samedi 12 octobre 2013

France-Mexique, exposition sur Frida Kahlo et Diego Rivera

Frida Kahlo et Diego Rivera :

Une histoire 
d’art et d’amour

Musée de L’Orangerie : "L'art en Fusion"


Par Aline Timbert

La ministre de la Culture française, Aurélie Filippetti, a inauguré mardi 8 octobre 2013 en compagnie du président du Conseil national pour la culture et les arts au Mexique (Conaculta), Rafael Tovar y de Teresa, l’exposition « Frida Kahlo-Diego Rivera/ L’Art en fusion » qui a ouvert ses portes au grand public, le 9 octobre, au musée de l’Orangerie à Paris. Cette exposition, qui se tiendra jusqu’au 13 janvier 2014, met en avant les œuvres de deux figures emblématiques de la peinture mexicaine, Diego Rivera (1886-1957), maître du muralisme, et Frida Kahlo (1907-1954), peintre surréaliste qui selon ses mots « peignait sa propre réalité », une réalité marquée par la maladie, les combats, la souffrance et l’engagement.  

Deux artistes liés par une envie commune de révéler l’identité mexicaine (cycle de la vie et de la mort, révolution et religion, réalisme et mysticisme, ouvriers et paysans), mais aussi par une relation intime qui a profondément marqué leur parcours, d’où ce choix de dévoiler en parallèle leur production artistique. 

C’est ce lien si fort, cette relation fusionnelle et destructrice qui est retracé à travers l’exposition parisienne, Rafael Tovar y de Teresa a déclaré lors de son passage au musée : 

 « Diego Rivera et Frida Kahlo sont deux artistes emblématiques de l’art plastique mexicain. Cette exposition marque une nouvelle étape dans les relations entre les deux pays ».

De son côté, Aurélie Filippetti a déclaré « les Français sont amoureux de Rivera et Frida Kahlo. Ce sont immenses artistes mondiaux et engagés. C’est avec beaucoup de joie et de liberté que la France accueille cette exposition, symbole des bonnes relations entre nos deux pays ».  

L’exposition se nourrit de tableaux prêtés en grande partie par le musée Dolores Olmedo de la ville de Mexico qui abrite de nombreuses toiles des deux artistes. Cela faisait 15 ans que la France n’avait pas eu l’honneur de recevoir autant d’œuvres du couple qui a marqué à jamais l’art mexicain de son empreinte indélébile.  

Ce sont près de 400 000 visiteurs qui sont attendus cet automne-hiver et qui pourront s’imprégner de l’univers de ces deux créateurs qui figurent au panthéon des artistes mexicains du XXe siècle.
« On m’a amputée de la jambe il y a six mois qui me paraissent une torture séculaire et quelquefois, j’ai presque perdu la tête. J’ai toujours envie de me suicider. Seul Diego m’en empêche, car je m’imagine que je pourrais lui manquer. »  Frida Kahlo (son journal, février 1954)
75 œuvres pourront être découvertes ou redécouvertes par le public français, environ une trentaine de peintures réalisées par Diego Rivera (le fondateur de l’école nationaliste) essentiellement durant son séjour en Espagne et en France, et une quarantaine de toiles de Frida Kahlo.

« La vie et l’oeuvre de Frida Kahlo sont indissociables de celles de son compagnon sentimental Diego Rivera », ont assuré des sources du musée français situé au cœur du jardin des Tuileries, dans le centre de la capitale, non loin du musée Louvre.

« Nous espérons qu’avec cette exposition l’on reconnaisse la grandeur de tous deux ensemble et la pérennité de Diego Rivera qui reste d’actualité aujourd’hui », a affirmé la directrice des collections du musée Dolores Olmedo, Josefina García.

L’une des commissaires de l’exposition, Beatrice Avanzi, a tenu à souligner la valeur de cette exposition en insistant sur le fait «  qu’il est très rare de présenter conjointement les œuvres de Kahlo et Diego Rivera, car elles se sont très différentes en raison de l’ampleur des œuvres et de leur message ».

Les murs du musée de l’Orangerie retraceront également la relation amoureuse tourmentée qui a marqué ces deux artistes, si fières de leurs racines, à travers la diffusion de photographies du couple, sur ce point Beatrice Avanzi a déclaré « il s’agit de montrer ensemble les œuvres de Frida et Diego pour également faire honneur à son grand amour, son amour mythique qui va vivre dans les salles où les œuvres vont dialoguer ».

