samedi 15 septembre 2012

Cuba, Leannes Imbert militante LGTB et contrôles policiers

 Arrestation abusive 
de Leannes Imbert, 
militante homosexuelle cubaine


Par Ivan de la Pampa,

Leannes Imbert a été placée en détention et soumise à un interrogatoire, elle a été libérée après douze heures de vérifications administratives. L'arrestation de Leannes Imbert, militante des droits des LGTB est un exemple parmi d'autres de comment les expressions sont contrôlées.

L’on pouvait penser que le régime castriste avait fini par reconnaître ses erreurs dans la lutte qu’elle mena à l’égard des homosexuels cubains, Fidel Castro avait à ce sujet fait amende honorable. Mais l’on voit bien que le dans le cas de Leannes Imbert et de sa volonté de faire une exposition sur les UMAP (anciens camps de travail pour les « déviants ») il reste encore du chemin à parcourir.

Cette attitude du pouvoir, à s’insinuer dans le quotidien des gens ressemble fort à ce que l'on peut nommer une violence psychologique, dont on ne mesure pas toujours les effets, mais pourtant ravageur et destructeur, et pas seulement au regard des Droits Humains.

Sur le plan physique et émotionnel, c'est une des pires maltraitances imposées à des femmes ou des hommes, voire dès l'enfance quand on connaît l'embrigadement de la jeunesse, et aussi comment certains jeunes cadres du parti un peu trop critiques peuvent du jour au lendemain se voir mis à l'écart sur des fonctions ou taches ingrates.

Certes, les Cubains ont un bon niveau d’instruction et le doivent à la Révolution, mais les chemins de l'émancipation ne passe pas par un conditionnement et une soumission à l’ordre établi. Heureusement, un conditionnement ou grand nombre de Cubains sont conscients et cachent de moins en moins leurs critiques et rejet de la bureaucratie.

On peut relire l'oeuvre de Karl Marx en long, large et en travers, mais il n’est pas précisé, que l'humiliation, les vexations, les contrôles inopinés, l'enfermement sont des méthodes de pouvoir ou le terme pompeux de "gouvernance". On pourrait même penser le contraire…

A titre d’exemple, les prisons cubaines sont peuplées, près deux fois plus qu'en France, pour six fois moins d'habitants. Pas sur non plus que le philosophe Michel Foucault soit étudié dans les universités cubaines.


Qu’est-il arrivé à Leannes Imbert ?

" Des agents de la Sécurité de l’Etat, la police politique cubaine, ont arrêté hier, mardi 11 septembre, l’activiste homosexuelle Leannes Imbert. Placée en détention et soumise à un interrogatoire serré, elle a finalement été libérée après douze heures de garde à vue.

L’exposition en question concernait les UMAP (Unités d’aide à la production). Les UMAP symbolisent l’une des pages les plus noires du castrisme: de sinistre mémoire, ces camps de concentration et de travail, créés au début des années 1960, étaient destinés à tenir les homosexuels (mais aussi les autres “déviants” et indésirables, tels que les dissidents) à l’écart de la société cubaine. Et à les réorienter idéologiquement par la contrainte.

Les documents en possession de l’activiste ont été saisis par la police secrète, de sorte que l’exposition sur les UMAP ne peut avoir lieu (ndr - pour le moment). Des diplomates étrangers, des membres de la société civile et des correspondants de presse internationaux avaient été invités à cette manifestation qui ambitionnait d’informer les Cubains sur ce que furent vraiment les UMAP. Et cela, conformément à la promesse faite par Mariela Castro, qui est sexologue (ndr - et fille de Fidel Castro...)."

Leannes Imbert est la coordinatrice nationale du mouvement PLAC LGBT, qui chapeaute 12 organisations LGBT (Lesbien, gay, bisexuel, transgenre). Elle est aussi la fondatrice du Mouvement cubain pour la libération homosexuelle (MLH), créé en 2007, ultérieurement rebaptisé Observatoire cubain pour les droits des lesbiens, gays, bisexuels et transgenres (OBCUD LGTB). (1)


Suite à cet incident regrettable, Leannes Imbert a déclaré ces quelque mots :

"Mes amis, je suis déjà de retour.

Je veux remercier toute la préoccupation et les gestes de solidarité que j'ai reçue à la suite de mon arrestation.

L'Exposition, nous ne pourrons pas la réaliser aujourd'hui, et nous n'aurons pas tout de suite le local et les conditions pour cela, mais tout sera prêt pour le Lundi 17 (septembre 2012).

Nous la réaliserons dans le siège de l'OBCUD LGBT qui, bien que ce soit un très petit local (par cela, nous projetons  qu'il soit dans un autre lieu), est l'unique lieu que nous avons en l'état.

Demain nous aboutirons nouvellement au CENESEX pour remettre les matériels de l'Exposition, et malgré tout, NOUS LA FERONS, NOUS LA FERONS !

Une accolade à tous et, MERCI !" (2)


Au-delà de cet exemple de lourdeur bureaucratique…


Les Droits de l'Homme à Cuba sont régulièrement bafoués, et personne n'est plus vraiment dupe sur le "paradis socialiste" latino-américain, sauf une frange dogmatique et d’inspiration staliniste et ultranationaliste, que l’on retrouve sur la toile. En bref passons, notre route.

Par ailleurs, il y a de quoi être surpris que quelques personnalités françaises soutiennent encore le régime castriste, manquent-ils cruellement d’un regard critique ? Croient-ils vraiment aider le peuple Cubain ?

Il n’y a pas à comparer Cuba et l’ancienne Union Soviétique, question d’échelle et aussi d’une histoire propre. Etre à cent cinquante kilomètres des côtes de la Floride a eu plus que des conséquences sur l’existence de la Cuba révolutionnaire (notamment l’embargo économique).

Pour cela faut-il se voiler la face et faire silence sur les atteintes régulières aux droits de l’Homme, mais pas seulement. C’est l’encadrement de la population qui pose problème et c’est au peuple cubain que devrait normalement aller notre soutien, pas à un PCC en état de décomposition et à des vieillards qui devraient prendre sagement leur retraite.

Tous ceux qui tentent un éclairage différent sont souvent l'objet d'attaques, d'insultes, la plus connue d'entre-elle étant le terme "gusano" ou de verres de terre pour les deux millions d'exilés, ou de laquais de l'Empire pour les plumes critiques ou non labellisées.

Cuba est aussi est une île de contraste, il n'existe pas une gauche uniforme, aux seules couleurs du régime castriste, mais des gauches critiques allant des libertaires aux sociaux-démocrates, dont l'Observatoire Critique est un des creusets. Et qu'il importe de distinguer de l'extrême et l’ultra droite cubaine très présente à Miami, (mais non représentative de l'ensemble des Cubains résidant en Floride ou plus largement aux Etats-Unis).


Notes et sources de l'article :

(1) Axel Gyldén, journaliste à l'Express, lire l’article complet sur Polémica Cubana

(2) Déclaration de Leannes Imbert sur le site :  http://www.martinoticias.com