appelant le gouvernement
du Guatemala à
mettre fin
à la persécution
des organisations
Par Front Line Defenders
Front Line Defenders publie une déclaration publique
appelant le gouvernement du Guatemala à mettre fin à la persécution des
organisations de la société civile, des ONG et des défenseur-ses des droits
humains. Depuis le début de l’année 2013, le gouvernement guatémaltèque
orchestre une campagne pour criminaliser, discréditer et contrôler les
organisations de la société civile (OSC), les organisations non
gouvernementales (ONG) et les défenseur-ses des droits humains (DDH). L’espace sûr dans lequel les défenseur-ses des droits
humains travaillent est de plus en plus restreint tandis que leur crédibilité
est attaquée par des campagnes de diffamation.
L’État du Guatemala, y compris
le cabinet présidentiel et le ministère de l’Intérieur, dénigre aussi les DDH
en les reliant à des activités terroristes ou en les menaçant de poursuites
pénales s’ils continuent à critiquer la politique gouvernementale. L’actuelle vague de répression ne se
limite pas aux OSC guatémaltèques ; les organisations internationales qui
opèrent dans le pays sont aussi ciblées dans des campagnes médiatiques qui les
accusent de financer ou d'alimenter le mécontentement et le conflit.
Entre janvier et septembre 2013, l’Unidad de Protección de
Defensoras y Defensores de Derechos Humanos Guatemala – UDEFEGUA (Unité de
protection des défenseurs et défenseuses des droits humains du Guatemala) a
enregistré 568 attaques contre les DDH, comparés aux 305 signalées pour toute
l’année 2012. Outre les menaces et agressions physiques, à la fois la liées au
procès de Rios Montt et aux questions des terres et de l’environnement, il y a
eu une importante campagne de diffamation bien documentée, qui taxait les DDH
de traîtres et d’écoterroristes. 164 cas de diffamation ont été recensés depuis
le début de l’année.
Au cours de cette même période, 18 DDH ont été tués et 37
autres ont survécu à des tentatives d’assassinat. L’assassinat de Carlos
Alberto Orellana Chávez en août 2013 porte à quatre le nombre de journalistes
tués cette année. Cela a conduit le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la
liberté d’expression, Frank La Rue, à critiquer l’administration du Président
Otto Pérez Molina pour ne pas avoir endigué la criminalité dans le pays, pour
s’être rangé aux côtés des intérêts privés, pour avoir persécuté les leaders
sociaux et pour ne pas protéger les journalistes contre l’acharnement
judiciaire, les poursuites, les menaces, les agressions physiques et les
assassinats. Il décrit les violences comme « un pas en arrière pour la
démocratie et le processus de paix du pays ».
Les défenseur-ses des droits humains continuent de vivre
dans un climat de peur où le risque d’arrestation est utilisé pour dissuader
les gens d’accomplir leur travail en faveur des droits humains ; les menaces de
mort (jusqu’ici, 2013 compte 155 menaces écrites et 6 menaces par téléphone),
les cambriolages de bureaux, les actes d’intimidation, les enlèvements et les
mises sous surveillance sont utilisés pour faire pression sur les DDH, jusqu’à
les pousser à choisir entre la sécurité de leur famille et leur engagement
envers leur travail. Le prix à payer pour un-e défenseur-se dans une société
violente telle que le Guatemala reste très élevé.
En photo ci-contre : la une d'un journal.
Les campagnes de diffamation contre les OSC, les ONG et les DDH sont utilisées non seulement pour intimider et harceler des groupes ou des individus, mais aussi pour saper leur crédibilité et leurs activités légitimes, rogner leur soutien politique et financier.
Les campagnes de diffamation contre les OSC, les ONG et les DDH sont utilisées non seulement pour intimider et harceler des groupes ou des individus, mais aussi pour saper leur crédibilité et leurs activités légitimes, rogner leur soutien politique et financier.
• Le 2 mai 2013, le Président Otto Pérez Molina a déclaré
l’état de siège dans quatre municipalités proches du projet minier d’El Escobal
: San Rafael Las Flores et Casillas (département de Santa Rosa), et Jalapa et
Mataquescuintla (département de Jalapa). Le 27 avril, un groupe d’habitants
opposés aux activités minières ont quitté un camp de résistance proche de la
mine. Lorsqu’ils ont passé le portail d’entrée, les gardes ont ouvert le feu
contre eux depuis l’autre côté, blessant plus de dix personnes. Cet incident a
entraîné des violences ; un policier a été tué et plusieurs véhicules de police
ont été incendiés. Depuis, 12 membres du Comité en Defensa de la Vida de San
Rafael las Flores ont été pris pour cible et leurs domiciles ont été
perquisitionnés par la police et l’armée.
Cinq leaders et membres de communauté ont été arrêtés et
accusés et au moins 18 mandats d’arrêt ont été lancés contre d’autres
personnes. Lors d’une conférence de presse, le Président a déclaré que l’état
de siège était nécessaire, car les manifestants ou les groupes du crime
organisé tels que le cartel de drogue Zeta étaient en possession d’armes
lourdes et d’explosifs. Le ministre de l’Intérieur a dépeint les groupes qui
militent contre les mines comme des « marchands de conflits » et a juré de
révéler les « structures criminelles qui se cachent derrière… les récentes
activités » en lançant une série de raids. L’état de siège permet au
gouvernement de saisir les armes, d’arrêter ou détenir les citoyens pour une
période indéterminée sans les faire comparaître devant un juge et sans la
garantie qu’ils soient représentés par un avocat pendant les interrogatoires.
Tous les rassemblements publics ou les manifestations autour de la mine de San
Rafael sont interdits. Ces mesures sont aussi utilisées comme moyens de
dénigrer et criminaliser les défenseur-ses des droits humains et les
organisations, et de les empêcher de mener à bien leurs actions non violentes
d’oppositions aux activités minières.
• Le 10 juillet 2013, plusieurs coups de feu ont été tirés
devant le domicile de Mme Telma Yolanda Oquelí Veliz del Cid, leader du Frente
Norte del Área Metropolitana – FRENAM (Front nord de la zone métropolitaine),
un mouvement composé de membres de la communauté qui défend la terre contre
l’expansion des activités minières à San José del Golfo et San Pedro Ayampuc,
dans le département de Guatemala. L’incident s’est produit peu après le meurtre
du défenseur des droits humains M. Santos Fidel Ajau Suret, tué alors qu’il
rentrait d’un sit-in pacifique pour protester contre un projet de mine dans le
village de La Puya. Yolanda Oquelí a été victime d’une tentative d’assassinat
le 13 juin 2012 à cause de son rôle prépondérant dans un mouvement d’opposition
à un autre projet de mine dans le village d’El Tambor.
• Le 30 juin et le 1er juillet 2013, un article de quatre
pages, en couleur, écrit par la Fundación Contra el Terrorismo -FCT (fondation
contre le terrorisme), a été publié par quatre journaux nationaux. Dans cet
article, l’organisation de défense des droits humains Centro de Acción Legal,
Ambiental y Social de Guatemala – CALAS (Centre d’action légale,
environnementale et sociale du Guatemala) et deux de ses leaders, Dr Yuri
Giovanni Melini Salguero et M. Pedro Rafael Maldonado Flores étaient dénigrés.
CALAS œuvre pour promouvoir la participation des communautés et le respect des
droits collectifs des communautés indigènes face aux problèmes
environnementaux. CALAS proteste activement contre le projet de construction
d’une usine de pétrole liquide dans la zone protégée de Refugio de Vida
Silvestre "Punta de Manabique”, à Izabal. Les protestations de CALAS ont
conduit le ministère de l’Environnement et des ressources naturelles et le
Conseil national des zones protégées à refuser la construction de l’usine.
• La Fondation contre le terrorisme, dont les membres
incluent d’anciens responsables et partisans de l’armée, affirme que CALAS
aurait utilisé des fonds reçus de poderosas entidades internacionales (entités
internationales puissantes), telles que OXFAM et le gouvernement norvégien,
pour fomenter un conflit dans les zones où des activités minières et des
monocultures sont pratiquées. Yuri Giovanni Melini Salguero et Pedro Rafael
Maldonado Flores sont visés en particulier et accusés d’orchestrer des
campagnes de désinformation contre les compagnies minières, dans le but
d’inciter au conflit entre les populations indigènes et les entreprises
présentes dans ces zones. Ils sont accusés d’avoir mis en danger les progrès
économiques du Guatemala et de priver le pays de toute opportunité de
développement. Le 4 septembre 2008, Yuri Melini a survécu à une tentative
d’assassinat ; il a reçu une balle dans l’abdomen, au genou droit ainsi qu’au
fémur gauche.
• Le 30 mai 2013, M. Rubén Herrera de l’Asamblea de Pueblos
de Huehuetenango Por La Defensa del Territorio – ADH (Assemblée des villages de
Huehuetenango pour la défense du territoire) a été libéré de prison ; il avait
été arrêté le 15 mars 2013. Dans l’une des deux affaires, Rubén Herrera était
accusé de faux emprisonnement, menaces et incitation à la criminalité, et le
juge avait décrété que le ministère Public devait rassembler plus de preuves et
avait décidé qu’une nouvelle audience aurait lieu six mois plus tard.
Dans l’autre affaire, le juge a décrété qu’il n’y avait
aucune preuve indiquant que le défenseur était impliqué, directement ou
indirectement, dans les évènements qu’il était accusé d’avoir dirigés. Dans
cette affaire, neuf charges pesaient contre Rubén Herrera, dont des accusations
graves de terrorisme, enlèvement et menace contre la sécurité de la Nation.
