lundi 17 décembre 2012

Haïti, les radios communautaires censurée ou illégale ?

 Les radios communautaires fonctionneraient illégalement, 
selon l’exécutif de Michel Joseph 

 Par Alterpresse

Martelly et Laurent Lamothe qui, joignant le geste au discours, a décidé de fermer la radio Vwa Klodi Mizo (VKM) aux Cayes, vite rouverte après une série de manifestations. Pourtant, les radios communautaires, en dehors de leurs nombreux avantages, restent les principaux espaces d’intégration et d’épanouissement des femmes paysannes en milieu rural. 

« Dans ces radios, ces femmes ne viennent pas pour vendre leurs voix ou faire le ménage, mais elles placent leurs voix dans les prises de décisions à l’intérieur de celles-ci », explique Marie Guirlène Justin, directrice exécutive du réseau des femmes des radios communautaires haïtiennes (Rezo fanm radyo kominotè Ayisyen / Refraka).


Il existe plus d’une quarantaine de radios communautaires sur tout le territoire, dont 27 sont membres du Refraka.


Le réseau des femmes des radios communautaires haïtiennes (Refraka) est fondé depuis 2001, année qui marque le grand début de la rentrée des femmes dans ces stations, explique à AlterPresse Sony Estéus, directeur exécutif de la société d’animation et de communication sociale (Sosyete animasyon ak kominikasyon sosyal / Saks).


Le Refraka, qui décide d’accompagner les femmes en les formant et en renforçant leurs capacités, demande aux organisations, souhaitant avoir son assistance, d’intégrer une moitié de femmes dans l’équipe directrice de la radio.


Mais, ce n’est pas toujours facile de trouver cette parité.


La réalité n’est pas totalement parfaite au sein des radios communautaires pour les femmes, car « il reste encore des construits sociaux à défaire ».


Toutefois, les femmes se sont frayé un chemin et sont désormais des « responsables de stations, opératrices, techniciennes et animatrices d’émissions sociopolitiques ».

En 2012, 200 femmes font partie des radios communautaires et la tendance est à la hausse, soutient le directeur de la Saks.


« Les hommes nous violent et nous font toutes sortes d’abus. Nous n’avons pas la liberté de nous exprimer. C’est à travers les radios communautaires que nous exprimons nos frustrations et nos besoins », raconte à AlterPresse Rose Marie Norélia de la radio communautaire Vesta Fm Bombardopolis (Nord-Ouest).


« Ces radios communautaires sont les canaux de nos voix, celles qui nous amènent plus loin », ajoute Rose Marie Norélia.


Les principales missions, que se donnent ces radios, sont l’éducation, l’information et la sensibilisation, en particulier des femmes.


Ces structures de radiodiffusion servent aussi de transmetteurs pour les paysannes victimes d’abus de toutes sortes.


Les radios communautaires appartiennent aux organisations de base et paysannes qui, en assemblée générale, décident de la constitution de la première équipe directrice.


Cependant, il n’y a pas encore de loi-cadre qui traite de la mise en place d’une radio communautaire.


Un projet de loi a été déposé au parlement, depuis la 48e législature (2006-2010).


Les radios communautaires attendent ainsi le feu vert du pouvoir législatif.


Un feu vert important, car le conseil national des télécommunications (Conatel), faisant fi du rôle de ces structures médiatiques, tendrait à les forcer au silence sous prétexte qu’elles ne disposeraient pas de licence de fonctionnement.


Source : Alterpresse Haïti