samedi 8 décembre 2012

L'Europe ouvre ses portes aux trafics et fonds illégaux ?

 L'U.E va-t-elle promouvoir 
le trafic de fonds illégaux 
provenant de Colombie et du Pérou ?
 
 Par le groupe parlementaire européen GUE/NGL
Gauche Unie Européenne et Gauche Verte Nordique
 
Une étude réalisée par le Centre de Recherche sur les Entreprises Multinationales (SOMO), et présentée aujourd’hui au Parlement Européen, révèle que si l'Accord de Libre Échange (ALE) entre l'UE, la Colombie et le Pérou était ratifié lors de la prochaine session plénière la semaine prochaine à Strasbourg, il y a de fortes chances que l’instabilité financière augmente, ainsi que l’évasion d’impôts et même le blanchiment d’argent provenant du trafic de drogue.


M. Jürgen Klute, député européen du groupe de la Gauche Unitaire Européenne GUE/NGL a déclaré ce matin lors d'une conférence de presse que cet accord favoriserait la libéralisation des services financiers: "Alors qu’en Europe nous tentons de légiférer pour mieux réguler et contrôler les marchés financiers, il est absurde que nous négocions par ailleurs des accords qui sont obsolètes puisqu'ils relèvent de ces politiques néolibérales qui ont fait tant de dégâts chez nous."

 Dans sa recherche, l'économiste Myriam Vander Stichele observe que d'autres accords commerciaux passés par l'Union européenne avec des pays tiers prévoient bien des mécanismes pour lutter contre le blanchiment d'argent, la lutte contre le crime organisé et les flux illicites d'argent. D’après la chercheuse, il dès lors est inconcevable que concernant cet accord commercial signé avec la Colombie et le Pérou, qui sont les deux principaux producteurs mondiaux de cocaïne, il n’ait été prévu aucune mesure spécifique pour lutter contre la criminalité financière.

 L’Accord de libre-éhange avec la Colombie et le Pérou, qui sera soumis mardi prochain à Strasbourg à l'assemblée  plénière du Parlement européen– qui ne peut le modifier d’une virgule – n'inclut aucun élément spécifique contraignant les pays signataires à adopter des mesures contre l'évasion fiscale:  «Bien au contraire, l'ALE pourrait ouvrir la porte à d’importantes violations de la fiscalité ce qui, dans des pays en développement comme la Colombie et le Pérou, peut signifier la fuite de sommes d'argent indispensables pour les dépenses publiques», déclare Mme Vander Stichele.

 À cet égard, M.Klute dénonce qu’au moment où les citoyens européens sont contraints à des efforts d'austérité considérables qui touchent surtout les familles les plus pauvres:  «Il est particulièrement hypocrite de fournir de nouveaux marchés aux entreprises transnationales, qui sont caractérisées par leur pratique de l'évasion fiscale et l’utilisation des paradis fiscaux. De plus, faciliter l’entrée dans l’UE de capitaux issus de la criminalité, ne va pas aider à résoudre la crise en Europe, mais risque au contraire de l’aggraver.»

 L'étude conclut que l'ALE ne prévoit aucune garantie de contrôle fiscal, comme, par exemple, une coopération en matière de surveillance des flux de capitaux en vue de suivre l'impact de ces nouvelles mesures de libéralisation, ou de détecter les flux d'argent illicites. Aucune mesure n’est prévue non plus pour prévenir une crise financière, des retraits massifs de capitaux, la spéculation excessive ou le blanchiment d'argent.

 Dans son intervention, Jürgen Klute souligne que pour aucun autre accord de libre échange il n'a vu une telle levée de boucliers de la part du mouvement social et des ONG pour des motifs de droits humains et d’environnement.  Cette étude sur le volet financier de l’ALE UE-Colombie-Pérou, démontre que ce dernier va aussi à l’encontre des efforts de l'UE pour réguler le secteur financier et contrôler les actifs toxiques ou d'origine criminel. «C'est un accord mal négocié qui doit être rejeté», conclut M. Klute.




Source : alainet.org