Rubén Herrera a été libéré en attendant sa prochaine comparution en novembre.
Les accusations portées contre lui sont liées à sa participation présumée à des
actions contre le projet hydraulique Santacruz, dirigé par la compagnie
Hidralia Energy, à qui le gouvernement a attribué une licence pour construire
un barrage hydroélectrique en 2010.
Ce ne sont que quelques exemples de menaces et actes
d’intimidation perpétrés contre des défenseur-ses des droits humains qui
protègent les témoins du procès historique susmentionné pour génocide, ou qui
sont engagés à œuvrer pour la vérité, la mémoire et la justice, ainsi que tous
les autres groupes systématiquement pris pour cibles, car ils défendent la
terre et l’environnement.
Ces actes ont lieu dans un climat de violence et
d’intimidation dirigées contre des défenseur-ses des droits humains, y compris
les meurtres et la criminalisation des défenseur-ses des droits des populations
autochtones, et dans un climat d’impunité pour les coupables d’exactions au
Guatemala.
Front Line Defenders appelle les autorités du Guatemala à :
1. Ouvrir immédiatement une enquête impartiale sur l’augmentation
du nombre de meurtres et d’agressions contre des organisations de la société
civile, des organisations non gouvernementales et des défenseur-ses des droits
humains, en vue de publier les conclusions et de traduire les coupables en
justice selon les normes internationales ;
2. Créer une commission indépendante pour effectuer une
enquête sur le lien entre les campagnes de diffamation et l’augmentation des
attaques et des assassinats de défenseur-ses des droits humains.
3. Reconnaître publiquement le rôle positif et légitime des
défenseur-ses des droits humains au Guatemala et prendre des mesures pour
assurer que les responsables du gouvernement ou d’autres personnalités
publiques s’abstiennent de faire des déclarations qui stigmatisent le travail
légitime des défenseur-ses des droits humains.
4. Cesser de cibler tous-tes les défenseur-ses des droits
humains au Guatemala et garantir qu’en toutes circonstances, ils-elles puissent
mener à bien leurs activités légitimes sans craindre de représailles.
Source : Front Line Defenders
Guatemala:
Front Line Defenders publie une déclaration publique appelant le
gouvernement du Guatemala à mettre fin à la persécution des
organisations de la société civile, des ONG et des défenseur-ses des
droits humains
Depuis le début de l’année 2013, le gouvernement guatémaltèque orchestre une campagne pour criminaliser, discréditer et contrôler les organisations de la société civile (OSC), les organisations non gouvernementales (ONG) et les défenseur-ses des droits humains (DDH).
L’espace sûr dans lequel les défenseur-ses des droits humains travaillent est de plus en plus restreint tandis que leur crédibilité est attaquée par des campagnes de diffamation. L’État du Guatemala, y compris le cabinet présidentiel et le ministère de l’Intérieur, dénigre aussi les DDH en les reliant à des activités terroristes ou en les menaçant de poursuites pénales s’ils continuent à critiquer la politique gouvernementale. L’actuelle vague de répression ne se limite pas aux OSC guatémaltèques ; les organisations internationales qui opèrent dans le pays sont aussi ciblées dans des campagnes médiatiques qui les accusent de financer ou d'alimenter le mécontentement et le conflit.
Entre janvier et septembre 2013, l’Unidad de Protección de Defensoras y Defensores de Derechos Humanos Guatemala – UDEFEGUA (Unité de protection des défenseurs et défenseuses des droits humains du Guatemala) a enregistré 568 attaques contre les DDH, comparés aux 305 signalées pour toute l’année 2012. Outre les menaces et agressions physiques, à la fois la liées au procès de Rios Montt et aux questions des terres et de l’environnement, il y a eu une importante campagne de diffamation bien documentée, qui taxait les DDH de traîtres et d’écoterroristes. 164 cas de diffamation ont été recensés depuis le début de l’année.
Au cours de cette même période, 18 DDH ont été tués et 37 autres ont survécu à des tentatives d’assassinat. L’assassinat de Carlos Alberto Orellana Chávez en août 2013 porte à quatre le nombre de journalistes tués cette année. Cela a conduit le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’expression, Frank La Rue, à critiquer l’administration du Président Otto Pérez Molina pour ne pas avoir endigué la criminalité dans le pays, pour s’être rangé aux côtés des intérêts privés, pour avoir persécuté les leaders sociaux et pour ne pas protéger les journalistes contre l’acharnement judiciaire, les poursuites, les menaces, les agressions physiques et les assassinats. Il décrit les violences comme « un pas en arrière pour la démocratie et le processus de paix du pays ».
Les défenseur-ses des droits humains continuent de vivre dans un climat de peur où le risque d’arrestation est utilisé pour dissuader les gens d’accomplir leur travail en faveur des droits humains ; les menaces de mort (jusqu’ici, 2013 compte 155 menaces écrites et 6 menaces par téléphone), les cambriolages de bureaux, les actes d’intimidation, les enlèvements et les mises sous surveillance sont utilisés pour faire pression sur les DDH, jusqu’à les pousser à choisir entre la sécurité de leur famille et leur engagement envers leur travail. Le prix à payer pour un-e défenseur-se dans une société violente telle que le Guatemala reste très élevé.
Les campagnes de diffamation contre les OSC, les ONG et les DDH sont utilisées non seulement pour intimider et harceler des groupes ou des individus, mais aussi pour saper leur crédibilité et leurs activités légitimes, rogner leur soutien politique et financier.
• Le 2 mai 2013, le Président Otto Pérez Molina a déclaré l’état de siège dans quatre municipalités proches du projet minier d’El Escobal : San Rafael Las Flores et Casillas (département de Santa Rosa), et Jalapa et Mataquescuintla (département de Jalapa). Le 27 avril, un groupe d’habitants opposés aux activités minières ont quitté un camp de résistance proche de la mine. Lorsqu’ils ont passé le portail d’entrée, les gardes ont ouvert le feu contre eux depuis l’autre côté, blessant plus de dix personnes. Cet incident a entraîné des violences ; un policier a été tué et plusieurs véhicules de police ont été incendiés. Depuis, 12 membres du Comité en Defensa de la Vida de San Rafael las Flores ont été pris pour cible et leurs domiciles ont été perquisitionnés par la police et l’armée. Cinq leaders et membres de communauté ont été arrêtés et accusés et au moins 18 mandats d’arrêt ont été lancés contre d’autres personnes. Lors d’une conférence de presse, le Président a déclaré que l’état de siège était nécessaire, car les manifestants ou les groupes du crime organisé tels que le cartel de drogue Zeta étaient en possession d’armes lourdes et d’explosifs. Le ministre de l’Intérieur a dépeint les groupes qui militent contre les mines comme des « marchands de conflits » et a juré de révéler les « structures criminelles qui se cachent derrière… les récentes activités » en lançant une série de raids. L’état de siège permet au gouvernement de saisir les armes, d’arrêter ou détenir les citoyens pour une période indéterminée sans les faire comparaître devant un juge et sans la garantie qu’ils soient représentés par un avocat pendant les interrogatoires. Tous les rassemblements publics ou les manifestations autour de la mine de San Rafael sont interdits. Ces mesures sont aussi utilisées comme moyens de dénigrer et criminaliser les défenseur-ses des droits humains et les organisations, et de les empêcher de mener à bien leurs actions non violentes d’oppositions aux activités minières.
• Le 10 juillet 2013, plusieurs coups de feu ont été tirés devant le domicile de Mme Telma Yolanda Oquelí Veliz del Cid, leader du Frente Norte del Área Metropolitana – FRENAM (Front nord de la zone métropolitaine), un mouvement composé de membres de la communauté qui défend la terre contre l’expansion des activités minières à San José del Golfo et San Pedro Ayampuc, dans le département de Guatemala. L’incident s’est produit peu après le meurtre du défenseur des droits humains M. Santos Fidel Ajau Suret, tué alors qu’il rentrait d’un sit-in pacifique pour protester contre un projet de mine dans le village de La Puya. Yolanda Oquelí a été victime d’une tentative d’assassinat le 13 juin 2012 à cause de son rôle prépondérant dans un mouvement d’opposition à un autre projet de mine dans le village d’El Tambor.
• Le 30 juin et le 1er juillet 2013, un article de quatre pages, en couleur, écrit par la Fundación Contra el Terrorismo -FCT (fondation contre le terrorisme), a été publié par quatre journaux nationaux. Dans cet article, l’organisation de défense des droits humains Centro de Acción Legal, Ambiental y Social de Guatemala – CALAS (Centre d’action légale, environnementale et sociale du Guatemala) et deux de ses leaders, Dr Yuri Giovanni Melini Salguero et M. Pedro Rafael Maldonado Flores étaient dénigrés. CALAS œuvre pour promouvoir la participation des communautés et le respect des droits collectifs des communautés indigènes face aux problèmes environnementaux. CALAS proteste activement contre le projet de construction d’une usine de pétrole liquide dans la zone protégée de Refugio de Vida Silvestre "Punta de Manabique”, à Izabal. Les protestations de CALAS ont conduit le ministère de l’Environnement et des ressources naturelles et le Conseil national des zones protégées à refuser la construction de l’usine.
