de l’esclavage des
noirs
et du servage des amérindiens
et du servage des amérindiens
Par Lionel Mesnard
Ces deux systèmes économiques vont avoir un grand essor dans
les colonisations des Caraïbes et
des Amériques latines dès le début du 16ème siècle, ils vont
permettre ainsi d’assouvir une main d’œuvre que l’on distinguera en deux
catégories, l’une pour les africains déportés et l’autre pour les populations
originaires. Cette séparation n’est pas le fait du hasard, mais le
résultat de débats et décisions qui donnèrent aux amérindiens une âme, laissant
aux esclaves noirs un statut purement mercantile ou d’objet. Pourtant les réalités furent tout aussi meurtrières pour les autochtones.
La plantation est
un terme que l’on retrouvera chez les colonisateurs, anglais, français,
portugais et espagnols. Lieu d’exploitation par excellence de ce qui donna lieu
à la traite négrière et au commerce dit triangulaire entre l’Afrique et le
continent américain.
Entre les premiers contacts établis par Christophe Colomb en
1492 et la fin du XVIème siècle, la population autochtone va
décroître de manière spectaculaire, dans toute la Caraïbe c’est un holocauste
sourd qui va se produire, au point que la main d’œuvre africaine sera
nécessaire et sera importée à Cuba dès 1513 et s’étendra à l’ensemble de
l’empire espagnol dans son développement colonial.
Deux termes et deux réalités
La plantation et l’encomienda ont eu un rôle important, pour
ne pas dire déterminant dans la colonisation espagnole et son enrichissement.
Si la plantation évoque sans grande difficulté l’apport d’esclaves noirs du sud
des Etats-Unis aux exploitations sud américaines dans l’exploitation des
ressources vivrières, le second terme « encomienda » est moins connu.
Pourtant l’encomienda va avoir un rôle non négligeable dans
l’asservissement des populations autochtones. Un système peu décrit, pourtant
ses conséquences seront tout aussi terribles et néfastes sur le sort des
populations originaires, réduites le plus souvent au servage ou bien à apporter
un tribut sur l’exploitation de leurs propres terres.
Ceci au nom de l’élévation de leur âme en fut-il ordonné,
mais l’autochtone valait-il plus qu’un esclave ayant une valeur marchande, il y
a de quoi s’interroger. Quelle valeur trébuchante pouvait avoir une âme amérindienne,
si au regard de l’exploiteur, son seul profit provenait de son travail ?
La durée de vie importait peu fasse à la masse à asservir,
ou dans l’idée d’un gain à accumuler sur une période courte. Quelles étaient
les motivations des maîtres, quand l’église et la monarchie voulaient faire des
« indiens » de bons chrétiens.
Le temps de vie au sein d’une mine pouvait ne pas excéder
quatre ans, tant les conditions imparties à l’extraction s’avérèrent
supérieures à la vie humaine. Et la cause au Mexique et en Bolivie de la mort
de millions d’anonymes amérindiens.
L’encomienda et la plantation marque une division du travail
entre noirs et amérindiens, et les conditions ont été aussi abominables, mais
administrée différemment et il n’est pas étonnant de constater le croisement
des mémoires dans une organisation visant à tirer des profits ou des rentes de
situation.
Les amérindiens seront principalement affectés à
l’orpaillage ou au travail des mines. Une distinction en apparence, mais visant
surtout à distinguer les ressources des colons de celui de la couronne
espagnole.
Cette séparation des tâches s’en trouvera renforcer malgré
les lois de Burgos en 1511, la condamnation de l’esclavage des
« indiens » en 1537 par le Pape Paul III, et la controverse de
Valladolid de 1550/1551. C’est en totale hypocrisie que les administrateurs de
la couronne abuseront de leurs pouvoirs et imposeront aux populations locales
un ordre servile.
L’ « indien » ayant une âme contrairement aux
africains mis en chaîne, le système de l’encomienda en fut du coup plus obscure
et tout autant meurtrière que l’esclavagisme. L’encomienda est en principe
abolie en 1720, ce système d’exploitation va s’adapter et bien après la période
coloniale et perdure encore de nos jours sous certaines formes
d’asservissements en Amérique latine.
Par Rodriguez Demorizi
"L’encomienda est un droit conféré par concession royale aux notables des Nouvelles Indes de recevoir pour lui-même et de recueillir le tribut des Indiens qu'ils encomendasen pour sa vie et celle d'un héritier, avec une gamme de soins pour les Indiens dans spirituelles et temporelle et défendre les provinces où ils sont mandatés. "
L'encomienda était une institution caractéristique de la colonisation espagnole de l'Amérique et les Philippines, établi comme un droit accordé par le Roi (depuis 1523) en faveur d'un sujet espagnol (encomendero) afin qu'il percevait les impôts dus par les Indiens la couronne (en travail ou en nature et en espèces), en tenant compte de leurs sujets de ce genre. En retour, les encomenderos devrait s'occuper du bien-être spirituel autochtone et terrestre, assurant sa maintenance et de protection, et leur endoctrinement chrétien (évangélisation).
