dimanche 9 décembre 2012

Venezuela, l’après Chavez en marche ?

Hugo Chavez 
de nouveau hospitalisé
succession ouverte 
au Venezuela

Par Lionel Mesnard

De nouveau hospitalisé à Cuba, le président Hugo Chavez va devoir faire face à des élections locales le 16 décembre 2012. Si la maladie du président est l’objet de la plupart des articles sur le Venezuela, il semblerait que l’après Chavez soit sonné ? Celui qui a été ses dernières années son ministre des affaires étrangères, Nicolas Maduro semble se placer comme l’un des successeurs possibles. 


Nicolas Maduro, ministre depuis 2006, vint remplacer Alí Rodríguez Araque à la tête de ce ministère important dans la stratégie chaviste à l’international. Ce fut aussi un tournant politique et une stratégie renforçant le camp de ceux, prônant une ligne en apparence radicale, mais sur le fond suivant une politique pas très originale et plus qu’ambiguë.  Une bouillie anti-impérialiste ou tout communiste de bonne foi n’y reconnaîtrait pas son approche idéologique, le « marxisme ».

Dans une époque où écrire sur la lutte des classes revient à dire un gros mot, il est difficile de savoir ce que recoupent une multitude de termes, de slogan, quand une approche, si l’on peut l’associer au marxisme est avant tout une analyse critique, on ne peut pas dire que le socialisme dit du 21ème siècle aura fait long feu. Un matraquage idéologique, des alliances inqualifiables auront parsemé le chemin du chavisme depuis 2006

Caracas en octobre 2006 à l’aéroport Simon Bolivar, une fois trouvé un taxi pouvant m’acheminer à Caracas avec mes bagages, je pus contempler de la route bordant la mer avec un étrange sentiment de grands panneaux publicitaires avec un mot de bienvenue au très contestable Mahmoud Ahmadinejad et la bouille de ce dernier à la dimension d’un 4X4. 

Surprise, non pas vraiment, le vieux fantasme tiers-mondiste de l’entourage du président avait fini par gagner. Ils se sentaient en mesure de réaliser à nouveau ce qui fuit en son temps le camp des pays non-alignés, un pur revival des années 1950 ou la fameuse conférence de Bandung (Avril 1955) et ses suites politiques.

De vieux calques, ou repères pour certains militants, qui n’ont plus grand-chose à voir avec notre monde sauf à refuser l’hégémonie politique et militaire des Etats-Unis, certes, mais au prix d’une vision étriquée, un socialisme se confondant avec une vulgate et très loin des enjeux se jouant sur cette planète à la fin des années 1950. Comme si la chute de l’Union Soviétique devait passer à la trappe, et que seule la haine du Yankee devait l’emporter, quand la paix était et reste toujours un objectif complexe et fragile.

Ce qui permet aux paresseux de la pensée de pouvoir discrédité toute critique contre les Etats-Unis comme de l’anti-américanisme. Vision assez absurde qui attribuerait aux Américains au sens plein, comme Chavez, Correa, Morales, …, le droit de ne pas pouvoir être en mesure d’émettre une critique sur le grand frère étasunien, un ensemble continental vu le plus souvent comme les Etats-Unis et ce qui l’entoure, c’est-à-dire sa chasse gardée.

Le noeud de l’histoire, c’est qu’il est très difficile de comprendre ce qui se passe au Venezuela et dans le monde, sans en chercher les origines. C’est avant tout le travail des historiens, mais c’est pour tout esprit critique, qui n’a pas jeté le bébé, la baignoire et l’eau du bain, est un moyen de constater que le chavisme est une savonnette sur laquelle, il est très facile de déraper et difficile de s’en extraire.

Pour autant des socialistes, des communistes, des femmes et des hommes libres de tout ressentiment sont en droit de s’inquiéter du futur de ce pays. L’ennui, la fin de Chavez pose un délicat problème, celui de sa succession. Nicolas Maduro ne brille pas par sa finesse et la politique étrangère qu’il a incarné n’a aucune leçon à donner à quiconque sur ce nouveau pragmatisme consistant à faire alliance avec des états criminels (Syrie, Lybie, Iran, etc.).

Alors de nouveaux lendemains qui chantent, non pas vraiment, mais un contexte à suivre, et se demander qui va finir par l’emporter dans une compétition au pouvoir désormais ouverte. Toutefois cette précipitation apparente à envisager Maduro succéder à Chavez n’est pas joué, et nous verrons bien le 16 décembre à quel point l’édifice chaviste reste fragile.

Chavez est encore bien vivant, il y à craindre une fin de régime peu reluisante, ou ce qui restera l’erreur de Chavez de pas à avoir pu trouver un bon équilibre entre l’appareil d’état et les espaces participatifs qu’ouvraient la constitution bolivarienne. On ne dirige pas un pays par décret, et le césarisme c’est la coupure progressive des liens entre les forces vives du pays, et ne profitera qu’à une poignée et qui sait à voir Henrique Capriles et la droite revenir au pouvoir aux prochaines présidentielles dans six ans ?

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