• La Fondation contre le terrorisme, dont les membres incluent d’anciens responsables et partisans de l’armée, affirme que CALAS aurait utilisé des fonds reçus de poderosas entidades internacionales (entités internationales puissantes), telles que OXFAM et le gouvernement norvégien, pour fomenter un conflit dans les zones où des activités minières et des monocultures sont pratiquées. Yuri Giovanni Melini Salguero et Pedro Rafael Maldonado Flores sont visés en particulier et accusés d’orchestrer des campagnes de désinformation contre les compagnies minières, dans le but d’inciter au conflit entre les populations indigènes et les entreprises présentes dans ces zones. Ils sont accusés d’avoir mis en danger les progrès économiques du Guatemala et de priver le pays de toute opportunité de développement. Le 4 septembre 2008, Yuri Melini a survécu à une tentative d’assassinat ; il a reçu une balle dans l’abdomen, au genou droit ainsi qu’au fémur gauche.
• Le 30 mai 2013, M. Rubén Herrera de l’Asamblea de Pueblos de Huehuetenango Por La Defensa del Territorio – ADH (Assemblée des villages de Huehuetenango pour la défense du territoire) a été libéré de prison ; il avait été arrêté le 15 mars 2013. Dans l’une des deux affaires, Rubén Herrera était accusé de faux emprisonnement, menaces et incitation à la criminalité, et le juge avait décrété que le ministère Public devait rassembler plus de preuves et avait décidé qu’une nouvelle audience aurait lieu six mois plus tard. Dans l’autre affaire, le juge a décrété qu’il n’y avait aucune preuve indiquant que le défenseur était impliqué, directement ou indirectement, dans les évènements qu’il était accusé d’avoir dirigés. Dans cette affaire, neuf charges pesaient contre Rubén Herrera, dont des accusations graves de terrorisme, enlèvement et menace contre la sécurité de la Nation. Rubén Herrera a été libéré en attendant sa prochaine comparution en novembre. Les accusations portées contre lui sont liées à sa participation présumée à des actions contre le projet hydraulique Santacruz, dirigé par la compagnie Hidralia Energy, à qui le gouvernement a attribué une licence pour construire un barrage hydroélectrique en 2010.
Ce ne sont que quelques exemples de menaces et actes d’intimidation perpétrés contre des défenseur-ses des droits humains qui protègent les témoins du procès historique susmentionné pour génocide, ou qui sont engagés à œuvrer pour la vérité, la mémoire et la justice, ainsi que tous les autres groupes systématiquement pris pour cibles, car ils défendent la terre et l’environnement. Ces actes ont lieu dans un climat de violence et d’intimidation dirigées contre des défenseur-ses des droits humains, y compris les meurtres et la criminalisation des défenseur-ses des droits des populations autochtones, et dans un climat d’impunité pour les coupables d’exactions au Guatemala.
Front Line Defenders appelle les autorités du Guatemala à :
1. Ouvrir immédiatement une enquête impartiale sur l’augmentation du nombre de meurtres et d’agressions contre des organisations de la société civile, des organisations non gouvernementales et des défenseur-ses des droits humains, en vue de publier les conclusions et de traduire les coupables en justice selon les normes internationales ;
2. Créer une commission indépendante pour effectuer une enquête sur le lien entre les campagnes de diffamation et l’augmentation des attaques et des assassinats de défenseur-ses des droits humains.
3. Reconnaître publiquement le rôle positif et légitime des défenseur-ses des droits humains au Guatemala et prendre des mesures pour assurer que les responsables du gouvernement ou d’autres personnalités publiques s’abstiennent de faire des déclarations qui stigmatisent le travail légitime des défenseur-ses des droits humains.
4. Cesser de cibler tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Guatemala et garantir qu’en toutes circonstances, ils-elles puissent mener à bien leurs activités légitimes sans craindre de représailles.
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Depuis le début de l’année 2013, le gouvernement guatémaltèque orchestre une campagne pour criminaliser, discréditer et contrôler les organisations de la société civile (OSC), les organisations non gouvernementales (ONG) et les défenseur-ses des droits humains (DDH).
L’espace sûr dans lequel les défenseur-ses des droits humains travaillent est de plus en plus restreint tandis que leur crédibilité est attaquée par des campagnes de diffamation. L’État du Guatemala, y compris le cabinet présidentiel et le ministère de l’Intérieur, dénigre aussi les DDH en les reliant à des activités terroristes ou en les menaçant de poursuites pénales s’ils continuent à critiquer la politique gouvernementale. L’actuelle vague de répression ne se limite pas aux OSC guatémaltèques ; les organisations internationales qui opèrent dans le pays sont aussi ciblées dans des campagnes médiatiques qui les accusent de financer ou d'alimenter le mécontentement et le conflit.
Entre janvier et septembre 2013, l’Unidad de Protección de Defensoras y Defensores de Derechos Humanos Guatemala – UDEFEGUA (Unité de protection des défenseurs et défenseuses des droits humains du Guatemala) a enregistré 568 attaques contre les DDH, comparés aux 305 signalées pour toute l’année 2012. Outre les menaces et agressions physiques, à la fois la liées au procès de Rios Montt et aux questions des terres et de l’environnement, il y a eu une importante campagne de diffamation bien documentée, qui taxait les DDH de traîtres et d’écoterroristes. 164 cas de diffamation ont été recensés depuis le début de l’année.
Au cours de cette même période, 18 DDH ont été tués et 37 autres ont survécu à des tentatives d’assassinat. L’assassinat de Carlos Alberto Orellana Chávez en août 2013 porte à quatre le nombre de journalistes tués cette année. Cela a conduit le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’expression, Frank La Rue, à critiquer l’administration du Président Otto Pérez Molina pour ne pas avoir endigué la criminalité dans le pays, pour s’être rangé aux côtés des intérêts privés, pour avoir persécuté les leaders sociaux et pour ne pas protéger les journalistes contre l’acharnement judiciaire, les poursuites, les menaces, les agressions physiques et les assassinats. Il décrit les violences comme « un pas en arrière pour la démocratie et le processus de paix du pays ».
Les défenseur-ses des droits humains continuent de vivre dans un climat de peur où le risque d’arrestation est utilisé pour dissuader les gens d’accomplir leur travail en faveur des droits humains ; les menaces de mort (jusqu’ici, 2013 compte 155 menaces écrites et 6 menaces par téléphone), les cambriolages de bureaux, les actes d’intimidation, les enlèvements et les mises sous surveillance sont utilisés pour faire pression sur les DDH, jusqu’à les pousser à choisir entre la sécurité de leur famille et leur engagement envers leur travail. Le prix à payer pour un-e défenseur-se dans une société violente telle que le Guatemala reste très élevé.
Les campagnes de diffamation contre les OSC, les ONG et les DDH sont utilisées non seulement pour intimider et harceler des groupes ou des individus, mais aussi pour saper leur crédibilité et leurs activités légitimes, rogner leur soutien politique et financier.
• Le 2 mai 2013, le Président Otto Pérez Molina a déclaré l’état de siège dans quatre municipalités proches du projet minier d’El Escobal : San Rafael Las Flores et Casillas (département de Santa Rosa), et Jalapa et Mataquescuintla (département de Jalapa). Le 27 avril, un groupe d’habitants opposés aux activités minières ont quitté un camp de résistance proche de la mine. Lorsqu’ils ont passé le portail d’entrée, les gardes ont ouvert le feu contre eux depuis l’autre côté, blessant plus de dix personnes. Cet incident a entraîné des violences ; un policier a été tué et plusieurs véhicules de police ont été incendiés. Depuis, 12 membres du Comité en Defensa de la Vida de San Rafael las Flores ont été pris pour cible et leurs domiciles ont été perquisitionnés par la police et l’armée. Cinq leaders et membres de communauté ont été arrêtés et accusés et au moins 18 mandats d’arrêt ont été lancés contre d’autres personnes. Lors d’une conférence de presse, le Président a déclaré que l’état de siège était nécessaire, car les manifestants ou les groupes du crime organisé tels que le cartel de drogue Zeta étaient en possession d’armes lourdes et d’explosifs. Le ministre de l’Intérieur a dépeint les groupes qui militent contre les mines comme des « marchands de conflits » et a juré de révéler les « structures criminelles qui se cachent derrière… les récentes activités » en lançant une série de raids. L’état de siège permet au gouvernement de saisir les armes, d’arrêter ou détenir les citoyens pour une période indéterminée sans les faire comparaître devant un juge et sans la garantie qu’ils soient représentés par un avocat pendant les interrogatoires. Tous les rassemblements publics ou les manifestations autour de la mine de San Rafael sont interdits. Ces mesures sont aussi utilisées comme moyens de dénigrer et criminaliser les défenseur-ses des droits humains et les organisations, et de les empêcher de mener à bien leurs actions non violentes d’oppositions aux activités minières.
• Le 10 juillet 2013, plusieurs coups de feu ont été tirés devant le domicile de Mme Telma Yolanda Oquelí Veliz del Cid, leader du Frente Norte del Área Metropolitana – FRENAM (Front nord de la zone métropolitaine), un mouvement composé de membres de la communauté qui défend la terre contre l’expansion des activités minières à San José del Golfo et San Pedro Ayampuc, dans le département de Guatemala. L’incident s’est produit peu après le meurtre du défenseur des droits humains M. Santos Fidel Ajau Suret, tué alors qu’il rentrait d’un sit-in pacifique pour protester contre un projet de mine dans le village de La Puya. Yolanda Oquelí a été victime d’une tentative d’assassinat le 13 juin 2012 à cause de son rôle prépondérant dans un mouvement d’opposition à un autre projet de mine dans le village d’El Tambor.
