de nouveau hospitalisé
succession ouverte
au Venezuela
Par Lionel Mesnard
De nouveau hospitalisé à Cuba, le président Hugo Chavez va
devoir faire face à des élections locales le 16 décembre 2012. Si la maladie du
président est l’objet de la plupart des articles sur le Venezuela, il
semblerait que l’après Chavez soit sonné ? Celui qui a été ses dernières
années son ministre des affaires étrangères, Nicolas Maduro semble se placer comme
l’un des successeurs possibles.
Nicolas Maduro, ministre depuis 2006, vint remplacer Alí
Rodríguez Araque à la tête de ce ministère important dans la stratégie chaviste
à l’international. Ce fut aussi un tournant politique et une stratégie
renforçant le camp de ceux, prônant une ligne en apparence radicale, mais sur
le fond suivant une politique pas très originale et plus qu’ambiguë. Une bouillie anti-impérialiste ou tout
communiste de bonne foi n’y reconnaîtrait pas son approche idéologique, le
« marxisme ».
Dans une époque où écrire sur la lutte des classes revient à
dire un gros mot, il est difficile de savoir ce que recoupent une multitude de
termes, de slogan, quand une approche, si l’on peut l’associer au marxisme est
avant tout une analyse critique, on ne peut pas dire que le socialisme dit du
21ème siècle aura fait long feu. Un matraquage idéologique, des
alliances inqualifiables auront parsemé le chemin du chavisme depuis 2006
Caracas en octobre 2006 à l’aéroport Simon Bolivar, une fois
trouvé un taxi pouvant m’acheminer à Caracas avec mes bagages, je pus
contempler de la route bordant la mer avec un étrange sentiment de grands
panneaux publicitaires avec un mot de bienvenue au très contestable Mahmoud
Ahmadinejad et la bouille de ce dernier à la dimension d’un 4X4.
Surprise, non pas vraiment, le vieux fantasme tiers-mondiste
de l’entourage du président avait fini par gagner. Ils se sentaient en mesure
de réaliser à nouveau ce qui fuit en son temps le camp des pays non-alignés, un
pur revival des années 1950 ou la fameuse conférence de Bandung (Avril 1955) et ses suites politiques.
De vieux calques, ou repères pour certains militants, qui
n’ont plus grand-chose à voir avec notre monde sauf à refuser l’hégémonie
politique et militaire des Etats-Unis, certes, mais au prix d’une vision
étriquée, un socialisme se confondant avec une vulgate et très loin des enjeux
se jouant sur cette planète à la fin des années 1950. Comme si la chute de
l’Union Soviétique devait passer à la trappe, et que seule la haine du Yankee
devait l’emporter, quand la paix était et reste toujours un objectif complexe
et fragile.
Ce qui permet aux paresseux de la pensée de pouvoir
discrédité toute critique contre les Etats-Unis comme de l’anti-américanisme.
Vision assez absurde qui attribuerait aux Américains au sens plein, comme
Chavez, Correa, Morales, …, le droit de ne pas pouvoir être en mesure d’émettre
une critique sur le grand frère étasunien, un ensemble continental vu le plus
souvent comme les Etats-Unis et ce qui l’entoure, c’est-à-dire sa chasse
gardée.
Le noeud de l’histoire, c’est qu’il est très difficile de
comprendre ce qui se passe au Venezuela et dans le monde, sans en chercher les
origines. C’est avant tout le travail des historiens, mais c’est pour tout esprit
critique, qui n’a pas jeté le bébé, la baignoire et l’eau du bain, est un moyen
de constater que le chavisme est une savonnette sur laquelle, il est très
facile de déraper et difficile de s’en extraire.
Pour autant des socialistes, des communistes, des femmes et
des hommes libres de tout ressentiment sont en droit de s’inquiéter du futur de
ce pays. L’ennui, la fin de Chavez pose un délicat problème, celui de sa
succession. Nicolas Maduro ne brille pas par sa finesse et la politique
étrangère qu’il a incarné n’a aucune leçon à donner à quiconque sur ce nouveau
pragmatisme consistant à faire alliance avec des états criminels (Syrie, Lybie,
Iran, etc.).
Alors de nouveaux lendemains qui chantent, non pas vraiment,
mais un contexte à suivre, et se demander qui va finir par l’emporter dans une
compétition au pouvoir désormais ouverte. Toutefois cette précipitation
apparente à envisager Maduro succéder à Chavez n’est pas joué, et nous verrons
bien le 16 décembre à quel point l’édifice chaviste reste fragile.
Chavez est encore bien vivant, il y à craindre une fin de
régime peu reluisante, ou ce qui restera l’erreur de Chavez de pas à avoir pu
trouver un bon équilibre entre l’appareil d’état et les espaces participatifs
qu’ouvraient la constitution bolivarienne. On ne dirige pas un pays par décret,
et le césarisme c’est la coupure progressive des liens entre les forces vives
du pays, et ne profitera qu’à une poignée et qui sait à voir Henrique Capriles
et la droite revenir au pouvoir aux prochaines présidentielles dans six
ans ?
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