Des soldats ont été déployés hier dans des zones sensibles de l’agglomération de Caracas. Les autorités vénézuéliennes ont lancé (le 13 mai 2013) le Plan Patria Segura [1],
une nouvelle stratégie anti-criminalité comprenant notamment le
déploiement de 3 000 éléments de la Force Armée Nationale Bolivarienne
(FANB) dans les municipalités les plus violentes du pays. Les 6 premières zones concernées par l’arrivée des forces armées se
situent toutes dans l’agglomération de Caracas.

L’insécurité, problème majeur pour le Venezuela
Le Plan Patria Segura fait suite aux promesses électorales de
Nicolas Maduro, l’héritier d’Hugo Chavez ayant en effet promis durant la
campagne présidentielle de faire de la lutte contre l’insécurité l’une
des grandes priorités de son mandat.
Le choix du nouveau Président vénézuélien de militariser la lutte
contre la criminalité s’explique par la situation sécuritaire alarmante
du pays. Avec 55 homicides pour 100 000 habitants en 2012 [3], le Venezuela est en effet la nation la plus dangereuse d’Amérique du Sud, la deuxième à l’échelle mondiale [4].
A titre de comparaison, la Colombie voisine, dont l’image demeure
particulièrement négative en Europe, et le Mexique, affecté par les
affrontements entre cartels de la drogue, affichent des taux largement
inférieurs, avec respectivement 31 et 24 meurtres pour 100 000
habitants.
Une stratégie risquée

Dans ce pays, les violations des droits de l’homme impliquant des membres de l’armée [6]
se sont multipliées depuis le milieu des années 2000, suite à la mise
en place d’une stratégie de militarisation pour lutter contre les
cartels de la drogue.
Le déploiement de plusieurs dizaines de milliers
de soldats n’a par ailleurs pas permis d’améliorer la situation
sécuritaire. Au contraire, l’élimination des chefs de cartels par
l’armée a entraîné une fragmentation du crime organisé [7] et, en corollaire, une augmentation de la violence dans plusieurs régions du pays.
Par ailleurs, d’importants soupçons de corruption pèsent sur l’armée
vénézuélienne. Plusieurs hauts gradés ont ainsi été accusés de
complicités avec le crime organisé au cours des dernières années.
[1] « Patrie Sûre » en français.
[2] Les 4 autres zones concernées sont Catia, El Valle, Antímano et El Recreo.
[3] Selon les chiffres communiqués par le gouvernement vénézuélien.
[4] Seul le Honduras, en Amérique centrale, affiche un taux d’homicides supérieur (85 pour 100 000 habitants en 2012)
[5] Programa Venezolano de Educación-Acción en Derechos Humanos.
[6] Notamment de nombreux cas de tortures et de disparitions.
[7]
En 2007, moins de dix grands cartels s’affrontaient pour le contrôle
des zones stratégiques au Mexique. Aujourd’hui, ils sont plusieurs
dizaines.
Source : Latinactus