerre. La vieille recette d’imposer les
armes comme résolution des oppositions n’est pas prête de s’éteindre.
Le modèle culturel et économique Etasunien que l’on a voulu
nous imposer n’a pas été un facteur de paix. Bien au contraire ce fut une
légitimation servant à l’oppression de populations entières. Si l’on s’en tient
aux statistiques criminelles des conflits, il existe surtout une réalité
implacable, les premières victimes en nombre ne sont pas les militaires ou gens
en arme, mais les civils de tout âge et de tout sexe confondu.
La théorisation et la pratique de la guerre au terrorisme en
œuvre depuis le 11 septembre 2001 cache en parti des enjeux économiques et
l’appropriation des ressources naturelles. Dans un monde où l’économique domine
le politique, cela n’a rien de vraiment de surprenant.
Dans le cas du Congo et
de la Colombie, les richesses des sols et sous-sols sont la cause essentielle
des affrontements.
Loin de vivre dans une économie globale « heureuse et
partagée », nous sommes face à des logiques d’intérêts et de domination
des économies locales, qui sont le fait aussi bien d’états tiers, que
d’entreprises multinationales. Il importe de prendre en compte une volonté
hégémonique, qui n’a pas de nom autre que les ressorts de la domination de
l’Hyper-Empire et de ses régimes vassaux.
Toute forme d’impérialisme impose à la fois un ordre
guerrier et un pillage minutieux des richesses en réponse à ses besoins
d’accumulation des richesses et choix stratégiques. Le monde est un grand jeu
d’échec ou s’affronte des grands et des petits au service d’une morale dont on
connaît l’issue et le gagnant : le triomphe de la plus-value.
La souffrance, la violence deviennent un lot commun, comme
une fatalité échue à quelques peuplades un peu marginales, faussement en
retrait des routes communes du marché. Quel sens à ce marché s’il permet
l’appauvrissement, non seulement social et culturel, mais trouve des liens
directs avec l’enrichissement d’une minorité, les 1% que dénonce l’économiste
Joseph Stiglitz (ci-contre).
Ce qui explique pourquoi certains pays concentrent tant de
déséquilibres, en raison du pillage organisé des richesses au profit d’un tout
petit nombre de possédants.
Il va de soit qu’un conflit n’en explique pas un autre, et
qu’il vaut mieux éviter de faire trop de parallèle sur les réalités entre pays
en guerre. Sauf que derrière certains mécanismes économiques, l’on voit poindre
la pieuvre.
Ce que l’on distingue moins c’est le rôle des
« mafias » ou organisations criminelles, et ce qu’elles pèsent dans
certaines économies ou à l’échelle globale de notre monde.
Ces économies parallèles comment peuvent-elles se maintenir
sans un certain assentiment des pouvoirs politiques ? C’est une question
de fond sur comment on chasse les terroristes présumés et que de l’autre on
n’arrive pas à tarir les pompes à finance des trafics de drogues et
d’armes ?
Cela génère des ressources colossales, pas besoin d’être un
expert du rôle des paradis fiscaux dans cette architecture trouble des marchés
illicites et licites. Le sulfureux de l’auto régulation à la sauce
ultra-libérale a facilité l’éclosion des groupements mafieux.
Quand les pouvoirs politiques s’affaissent, sont faibles ou
incapables de faire appliquer l’État de droit, il y a plus qu’un risque à faire
de l’économie souterraine une économie comme les autres. En Afghanistan, en
Colombie et au Mexique, le marché des drogues reste prospère et plus circulent
les armes, plus on retombe sur des circuits nuisant en rien aux trafiquants,
et leur ouvrant un rôle non négligeable dans les économies de ces nations.
Par ailleurs pas besoin de se cacher la face sur ce que génère le trafic en tout genre,
il arrivera toujours pas se confondre et engendrer encore plus de plus-value
sur les marchés du nord de l’hémisphère. Mystère de l’économie mondiale ou tout
fini par se dissoudre et favoriser les pires actes de délinquances.