veut accélérer
14 projets
miniers
en territoires amérindiens !
Par le CRIC – Notes et traduction de Libres Amériques
Contradictions juridiques ou double discours des
autorités politiques, un nouveau bras de fer va probablement s’engager au
Pérou, autour de 14 nouveaux projets miniers sur des territoires où habitent
des populations originaires. Le gouvernement sentant un léger ralentissement de
son économie et aussi une baisse du cours de certaines matières premières (et
sous pression des lobbys économiques miniers). Le ministre de l’économie
aimerait se passer de certaines procédures consultatives en accélérant les
mesures administratives pour l’exploitation minière dans son pays. Mais sans
vouloir tenir compte des consultations préalables existantes, aussi bien dans
la loi péruvienne, ou dans le cadre des droits internationaux touchant les
peuples autochtones ou originaires (Convention 169 de l’OIT).
Semble-t-il quelques fuites ont permis de lever cette forte
ambiguïté et une volonté de ne pas engager les consultations nécessaires auprès
des populations concernées. Le Pérou est un des pays les plus concernés par
l’extraction minière en Amérique du Sud. Les conflits écologiques sont nombreux,
les dégâts environnementaux considérables dans des régions hautement affectées
par certains déséquilibres hydriques et
en lien avec le changement climatique des régions andines. Tout cela
participe du pillage de l’eau, par l’assèchement ou l’appauvrissement des
ressources en eau (lagunes, lacs, cours d’eaux), notamment dans des zones
agricoles ou forestières.
Cet article
nous éclaire sur les 14 projets miniers et nous alerte sur de nouvelles
atteintes à l’expression des peuples originaires et aux pillages des ressources
naturelles. Pour seule fin de soutenir une croissance, qui jusqu’à présent a
surtout permis l’enrichissement de transnationales (Canadiennes, Sud
Africaines, …), et au détriment des péruviens eux-mêmes. Et le gouvernement de
ce pays ne semble pas vouloir changer d’un iota la politique de ces
prédécesseurs ultra-libéraux, bien que son président s’était pour se faire
élire revendiqué de gauche et il avait été soutenu dans son ensemble par cette
dernière.
Dans une société profondément inégalitaire et à bien des
égards raciste, le gouvernement péruvien et son ministre de l’économie n’ont
pas froid aux yeux, et quitte à faire dans le symbolisme, cette décision
d’accélération de 14 projets miniers en territoires amérindiens est d’un cynisme
rare. L’industrie minière quant à elle se basant sur un ralentissement passager
de l’économie, et une baisse notamment du cours de l’or de 30% depuis le début
de l’année 2013 (par ailleurs les réserves mondiales d’or devraient être
épuisées, d’ici 2025). La supercherie ou la ficelle semble un peu grosse, et
cette nouvelle ne devrait pas passer inaperçue ?
PÉROU : 14 projets d'exploitation minière sans
consultation préalable
Dans le cadre d’une action secrète mal protégée, le
gouvernement a décidé qu'au moins 14 projets miniers ne passeraient pas par le
processus de consultation préalable avec les communautés natives, comme l’a
confirmé le ministre de l'Economie et des Finances, Luis Miguel Castilla (en photo). Fin
avril 2013, le président du Conseil des ministres, Juan Jimenez, a annoncé
qu'il allait « débloquer » 14 projets miniers en phase d'exploration,
« pour aller directement aux autorisations et (pour que) les entreprises
fassent ce qu’elles ont à faire ».
Mais le ministre Castilla a également confirmé la formation
d'un groupe spécialisé, qui aura en charge de suivre les grands projets
d'investissement dans le pays, de manière à ce qu'il puisse « déverrouiller »
les obstacles bureaucratiques empêchant l’exécution. Concernant la décision du
gouvernement de s’exonérer de la consultation pour 14 projets miniers, celui-ci
l’aurait pris après avoir reçu de nombreuses plaintes de la part du secteur
minier. Ce dernier critiquant une stagnation présumée de l'investissement dans
l'industrie, afin que le gouvernement cherche à améliorer les procédures
d'autorisation.
