Retour sur les dernières élections législatives
au Venezuela...
Notes écrites en 2010, par Lionel Mesnard
Hugo Chavez est un drôle de dictateur comme a pu l'écrire
Eduardo Galeano. Le dimanche 26 septembre 2010, pour la quatorzième fois, les
électeurs vénézuéliens se sont rendus aux urnes depuis que la président
bolivarien a été élu le 6 décembre 1998. Une drôle de dictature ou à chaque
scrutin des observateurs internationaux sont présents, sans que jamais ils ne
mettent en cause la légalité des élections vénézuéliennes.
Le Venezuela a tous les paradoxes d’une démocratie et même
de faire croire aux idiots qu’un pouvoir dictatorial est à sa tête. Depuis plus
de 10 ans, nous lisons d’éditoriaux en note d’agence de presse les graves
menaces qui pèsent sur la liberté des vénézuéliens et au final Chavez et ses
partisans l’emportent pour une treizième fois. Paradoxe du « diktat »
chaviste de mémoire jamais les législatives n’avaient connu un si grand nombre
de votants (67%).
Une fois de plus, la démocratie vénézuélienne en sort
renforcée. Même si Hugo Chavez et ses amis du PSUV (Parti Socialiste Uni du
Venezuela) n’ont rassemblé qu’un peu plus de 48% des voix, ils gardent
néanmoins la majorité avec environ 60% des sièges. L’élection se déroulait sur
un tour et les citoyens étaient amenés à choisir leur député sur la base d’une
circonscription.
Ce système électoral ressemble pour beaucoup, à ce qui est
existant en Grande-Bretagne et qui donne en général un plus grand nombre d’élus
à la formation arrivée en premier. Ce qui fut le cas dimanche 26 septembre, du
PSUV face au MUD (47%), une victoire d’une courte tête (100 à 200.000 voix
près), mais une victoire quand même.
En 2005 presque toute l’opposition avait appelé au boycott
de la chambre des députés, il en résulta une assemblée composée principalement
de l’ancien Mouvement pour la Cinquième République (devenu depuis le PSUV), de
quelques élus du Parti Communiste Vénézuélien, de Patrie Pour Tous (PPT) et de
PODEMOS. Cette dernière formation d’une dizaine d’élus quittera en cours de
législature la majorité et rejoindra l’opposition ainsi qu’une partie du PPT).
Le retour de l’opposition dans le jeu normal de la
démocratie prouve que les institutions bolivariennes sont solides et qu’elles
ne sont pas au service d’un seul homme, mais bel et bien ouvertes à toutes les
sensibilités politiques et organisations des pouvoirs. L’arrivée d’une
soixantaine de nouveaux députés du MUD (Mouvement d’Union Démocratique) sur 165
n’est pas la victoire qu’escomptait ce rassemblement hétéroclite, désormais il
leur sera difficile d’expliquer que l’opposition est muselée.
Surtout qu’en ne participant pas aux législatives de 2005,
ils avaient fait le choix de ne pas respecter la nouvelle constitution pourtant
approuvée par 71% des vénézuéliens. Ce fut une erreur stratégique grave et le
temps d’une opposition suicidaire ou ayant de forts relents putchistes, et
ayant mené de 2002 à 2003 des actions de déstabilisation peu orthodoxes.
Toutefois rien ne laisse prédire à une amélioration des débats
à deux ans des élections présidentielles entre les deux camps. Hugo Chavez va
certainement être conduit à plus composer plus avec cette opposition enfin
visible. Mais rien ne l’oblige à changer de cap et continuer à œuvrer pour une
plus juste redistribution.
Il est indéniable qu’en ce domaine, le Venezuela a changé,
au début des années 1990, il est question de 70 % population vivant dans la
misère, 20 ans après et surtout depuis la mise en place des missions
bolivariennes au début des années 2000, un changement profond est intervenu. En
dix ans, le chômage a été réduit de moitié (de 16 à 8%), le salaire minimum
vénézuélien est devenu le plus élevé d’Amérique du Sud, et la pauvreté a
diminué de plus de 50%. Il est difficile de relater l’ensemble de mesures
prises sur le plan économique social et éducatif.
Sauf à constater que jamais de son histoire ce pays n’avait
connu tant de progrès sociaux et une éradication de l’analphabétisme.
Evidemment Hugo Chavez n’a pas fait d’un coup de baguette magique disparaître
tous les problèmes de la société vénézuélienne. Ils sont nombreux et posent la
question notamment du fonctionnement des services publics (1).
(1)
lire l’article sur le « Grenier de Lionel Mesnard »
sur le bilan de douze ans d’Hugo Chavez
comme président du Venezuela.