Par Lionel Mesnard
Dans un communiqué publié en ce jour, la Commission
Justice et Paix de Colombie a dénoncé l’agression dont ont été l’objet une
journaliste et un photographe de Contagio Radio hier à Bogota à 15 heures
locales, bien qu’indentifiables comme faisant partie de la presse. La
journaliste et le photographe ont du essuyer une charge de la police et se réfugier
dans un bâtiment public. Pareillement, à Medellin, un groupe de journaliste de
presse a été aussi l’objet d’agression selon l’Agence Efe. Hier dans ces deux
villes sont intervenus des heurts violents avec la police, pendant que se
déroulaient des cortèges pacifiques en faveur ou en soutien au mouvement
national de grève des paysans colombiens, et l’arrêt des traités de
libre-échange.
Jeudi 29 août 2013, à Bogota ont surgi des individus
cagoulés et s’attaquant aux forces de l’ordre, provoquant une riposte et des
blessés parmi la police. La place principale Simon Bolivar de
Bogota devait être l’objet d’un rassemblement à l’appel des étudiants du
syndicat MANE, il s’est terminé sous les gaz lacrymogènes et avec des charges
brutales de la police contre les manifestants. Il est à déplorer des blessés (89 selon Telesur) de
chaque part et deux morts dans des circonstances un peu particulières (dont un mineur), et la
police a procédé à des arrestations avec une brutalité inquiétante ou
révélatrice ?
Au 12ème jour de grève, il est difficile de ne
pas constater à quel point la répression policière touche aveuglement des
civils dans de nombreux lieux du pays. A ce sujet, le collectif d’avocats
colombiens José Alvear Restrepo a déjà publié sur son site des éléments
prouvant dans plusieurs régions ou départements (1), l’action brutale et
violente des forces de police de l’ESMAD.
Beaucoup de vidéos de particuliers circulent sur les réseaux
sociaux ou les diffuseurs en ligne de contenu vidéo. Certaines scènes ou images
sont effrayantes et certaines de ces actions policières vont jusqu’à intervenir
dans les domiciles privés des personnes, les éléments de harcèlements sont
nombreux et aussi de multiples tirs ont été constatés de toute part dans le
pays sur les manifestants, depuis le début du mouvement « agraire ».
L’horreur et la terreur en Colombie par l’ESMAD
!
Compilation des attaques de l’ESMAD, images prises par
des amateurs
Le mouvement depuis lundi, (à son huitième jour) : (lire l’article en relation) s’est étendu aux rues de la capitale et sous les coups
des casseroles et chants des participants. Une bonne dizaine de milliers de
personnes ont ainsi manifesté leurs soutiens en début de soirée sur la Place
Bolivar.
Steven Cohen dans le ColombiaReports
« La grève nationale en Colombie qui avait débuté par une
grève du monde rural le 19 août a pris beaucoup d'ampleur du fait d'un soutien
populaire croissant ».
(…) Plus de 10 000 personnes ont participé à des
“cacerolazos” - manifestations dans lesquelles les participants frappent sur
des casseroles ou autres ustensiles de cuisine - organisées à travers toute la
Colombie dans les grands centres urbains le lundi 26 août au soir pour soutenir
le mouvement de protestation des agriculteurs. De nouveaux groupes socio
professionnels comme les mineurs, les travailleurs du domaine de la santé et
les routiers se sont joints à la grève des agriculteurs. (…)
(…) Dans ce
pays, un nombre croissant de citoyens, manifestants ou non, interpellent
le gouvernement et lui demande de prendre en compte l'inquiétude croissante des
grévistes et d'éviter au pays l'extension d'une paralysie économique
catastrophique déjà effective dans plusieurs régions. (…) (Source Global Voices)
Mercredi dernier, le président Juan Manuel Santos sortait de
son inflexibilité et promettait une issue par des propositions économiques
visant à appuyer l’agriculture et la production agricole nationale.
Jusqu’à présent aucun accord n’est intervenu et trois
départements sont totalement impropres à la circulation des véhicules, en
raison des blocages routiers (dans le département de Boyaca notamment). Il a été mentionné par ailleurs, qu’il s’agissait de 48 axes de
routes concernés, qu'il y aurait en cours une quinzaine de marches se déployant dans le
pays, plus de multiples actions d’appuis, de soutiens ou de participations à
cet éveil social des campagnes, qui se déroule sans plier devant les
provocations policières. (el vigoroso resurgimiento de la izquierda social)
Il a pu être constaté sur une vidéo du 22 août 2013 comment
des hommes cagoulés pouvaient échanger avec la police. Le fait que soit apparu
ce genre de phénomène hier dans les rues de la capitale n’a rien de surprenant.