• Le 30 juin et le 1er juillet 2013, un article de quatre pages, en couleur, écrit par la Fundación Contra el Terrorismo -FCT (fondation contre le terrorisme), a été publié par quatre journaux nationaux. Dans cet article, l’organisation de défense des droits humains Centro de Acción Legal, Ambiental y Social de Guatemala – CALAS (Centre d’action légale, environnementale et sociale du Guatemala) et deux de ses leaders, Dr Yuri Giovanni Melini Salguero et M. Pedro Rafael Maldonado Flores étaient dénigrés. CALAS œuvre pour promouvoir la participation des communautés et le respect des droits collectifs des communautés indigènes face aux problèmes environnementaux. CALAS proteste activement contre le projet de construction d’une usine de pétrole liquide dans la zone protégée de Refugio de Vida Silvestre "Punta de Manabique”, à Izabal. Les protestations de CALAS ont conduit le ministère de l’Environnement et des ressources naturelles et le Conseil national des zones protégées à refuser la construction de l’usine.
• La Fondation contre le terrorisme, dont les membres incluent d’anciens responsables et partisans de l’armée, affirme que CALAS aurait utilisé des fonds reçus de poderosas entidades internacionales (entités internationales puissantes), telles que OXFAM et le gouvernement norvégien, pour fomenter un conflit dans les zones où des activités minières et des monocultures sont pratiquées. Yuri Giovanni Melini Salguero et Pedro Rafael Maldonado Flores sont visés en particulier et accusés d’orchestrer des campagnes de désinformation contre les compagnies minières, dans le but d’inciter au conflit entre les populations indigènes et les entreprises présentes dans ces zones. Ils sont accusés d’avoir mis en danger les progrès économiques du Guatemala et de priver le pays de toute opportunité de développement. Le 4 septembre 2008, Yuri Melini a survécu à une tentative d’assassinat ; il a reçu une balle dans l’abdomen, au genou droit ainsi qu’au fémur gauche.
• Le 30 mai 2013, M. Rubén Herrera de l’Asamblea de Pueblos de Huehuetenango Por La Defensa del Territorio – ADH (Assemblée des villages de Huehuetenango pour la défense du territoire) a été libéré de prison ; il avait été arrêté le 15 mars 2013. Dans l’une des deux affaires, Rubén Herrera était accusé de faux emprisonnement, menaces et incitation à la criminalité, et le juge avait décrété que le ministère Public devait rassembler plus de preuves et avait décidé qu’une nouvelle audience aurait lieu six mois plus tard. Dans l’autre affaire, le juge a décrété qu’il n’y avait aucune preuve indiquant que le défenseur était impliqué, directement ou indirectement, dans les évènements qu’il était accusé d’avoir dirigés. Dans cette affaire, neuf charges pesaient contre Rubén Herrera, dont des accusations graves de terrorisme, enlèvement et menace contre la sécurité de la Nation. Rubén Herrera a été libéré en attendant sa prochaine comparution en novembre. Les accusations portées contre lui sont liées à sa participation présumée à des actions contre le projet hydraulique Santacruz, dirigé par la compagnie Hidralia Energy, à qui le gouvernement a attribué une licence pour construire un barrage hydroélectrique en 2010.
Ce ne sont que quelques exemples de menaces et actes d’intimidation perpétrés contre des défenseur-ses des droits humains qui protègent les témoins du procès historique susmentionné pour génocide, ou qui sont engagés à œuvrer pour la vérité, la mémoire et la justice, ainsi que tous les autres groupes systématiquement pris pour cibles, car ils défendent la terre et l’environnement. Ces actes ont lieu dans un climat de violence et d’intimidation dirigées contre des défenseur-ses des droits humains, y compris les meurtres et la criminalisation des défenseur-ses des droits des populations autochtones, et dans un climat d’impunité pour les coupables d’exactions au Guatemala.
Front Line Defenders appelle les autorités du Guatemala à :
1. Ouvrir immédiatement une enquête impartiale sur l’augmentation du nombre de meurtres et d’agressions contre des organisations de la société civile, des organisations non gouvernementales et des défenseur-ses des droits humains, en vue de publier les conclusions et de traduire les coupables en justice selon les normes internationales ;
2. Créer une commission indépendante pour effectuer une enquête sur le lien entre les campagnes de diffamation et l’augmentation des attaques et des assassinats de défenseur-ses des droits humains.
3. Reconnaître publiquement le rôle positif et légitime des défenseur-ses des droits humains au Guatemala et prendre des mesures pour assurer que les responsables du gouvernement ou d’autres personnalités publiques s’abstiennent de faire des déclarations qui stigmatisent le travail légitime des défenseur-ses des droits humains.
4. Cesser de cibler tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Guatemala et garantir qu’en toutes circonstances, ils-elles puissent mener à bien leurs activités légitimes sans craindre de représailles.
Guatemala:
Front Line Defenders publie une déclaration publique appelant le
gouvernement du Guatemala à mettre fin à la persécution des
organisations de la société civile, des ONG et des défenseur-ses des
droits humains
Depuis le début de l’année 2013, le gouvernement guatémaltèque orchestre une campagne pour criminaliser, discréditer et contrôler les organisations de la société civile (OSC), les organisations non gouvernementales (ONG) et les défenseur-ses des droits humains (DDH).
L’espace sûr dans lequel les défenseur-ses des droits humains travaillent est de plus en plus restreint tandis que leur crédibilité est attaquée par des campagnes de diffamation. L’État du Guatemala, y compris le cabinet présidentiel et le ministère de l’Intérieur, dénigre aussi les DDH en les reliant à des activités terroristes ou en les menaçant de poursuites pénales s’ils continuent à critiquer la politique gouvernementale. L’actuelle vague de répression ne se limite pas aux OSC guatémaltèques ; les organisations internationales qui opèrent dans le pays sont aussi ciblées dans des campagnes médiatiques qui les accusent de financer ou d'alimenter le mécontentement et le conflit.
Entre janvier et septembre 2013, l’Unidad de Protección de Defensoras y Defensores de Derechos Humanos Guatemala – UDEFEGUA (Unité de protection des défenseurs et défenseuses des droits humains du Guatemala) a enregistré 568 attaques contre les DDH, comparés aux 305 signalées pour toute l’année 2012. Outre les menaces et agressions physiques, à la fois la liées au procès de Rios Montt et aux questions des terres et de l’environnement, il y a eu une importante campagne de diffamation bien documentée, qui taxait les DDH de traîtres et d’écoterroristes. 164 cas de diffamation ont été recensés depuis le début de l’année.
Au cours de cette même période, 18 DDH ont été tués et 37 autres ont survécu à des tentatives d’assassinat. L’assassinat de Carlos Alberto Orellana Chávez en août 2013 porte à quatre le nombre de journalistes tués cette année. Cela a conduit le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’expression, Frank La Rue, à critiquer l’administration du Président Otto Pérez Molina pour ne pas avoir endigué la criminalité dans le pays, pour s’être rangé aux côtés des intérêts privés, pour avoir persécuté les leaders sociaux et pour ne pas protéger les journalistes contre l’acharnement judiciaire, les poursuites, les menaces, les agressions physiques et les assassinats. Il décrit les violences comme « un pas en arrière pour la démocratie et le processus de paix du pays ».
Les défenseur-ses des droits humains continuent de vivre dans un climat de peur où le risque d’arrestation est utilisé pour dissuader les gens d’accomplir leur travail en faveur des droits humains ; les menaces de mort (jusqu’ici, 2013 compte 155 menaces écrites et 6 menaces par téléphone), les cambriolages de bureaux, les actes d’intimidation, les enlèvements et les mises sous surveillance sont utilisés pour faire pression sur les DDH, jusqu’à les pousser à choisir entre la sécurité de leur famille et leur engagement envers leur travail. Le prix à payer pour un-e défenseur-se dans une société violente telle que le Guatemala reste très élevé.
Les campagnes de diffamation contre les OSC, les ONG et les DDH sont utilisées non seulement pour intimider et harceler des groupes ou des individus, mais aussi pour saper leur crédibilité et leurs activités légitimes, rogner leur soutien politique et financier.
• Le 2 mai 2013, le Président Otto Pérez Molina a déclaré l’état de siège dans quatre municipalités proches du projet minier d’El Escobal : San Rafael Las Flores et Casillas (département de Santa Rosa), et Jalapa et Mataquescuintla (département de Jalapa). Le 27 avril, un groupe d’habitants opposés aux activités minières ont quitté un camp de résistance proche de la mine. Lorsqu’ils ont passé le portail d’entrée, les gardes ont ouvert le feu contre eux depuis l’autre côté, blessant plus de dix personnes. Cet incident a entraîné des violences ; un policier a été tué et plusieurs véhicules de police ont été incendiés. Depuis, 12 membres du Comité en Defensa de la Vida de San Rafael las Flores ont été pris pour cible et leurs domiciles ont été perquisitionnés par la police et l’armée. Cinq leaders et membres de communauté ont été arrêtés et accusés et au moins 18 mandats d’arrêt ont été lancés contre d’autres personnes. Lors d’une conférence de presse, le Président a déclaré que l’état de siège était nécessaire, car les manifestants ou les groupes du crime organisé tels que le cartel de drogue Zeta étaient en possession d’armes lourdes et d’explosifs. Le ministre de l’Intérieur a dépeint les groupes qui militent contre les mines comme des « marchands de conflits » et a juré de révéler les « structures criminelles qui se cachent derrière… les récentes activités » en lançant une série de raids. L’état de siège permet au gouvernement de saisir les armes, d’arrêter ou détenir les citoyens pour une période indéterminée sans les faire comparaître devant un juge et sans la garantie qu’ils soient représentés par un avocat pendant les interrogatoires. Tous les rassemblements publics ou les manifestations autour de la mine de San Rafael sont interdits. Ces mesures sont aussi utilisées comme moyens de dénigrer et criminaliser les défenseur-ses des droits humains et les organisations, et de les empêcher de mener à bien leurs actions non violentes d’oppositions aux activités minières.