Parmi les œuvres majeures de Frida Kahlo qui seront exposées, le public sera probablement saisi par l’autoportrait de 1944 « la colonne brisée », une oeuvre peinte par l’artiste lorsque son état de santé empira (atteinte de la poliomyélite en 1913, elle fut victime d’un terrible accident de la route en 1925) et qu’il lui portait un corset métallique. Une colonne ionique brisée en plusieurs endroits reflète sa colonne vertébrale blessée. Une toile qui symbolise la souffrance et le sentiment de solitude de Frida.
« A partir de ce moment-là, je fus possédée par le désir de recommencer à peindre les choses comme je les voyais avec mes propres yeux, et rien d’autre » Frida Kahlo
La production artistique de Frida Kahlo reflète une succession de souffrances physiques et morales, un corps meurtri qu’elle peint sans cesse comme pour exorciser sa douleur et son infirmité. C’est d’ailleurs pour échapper à l’ennui et à la douleur qu’elle se mit à peindre.  

« Je croyais avoir suffisamment d’énergie pour faire quelque chose d’autre qu’étudier pour devenir médecin. Sans attirer beaucoup d’attention là-dessus, je commençai à peindre », raconta-t-elle au critique d’art Antonio Rodríguez.

La caractéristique la plus remarquable de la plupart de ses autoportraits en pied est déjà décrite dans sa déclaration « Petite fille, j’avais déjà, comme on dit, jeté un oeil sur la boîte remplie de couleurs. Je ne saurais expliquer pourquoi. 

Comme j’étais malade et devais passer beaucoup de temps au lit, je profitai de l’occasion et la réclamai à mon père. Pareil à un petit garçon auquel on prend un jouet pour le donner à son frère malade, il me la prêta. 

Ma mère fit faire un chevalet par un menuisier, si l’on peut appeler ainsi l’appareil spécifique que l’on pouvait fixer à mon lit, car le corset de plâtre ne me permettait pas de me dresser sur mon séant. Je commençais donc à peindre mon premier tableau, le portrait d’une amie. »

L’artiste se peignait devant de grands paysages arides ou des pièces vides et froides qui reflétaient sa solitude. Ses portraits et portraits en buste montrent aussi ses sentiments, quand elle se représente sur la toile en compagnie de ses animaux domestiques, elle fait l’effet d’un petit enfant pour qui l’ours ou la poupée doivent apporter une forme de réconfort. Les portraits en buste sont souvent complétés par des attributs possédant une signification symbolique.

Par contre, les portraits en pied, qui sont fréquemment intégrés dans une représentation scénique, sont principalement marqués par la biographie de l’artiste : sa relation avec son mari Diego Rivera, sa santé physique (un état de santé se dégradant au fur et à mesure), l’impossibilité d’enfanter, de même que son naturalisme, sa philosophie pratique et son image du monde.

Diego Rivera avait déclaré au sujet de celle qui devint son épouse le 21 août 1929 (elle avait 21 ans de moins que lui, ils divorceront en 1939 et se remarieront en 1940 ) « elle est la première femme dans l’histoire de l’art à saisir avec une sincérité absolue et impitoyable, on pourrait même dire avec une calme cruauté, les thèmes généraux et particuliers qui concernent uniquement les femmes. »

Diego Rivera et Frida Kahlo, c’est l’histoire d’une passion dévorante, qui comme toute passion a laissé de nombreux stigmates, quelques jours avant d’expirer, Frida victime d’une embolie pulmonaire avait laissé ses mots à son éternel amant « Je sens que je vais bientôt te quitter ». « Avec joie j’attends le départ… Et j’espère bien ne jamais revenir… Frida. »

Aujourd’hui, ces deux artistes populaires sont réunis de nouveau à Paris, une histoire de talent exacerbé et d’amour qui ne prendra jamais fin…

Frida Kahlo / Diego Rivera : L’Art en fusion

Musée de l’Orangerie 
 du 9 octobre 2013 au 13 janvier 2014


Informations pratiques:
 
Horaires : tous les jours, sauf le mardi et le 25 décembre, de 9h à 18h (pas d’entrée après 17h30 – évacuation à 17h45)  

Tarification : droit d’entrée au musée : plein tarif : 10€ ; tarif réduit : 7,5€
 
Accès : Métro Concorde (ligne 1) Jardin des Tuileries, côté Seine, 75001 Paris


Programme du musée 
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Source article et photos N&B : ACTU LATINO