Les encagoulés, c’est un vieux modèle du genre, qui fonctionne quand un
gouvernement se sent un peu faible face à la vindicte populaire. Et cela marche
toujours quand il s’agit au Chili et en Colombie de cortèges étudiants, il y a
toujours des casseurs, bien évidemment non identifiables et rarement dérangés,
si ce n’est servant à discréditer ceux s’élevant contre une méthode de
gouvernement peu scrupuleuses des droits humains et démocratiques.
La presse et violences policières en Colombie
Medellin, jeudi 29 août des journalistes de presse
agressés par la police
Les journalistes de la ville de Medellín ont dénoncé ce jour
qu’ils avaient été agressés par la police alors qu’ils couvraient la
manifestation de soutien à la grève du secteur agricole. Les agressions se sont
déroulées à 13 heures pendant qu’ils couvraient une manifestation et les
journalistes concernés couvrait l’événement pour le Canal Teleantioquia, Blu
Radio, le quotidien El Colombiano, et un photographe de l’Agence Efe.
« Nous étions en train de prendre des photos et les
policiers nousont dit que nous ne pouvions plus le faire, sinon qu’ils allaient
casser notre matériel » a déclaré Luis Eduardo Noriega, photographe
au service de l’Agence de presse Efe.
« Un peu avant 13 heures, ils avaient frappé un autre
journaliste de Blu Radio, lui très proche lançant une bombe étourdissante et un
fragment lui a fait une coupure au front » a précisé Luis Eduardo Noriega
à l’Agence Efe.
Bogota, jeudi 29 août, deux reporters de la Radio
Contagio chargés par la Police
Ana María Rizo et Luis Gabriel Galindo journalistes,
défenseurs des droits humains, de Contagio Radio, ont été agressés par des
agents de l’ESMAD pendant qu’ils couvraient en audio et en video la
mobilisation, qui va en se développant dans la ville de Bogota en soutien à la
grève nationale agraire.
La journaliste, Ana María Rizo a été obligée de se réfugier
dans les locaux d’un bâtiment public de la Justice, se situant à la hauteur de
la rue n°12 et n°7 vers 15 heures, en raison des agressions de l’ESMAD avec
des gaz, pendant qu’elle accomplissait son travail de presse. Les membres de la
force publique les ont empêchés de sortir du lieu, par des harcèlements et des
intimidations permanentes.
Luis Gabriel a été agressé par des agents de l’ESMAD qui
cherchaient à l’attraper alors qu’il filmait. Tout en cherchant à asperger
d’eau sa caméra. .
Luis Gabriel et
Ana Maria Rizo ont été molestés dans le centre de Bogota, alors qu’ils
cherchaient à rejoindre la place Simon Bolivar, les policiers de l’ESMAD
frappèrent et s’emparèrent de Luis Gabriel qui se trouvait entrain
d’enregistrer des images de la mobilisation, de même les policiers ont empoigné
la journaliste pendant une diffusion en directe, par téléphone.
Images de l'agression de l'équipe de CONTAGIO Radio
Les agressions d’hier, se sont produites sur des personnes
indentifiables avec leurs signes visibles de presse.
"Contagio Radio a suivi au niveau régional et national et
en direct la Gréve du mouvement agraire depuis le 19 août, donnant à faire
connaître à l’opinion publique les
différentes agressions de la force publique (et de l’ESMAD en particulier).
Nous réitérons la nécessité que le gouvernement offre des
garanties, pour le défense et la protection des droits humains et la liberté d’expression
devant les abus d’autorité et l’usage indiscriminé et poussés des forces
policières."
Ecouter la bande sonore au moment auquel les journalistes
furent attaqués : Cliquez ici !
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Notes :
(1) A huit jours de grèves, détentions, dommages aux
biens civils et attaques indiscriminées, par le Collectif d’avocats José Alvear
Restrepo : Cliquez ici !
Sources : Global Voices, Commission Justice et Paix,
Radio Contagio, Youtube, Colombia Reports, Agence Efe