"L’encomienda est un droit conféré par concession royale aux notables des Nouvelles Indes de recevoir pour lui-même et de recueillir le tribut des Indiens qu'ils encomendasen pour sa vie et celle d'un héritier, avec une gamme de soins pour les Indiens dans spirituelles et temporelle et défendre les provinces où ils sont mandatés. "
L'encomienda était une institution caractéristique de la colonisation espagnole de l'Amérique et les Philippines, établi comme un droit accordé par le Roi (depuis 1523) en faveur d'un sujet espagnol (encomendero) afin qu'il percevait les impôts dus par les Indiens la couronne (en travail ou en nature et en espèces), en tenant compte de leurs sujets de ce genre. En retour, les encomenderos devrait s'occuper du bien-être spirituel autochtone et terrestre, assurant sa maintenance et de protection, et leur endoctrinement chrétien (évangélisation).
Cependant, il y a eu des abus par les fiduciaires et le
système souvent donné lieu à des formes de travail forcé ou libre, doit être
remplacé, dans de nombreux cas, le paiement en nature d'hommage pour le travail
encomendero.
A leur arrivée dans les Antilles à partir de 1492, les colons
espagnols vont très rapidement mettre à la somme les populations locales et
notamment les Tainos (grandes Antilles et Caraïbes (petites Antilles). La soif
de l’or et les différents mythes qui vont se construire dans l’imaginaire des
conquérants fera de « l’indien » une main d’oeuvre corvéable à merci
et il sera rapidement destiné à l’orpaillage à Cuba.
Les esclaves africains n’arriveront qu’à partir du début du XVIème siècle à Cuba et ils viendront en quelque sorte remplacer ceux
qui peuplèrent les petites et grandes Antilles. Au XVIIème siècle, les
Tainos ou Caraïbes auront quasiment disparus, et la traite négrière est en
pleine expansion.
: Les amérindiens ont-ils une âme Valladolid 1550?
« La controverse de Valladolid ou la problématique de l’altérité »
par Michel Fabre, CREN, Université de Nantes
(…) Jules III (1550-1555) décident d’organiser cette
controverse de Valladolid qui s’étalera sur presque une année, d’août 1550 à
mai 1551, en présence d’une quinzaine de théologiens. La question est de savoir
qui sont les Indiens : des êtres inférieurs ou des hommes comme nous, les
Européens ?
Le pape envoie un légat, le cardinal Roncieri, présider le
débat qui oppose Las Casas à Sepúlveda. Las Casas est un dominicain, ex-évêque
de Chiapas au Mexique. C’est l’avocat des « Indiens ». Il a laissé de
nombreux écrits et notamment La Très Brève Relation de la destruction des Indes
de Las Casas
Sepúlveda est un jésuite, grand théologien, chroniqueur et
confesseur de l’empereur, traducteur d’Aristote. Les enjeux sont énormes.
L’Empire engrange l’or et l’argent des mines récemment découvertes. Charles
Quint vient de chasser les Maures d’Espagne mais il ne peut s’étendre à l’Est
où veille Soliman le Magnifique et se voit contesté au Nord par des États
rétifs comme la France ou l’Angleterre. L’expansion économique et politique de
l’Empire ne peut donc s’effectuer qu’à l’Ouest (les Amériques) ou au Sud (l’Afrique).
Concernant l’identité des Indiens, les contradicteurs
disposent de plusieurs grilles. Théologique : sont-ils des démons, des êtres
que Dieu refuse, ou des fils de Dieu ?
Métaphysique : sont-ils des êtres humains comme nous ou
plutôt des êtres d’une humanité inférieure, comme ces « esclaves de nature »
d’Aristote ? Un spectre anthropologique : sont-ils des bêtes, des sortes de
singes ? Des sauvages, de bons sauvages, comme le pense Colomb au début de son
exploration ? Ou des barbares cruels qui se livrent à des exactions de toutes
sortes et en particulier à des sacrifices humains ? Ne sont-ils pas finalement
des hommes semblables à nous, ni meilleurs ni pires ? De la qualification des
Indiens va dépendre leur traitement : comment faut-il se comporter dans la
colonisation ? Et même, qu’est-ce qui justifie de conquérir ces terres
lointaines ? La controverse prend bien l’allure d’un diagnostic. (…)
Extraits de « La controverse de Valladolid
ou la
problématique de l’altérité », cliquez ici !