des immigrés
pour l'égalité des droits

Cependant, ce rêve se transforme souvent en cauchemar et ces gens doivent faire face à de nombreuses difficultés : ils n'ont pas un plein accès à la justice en raison de leur statut d'étrangers, surtout quand ils sont en situation juridique irrégulière. Certaines de ces personnes, en particulier les Boliviens, finissent par tomber dans des réseaux constitués pour exploiter les travailleurs étrangers irréguliers, les faisant travailler dans des conditions d'esclavage : des heures de travail excessives, des salaires bien inférieurs au minimum légal, au mépris des normes de sécurité et d'hygiène de base ainsi que des conditions d'hébergement sales et surpeuplées.
Le blog Pandora donne une bonne description [en portugais comme les liens suivants] de cette situation cachée mais violente vécue par de nombreux étrangers:
Dans la grande majorité des quartiers de São Paulo, il est très difficile de trouver des immigrés boliviens. Cependant, chaque jour qui passe, le nombre de personnes dans la ville aux traits indiens et un espagnol plus lent continue d'augmenter, presque en secret. Cette situation se produit parce que, généralement, ces immigrants se trouvent dans les quartiers centraux de la ville - surtout où là où les vêtements sont moins chers - enfermés dans des usines aux conditions de travail dangereuses ou vendant leur artisanat dans les marchés. Telle est la situation de plus de 200.000 Boliviens, aussi bien en situation régulière qu'irrégulières, qui vivent dans la ville de São Paulo.Le fait est que, bien que le Brésil soit un pays construit en utilisant la force des immigrants, la dernière grande vague d'étrangers à s'y installer l'a fait au début du 20ème siècle.
Depuis, de nombreux chocs économiques ont provoqué le processus inverse et le Brésil est devenu un pays d'émigration [fr]. Cette situation a conduit les hommes politiques brésiliens à s'atteler à la mise à jour de la législation relative à l'immigration, qui date de l'époque de la dictature, entravant la mise en œuvre d'un accord pour la libre circulation des personnes et des marchandises entre les Etats membres du MERCOSUR tout comme dans l'espace Schengen dans l'Union européenne.
Au Brésil en particulier, le statut des étrangers est extrêmement discriminatoire, d'abord en raison du fait que c'est un produit des “années de plomb”, [la période la plus répressive [fr] de la dictature militaire [fr] au Brésil], quand les étrangers étaient considérés comme une menace à la sécurité nationale, et dans ce cadre juridique archaïque, caractérisé par l'autoritarisme et l'absence de démocratie, toute responsabilité pour le traitement des migrants incombait à la police fédérale.L'accent mis par les gouvernements dans le bloc sud-américain sur les facteurs économiques au détriment des droits civils montre un côté peu discuté du MERCOSUR, qui est en réalité une union douanière plutôt que politique. Le Brésil, par exemple, craint qu'une fois que ses frontières seront complètement ouvertes à ses partenaires au sein du bloc un nombre important de citoyens des pays les plus pauvres entreront sur son territoire, surchargeant ses institutions et son économie.
Le cas de la Bolivie est encore plus compliqué, car elle est un membre associé et pas un Etat pleinement membre du MERCOSUR, et sa frontière est considérée comme une voie importante pour les trafiquants de drogue. Une fois à l'intérieur du Brésil, ces “immigrés-là” trouveraient un vaste marché pour leurs produits, pour ne pas mentionner le fait qu'ils pourraient utiliser les ports et les aéroports brésiliens comme plates-formes pour exporter des stupéfiants en Europe et aux États-Unis.

Des manifestations telles que la marche des immigrés constituent un pas dans la bonne direction: se faire connaître parmi les Brésiliens, monter leurs visages, leurs accents portugais, où et comment ils vivent, leurs conditions de travail et le renforcement des associations d'immigrés, afin de revendiquer leurs droits à l'égard de la loi. Et, enfin, la sensibilisation comme le souligne Roque Patusso, coordinateur du Centre de soutien aux immigrants (CAMI) souligne dans une interview publiée sur le blog boliviacultural.com.bre :
L'une des avancées les plus significatives réalisées est une prise de conscience plus critique chez l'immigré lui-même, dans laquelle il se voit l'agent capable de changer les choses. Ce que nous voyons est une augmentation du nombre de personnes dans la marche, mais aussi une plus grande prise de conscience parmi ces gens en ce qui concerne leurs droits. Tel est l'objectif de la marche, augmenter la sensibilisation.
Source : Global Voices