samedi 31 août 2013

Honduras : le crime organisé assassine 3 amérindiens

 Assassinat de 3 Tolupanes
qui bloquaient une route 
en protestation contre une mine


Par Servindi – Traduction et notes de Libres Amériques

Trois membres de la communauté des Tolupanes de Locomapa, dans le département de Yoro, ont été assassinés à bout portant, le dimanche 25 août 2013, pendant qu’ils bloquaient la route et protestaient contre les activités d’un minière sur leur zone. Les présumés auteurs de ces meurtres seraient des membres de la même communauté, travaillant pour la mine. Madame María Matute, Messieurs Ricardo Soto Fúnez et Armando Fúnez Medina, ces deux derniers frères, ont été assassinés pour défendre les droits de leur communauté et les droits de la Terre Mère.

Ils participaient à un blocage de route les reliant leur communauté – à Locomapa – avec la celle de San Francisco, département de Yoro, en protestation contre une mine extrayant de l’antimoine, supposément sans l’autorisation de la communauté, et contre la taille des arbres et un projet hydro-électrique.

Les manifestants bloquaient la route depuis un peu plus de 10 jours en l’obstruant avec une corde, pour éviter le passage des camions transportant le minerai.

Selon l’information de la police, le crime s’est produit le dimanche vers 17h30, quand les frères Ricardo et Armando empêchèrent le passage de deux personnes circulant en motocyclette, et ont été identifiés deux hommes comme étant membre de la communauté et travaillant pour la mine.

Après une discussion, les motocyclistes sortirent leurs armes à feu et poursuivirent leurs frères de la communauté, jusque dans la maison de María Enriqueta Matute sur le bord de la route.

A l’intérieur du domicile, les hommes armés ont tiré contre les deux manifestants et après contre la  maîtresse de la maison, qui les admonestaient d’avoir causé la mort de Ricardo et Armando. Finalement, les tueurs s’en allèrent du lieu sur leur véhicule.

Dans une déclaration émise par l’Organisation Fraternelle Noire Hondurienne (OFRANEH) et l’Observatoire des droits humains des peuples autochtones du Honduras (ODHPINH) ont assuré que la mort des trois amérindiens était une preuve de « la guerre pour l’exportation des biens communs, qui est mené au Honduras et spécialement sur les territoires autochtones. ».  

Les natifs sont « à la merci de l’élite du pouvoir et des groupes associés avec le crime organisé ». 

De même, ils affirment que les hommes qui ont tué les amérindiens sont « des tueurs à gage au service de mafias des mineurs illégaux dédiés à l’extraction de l’antimoine, la destruction des forets et à la construction d’une centrale électrique ».

Des dizaines de morts chez les Tolupanes du Honduras

Par ailleurs, les organisations signalent que ces 20 dernières années, les Tolupanes ont souffert d’actes de « violence systématique » concernant les vies de plus de 50 personnes, sans qu’il ait été efficacement enquêté sur les nombreux crimes.

« Apparemment les tueurs impliqués dans le récent massacre des frères Tolupanes (Aramando et Ricardo) ont manifesté qu’il existait d’autres défenseur des biens communs à Locomapa qui seraient exécutés », a prévenu la déclaration.

Des associations noires et amérindiennes honduriennes accusent le gouvernement

OFRANEH dénonce que dans le pays, que « ne soit pas respecté le Droit à la Consultation Libre et Informée (CPLI), provoquant une violation systématique des droits humains ». (ainsi que l’application de la Convention 169 de l’OIT)

De même, la responsabilité « des instances gouvernementales chargées de veiller aux droits des originaires en gardant un silence complice » devant les violations des droits humains  et le non-respect à l’exercice de la propriété collective (des terres).

« Au Honduras, nous pouvons affirmer qu’il existe une politique d’Etat visant à s’approprier les territoires des peuples originaires, pour le livrer à des entrepreneurs nationaux et au capital étranger, donnant lieu à une stratégie de violence contre les peuples autochtones ».

Finalement, ils ont demandé la protection de six personnes des populations Tolupanes de San Francisco de Locomapa et qu’il soit enquêté  sur les crimes des trois « comuneros », dimanche 25 août passé.

« Nous exigeons la protection des Tolupanes des communautés de  San Francisco et de  Locomapa, surtout des camarades Jose Maria Pineda, Vilma Consuelo Soto, Ramon Matute, Sergio Avila, Celso Cabrera et Elvin Enamorado, ayant souffert de persécution pour avoir défendus uniquement les biens communs de leur peuple ».


Source : SERVINDI