mercredi 12 décembre 2012

Chili, 3 nouveaux prisonniers mapuches en grève de la faim

"Les conséquences 
d’une décision extrême"
La situation des prisonniers,
 expliquée par une psychologue 

Par Stefanie Pacheco, traduction de Libres Amériques

Depuis le 14 novembre 2012  Héctor Llaitul et Ramón Llanquileo, Prisonniers (Politiques) Mapuche de la prison d’Angol, ont engagé une grève de la faim. Tandis que Leonardo Quijón a décidé d’initier le 27 novembre son deuxième jeûne volontaire, exigeant sa liberté avec des mesures préventives. Sans mesure apparente des motivations amenant une personne à cesser de manger comme choix de pression, - quelles conséquences peuvent avoir cette mesure extrême sur la santé ?

Depuis plus de deux ans se sont succédé les grèves dans notre région (d’Araucanie), principalement des mapuches, en plus des autres mouvements sociaux. Mireya Plavencinos, psychologue a expliqué au journal « La oPiñón » les conséquences existantes de telles décisions, en réfléchissant aussi sur l’intolérance au Chili et le rôle de l’Etat.

Une grève de la faim provoque sur une personne saine et de n’importe quel âge, des déséquilibres qui vont affectés progressivement certaines parties de son organisme, les dommages biologiques peuvent devenir irrémédiables, ce qui par habitude est le centre d'intérêt du moment, analyser les détériorations produites par ce choix de protestation. Mireya Palavecinos, psychologue et une académicienne chargée de la coordination de la convention UFRO-INDH (1), ont expliqué à « La oPiñón » les effets psychologiques, qu’il y a à réaliser une grève de la faim.

Un appel désespéré

Selon les spécialistes, cette forme de protestation a une double signification : dirigée en premier lieu comme une demande aux autorités, mais aussi cela peut être un appel à l’attention de la communauté, aux consciences. « Il existe un sens symbolique, pour le reste de la société, c’est une décision extrême, qui cherche à être un appel désespéré à l’ensemble de la société, qui n’écoute pas, qui ne veut pas comprendre. »

Avant de considérer les conséquences psychologiques d’une grève, ou tenir compte du stress se développant pendant cette mesure. Madame Palavecinos a souligné l’importance de connaître le processus préalable, sachant que cela est extrêmement fort, en raison de la pression à laquelle est soumise la personne. « Pour prendre une décision de ce type, la vérité implique probablement que la personne l’ait porté longtemps, en réalisant des efforts pour résoudre le problème le touchant ».

Prisonniers Politiques Mapuches

Dans le cas de l’actuelle grève que font les trois Prisonniers Politiques Mapuches, la psychologue a précisé, que cette nature de pression n’est pas la plus indiquée pour certains, même la qualifiant d’intransigeante et manipulatrice. Mme Palavecinos considère que faire une grève de la faim n’est une chose facile, puisque cela va à l’encontre de l’instinct de survie de base des espèces animales, quand on en arrive à ce type d’extrémité, l’on est convaincu d’être passé par tous les stades de résolution, et avec la certitude d’avoir raison de lutter pour une juste cause.

L’instant de la décision semble crucial, parce que tu approches d’une situation impliquant un grand risque pour la vie, qui pourrait mettre un terme à ton existence, sous une forme très angoissante, pour le gréviste et pour ses proches. « C'est une mort douloureuse, agonisante, lente, qui implique beaucoup de souffrance, à tout point de vue c'est une décision très difficile à prendre, très douloureuse et implique durant tout le processus préalable et durant toute la grève, de supporter une tension émotionnelle très forte, parce que celui qui prend cette décision sait qu’il va souffrir lui ou elle comme personne, mais aussi les gens qu’il désire », a-t-elle soulignée.

Tout ou rien, quand tout terminé

Un autre moment clef est la fin du jeûne volontaire. La professionnelle explique : quand le gréviste stop le processus, deux situations peuvent se produire : L'une où le rôle est accompli, et l'autre où l’on renonce après ne pas avoir tenu l'objectif. Dans le cas présent, plus longue la grève aura été, plus la détérioration de même, selon que sera la mesure prolongée, elle pourrait devenir chronique :

« Peuvent exister des conséquences pour toute la vie, et si de plus la personne, pense que malgré tout, son problème n'a pas été résolu, le plus probable est qu'elle va vivre une sensation d'abandon brutal, qui la laissera encore plus faible, soutenue seulement par ses principes idéologiques, les gens les plus proches ».

Hector Llaitul

Elle a aussi tenu quelques mots d'analyse sur le cas d’Héctor Llaitul, qui se maintient actuellement en grève de la faim, et a pratiqué aussi à quelques occasions un jeûne volontaire. Il s’est fait remarquer, tant par sa force mentale que pour ses principes : « Hector est une personne qui a toujours montré une très grande force, en plus du psychologique, une sécurité et une charpente idéologiques soutenant sa forme d'être et son comportement, une décision de vie qui le guide. Il sort un peu de la norme, toutes les personnes ne sont pas dans des conditions de faire face à plus d'un ou deux épisodes de ce type".
  
Panorama du pays

L'académicienne a conclu sur l'actuel état émotionnel dans le pays, comment aujourd'hui au Chili, nous en sommes arrivés à ces situations. Pour elle, nous nous trouvons dans une société qui vit un processus d'intolérance, et de polarisation, autant des critères et de positions extrêmes et cela fait qu’il est difficile d’arriver à un accord : « Il semble, qu’il n'y a pas, beaucoup de volonté de céder sur les positions, mais plutôt une lutte de celui qui veut tout gagner, ou  face à l'autre tu as tout à perdre, il n'existe pas d'autre option, ils ne sont pas en posture, les deux de vouloir que cela puisse aller mieux. »

« Je ne vois pas l'État cédant, après s'être retrouvé dans une position si rigide et, de même, les grévistes mapuches peuvent sentir qu'ils ne doivent pas céder quelque chose (à cet inexistant…). » En se rapportant aux autres revendications des mouvements sociaux, elle a conclu que « les gens ressentent ainsi, qu'il n’existe pas d'autre option que de sortir dans la rue, se mobiliser ou prendre une décision extrême ».

Note :
 
(1) Faculté d’éducation en sciences sociales et humaines, lire le texte en espagnol : Cliquez ici !


Source : La oPiñón