lundi 12 août 2013

Honduras, l’ONG WWF complice de la déforestation ?

WWF et les Pays-Bas promeuvent la culture mortelle de la palme africaine 

Par l’OFRANEH (Organisation Fraternelle des Noirs du Honduras - Peuple Garifuna) - Traduction et notes de Libres Amériques

La culture de la palme africaine (ou palmier à huile) est directement en relation avec la déforestation, l'insécurité alimentaire et à la violation des droits de l'homme. Cependant, des organisations comme WWF maintiennent la farce de quelques certifications (de durabilité), consolidant un modèle mortel. Cette semaine, les marchands d’attestations ou de certification se sont réunis au Honduras, un pays victime du palmier africain à huile.

À partir du 6 août 2013, au Honduras dans la ville de San Pedro Sula s’est tenue la Quatrième Conférence ou table ronde Latino-américaine sur l'huile de palme durable (RSPO), l'évènement  a été organisé par le Secrétariat pour l’agriculture et des élevages (SAG), la Fédération des cultivateurs de Palmes, le Fonds Mondial pour la Nature (WWF) et le Service Néerlandais de la coopération et du développement (SNV).

Le RSPO (1) a été créée en 2004 et pour l’année 2012 le réseau prétendait posséder plus de mille affiliés provenant de 50 pays, intégrant des producteurs, des intermédiaires, des consommateurs, des distributeurs, des banquiers et des organisations environnementalistes et sociales.

Pour l’année 2015, les entreprises qui ne seront pas certifiées par le RSPO se retrouveront dans une situation précaire pour réussir à placer le palmier ou ses dérivés sur le marché international. Les 12 plants extractifs et les 20.000 producteurs nationaux se trouvant à un carrefour avant d’obtenir une certification.

Le 13 décembre 2012 passé, un atelier technique s’est effectué à Yoro, organisé par la Fédération Nationale des cultivateurs de palme et l’ICADE, avec l'objectif d'augmenter la connaissance sur les normes appropriées à la production durable de palmier africain au Honduras.

Certification ou farce ?

L'organisation écologiste, les Amis de la Terre, dans un article publié sur son site Internet en 2009 (2), mettait en évidence les incohérences des certifications accordées par le RSPO, qui ne sont rien de plus, qu'un maquillage de responsabilité et favorisant l’impulsion controversée des plantations de Palmiers au détriment des forêts tropicales et des populations qui en ont pris soin.

Torry Kuswardono, coordonnatrice de la campagne sur les agrocarburants aux Amis de la Terre a déclaré : « La certification de l'huile de palme durable, fait que  les consommateurs se sentent rassurés et encourage une consommation accrue, ce qui est précisément la racine du problème ». Les Amis de la Terre considèrent les certifications RSPO comme fausses, déjà qu’elles sont limitées aux aspects techniques, sans répondre aux sévères conséquences que cause la palme aux sols, à la forêt et à ses habitants.

En Avril 2013, lors d'une assemblée extraordinaire de la RSPO, qui s'est tenue à Kuala Lumpur (Malaisie), a adopté de nouvelles règles, permettant la poursuite de la déforestation et la destruction des zones humides et l'utilisation de pesticides comme le Gramaxone (paraquat).

Ces nouvelles règles bénéficient de l'approbation du WWF, des règles qui ont été identifiées comme la mort de la durabilité.

La Palme africaine et la mort de la sécurité alimentaire

L'expansion rapide des plantations de palmiers à huile au Honduras, en particulier sur la côte nord, met en danger l'existence de zones humides au Honduras. Pour chaque hectare de zone humide, il y a quatre hectares de palmiers et l’avancée continue sans relâche, à la fin de 2013 il devrait exister au Honduras 160.000 hectares de palmiers.

Les politiques impériales imposées dans la république bananière du Honduras ont tendance à démanteler la production agricole en défaveur de la consommation interne, ce qui entraîne une pénurie chronique des céréales de base, avec une dépendance totale aux importations en provenance des États-Unis. Le pays concentre une population rurale représentant 54,1% des honduriens, avec plus de 300 000 ménages qui n'ont pas accès à la terre.

Dans les années 1950 a commencé à s’imposer le modèle de l’élevage extensif au détriment de la couverture forestière du pays. Aujourd'hui, la plupart des élevages de bovins se sont convertis en plantations de palmiers à huile, tandis que la majeure partie des zones humides côtières a été asséchée pour semer des oléagineux. Il est à craindre dans un avenir proche que les zones humides de Moskitia deviennent de futures plantations de palmiers, doublant ainsi l'extension de la culture dans le pays.