• Le 10 juillet 2013, plusieurs coups de feu ont été tirés devant le domicile de Mme Telma Yolanda Oquelí Veliz del Cid, leader du Frente Norte del Área Metropolitana – FRENAM (Front nord de la zone métropolitaine), un mouvement composé de membres de la communauté qui défend la terre contre l’expansion des activités minières à San José del Golfo et San Pedro Ayampuc, dans le département de Guatemala. L’incident s’est produit peu après le meurtre du défenseur des droits humains M. Santos Fidel Ajau Suret, tué alors qu’il rentrait d’un sit-in pacifique pour protester contre un projet de mine dans le village de La Puya. Yolanda Oquelí a été victime d’une tentative d’assassinat le 13 juin 2012 à cause de son rôle prépondérant dans un mouvement d’opposition à un autre projet de mine dans le village d’El Tambor.
• Le 30 juin et le 1er juillet 2013, un article de quatre pages, en couleur, écrit par la Fundación Contra el Terrorismo -FCT (fondation contre le terrorisme), a été publié par quatre journaux nationaux. Dans cet article, l’organisation de défense des droits humains Centro de Acción Legal, Ambiental y Social de Guatemala – CALAS (Centre d’action légale, environnementale et sociale du Guatemala) et deux de ses leaders, Dr Yuri Giovanni Melini Salguero et M. Pedro Rafael Maldonado Flores étaient dénigrés. CALAS œuvre pour promouvoir la participation des communautés et le respect des droits collectifs des communautés indigènes face aux problèmes environnementaux. CALAS proteste activement contre le projet de construction d’une usine de pétrole liquide dans la zone protégée de Refugio de Vida Silvestre "Punta de Manabique”, à Izabal. Les protestations de CALAS ont conduit le ministère de l’Environnement et des ressources naturelles et le Conseil national des zones protégées à refuser la construction de l’usine.
• La Fondation contre le terrorisme, dont les membres incluent d’anciens responsables et partisans de l’armée, affirme que CALAS aurait utilisé des fonds reçus de poderosas entidades internacionales (entités internationales puissantes), telles que OXFAM et le gouvernement norvégien, pour fomenter un conflit dans les zones où des activités minières et des monocultures sont pratiquées. Yuri Giovanni Melini Salguero et Pedro Rafael Maldonado Flores sont visés en particulier et accusés d’orchestrer des campagnes de désinformation contre les compagnies minières, dans le but d’inciter au conflit entre les populations indigènes et les entreprises présentes dans ces zones. Ils sont accusés d’avoir mis en danger les progrès économiques du Guatemala et de priver le pays de toute opportunité de développement. Le 4 septembre 2008, Yuri Melini a survécu à une tentative d’assassinat ; il a reçu une balle dans l’abdomen, au genou droit ainsi qu’au fémur gauche.
• Le 30 mai 2013, M. Rubén Herrera de l’Asamblea de Pueblos de Huehuetenango Por La Defensa del Territorio – ADH (Assemblée des villages de Huehuetenango pour la défense du territoire) a été libéré de prison ; il avait été arrêté le 15 mars 2013. Dans l’une des deux affaires, Rubén Herrera était accusé de faux emprisonnement, menaces et incitation à la criminalité, et le juge avait décrété que le ministère Public devait rassembler plus de preuves et avait décidé qu’une nouvelle audience aurait lieu six mois plus tard. Dans l’autre affaire, le juge a décrété qu’il n’y avait aucune preuve indiquant que le défenseur était impliqué, directement ou indirectement, dans les évènements qu’il était accusé d’avoir dirigés. Dans cette affaire, neuf charges pesaient contre Rubén Herrera, dont des accusations graves de terrorisme, enlèvement et menace contre la sécurité de la Nation. Rubén Herrera a été libéré en attendant sa prochaine comparution en novembre. Les accusations portées contre lui sont liées à sa participation présumée à des actions contre le projet hydraulique Santacruz, dirigé par la compagnie Hidralia Energy, à qui le gouvernement a attribué une licence pour construire un barrage hydroélectrique en 2010.
Ce ne sont que quelques exemples de menaces et actes d’intimidation perpétrés contre des défenseur-ses des droits humains qui protègent les témoins du procès historique susmentionné pour génocide, ou qui sont engagés à œuvrer pour la vérité, la mémoire et la justice, ainsi que tous les autres groupes systématiquement pris pour cibles, car ils défendent la terre et l’environnement. Ces actes ont lieu dans un climat de violence et d’intimidation dirigées contre des défenseur-ses des droits humains, y compris les meurtres et la criminalisation des défenseur-ses des droits des populations autochtones, et dans un climat d’impunité pour les coupables d’exactions au Guatemala.
Front Line Defenders appelle les autorités du Guatemala à :
1. Ouvrir immédiatement une enquête impartiale sur l’augmentation du nombre de meurtres et d’agressions contre des organisations de la société civile, des organisations non gouvernementales et des défenseur-ses des droits humains, en vue de publier les conclusions et de traduire les coupables en justice selon les normes internationales ;
2. Créer une commission indépendante pour effectuer une enquête sur le lien entre les campagnes de diffamation et l’augmentation des attaques et des assassinats de défenseur-ses des droits humains.
3. Reconnaître publiquement le rôle positif et légitime des défenseur-ses des droits humains au Guatemala et prendre des mesures pour assurer que les responsables du gouvernement ou d’autres personnalités publiques s’abstiennent de faire des déclarations qui stigmatisent le travail légitime des défenseur-ses des droits humains.
4. Cesser de cibler tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Guatemala et garantir qu’en toutes circonstances, ils-elles puissent mener à bien leurs activités légitimes sans craindre de représailles.
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Depuis le début de l’année 2013, le gouvernement guatémaltèque orchestre une campagne pour criminaliser, discréditer et contrôler les organisations de la société civile (OSC), les organisations non gouvernementales (ONG) et les défenseur-ses des droits humains (DDH).
L’espace sûr dans lequel les défenseur-ses des droits humains travaillent est de plus en plus restreint tandis que leur crédibilité est attaquée par des campagnes de diffamation. L’État du Guatemala, y compris le cabinet présidentiel et le ministère de l’Intérieur, dénigre aussi les DDH en les reliant à des activités terroristes ou en les menaçant de poursuites pénales s’ils continuent à critiquer la politique gouvernementale. L’actuelle vague de répression ne se limite pas aux OSC guatémaltèques ; les organisations internationales qui opèrent dans le pays sont aussi ciblées dans des campagnes médiatiques qui les accusent de financer ou d'alimenter le mécontentement et le conflit.
Entre janvier et septembre 2013, l’Unidad de Protección de Defensoras y Defensores de Derechos Humanos Guatemala – UDEFEGUA (Unité de protection des défenseurs et défenseuses des droits humains du Guatemala) a enregistré 568 attaques contre les DDH, comparés aux 305 signalées pour toute l’année 2012. Outre les menaces et agressions physiques, à la fois la liées au procès de Rios Montt et aux questions des terres et de l’environnement, il y a eu une importante campagne de diffamation bien documentée, qui taxait les DDH de traîtres et d’écoterroristes. 164 cas de diffamation ont été recensés depuis le début de l’année.
Au cours de cette même période, 18 DDH ont été tués et 37 autres ont survécu à des tentatives d’assassinat. L’assassinat de Carlos Alberto Orellana Chávez en août 2013 porte à quatre le nombre de journalistes tués cette année. Cela a conduit le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’expression, Frank La Rue, à critiquer l’administration du Président Otto Pérez Molina pour ne pas avoir endigué la criminalité dans le pays, pour s’être rangé aux côtés des intérêts privés, pour avoir persécuté les leaders sociaux et pour ne pas protéger les journalistes contre l’acharnement judiciaire, les poursuites, les menaces, les agressions physiques et les assassinats. Il décrit les violences comme « un pas en arrière pour la démocratie et le processus de paix du pays ».
Les défenseur-ses des droits humains continuent de vivre dans un climat de peur où le risque d’arrestation est utilisé pour dissuader les gens d’accomplir leur travail en faveur des droits humains ; les menaces de mort (jusqu’ici, 2013 compte 155 menaces écrites et 6 menaces par téléphone), les cambriolages de bureaux, les actes d’intimidation, les enlèvements et les mises sous surveillance sont utilisés pour faire pression sur les DDH, jusqu’à les pousser à choisir entre la sécurité de leur famille et leur engagement envers leur travail. Le prix à payer pour un-e défenseur-se dans une société violente telle que le Guatemala reste très élevé.
Les campagnes de diffamation contre les OSC, les ONG et les DDH sont utilisées non seulement pour intimider et harceler des groupes ou des individus, mais aussi pour saper leur crédibilité et leurs activités légitimes, rogner leur soutien politique et financier.
