du gouvernement
de Juan Manuel
Santos
Par Lionel Mesnard
La schizophrénie (1) qui marque fortement la politique
et l’histoire de la Colombie vient une fois de plus de démontrer la violence de
l’Etat. Le 19 août divers secteurs sociaux et économiques du pays ont appelé à
une grève indéfinie, au deuxième jour, le bilan de la première journée est à
l’image d’une Colombie répressive, un mort (accidentel mais émanant des force de
l’ordre), des blessés et 22 arrestations à caractère arbitraires, sans parler
des pressions exercés sur les journalistes indépendants ou alternatifs
couvrants les événements sociaux et locaux. En plus de menaces avant-coureuses
face à cet appel de plusieurs secteurs sociaux et économiques, contre des
responsables syndicaux ou sociaux.
De telles manifestations de violence et de censure
provoqueraient dans n’importe quelle démocratie saine une indignation forte, et
de son côté le gouvernement colombien n’hésite pas à déclarer le lundi 19 août et face au
mouvement social que tout est « sous son contrôle ».
Ce mouvement
pacifique finalement a été fortement réprimé en diverses régions du pays. Et il
n’y a rien d’étonnant à retrouver les forces policières de l’ESMAD en première
ligne, qui déjà en 2008 s’étaient fait remarquer avec plusieurs morts et de
nombreux blessés dans le cadre d’une marche pacifique des populations
amérindiennes vers Bogota, et la liste des victimes depuis ne fait que
s’allonger.
La tribune de deux plumes colombiennes publiée le dimanche 18
août 2013 dans le journal El Espectador (2) ont bien traduit le climat actuel.
William Ospina et un autre journaliste s’inquiétant sur le retour d’une
répression violente des contradicteurs de cet ordre violent (et établi depuis longtemps)), par une
recrudescence des assassinats perpétrés contre des responsables sociaux,
syndicaux ou politiques. Et les différentes alertes lancées ces derniers temps
par des ONG colombiennes et internationales sur des menaces à l’encontre des
défenseurs des droits devraient être prise très au sérieux sur cette volonté de
soumettre les forces vives du pays au silence le plus total.
Le hic, et il est bien là cela fait vingt ans que les frontières de la Colombie sont
ouvertes aux aspirations néo ou ultra-libérales, notamment étasunienne et
l’ouverture d’un traité de libre commerce (ou de libre-échange) avec l’Europe risque d’asphyxier une
fois de plus le monde paysan, mais pas seulement, la Colombie ne fait pas le
poids face à une puissance économique et agricole comme l’Union Européenne, comme
l’a souligné récemment le sénateur Robledo dans un entretien (lire l’article).
Carte des mobilisation en Colombie à partir du 17 août 2013...
Les secteurs qui se sont mobilisés cherchent à faire entendre leurs revendications et ils usent du droit à manifester et à défendre des revendications légitimes. D’un côté le gouvernement se dit prêt à dialoguer et de l’autre il envoie les forces de sécurité de l’ESMAD, spécialisée dans le bain de sang, il y a quelque chose qui cloche, semble-t-il ?
On ne peut faire fonctionner la carotte et le bâton de la
sorte, à moins de considérer les Colombiens pour des ânes ? Et à perpétuer
les vieilles pratiques d’un Etat schizophrène consistant à tenir un double
discours, mais opérant toujours sur le même mode, je te tue et ensuite,
je prêterai attention à tes doléances, le plus souvent pas vraiment sincères …
Les paysans de Colombie en grève nationale pour « la
dignité »
Cette grève a pour but de protester contre les politiques
économiques de l'actuel gouvernement du président Juan Manuel Santos. Les
différentes organisations syndicales dénoncent également les effets graves,
dont ils souffrent en raison de la mise en œuvre des accords de libre-échange,
en particulier avec les Etats-Unis et maintenant ou très prochainement avec
l’Union Européenne. Ce qui se traduira par une diminution de la population
paysanne et du chomâge dans les campagnes colombiennes.
Dès les premières heures du lundi 19 Août 2013, des milliers
de paysans colombiens ont lancé à travers le pays, une grève nationale appelée
« Agraire », cela en réponse aux politiques économiques du président
Juan Manuel Santos et aux accords de libre-échange. Ce n’est pas une nouvelle,
le monde paysan va mal et les nombreux accords signés par le président à
travers le monde ne peuvent qu’être inquiétant pour les plus faibles et les
plus mal lotis à répondre à des facteurs économiques mondiaux.
Les petits agriculteurs se sentent menacés par une
agriculture prédatrice et productiviste qui à travers le monde met des millions
de paysans au chômage, parce qu’ils ne sont pas rentables. Quand on sait par
ailleurs les milliards de subventions accordés par les Etats Unis et l’Europe à
l’exportation de leurs produits via leurs transnationales de l’agroalimentaire.