Miguel Facusse, « El Palmero » de la mort et la certification de RSPO

A partir du coup d'Etat de 2009, les violences ont augmenté dans le Bajo-Aguán, où il existe d'énormes plantations de palmiers à huile dans les mains de Miguel Facussé  (3), de Reynaldo Canales et de René Morales Carazo, ce dernier étant l’ex-vice-président du Nicaragua. 

A partir de la contre-réforme agraire de 1992, se diluèrent les coopératives existantes et de cette façon se conçurent les grands propriétaires terriens (ou latifundistes) les plus controversés du pays.

Au cours des trois dernières années, il y a eu environ 100 meurtres de paysans dans le Bajo Aguán des mains des tueurs à gage (ou sicaires) du « Palmero » de la mort Miguel Facussé. Le sinistre personnage a été impliqué dans des massacres et des meurtres de fermiers qui luttaient pour reprendre les terres prises sous le couvert de la légalité dans les années 1990.

Cela induit un État défaillant au Honduras, se mettant dans une position de faiblesse face à la spirale de la violence en plus de l'échec des politiques agricoles. L'accaparement des terres qu’exige le modèle du palmier à huile va au détriment de la souveraineté alimentaire, par la conversion des meilleures terres agricoles en plantations de palmiers les terres du pays, tandis que les paysans dépossédés sont obligés de pratiquer l'agriculture sur des versants (ou des coteaux).

Il est temps que le RSPO, le WWF et la SNV prennent conscience, des violations graves des droits humains perpétrées dans le Bajo Aguán, par le « Palmero » de la mort. Exclure le respect des droits de l'homme comme une condition requise de la RSPO est une disqualification éthique des certifications mises en œuvre depuis près d'une décennie.


Notes :

(1) RSPO site en anglais, Cliquez ici !

RSPO, « la mauvaise blague du durable », sur le blog vivre sans huile de palme, Cliquez ici !

(2) « Certifier l’huile de palme n’est pas une solution », en anglais, sur le site des Amis de la Terre, Cliquez ici !


(3) Dans la tête de Miguel Facussé Barjum – entrepreneur et propriétaire terrien : 

« A bientôt 90 ans, je tiens ferme ma réputation d’homme le plus puissant du Honduras. J’ai longtemps assuré la passerelle entre les milieux d’affaires et l’armée à travers l’Association pour le progrès du Honduras (APROH) que j’ai fondée et présidée jusqu’en 2001. Oncle d’un ancien président de la République, j’exerce une forte influence sur la classe politique. Je fais partie des principaux soutiens du coup d’État du 28 juin 2009. Depuis cette date, 25 journalistes ont été tués, les défenseurs des droits humains souffrent et la liberté d’information est devenue un principe à géométrie très variable.

Bien fait ! Je n’aime pas que des journalistes indiscrets dérangent mes affaires ou que des pouilleux contestent mes hectares. A la tête du consortium agroindustriel Quimical Dinant, je détiens 8 000 hectares de terrain à moi tout seul dans la région du Bas Aguán et quelques autres dans la péninsule de Zacate Grande. Grâce à mes milices privées, et avec le précieux concours de la police et de l’armée, je sais mater ces récalcitrants qui osent parler de conflits fonciers et de réforme agraire.

En juin 2010, j’ai fait envoyer la troupe contre la radio communautaire La Voz de Zacate Grande, fondée un mois plus tôt. En mars 2011, un attentat par balles attribué à mes miliciens a blessé le directeur de la radio, Franklin Meléndez, à qui la police, bonne fille, a conseillé de ne pas porter plainte ! En octobre 2012, la jeune journaliste indépendante Karla Zelaya a été séquestrée et torturée à Tegucigalpa. Elle était pourtant avertie, la bougresse, de se taire sur l’Aguán ! Et cette jésuitique Radio Progreso, toujours aussi insolente ! Pourquoi les militaires qui l’avaient sanctuarisée le jour du coup d’État ne l’ont-ils pas fermée une bonne fois pour toutes ? Maintenant, attendons les élections de novembre 2013. Les politiciens et les médias, ça s’achète. Non ? ».  (Source RSF sur les prédateurs dans le monde)


Source d’origine : Otramerica