• Le 2 mai 2013, le Président Otto Pérez Molina a déclaré l’état de siège dans quatre municipalités proches du projet minier d’El Escobal : San Rafael Las Flores et Casillas (département de Santa Rosa), et Jalapa et Mataquescuintla (département de Jalapa). Le 27 avril, un groupe d’habitants opposés aux activités minières ont quitté un camp de résistance proche de la mine. Lorsqu’ils ont passé le portail d’entrée, les gardes ont ouvert le feu contre eux depuis l’autre côté, blessant plus de dix personnes. Cet incident a entraîné des violences ; un policier a été tué et plusieurs véhicules de police ont été incendiés. Depuis, 12 membres du Comité en Defensa de la Vida de San Rafael las Flores ont été pris pour cible et leurs domiciles ont été perquisitionnés par la police et l’armée. Cinq leaders et membres de communauté ont été arrêtés et accusés et au moins 18 mandats d’arrêt ont été lancés contre d’autres personnes. Lors d’une conférence de presse, le Président a déclaré que l’état de siège était nécessaire, car les manifestants ou les groupes du crime organisé tels que le cartel de drogue Zeta étaient en possession d’armes lourdes et d’explosifs. Le ministre de l’Intérieur a dépeint les groupes qui militent contre les mines comme des « marchands de conflits » et a juré de révéler les « structures criminelles qui se cachent derrière… les récentes activités » en lançant une série de raids. L’état de siège permet au gouvernement de saisir les armes, d’arrêter ou détenir les citoyens pour une période indéterminée sans les faire comparaître devant un juge et sans la garantie qu’ils soient représentés par un avocat pendant les interrogatoires. Tous les rassemblements publics ou les manifestations autour de la mine de San Rafael sont interdits. Ces mesures sont aussi utilisées comme moyens de dénigrer et criminaliser les défenseur-ses des droits humains et les organisations, et de les empêcher de mener à bien leurs actions non violentes d’oppositions aux activités minières.
• Le 10 juillet 2013, plusieurs coups de feu ont été tirés devant le domicile de Mme Telma Yolanda Oquelí Veliz del Cid, leader du Frente Norte del Área Metropolitana – FRENAM (Front nord de la zone métropolitaine), un mouvement composé de membres de la communauté qui défend la terre contre l’expansion des activités minières à San José del Golfo et San Pedro Ayampuc, dans le département de Guatemala. L’incident s’est produit peu après le meurtre du défenseur des droits humains M. Santos Fidel Ajau Suret, tué alors qu’il rentrait d’un sit-in pacifique pour protester contre un projet de mine dans le village de La Puya. Yolanda Oquelí a été victime d’une tentative d’assassinat le 13 juin 2012 à cause de son rôle prépondérant dans un mouvement d’opposition à un autre projet de mine dans le village d’El Tambor.
• Le 30 juin et le 1er juillet 2013, un article de quatre pages, en couleur, écrit par la Fundación Contra el Terrorismo -FCT (fondation contre le terrorisme), a été publié par quatre journaux nationaux. Dans cet article, l’organisation de défense des droits humains Centro de Acción Legal, Ambiental y Social de Guatemala – CALAS (Centre d’action légale, environnementale et sociale du Guatemala) et deux de ses leaders, Dr Yuri Giovanni Melini Salguero et M. Pedro Rafael Maldonado Flores étaient dénigrés. CALAS œuvre pour promouvoir la participation des communautés et le respect des droits collectifs des communautés indigènes face aux problèmes environnementaux. CALAS proteste activement contre le projet de construction d’une usine de pétrole liquide dans la zone protégée de Refugio de Vida Silvestre "Punta de Manabique”, à Izabal. Les protestations de CALAS ont conduit le ministère de l’Environnement et des ressources naturelles et le Conseil national des zones protégées à refuser la construction de l’usine.
• La Fondation contre le terrorisme, dont les membres incluent d’anciens responsables et partisans de l’armée, affirme que CALAS aurait utilisé des fonds reçus de poderosas entidades internacionales (entités internationales puissantes), telles que OXFAM et le gouvernement norvégien, pour fomenter un conflit dans les zones où des activités minières et des monocultures sont pratiquées. Yuri Giovanni Melini Salguero et Pedro Rafael Maldonado Flores sont visés en particulier et accusés d’orchestrer des campagnes de désinformation contre les compagnies minières, dans le but d’inciter au conflit entre les populations indigènes et les entreprises présentes dans ces zones. Ils sont accusés d’avoir mis en danger les progrès économiques du Guatemala et de priver le pays de toute opportunité de développement. Le 4 septembre 2008, Yuri Melini a survécu à une tentative d’assassinat ; il a reçu une balle dans l’abdomen, au genou droit ainsi qu’au fémur gauche.
• Le 30 mai 2013, M. Rubén Herrera de l’Asamblea de Pueblos de Huehuetenango Por La Defensa del Territorio – ADH (Assemblée des villages de Huehuetenango pour la défense du territoire) a été libéré de prison ; il avait été arrêté le 15 mars 2013. Dans l’une des deux affaires, Rubén Herrera était accusé de faux emprisonnement, menaces et incitation à la criminalité, et le juge avait décrété que le ministère Public devait rassembler plus de preuves et avait décidé qu’une nouvelle audience aurait lieu six mois plus tard. Dans l’autre affaire, le juge a décrété qu’il n’y avait aucune preuve indiquant que le défenseur était impliqué, directement ou indirectement, dans les évènements qu’il était accusé d’avoir dirigés. Dans cette affaire, neuf charges pesaient contre Rubén Herrera, dont des accusations graves de terrorisme, enlèvement et menace contre la sécurité de la Nation. Rubén Herrera a été libéré en attendant sa prochaine comparution en novembre. Les accusations portées contre lui sont liées à sa participation présumée à des actions contre le projet hydraulique Santacruz, dirigé par la compagnie Hidralia Energy, à qui le gouvernement a attribué une licence pour construire un barrage hydroélectrique en 2010.
Ce ne sont que quelques exemples de menaces et actes d’intimidation perpétrés contre des défenseur-ses des droits humains qui protègent les témoins du procès historique susmentionné pour génocide, ou qui sont engagés à œuvrer pour la vérité, la mémoire et la justice, ainsi que tous les autres groupes systématiquement pris pour cibles, car ils défendent la terre et l’environnement. Ces actes ont lieu dans un climat de violence et d’intimidation dirigées contre des défenseur-ses des droits humains, y compris les meurtres et la criminalisation des défenseur-ses des droits des populations autochtones, et dans un climat d’impunité pour les coupables d’exactions au Guatemala.
Front Line Defenders appelle les autorités du Guatemala à :
1. Ouvrir immédiatement une enquête impartiale sur l’augmentation du nombre de meurtres et d’agressions contre des organisations de la société civile, des organisations non gouvernementales et des défenseur-ses des droits humains, en vue de publier les conclusions et de traduire les coupables en justice selon les normes internationales ;
2. Créer une commission indépendante pour effectuer une enquête sur le lien entre les campagnes de diffamation et l’augmentation des attaques et des assassinats de défenseur-ses des droits humains.
3. Reconnaître publiquement le rôle positif et légitime des défenseur-ses des droits humains au Guatemala et prendre des mesures pour assurer que les responsables du gouvernement ou d’autres personnalités publiques s’abstiennent de faire des déclarations qui stigmatisent le travail légitime des défenseur-ses des droits humains.
4. Cesser de cibler tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Guatemala et garantir qu’en toutes circonstances, ils-elles puissent mener à bien leurs activités légitimes sans craindre de représailles.
Guatemala:
Front Line Defenders publie une déclaration publique appelant le
gouvernement du Guatemala à mettre fin à la persécution des
organisations de la société civile, des ONG et des défenseur-ses des
droits humains
Depuis le début de l’année 2013, le gouvernement guatémaltèque orchestre une campagne pour criminaliser, discréditer et contrôler les organisations de la société civile (OSC), les organisations non gouvernementales (ONG) et les défenseur-ses des droits humains (DDH).
L’espace sûr dans lequel les défenseur-ses des droits humains travaillent est de plus en plus restreint tandis que leur crédibilité est attaquée par des campagnes de diffamation. L’État du Guatemala, y compris le cabinet présidentiel et le ministère de l’Intérieur, dénigre aussi les DDH en les reliant à des activités terroristes ou en les menaçant de poursuites pénales s’ils continuent à critiquer la politique gouvernementale. L’actuelle vague de répression ne se limite pas aux OSC guatémaltèques ; les organisations internationales qui opèrent dans le pays sont aussi ciblées dans des campagnes médiatiques qui les accusent de financer ou d'alimenter le mécontentement et le conflit.
Entre janvier et septembre 2013, l’Unidad de Protección de Defensoras y Defensores de Derechos Humanos Guatemala – UDEFEGUA (Unité de protection des défenseurs et défenseuses des droits humains du Guatemala) a enregistré 568 attaques contre les DDH, comparés aux 305 signalées pour toute l’année 2012. Outre les menaces et agressions physiques, à la fois la liées au procès de Rios Montt et aux questions des terres et de l’environnement, il y a eu une importante campagne de diffamation bien documentée, qui taxait les DDH de traîtres et d’écoterroristes. 164 cas de diffamation ont été recensés depuis le début de l’année.
Au cours de cette même période, 18 DDH ont été tués et 37 autres ont survécu à des tentatives d’assassinat. L’assassinat de Carlos Alberto Orellana Chávez en août 2013 porte à quatre le nombre de journalistes tués cette année. Cela a conduit le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’expression, Frank La Rue, à critiquer l’administration du Président Otto Pérez Molina pour ne pas avoir endigué la criminalité dans le pays, pour s’être rangé aux côtés des intérêts privés, pour avoir persécuté les leaders sociaux et pour ne pas protéger les journalistes contre l’acharnement judiciaire, les poursuites, les menaces, les agressions physiques et les assassinats. Il décrit les violences comme « un pas en arrière pour la démocratie et le processus de paix du pays ».
