de Leannes Imbert,
militante
homosexuelle cubaine
Par Ivan de la Pampa,
Leannes Imbert a été placée en détention et soumise à un
interrogatoire, elle a été libérée après douze heures de vérifications
administratives. L'arrestation de Leannes Imbert, militante des droits des LGTB
est un exemple parmi d'autres de comment les expressions sont contrôlées.
L’on pouvait penser que le régime castriste avait fini par
reconnaître ses erreurs dans la lutte qu’elle mena à l’égard des homosexuels
cubains, Fidel Castro avait à ce sujet fait amende honorable. Mais l’on voit
bien que le dans le cas de Leannes Imbert et de sa volonté de faire une
exposition sur les UMAP (anciens camps de travail pour les
« déviants ») il reste encore du chemin à parcourir.
Cette attitude du pouvoir, à s’insinuer dans le quotidien
des gens ressemble fort à ce que l'on peut nommer une violence psychologique,
dont on ne mesure pas toujours les effets, mais pourtant ravageur et
destructeur, et pas seulement au regard des Droits Humains.
Sur le plan physique et émotionnel, c'est une des pires
maltraitances imposées à des femmes ou des hommes, voire dès l'enfance quand on
connaît l'embrigadement de la jeunesse, et aussi comment certains jeunes cadres
du parti un peu trop critiques peuvent du jour au lendemain se voir mis à
l'écart sur des fonctions ou taches ingrates.
Certes, les Cubains ont un bon niveau d’instruction et le
doivent à la Révolution, mais les chemins de l'émancipation ne passe pas par un
conditionnement et une soumission à l’ordre établi. Heureusement, un
conditionnement ou grand nombre de Cubains sont conscients et cachent de moins
en moins leurs critiques et rejet de la bureaucratie.
On peut relire l'oeuvre de Karl Marx en long, large et en
travers, mais il n’est pas précisé, que l'humiliation, les vexations, les
contrôles inopinés, l'enfermement sont des méthodes de pouvoir ou le terme
pompeux de "gouvernance". On pourrait même penser le contraire…
A titre d’exemple, les prisons cubaines sont peuplées, près
deux fois plus qu'en France, pour six fois moins d'habitants. Pas sur non plus que le philosophe Michel Foucault soit étudié dans les universités cubaines.
Qu’est-il arrivé à Leannes Imbert ?
" Des agents de la Sécurité de l’Etat, la police
politique cubaine, ont arrêté hier, mardi 11 septembre, l’activiste
homosexuelle Leannes Imbert. Placée en détention et soumise à un interrogatoire
serré, elle a finalement été libérée après douze heures de garde à vue.
L’exposition en question concernait les UMAP (Unités d’aide
à la production). Les UMAP symbolisent l’une des pages les plus noires du
castrisme: de sinistre mémoire, ces camps de concentration et de travail, créés
au début des années 1960, étaient destinés à tenir les homosexuels (mais aussi
les autres “déviants” et indésirables, tels que les dissidents) à l’écart de la
société cubaine. Et à les réorienter idéologiquement par la contrainte.
Les documents en possession de l’activiste ont été saisis
par la police secrète, de sorte que l’exposition sur les UMAP ne peut avoir
lieu (ndr - pour le moment). Des diplomates étrangers, des membres de la
société civile et des correspondants de presse internationaux avaient été
invités à cette manifestation qui ambitionnait d’informer les Cubains sur ce
que furent vraiment les UMAP. Et cela, conformément à la promesse faite par
Mariela Castro, qui est sexologue (ndr - et fille de Fidel Castro...)."
Leannes Imbert est la coordinatrice nationale du mouvement
PLAC LGBT, qui chapeaute 12 organisations LGBT (Lesbien, gay, bisexuel, transgenre).
Elle est aussi la fondatrice du Mouvement cubain pour la libération
homosexuelle (MLH), créé en 2007, ultérieurement rebaptisé Observatoire cubain
pour les droits des lesbiens, gays, bisexuels et transgenres (OBCUD LGTB). (1)
Suite à cet incident regrettable, Leannes Imbert a déclaré
ces quelque mots :
"Mes amis, je suis déjà de retour.
Je veux remercier toute la préoccupation et les gestes de
solidarité que j'ai reçue à la suite de mon arrestation.
L'Exposition, nous ne pourrons pas la réaliser aujourd'hui,
et nous n'aurons pas tout de suite le local et les conditions pour cela, mais
tout sera prêt pour le Lundi 17 (septembre 2012).
Nous la réaliserons dans le siège de l'OBCUD LGBT qui, bien
que ce soit un très petit local (par cela, nous projetons qu'il soit dans un autre lieu), est
l'unique lieu que nous avons en l'état.
Demain nous aboutirons nouvellement au CENESEX pour remettre
les matériels de l'Exposition, et malgré tout, NOUS LA FERONS, NOUS LA FERONS !
Une accolade à tous et, MERCI !" (2)
Au-delà de cet exemple de lourdeur bureaucratique…
Les Droits de l'Homme à Cuba sont régulièrement bafoués, et
personne n'est plus vraiment dupe sur le "paradis socialiste"
latino-américain, sauf une frange dogmatique et d’inspiration staliniste et
ultranationaliste, que l’on retrouve sur la toile. En bref passons, notre
route.
Par ailleurs, il y a de quoi être surpris que quelques
personnalités françaises soutiennent encore le régime castriste, manquent-ils
cruellement d’un regard critique ? Croient-ils vraiment aider le peuple
Cubain ?
Il n’y a pas à comparer Cuba et l’ancienne Union Soviétique,
question d’échelle et aussi d’une histoire propre. Etre à cent cinquante
kilomètres des côtes de la Floride a eu plus que des conséquences sur l’existence
de la Cuba révolutionnaire (notamment l’embargo économique).
Pour cela faut-il se voiler la face et faire silence sur les
atteintes régulières aux droits de l’Homme, mais pas seulement. C’est
l’encadrement de la population qui pose problème et c’est au peuple cubain que
devrait normalement aller notre soutien, pas à un PCC en état de décomposition
et à des vieillards qui devraient prendre sagement leur retraite.
Tous ceux qui tentent un éclairage différent sont souvent
l'objet d'attaques, d'insultes, la plus connue d'entre-elle étant le terme
"gusano" ou de verres de terre pour les deux millions d'exilés, ou de
laquais de l'Empire pour les plumes critiques ou non labellisées.
Cuba est aussi est une île de contraste, il n'existe pas une
gauche uniforme, aux seules couleurs du régime castriste, mais des gauches
critiques allant des libertaires aux sociaux-démocrates, dont l'Observatoire Critique est un des creusets. Et qu'il importe de distinguer de
l'extrême et l’ultra droite cubaine très présente à Miami, (mais non
représentative de l'ensemble des Cubains résidant en Floride ou plus largement
aux Etats-Unis).
Notes et sources de l'article :
(1) Axel Gyldén, journaliste à l'Express, lire l’article
complet sur Polémica Cubana
(2) Déclaration de Leannes Imbert sur le site :
http://www.martinoticias.com