mercredi 29 mai 2013

Livre, « Le génocide comme pratique sociale »

« Le génocide 
comme pratique sociale »
 
Du nazisme 
à l’expérience argentine

 

 Un livre de Daniel Feierstein (1) et traduction de Gabriel Périès (2) - Editions MētisPresses, 2013

Cet ouvrage met en correspondance le génocide perpétré par les nazis et la dictature argentine qui a sévi entre 1974 et 1983. La thèse de Daniel Feierstein est audacieuse. Elle met en perspective deux crimes extrêmes: le génocide perpétré par les nazis entre 1933 et 1945 contre six millions de juifs et plusieurs minorités, sociales et politiques, avec ses différents modus operandi, objectifs et rythmes; et les crimes commis en Argentine, entre 1974 et 1983, avant et pendant la dernière dictature militaire, qui firent de l’enlèvement, de la torture, du camp de concentration et de la disparition forcée autant d’outils de terreur et de domination.

Daniel Feierstein affirme que ces deux processus ne doivent pas être considérés comme des faits exceptionnels dans l’histoire contemporaine, mais bel et bien comme des exemples de dispositifs, de technologies spécifiques de pouvoir. 

En tant que tels, ils ne se sont pas limités à l’extermination de groupes humains. Leurs applications ont eu également pour conséquence de "réorganiser" les relations sociales hégémoniques à travers la construction d’une altérité négative, le harcèlement, l’isolement, l’affaiblissement systématique, l’annihilation matérielle et la réification des êtres humains.

Tout en légitimant l’usage du terme "génocide" pour qualifier la situation argentine, ce livre propose une nouvelle typologie des pratiques sociales génocidaires et démontre la continuité entre le nazisme et l’auto-proclamé "Processus de Réorganisation Nationale" argentin.

L’approche défendue par cet ouvrage doit être débattue bien au-delà du monde hispanophone. Non seulement parce qu’elle offre de nouvelles perspectives d’interprétation des faits historiques, mais aussi parce qu’elle permet de mieux pointer les risques présents et futurs auxquels nous devons faire face, et dont la perversité, tant dans la mise en œuvre que dans les moyens dont disposent les nouveaux bourreaux, nous incite à une grande vigilance.

Le Collectif Argentin pour la Mémoire 
organise une présentation du livre, 
le vendredi 28 juin 2013 à 19h00
 
Présentation des textes et commentaires par :

Le traducteur, Gabriel Périès et l’éditeur David Collin

Entrée libre dans la limite des places disponibles.
Maison de l’Amérique Latine : 217 Bd Saint Germain- 75007 Paris



Notes :

(1) Daniel Feierstein est professeur de sociologie et directeur du Centre d’études sur les génocides à l’Université Tres de Febrero à Buenos Aires. Il est Vice-Président de l’International Association of Genocide Scholars et membre du Comité de rédaction du Journal of Genocide Studies and Prevention.

(2) Gabriel Périès : Professeur, enseignant-chercheur à l’Institut Mines-Télécom/ Télécom-Ecole de management d’Evry. Docteur en Science Politique, juriste et traducteur, il s’est spécialisé sur l’organisation de régimes militaires de la période de la guerre froide, les doctrines de sécurité contre-insurrectionnelles et les usages des technologies de l’information et de la communication en temps de crise. Il est également Juge-Assesseur (HCR) à la Cour Nationale du Droit d’Asile. Il participe à de nombreuses publications de science politique. Il est membre du Collectif Argentin pour la Mémoire la Vérité et la Justice. Il est l’auteur avec David Servenay de Une Guerre Noire : Enquête sur les origines du génocide rwandais (1959-1994). La Découverte, 2007.