Parmi les exploitations minières bénéficiaires serait le
projet "Angostura" dans la communauté rurale de Nueva Esperanza de
Mollepiña (Région d’Apurimac). Deux autres exploitations concerneraient le
Projet Magistral du district de Conchucos (Région d’Ancash) et le Projet
Marcobre dans la province de Nasca (Région d’Ica). Cependant ces 14 projets
miniers coïncident avec le nombre de projets identifiés par le Bureau du
Défenseur du Peuple se situant dans des zones habitées par les peuples
amérindiens.
L'autorité de Défense est basée sur un rapport établi par le
ministère de la Culture adressée au Ministère de l'Energie et des Mines, qui
avait demandé s'il y avait des communautés originaires dans les zones d'influence,
pour un ensemble de projets miniers. À cet égard, le responsable du programme
des Populations Autochtones du Défenseur du Peuple, Daniel Sanchez, a signalé
au site d’information en ligne
« Inforregión » qu'il existerait actuellement 14 projets miniers
qui affecteraient les droits des peuples Amérindiens. Sans qu’il soit
mentionné, que ces communautés seraient impliquées, Daniel Sanchez a jugé
nécessaire lors de la prise de décision de la mesure administrative de
lancement des activités d'exploration ou d’exploitation, soit soumise à la
procédure de consultation préalable.
Le processus de consultation prévu n'a pas commencé dans le
secteur minier, bien qu’en mai 2012, le ministère de la Culture ait approuvé la
politique définissant les normes, les lignes directrices et les procédures pour
l'administration, de la Base de données officielle sur les peuples Autochtones
ou Originaires qui, jusqu'ici, n'a pas été publié. Non plus, n’a pas été mis à
la connaissance du public, le « Guide méthodologique pour la mise en œuvre
du droit à la consultation préalable», comme l'exige l'article 28 du Décret
suprême N º 001-2012-MC, etayant largement dépassé le délai des 30 jours (pour
sa publication).
Cependant, selon Madame Alicia Abanto, Défenseur adjointe
pour l'Environnement, les Services Publics et les Peuples Autochtones, il n’y a
pas besoin de publier les deux instruments normatifs pour que l'État
accomplisse le droit à la consultation préalable. Elle a expliqué que le
processus de consultation vise à encourager le dialogue entre les parties afin
de permettre un développement harmonieux, aussi bien des entreprises que les
droits collectifs des personnes. Elle a précisé que, plutôt que d'être
contraignant ou pas, la chose importante est que pour la première fois dans
l'histoire de notre République, l'Etat est disposé à dialoguer avec les peuples
originaires, ce qui est une étape importante dans les relations entre l'État et
ses citoyens.
Madame Abanto a indiqué que la mise en œuvre du droit à la
consultation nécessite des normes et des outils de gestion pour orienter les
fonctionnaires de l'Etat dans leur travail de mise en œuvre. Elle a ajouté
qu'il était impératif que chacun des agents publics et la société parient sur
une véritable culture du dialogue interculturel.
Un ralentissement de l'économie péruvienne pour 2012 est
écarté
Coïncidant avec le ministre Luis Miguel Castilla, le
président de la Banque Centrale, Julio Velarde, a déclaré qu'il n'y avait aucun
signe d'un ralentissement de l'économie péruvienne, maintenant sa prévision de
croissance du produit intérieur brut (PIB) à 6, 3% pour cette année. Monsieur
Velarde a déclaré les perspectives étaient positives, parce qu'il y avait un
redressement des cours internationaux de l'or, de l'argent et du zinc. Il a
estimé que la croissance du premier trimestre a été touchée parce qu’en Février
a été moindre par rapport à l'an dernier et qu’en mars s’est déroulé la semaine
sainte et a connu cinq dimanches, mais en avril l'augmentation du PIB dépassera
les mois précédents…
Source : Le CRIC (Conseil Régional des Amérindiens du Cauca - Colombie)