jeudi 13 décembre 2012

Cuba, racines historiques et populaires de La Havane

Pour récupérer 
un héritage transcendant 
  
Quand les habitants de La Havane échangent sur l'histoire et les racines ?

 Par Roger M. Moreno Díaz   

L’après-midi du samedi 8 décembre 2012, a eu lieu une belle rencontre dans notre Havane blessée. La réunion fut le produit du travail entrepris par la Confrérie de la Négritude, la chaire Haydée Santamaria et le groupe Chekendeque, elle avait pour objectif de partager de précieuses connaissances en relation avec l’existence de modes de vie fraternelles et d’appui mutuel entre les strates les plus humbles de la population cubaine qui ont existé tout au long d’une période historique prolongée.

Les intervenants furent Maria del Carmen Barcia, Lázara Menendez, Tato Quiñones et Mario Castillo, une équipe qui allie l’expérience et le prestige académique, la jeunesse et l’enthousiasme dans le domaine de la défense des valeurs spirituelles, des traditions, de l’histoire des Cubains et des Cubaines et de l’héroïsme anonyme au quotidien. Le public invité s’est félicité grâce aux haut-parleurs de la Maison de la Culture de la Vieille Havane, dans le quartier de Jesús María.

Les organisateurs avaient préparé, avec tous les participants, un cercle horizontal et inclusif, dans lequel les interventions furent fluides, exprimées avec aisance et cordialité, ce qui permis d’oublier le manque de matériel audio. 

La Barcia initia la discussion en expliquant les origines de l’institution du Cabildo (lire les notes), introduit à Cuba par les colons espagnols en tant que méthode de contrôle social, culturel et politique de la population de esclaves africains introduite par la cruelle et massive traite négrière. Cette institution typiquement urbaine, compte tenu des conditions de vie des esclaves conduisit cependant, lentement mais sûrement, vers un espace qui a établi des liens de fraternité et de résistance parmi les esclaves.

Tato Quiñones a repris l’histoire au point où l’avait laissée Barcia, pour illustrer le processus de croissance et de multiplication qui fut suivi par les Cabildos ou les Nations (lire la note en bas de page), au fur et à mesure que s’étendait les potentialités et la conscience des personnes affectées par le système honteux que représentait l’esclavage. Mais aussi à partir de la fin officielle de celui-ci, alors que ne disparurent pas les maux du racisme et de l’oppression raciale. Avec des anecdotes illustrant les témoignages sur des événements qui ont eu lieu dans ce même quartier de Jésus Maria, Tato Quiñones a ému les spectateurs. 


Ainsi, nous avons compris les efforts des personnes qui surmontèrent toutes les difficultés liées au fait de dominer, avec leurs efforts personnels, les outils de base de la culture et de l’économie avec le fait d’apprendre à lire et à écrire. Et aussi de mettre en place un système d’aide mutuelle basée sur les célébrations et d’autres formes d’organisation. De cette façon, ils amélioraient leurs conditions de vie autant que pour résister à l’adversité en établissant des façons autonomes de vie avec de l’orgueil, de la culture, de la société et de la confraternisation.

Lázara Menéndez offrit d’importantes considérations sur un thème fréquemment manipulé, tel une arme, pour dévaluer les religions d’origine africaine er les personnes qui les pratiquent, à savoir, la composante de satisfaction personnelle qui les accompagne en termes de bien-être.  

Certains types d’analyses unilatérales critiquent cette position, sans reconnaître qu’elle est pleinement légitime en tant que cosmovision du monde qui place l’individu, et non une divinité abstraite, au centre du monde. Personne n’est surpris, dit-elle, que l’on investisse des ressources considérables provenant des fidèles pour le maintien de temples somptueux dans les autres religions. 

En outre, on doit également comprendre que le caractère de résistance forgée par cette philosophie se distingue également contre les forces et les hostilités qui ont tendance à affirmer que ces personnes sont maintenues dans des conditions de vie déplorables. Il est également important de rappeler que dans les paroles recueillies on trouve des enseignements sur la justice, comme la reconnaissance pour tout être humain d’avoir des capacités et des droits pour atteindre le bien être. Ainsi que de reconnaître que la solidarité avec le voisin et le moins favorisé, sont des piliers vitaux et des principes éthiques fondamentaux dans ces modes de vie.

L’intervention intéressante de Menéndez lia également les modes de relations économiques propres à ces religions avec ce qui est établi dans la société dans laquelle nous vivons, marquée par l’existence de la double monnaie et d’autres réalités qui imprègnent la vie de la population. Il n’oublia pas de mettre l’accent sur la nécessité d’aborder les malentendus qui abondent dans ce domaine, le tout accompagné par des hostilités. Pour favoriser la compréhension entre les peuples, la promotion d’une meilleure compréhension des relations entre personnes de religions différentes ou athées, et entre l’homme et la nature, a souligné Menéndez, doit partir de la bonne volonté, doit garder l’esprit ouvert, la volonté de ne pas discriminer.

Enfin Mario Castillo récapitula synthétiquement comment les traditions recueillies ou formées de manière synthétique dans ces organisations fraternelles se sont reproduites et ont alimenté postérieurement de nombreuses expériences de la classe ouvrière cubaine. 

Des groupes comme la Fédération des ouvriers de La Havane, qui ne fut pas fondée par hasard dans le quartier de Jesús María, comptaient parmi ses membres combattifs des intégrants ou des descendants de ces hommes courageux. Leur force, la résistance et l’ingéniosité dont ils firent preuve au cours des siècles d’oppression faisaient d’eux des hommes de grande valeur dans les luttes contre les régimes corrompus et les employeurs sans scrupules qui se sont succédés au pouvoir.

Pressé par le manque de temps, nous sommes parvenus a avoir un échange rapide où d’autres thèmes furent abordés, ce qui démontre l’immense intérêt généré par ces questions et, surtout, la nécessité de continuer à étudier, à partager et à diffuser les connaissances sur ces racines si importantes et si peu connues de notre nationalité.

Notes du traducteur :

 Un cabildo était un conseil d’administration coloniale qui régissait une municipalité à l’époque de l’Empire espagnol.

Les membres des cabildos étaient parfois nommés, parfois élus, mais étaient considérés comme représentatifs de tous les propriétaires terriens et chefs de ménage.

Le cabildo colonial était essentiellement le même que celui qui s’était développé dans la Castille médiévale.

Le cabildo était le représentant légal de la municipalité et de son territoire adjacent vis-à-vis de la couronne espagnole, c’est pourquoi il a été parmi les premières institutions établies par les conquistadores lors de la Conquista. Ainsi, Hernán Cortés établit le cabildo de “La Villa Rica de la Vera Cruz” ce qui lui permit de se libérer de l’autorité du gouverneur de Cuba. 


Source : Polémica Cubana