pays de
l’économie
informelle
Par Maribel Garcia Lopez, hondurienne, Bachelière en Sciences et Lettres
J’ai toujours voulu défendre les droits humains, et tout
particulièrement ceux des femmes de mon pays. À ce titre, je coordonne
actuellement une soixantaine de petites entreprises d’artisanat. Dans
ces entreprises on produit des teintures, des tissus, des bijoux faits à
partir de graines de semences ou d’objets recyclés; on peut y faire de
la poterie, des objets de bois, de la peinture, de la broderie, etc. Les
personnes qui travaillent dans ces entreprises font fonctionner ce
qu’on appelle « l’économie informelle ».

L’économie informelle n’est pas inscrite dans un cadre
juridique, et elle s’est accrue sous l’effet de la globalisation visant à
maintenir le coût de la main d’œuvre le plus bas possible. D’une part,
ceci entraine les pays sous-développés à perpétuer ce modèle d’économie,
et d’autre part, ce sont les femmes qui acceptent le plus facilement ce
genre de travail moins rémunéré.
En 1998, l’ouragan Mitch nous avait laissés avec de grandes
séquelles; mortalité, destruction, pauvreté. Nous commencions à nous en
relever quand en 2009 nous arriva le coup d’État ; ce fut fatal pour
notre économie. Ajoutons à cela les problèmes de santé dus aux gaz que
nous absorbions dans les manifestations, aux coups reçus lors des
mouvements de répression, aux effets psychologiques et aux cauchemars
occasionnés par la perte d’amis ou de membres de nos familles.
Les hommes qui émigrent vers les pays développés laissent
derrière eux beaucoup de femmes, seules, responsables de la survie des
enfants. Nous représentons 52 % de la population du Honduras, un chaînon
très important de l’économie. Nous possédons un sens de
l’entreprenariat, croyons au progrès et espérons en un avenir meilleur
pour les nôtres. Nous ne voulons plus demeurer dans l’anonymat où on
nous avait cantonnées.

En tant que femmes artisanes, nous nous proposons de
contribuer à la socialisation des femmes, à l’amélioration de leur
qualité de vie et à celle de leur famille. Nous voulons nous démarquer
comme titulaires d’entreprises prospères, solidaires et responsables de
l’environnement, capables de contribuer au développement de l’emploi et
d’offrir des produits de qualité à l’intérieur du pays comme à
l’étranger. Par le moyen de différents programmes, nous formons de
nouvelles artisanes pour la fabrication, le dessin, la commercialisation
de produits issus de nos traditions, toujours dans la recherche de
l’autonomie économique des femmes.

Rien ne nous arrêtera, ni l’insécurité citoyenne et juridique,
ni l’augmentation des fémicides*, ni le peu d’accès aux services
publics, ni la démagogie des politiciens et des gouvernants. Jamais la
violation constante de nos droits ne feront taire nos voix : « Hace que
nuestras voces nunca se callen »
Note :
* Fémicide : terme utilisé en Amérique latine
et en Afrique pour désigner le meurtre très fréquent de femmes parce
qu’elles sont des femmes.
Source : L'Unisson