Comment des gens qui ont déjà du mal à
faire vivre une famille peuvent-ils être compétitifs ? Impossible
et si des solutions appropriées ne
sont pas trouvées, ils disparaîtront et viendront gonfler les quartiers pauvres
des grandes villes.
Au premier jour de cette mobilisation, la police a reconnu
31 arrestations et des affrontements dans diverses régions de Colombie. Des
routes ont été bloquées et deux marches sont en cours dans le sud du pays. Dans
cette protestation est rassemblée, les organisations paysannes des agriculteurs
du café, du riz, de la pomme de terre, du cacao et du coton, …, tout comme les
camionneurs, ainsi que les travailleurs de la santé publique et les maîtres de
l’éducation du primaire (le secondaire en Colombie) et les étudiants à Bogota
(9 blessés avec les forces de l’ordre lors d’un rassemblement le 19).
A l’initiative de cette grève nationale, des paysans, des
autochtones, des citadins et cette mobilisation a lieu dans les départements
d'Antioquia, du Choco, de la Vallée du Cauca, du Cauca, de Nariño, du Putumayo, de Huila, de Caqueta, du
Tolima, du Meta, du Guaviare, de l’Arauca , de Casanare, de Cundinamarca, de
Boyacá et de Santander. (près de 40% des départements du pays et les plus
touchés par le conflit armé).
Alfredo Molano, journaliste à Telesur a expliqué hier que, «
les agriculteurs sont ruinés par l'Accord de libre-échange (ALE ou TLC) et les
importations ». Un sociologue également expert des campagnes colombiennes
a déclaré que les agriculteurs ne pouvaient pas soutenir leur entreprise face à
la concurrence et il a précisé,
qu’ « il existait derrière le capital financier, les
propriétaires fonciers (ou latifundistes), l'agroalimentaire, les planteurs de palme (huile de
palme africaine), les gros éleveurs de bétail et les importants producteurs
laitiers et du café ».
Ce qu’en disent les ONG Colombiennes…
Le Collectif des avocats José Alvear Restrepo s'est plaint
que les policiers puissent mettre sérieusement en danger la vie des dirigeants
et des responsables de la grève, avec l’arrestation massive de militants, de
journalistes et de manifestants. Le Collectif a précisé qu '« il n'existait
aucune garantie pour la manifestation et la critique sociale en Colombie ».
Le MOVICE (Le Mouvement des victimes des crimes d’état) a informé de son engagement pour la défense des droits humains des participants à la grève nationale agraire et à la connaissance des informations en fin de journée du 19 août, l’ONG colombienne souligne que certains manifestants ont été visés avec des armes à feu, d’autres ont été arrêtés et accusés à tort par de hauts responsables gouvernementaux.
Le MOVICE (Le Mouvement des victimes des crimes d’état) a informé de son engagement pour la défense des droits humains des participants à la grève nationale agraire et à la connaissance des informations en fin de journée du 19 août, l’ONG colombienne souligne que certains manifestants ont été visés avec des armes à feu, d’autres ont été arrêtés et accusés à tort par de hauts responsables gouvernementaux.
Actes commis avant la mobilisation du 19 août 2013 :
- Le 13 Août Juan Carlos Pinzon, le ministre de la Défense a stigmatisé les participants à la grève natioanle dans une station de radio : « les terroristes des FARC sont toujours en train d'infiltrer ces grèves ».
- Dans les départements de Caquetá, du Meta et de Huila, la police nationale, à travers les stations de radio, a offert des récompenses allant jusqu'à 10 millions de pesos colombiens (environ 4.000 euros), à ceux qui fourniraient des informations permettant d'identifier les responsables du mouvement.
- Le 13 Août Juan Carlos Pinzon, le ministre de la Défense a stigmatisé les participants à la grève natioanle dans une station de radio : « les terroristes des FARC sont toujours en train d'infiltrer ces grèves ».
- Dans les départements de Caquetá, du Meta et de Huila, la police nationale, à travers les stations de radio, a offert des récompenses allant jusqu'à 10 millions de pesos colombiens (environ 4.000 euros), à ceux qui fourniraient des informations permettant d'identifier les responsables du mouvement.
Notes :
(1) : « C'est une psychose, qui se manifeste par
la désintégration de la personnalité, et par la perte du contact avec la
réalité. » ou plus communément appelé un dédoublement de personnalité.
(2) Tribunes du journal El Espectador
- William Opsina , « La moneda en el aire » (De la monnaie dans l’air), cliquez ici !
- Rodrigo Uprimny, « Minorías, umbral y oposición » (Minorités, seuil et opposition), cliquez ici !
Video sur la situation de la grève Agraire et Populaire -
Par le Collectif d’avocats José Alvear Restrepo (en espagnol)
Pour suivre le mouvement social paysan et citoyen, en Colombie : écoutez ...
Contagio Radio : Cliquez ici !
Sources d’informations : Radio Contagio - Otramerica – El Espectador – El Pais.com - Commission éthique contre la Torture du Chili – Telesur – Collectif d’avocats José Alvear Restrepo