Les défenseur-ses des droits humains continuent de vivre dans un climat de peur où le risque d’arrestation est utilisé pour dissuader les gens d’accomplir leur travail en faveur des droits humains ; les menaces de mort (jusqu’ici, 2013 compte 155 menaces écrites et 6 menaces par téléphone), les cambriolages de bureaux, les actes d’intimidation, les enlèvements et les mises sous surveillance sont utilisés pour faire pression sur les DDH, jusqu’à les pousser à choisir entre la sécurité de leur famille et leur engagement envers leur travail. Le prix à payer pour un-e défenseur-se dans une société violente telle que le Guatemala reste très élevé.
Les campagnes de diffamation contre les OSC, les ONG et les DDH sont utilisées non seulement pour intimider et harceler des groupes ou des individus, mais aussi pour saper leur crédibilité et leurs activités légitimes, rogner leur soutien politique et financier.
• Le 2 mai 2013, le Président Otto Pérez Molina a déclaré l’état de siège dans quatre municipalités proches du projet minier d’El Escobal : San Rafael Las Flores et Casillas (département de Santa Rosa), et Jalapa et Mataquescuintla (département de Jalapa). Le 27 avril, un groupe d’habitants opposés aux activités minières ont quitté un camp de résistance proche de la mine. Lorsqu’ils ont passé le portail d’entrée, les gardes ont ouvert le feu contre eux depuis l’autre côté, blessant plus de dix personnes. Cet incident a entraîné des violences ; un policier a été tué et plusieurs véhicules de police ont été incendiés. Depuis, 12 membres du Comité en Defensa de la Vida de San Rafael las Flores ont été pris pour cible et leurs domiciles ont été perquisitionnés par la police et l’armée. Cinq leaders et membres de communauté ont été arrêtés et accusés et au moins 18 mandats d’arrêt ont été lancés contre d’autres personnes. Lors d’une conférence de presse, le Président a déclaré que l’état de siège était nécessaire, car les manifestants ou les groupes du crime organisé tels que le cartel de drogue Zeta étaient en possession d’armes lourdes et d’explosifs. Le ministre de l’Intérieur a dépeint les groupes qui militent contre les mines comme des « marchands de conflits » et a juré de révéler les « structures criminelles qui se cachent derrière… les récentes activités » en lançant une série de raids. L’état de siège permet au gouvernement de saisir les armes, d’arrêter ou détenir les citoyens pour une période indéterminée sans les faire comparaître devant un juge et sans la garantie qu’ils soient représentés par un avocat pendant les interrogatoires. Tous les rassemblements publics ou les manifestations autour de la mine de San Rafael sont interdits. Ces mesures sont aussi utilisées comme moyens de dénigrer et criminaliser les défenseur-ses des droits humains et les organisations, et de les empêcher de mener à bien leurs actions non violentes d’oppositions aux activités minières.
• Le 10 juillet 2013, plusieurs coups de feu ont été tirés devant le domicile de Mme Telma Yolanda Oquelí Veliz del Cid, leader du Frente Norte del Área Metropolitana – FRENAM (Front nord de la zone métropolitaine), un mouvement composé de membres de la communauté qui défend la terre contre l’expansion des activités minières à San José del Golfo et San Pedro Ayampuc, dans le département de Guatemala. L’incident s’est produit peu après le meurtre du défenseur des droits humains M. Santos Fidel Ajau Suret, tué alors qu’il rentrait d’un sit-in pacifique pour protester contre un projet de mine dans le village de La Puya. Yolanda Oquelí a été victime d’une tentative d’assassinat le 13 juin 2012 à cause de son rôle prépondérant dans un mouvement d’opposition à un autre projet de mine dans le village d’El Tambor.
• Le 30 juin et le 1er juillet 2013, un article de quatre pages, en couleur, écrit par la Fundación Contra el Terrorismo -FCT (fondation contre le terrorisme), a été publié par quatre journaux nationaux. Dans cet article, l’organisation de défense des droits humains Centro de Acción Legal, Ambiental y Social de Guatemala – CALAS (Centre d’action légale, environnementale et sociale du Guatemala) et deux de ses leaders, Dr Yuri Giovanni Melini Salguero et M. Pedro Rafael Maldonado Flores étaient dénigrés. CALAS œuvre pour promouvoir la participation des communautés et le respect des droits collectifs des communautés indigènes face aux problèmes environnementaux. CALAS proteste activement contre le projet de construction d’une usine de pétrole liquide dans la zone protégée de Refugio de Vida Silvestre "Punta de Manabique”, à Izabal. Les protestations de CALAS ont conduit le ministère de l’Environnement et des ressources naturelles et le Conseil national des zones protégées à refuser la construction de l’usine.
• La Fondation contre le terrorisme, dont les membres incluent d’anciens responsables et partisans de l’armée, affirme que CALAS aurait utilisé des fonds reçus de poderosas entidades internacionales (entités internationales puissantes), telles que OXFAM et le gouvernement norvégien, pour fomenter un conflit dans les zones où des activités minières et des monocultures sont pratiquées. Yuri Giovanni Melini Salguero et Pedro Rafael Maldonado Flores sont visés en particulier et accusés d’orchestrer des campagnes de désinformation contre les compagnies minières, dans le but d’inciter au conflit entre les populations indigènes et les entreprises présentes dans ces zones. Ils sont accusés d’avoir mis en danger les progrès économiques du Guatemala et de priver le pays de toute opportunité de développement. Le 4 septembre 2008, Yuri Melini a survécu à une tentative d’assassinat ; il a reçu une balle dans l’abdomen, au genou droit ainsi qu’au fémur gauche.
• Le 30 mai 2013, M. Rubén Herrera de l’Asamblea de Pueblos de Huehuetenango Por La Defensa del Territorio – ADH (Assemblée des villages de Huehuetenango pour la défense du territoire) a été libéré de prison ; il avait été arrêté le 15 mars 2013. Dans l’une des deux affaires, Rubén Herrera était accusé de faux emprisonnement, menaces et incitation à la criminalité, et le juge avait décrété que le ministère Public devait rassembler plus de preuves et avait décidé qu’une nouvelle audience aurait lieu six mois plus tard. Dans l’autre affaire, le juge a décrété qu’il n’y avait aucune preuve indiquant que le défenseur était impliqué, directement ou indirectement, dans les évènements qu’il était accusé d’avoir dirigés. Dans cette affaire, neuf charges pesaient contre Rubén Herrera, dont des accusations graves de terrorisme, enlèvement et menace contre la sécurité de la Nation. Rubén Herrera a été libéré en attendant sa prochaine comparution en novembre. Les accusations portées contre lui sont liées à sa participation présumée à des actions contre le projet hydraulique Santacruz, dirigé par la compagnie Hidralia Energy, à qui le gouvernement a attribué une licence pour construire un barrage hydroélectrique en 2010.
Ce ne sont que quelques exemples de menaces et actes d’intimidation perpétrés contre des défenseur-ses des droits humains qui protègent les témoins du procès historique susmentionné pour génocide, ou qui sont engagés à œuvrer pour la vérité, la mémoire et la justice, ainsi que tous les autres groupes systématiquement pris pour cibles, car ils défendent la terre et l’environnement. Ces actes ont lieu dans un climat de violence et d’intimidation dirigées contre des défenseur-ses des droits humains, y compris les meurtres et la criminalisation des défenseur-ses des droits des populations autochtones, et dans un climat d’impunité pour les coupables d’exactions au Guatemala.
Front Line Defenders appelle les autorités du Guatemala à :
1. Ouvrir immédiatement une enquête impartiale sur l’augmentation du nombre de meurtres et d’agressions contre des organisations de la société civile, des organisations non gouvernementales et des défenseur-ses des droits humains, en vue de publier les conclusions et de traduire les coupables en justice selon les normes internationales ;
2. Créer une commission indépendante pour effectuer une enquête sur le lien entre les campagnes de diffamation et l’augmentation des attaques et des assassinats de défenseur-ses des droits humains.
3. Reconnaître publiquement le rôle positif et légitime des défenseur-ses des droits humains au Guatemala et prendre des mesures pour assurer que les responsables du gouvernement ou d’autres personnalités publiques s’abstiennent de faire des déclarations qui stigmatisent le travail légitime des défenseur-ses des droits humains.
4. Cesser de cibler tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Guatemala et garantir qu’en toutes circonstances, ils-elles puissent mener à bien leurs activités légitimes sans craindre de représailles.
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Depuis le début de l’année 2013, le gouvernement guatémaltèque orchestre une campagne pour criminaliser, discréditer et contrôler les organisations de la société civile (OSC), les organisations non gouvernementales (ONG) et les défenseur-ses des droits humains (DDH).
L’espace sûr dans lequel les défenseur-ses des droits humains travaillent est de plus en plus restreint tandis que leur crédibilité est attaquée par des campagnes de diffamation. L’État du Guatemala, y compris le cabinet présidentiel et le ministère de l’Intérieur, dénigre aussi les DDH en les reliant à des activités terroristes ou en les menaçant de poursuites pénales s’ils continuent à critiquer la politique gouvernementale. L’actuelle vague de répression ne se limite pas aux OSC guatémaltèques ; les organisations internationales qui opèrent dans le pays sont aussi ciblées dans des campagnes médiatiques qui les accusent de financer ou d'alimenter le mécontentement et le conflit.
Entre janvier et septembre 2013, l’Unidad de Protección de Defensoras y Defensores de Derechos Humanos Guatemala – UDEFEGUA (Unité de protection des défenseurs et défenseuses des droits humains du Guatemala) a enregistré 568 attaques contre les DDH, comparés aux 305 signalées pour toute l’année 2012. Outre les menaces et agressions physiques, à la fois la liées au procès de Rios Montt et aux questions des terres et de l’environnement, il y a eu une importante campagne de diffamation bien documentée, qui taxait les DDH de traîtres et d’écoterroristes. 164 cas de diffamation ont été recensés depuis le début de l’année.
