samedi 22 décembre 2012

Mexique-Chiapas, 50.000 mayas cagoulés manifestent en silence

“Vous avez entendu ? 
C’est le bruit 
de votre monde 
qui s’écroule"




Par Lionel Mesnard

Si les Mayas ont donné lieu toutes les confusions possibles ces derniers temps, ô surprise, 50.000 descendants cagoulés sont sortis le 22 décembre 2012, pour rappeler qu’ils restaient vigilants et de fait mobilisés. Cette démonstration de force qui s’est déroulée dans cinq villes, s’est présentée comme très disciplinée, les manifestants défilant en rang serré et en ligne, notamment à San Cristobal, capitale du Chiapas.

A l’origine, ce rassemblement s’est organisé sur le mode du bouche-à-oreille : par de brefs messages diffusés sur internet de l’EZLN, des appels téléphoniques et messages circulant entre communautés villageoises, et permis une mobilisation importante des originaires mayas du Mexique. 

Ce qui prouve que les modes déployés de communication à cet effet ont remarquablement fonctionné et donné lieu à des défilés imposants, au lendemain d’un nouveau cycle (de 13 baktún) en référence à la civilisation et au calendrier Maya.

Cette mobilisation permet de rappeler l’importance qu’a pu avoir le mouvement du sous commandant Marcos et l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) au Mexique depuis les années 1990.  

Ce mouvement social et politique a été précurseur de bien d’autres en Amérique latine et a fortement influencé une génération militante en Europe, au point que le Chiapas en était devenu une promenade touristique presque obligée et oubliant au passage les réalités locales. Les problématiques sociales pour les autochtones du Chiapas restent les mêmes, résister pour vivre sur leurs terres et y vivre sans se faire tuer.

C’est un peu tout le paradoxe de l’étrangeté du mouvement zapatiste, son objet n’étant pas la prise du pouvoir, mais de permettre aux populations amérindiennes du Chiapas de vivre sur leurs terres et de se développer hors des caractéristiques normatives du capitalisme, ou ce que l’on appelle un système endogène. 

Mais pas seulement, le mode d’organisation est avant tout démocratique, il s’apparente à l’autogestion ou les décisions ou orientations sont prises à la base et non par un sommet, mais en s’organisant en petites unités villageoises. Et le travail de l’EZLN est de coordonner tout cela sans interférer sur les unités de base.

Si avec leurs cagoules, ils ne montrent pas leurs visages, ce n’est pas en référence à des croyances ou un folklore Maya, mais comprendre que les multiples attaques militaires et paramilitaires qui ont été perpétrés dans cette région du Mexique a poussé une partie de la population à se défendre face à des intérêts politiques et financiers les menaçants.

C’est en s’organisant, en déployant des modes de fonctionnement égalitaires qu’ils ont pu faire face à l’invasion et aux appétits voraces qui en sont en jeu au Mexique. Mais la violence à l’encontre des civils au Chiapas n’est pas finie. 

Le sous commandant Marcos a fait référence dans un communiqué de décembre 2012 à des groupes paramilitaires agissant contre les biens et les personnes civiles et paysannes. La résistance à l’oppression est loin de s’éteindre en terres zapatistes.

Ces différentes manifestations, dont la plus importante, celle qui s’est déroulée à San Cristobal sont un bel exemple que la résistance continue, et il est clair que les zapatistes ont voulu rappelé qu’ils étaient bien vivants et actifs. 

Histoire de rappeler qu’ils sont les descendants de cette civilisation ou la connaissance du ciel remonte à au moins 3 millénaires, son calendrier était de 260 jours et basé sur une observation sur plusieurs milliers d’années d’observation des astres. 

Une somme de savoir, qui a été bradé comme de la soupe à quelques idiots en mal de sensation, ou la télévision et la presse ont atteint des sommets de bêtises et d’erreurs, et offert à des groupes sectaires une tribune.


« À qui de droit. Vous avez entendu ? C’est le bruit de votre monde qui s’écroule. C’est celui du nôtre qui resurgit. Le jour où le jour fut, c’était la nuit. Et ce sera la nuit le jour où ce sera le jour. »  (Site de l’EZLN)

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