dimanche 2 décembre 2012

Colombie, accaparement des terres et contrôles étrangers

   L’appropriation étrangère et l’accaparement des terres
Dans le monde et en Colombie : « des affaires socialement et humainement illégitimes »

Par  Imelda Daza Cotes, traduction de Libres Amériques

Les pays ayant la plus forte consommation d'aliments et de biocarburants sont de plus en plus dépendants des produits importés en provenance des marchés dispersés et difficiles à contrôler. Cela les a amenés à élaborer une nouvelle stratégie, définie comme «l'agriculture à l'étranger», dont l’objet est de produire ailleurs ce qu’ils ne peuvent pas faire sur leur propre territoire, et ils ont décidé d'acquérir par achat, location à long terme, usufruit ou concession, de grandes étendues de terres agricoles dans d'autres pays. 

De plus, la crise financière a déplacé les flux d'investissements spéculatifs, sur le marché très rentable et sûr des terres agricoles. Les litiges fonciers pour les cultures vivrières se sont intensifiés et l’accaparement s’est accéléré à partir de 2001.

Plus d'une soixantaine de pays sont dans le collimateur de centaines de groupes d'investissements étrangers et une douzaine d'Etats sont désireux de contrôler les meilleures terres, ils ont déjà négocié environ 167 millions d'hectares et prennent le contrôle de toutes les ressources en eau, en minéraux - se trouvant dans les aires cédées.

Les entreprises avancent à un rythme si rapide, qu'il est estimé que d'ici 2012 ce chiffre devrait doubler. Chaque jour, il leur est concédé des permissions, les sols sont défrichés et les espaces s'étendent ; de nombreuses populations locales sont expulsées de leur lieu d'origine. Le processus d'expansion et de restructuration des entreprises agroalimentaires mondiales entraînant plus de pauvreté.

Les entreprises les plus actives sont les sociétés : des groupes de l’agro-alimentaire, de l'industrie, et des fonds d'investissement (ceux des pensions sont les plus grands investisseurs institutionnels), un capital purement spéculatif.

Les gouvernements les plus intéressés par ces affaires sont les États du Golfe, les Etats-Unis, une partie de l'Union européenne, la Corée du Sud, la Chine, le Japon, l'Inde et l'Afrique du Sud, et les terres les plus attractives sont en Amérique latine, en Afrique, en Australie et en Europe de l'Est. La communauté internationale des institutions financières du FMI, de la Banque mondiale et les banques de développement aide à promouvoir ces entreprises.

Certaines personnes commencent à réagir et attribuent à la crise alimentaire mondiale l'accaparement des terres. Au Mali (Afrique) s’est tenu la première conférence Internationale des organisations paysannes pour renforcer l'alliance mondiale pour défendre de la souveraineté alimentaire, du bien commun et le droit des peuples à bénéficier de leurs ressources naturelles.

En Colombie, cette politique d’appropriation étrangère a pu compter sur le soutien des gouvernements toujours complaisants avec ce type d’investissement. L’Altillanura (environ 7 millions d'hectares productifs) et l'Orénoque sont de vastes zones d'investissements agricoles à l'étranger.

L'organisation Oxfam a récemment dénoncé, que des entreprises multinationales s’étaient emparées de terrains en friche et de terres de paysans déplacés par des pratiques frauduleuses.

Dans le Chocó (département au nord-ouest), il  a été accordé à la société « Colombia Hardword » une licence forestière pour exploiter le bois (15 millions de m3) sur un territoire de 67.000 hectares, au sein de l'une des forêts les plus riches (en biodiversité) de la planète.

L'entreprise a installé un campement avec quelques employés canadiens, des originaires a commencé à couper du bois sur une superficie de 45.000 hectares, c’est-à-dire, 70 pour cent de la zone habitée par 18 communautés sont occupés et contrôlés par la société étrangère.

Le conseil de la communauté recevra 10 pour cent de la valeur du marché à titre de compensation, mais les natifs n’ont pas de moyens pour contrôler les chiffres de l'entreprise.

Cet essor d'achat massif de terres par des entreprises ou des États étrangers, en plus de porter atteinte à la souveraineté nationale, les exploitations familiales sont  remplacées par les grandes exploitations destinées à l'exportation.

Le modèle agro-industriel et latifundiste, de même que l'exploitation minière à ciel ouvert, est intensif dans son usage du capital, sans main-d'oeuvre, par ce qu'il ne génère pas de bien-être et farend impossible tout développement. Sa seule motivation est le profit.

Ce sont des affaires socialement et humainement illégitimes.


Source : El Tiempo (Colombie)