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Le 6 août 2013, Rodrigo Elicer Melinao Licán, jeune Mapuche (de 26 ans) de la Communauté Rayen Mapu,
dans le Chiguaihue, commune de Ercilla, est mort assassiné dans une zone très
militarisée, près du poste de contrôle des forces spéciales de police Pidima et,
où la nuit, seuls les véhicules de police ont le droit de circuler, ainsi que
l’ont déclaré les familles mapuches victimes des raids policiers quotidiens.
Rodrigo Melinao Licán avait été condamné, le 24 juillet 2013, à 5 ans et un
jour de prison pour le délit d'incendie de forêt, et de 541 jours pour dommages
causés à deux bus et un camion-citerne.
Des faits qui se sont déroulés en 2011,
dans le secteur de Chiguaihue, pendant un procès mené par le procureur
anti-mapuche Luis Chamorro, dans un procès que les communautés mapuches
considèrent irrégulier et fondé sur un montage policier, raison pour laquelle Rodrigo
Melinao a décidé de résister en clandestinité.
Cependant, la mort des « comuneros mapuches » et la
militarisation des contreforts du mont Chiguaihue ne sont pas nouveaux. Selon
l'histoire et la mémoire de la communauté, au milieu du XIXe siècle, il y avait
dans les contreforts du mont Chiguaihue un important lof Mapuche qui s'étendait entre la rivière
Malleco et Huequen. dont l'autorité principale était le Lonko Pillan. Ce
territoire fut la porte d'entrée de l'armée d'occupation de l'Araucanie vers le sud du fleuve Malleco.
En 1865, le colonel Basil Urrutia, pour parer le soulèvement dirigé par le
Lonko Kilapan, a dépêché une division de 800 hommes à Chiguaihue et Collico,
sous le commandement du lieutenant-colonel
Pedro Lagos qui déclara alors :
«... je me mets en route vers Malleco avec 800 hommes, qui
représentent 150 d'infanterie de ligne, 28 grenadiers à cheval, des escadrons 3
et 4 de la section I5 et 6 de la Laja. Cette force est entrée dans les coins de
Chiguaihue avec 200 hommes. Notre mission s'achève aujourd'hui, et nous avons,
pendant tout ce temps, puni les indiens en détruisant leurs maisons et
plantations ; j'ai pris leurs terres. Plusieurs vieilles femmes indiennes,
prises dans les bois, ont été libérées afin qu’elles informent les réductions
indigènes que le pouvoir est prêt à punir et poursuivre tous ceux qui
commettent des déprédations parmi les populations et champs des chrétiens ».
En 1962, Carlos Collio est tué par les tirs de Ignacio Silva Correa, l’ancien
propriétaire du « fundo » Chiguaihue, qui est arrêté quatre jours
seulement. Toutefois, les Mapuches, décidés à récupérer leur terre, encore et
encore, occupent le terrain. Ce sera le coup d'envoi d’une mobilisation mapuche
longue et soutenue dans le processus de récupération de leur territoire.
Puis le 7 novembre 2002, Alex Lemun est tué par le major Marco Aurelio Treuer
Heysen, alors qu’environ 40 personnes de la communauté Montitui Mapu (dont la
moitié composée de vieillards, de femmes et d’enfants) occupent la ferme de
Santa Alicia, une partie de l'ancienne ferme Chiguaihue.
Le 12 août 2009, Jaime Facundo Mendoza Collio, 24 ans, est tué d’une balle dans
le dos par Patricio Jara Muñoz, membre des forces spéciales de police de
Santiago, alors que la police repousse une action d’occupation d'un groupe de
familles de la communauté Pillán Rekem sur la ferme San Sebastian, également
partie de l'ancien Lof agricole Chiguaihue. Les deux policiers sont actuellement
libres.
Aujourd'hui, les familles mapuches de Chiguaihue ont perdu Rodrigo Melinao Lican, un autre de leurs frères,
dans une histoire qui se répète et qui est le résultat de la répression et de
la militarisation du territoire.
Vers elles, j’adresse mes sentiments de douleur et de solidarité, et mes plus
profonds respects.
Note :
(*) Historien, co-auteur du livre Las Razones
del Illkun
Source : Comité Mapuche de Belgique