Au cours de cette même période, 18 DDH ont été tués et 37 autres ont survécu à des tentatives d’assassinat. L’assassinat de Carlos Alberto Orellana Chávez en août 2013 porte à quatre le nombre de journalistes tués cette année. Cela a conduit le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’expression, Frank La Rue, à critiquer l’administration du Président Otto Pérez Molina pour ne pas avoir endigué la criminalité dans le pays, pour s’être rangé aux côtés des intérêts privés, pour avoir persécuté les leaders sociaux et pour ne pas protéger les journalistes contre l’acharnement judiciaire, les poursuites, les menaces, les agressions physiques et les assassinats. Il décrit les violences comme « un pas en arrière pour la démocratie et le processus de paix du pays ».
Les défenseur-ses des droits humains continuent de vivre dans un climat de peur où le risque d’arrestation est utilisé pour dissuader les gens d’accomplir leur travail en faveur des droits humains ; les menaces de mort (jusqu’ici, 2013 compte 155 menaces écrites et 6 menaces par téléphone), les cambriolages de bureaux, les actes d’intimidation, les enlèvements et les mises sous surveillance sont utilisés pour faire pression sur les DDH, jusqu’à les pousser à choisir entre la sécurité de leur famille et leur engagement envers leur travail. Le prix à payer pour un-e défenseur-se dans une société violente telle que le Guatemala reste très élevé.
Les campagnes de diffamation contre les OSC, les ONG et les DDH sont utilisées non seulement pour intimider et harceler des groupes ou des individus, mais aussi pour saper leur crédibilité et leurs activités légitimes, rogner leur soutien politique et financier.
• Le 2 mai 2013, le Président Otto Pérez Molina a déclaré l’état de siège dans quatre municipalités proches du projet minier d’El Escobal : San Rafael Las Flores et Casillas (département de Santa Rosa), et Jalapa et Mataquescuintla (département de Jalapa). Le 27 avril, un groupe d’habitants opposés aux activités minières ont quitté un camp de résistance proche de la mine. Lorsqu’ils ont passé le portail d’entrée, les gardes ont ouvert le feu contre eux depuis l’autre côté, blessant plus de dix personnes. Cet incident a entraîné des violences ; un policier a été tué et plusieurs véhicules de police ont été incendiés. Depuis, 12 membres du Comité en Defensa de la Vida de San Rafael las Flores ont été pris pour cible et leurs domiciles ont été perquisitionnés par la police et l’armée. Cinq leaders et membres de communauté ont été arrêtés et accusés et au moins 18 mandats d’arrêt ont été lancés contre d’autres personnes. Lors d’une conférence de presse, le Président a déclaré que l’état de siège était nécessaire, car les manifestants ou les groupes du crime organisé tels que le cartel de drogue Zeta étaient en possession d’armes lourdes et d’explosifs. Le ministre de l’Intérieur a dépeint les groupes qui militent contre les mines comme des « marchands de conflits » et a juré de révéler les « structures criminelles qui se cachent derrière… les récentes activités » en lançant une série de raids. L’état de siège permet au gouvernement de saisir les armes, d’arrêter ou détenir les citoyens pour une période indéterminée sans les faire comparaître devant un juge et sans la garantie qu’ils soient représentés par un avocat pendant les interrogatoires. Tous les rassemblements publics ou les manifestations autour de la mine de San Rafael sont interdits. Ces mesures sont aussi utilisées comme moyens de dénigrer et criminaliser les défenseur-ses des droits humains et les organisations, et de les empêcher de mener à bien leurs actions non violentes d’oppositions aux activités minières.
• Le 10 juillet 2013, plusieurs coups de feu ont été tirés devant le domicile de Mme Telma Yolanda Oquelí Veliz del Cid, leader du Frente Norte del Área Metropolitana – FRENAM (Front nord de la zone métropolitaine), un mouvement composé de membres de la communauté qui défend la terre contre l’expansion des activités minières à San José del Golfo et San Pedro Ayampuc, dans le département de Guatemala. L’incident s’est produit peu après le meurtre du défenseur des droits humains M. Santos Fidel Ajau Suret, tué alors qu’il rentrait d’un sit-in pacifique pour protester contre un projet de mine dans le village de La Puya. Yolanda Oquelí a été victime d’une tentative d’assassinat le 13 juin 2012 à cause de son rôle prépondérant dans un mouvement d’opposition à un autre projet de mine dans le village d’El Tambor.
• Le 30 juin et le 1er juillet 2013, un article de quatre pages, en couleur, écrit par la Fundación Contra el Terrorismo -FCT (fondation contre le terrorisme), a été publié par quatre journaux nationaux. Dans cet article, l’organisation de défense des droits humains Centro de Acción Legal, Ambiental y Social de Guatemala – CALAS (Centre d’action légale, environnementale et sociale du Guatemala) et deux de ses leaders, Dr Yuri Giovanni Melini Salguero et M. Pedro Rafael Maldonado Flores étaient dénigrés. CALAS œuvre pour promouvoir la participation des communautés et le respect des droits collectifs des communautés indigènes face aux problèmes environnementaux. CALAS proteste activement contre le projet de construction d’une usine de pétrole liquide dans la zone protégée de Refugio de Vida Silvestre "Punta de Manabique”, à Izabal. Les protestations de CALAS ont conduit le ministère de l’Environnement et des ressources naturelles et le Conseil national des zones protégées à refuser la construction de l’usine.
• La Fondation contre le terrorisme, dont les membres incluent d’anciens responsables et partisans de l’armée, affirme que CALAS aurait utilisé des fonds reçus de poderosas entidades internacionales (entités internationales puissantes), telles que OXFAM et le gouvernement norvégien, pour fomenter un conflit dans les zones où des activités minières et des monocultures sont pratiquées. Yuri Giovanni Melini Salguero et Pedro Rafael Maldonado Flores sont visés en particulier et accusés d’orchestrer des campagnes de désinformation contre les compagnies minières, dans le but d’inciter au conflit entre les populations indigènes et les entreprises présentes dans ces zones. Ils sont accusés d’avoir mis en danger les progrès économiques du Guatemala et de priver le pays de toute opportunité de développement. Le 4 septembre 2008, Yuri Melini a survécu à une tentative d’assassinat ; il a reçu une balle dans l’abdomen, au genou droit ainsi qu’au fémur gauche.
• Le 30 mai 2013, M. Rubén Herrera de l’Asamblea de Pueblos de Huehuetenango Por La Defensa del Territorio – ADH (Assemblée des villages de Huehuetenango pour la défense du territoire) a été libéré de prison ; il avait été arrêté le 15 mars 2013. Dans l’une des deux affaires, Rubén Herrera était accusé de faux emprisonnement, menaces et incitation à la criminalité, et le juge avait décrété que le ministère Public devait rassembler plus de preuves et avait décidé qu’une nouvelle audience aurait lieu six mois plus tard. Dans l’autre affaire, le juge a décrété qu’il n’y avait aucune preuve indiquant que le défenseur était impliqué, directement ou indirectement, dans les évènements qu’il était accusé d’avoir dirigés. Dans cette affaire, neuf charges pesaient contre Rubén Herrera, dont des accusations graves de terrorisme, enlèvement et menace contre la sécurité de la Nation. Rubén Herrera a été libéré en attendant sa prochaine comparution en novembre. Les accusations portées contre lui sont liées à sa participation présumée à des actions contre le projet hydraulique Santacruz, dirigé par la compagnie Hidralia Energy, à qui le gouvernement a attribué une licence pour construire un barrage hydroélectrique en 2010.
Ce ne sont que quelques exemples de menaces et actes d’intimidation perpétrés contre des défenseur-ses des droits humains qui protègent les témoins du procès historique susmentionné pour génocide, ou qui sont engagés à œuvrer pour la vérité, la mémoire et la justice, ainsi que tous les autres groupes systématiquement pris pour cibles, car ils défendent la terre et l’environnement. Ces actes ont lieu dans un climat de violence et d’intimidation dirigées contre des défenseur-ses des droits humains, y compris les meurtres et la criminalisation des défenseur-ses des droits des populations autochtones, et dans un climat d’impunité pour les coupables d’exactions au Guatemala.
Front Line Defenders appelle les autorités du Guatemala à :
1. Ouvrir immédiatement une enquête impartiale sur l’augmentation du nombre de meurtres et d’agressions contre des organisations de la société civile, des organisations non gouvernementales et des défenseur-ses des droits humains, en vue de publier les conclusions et de traduire les coupables en justice selon les normes internationales ;
2. Créer une commission indépendante pour effectuer une enquête sur le lien entre les campagnes de diffamation et l’augmentation des attaques et des assassinats de défenseur-ses des droits humains.
3. Reconnaître publiquement le rôle positif et légitime des défenseur-ses des droits humains au Guatemala et prendre des mesures pour assurer que les responsables du gouvernement ou d’autres personnalités publiques s’abstiennent de faire des déclarations qui stigmatisent le travail légitime des défenseur-ses des droits humains.
4. Cesser de cibler tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Guatemala et garantir qu’en toutes circonstances, ils-elles puissent mener à bien leurs activités légitimes sans craindre de représailles.
Guatemala:
Front Line Defenders publie une déclaration publique appelant le
gouvernement du Guatemala à mettre fin à la persécution des
organisations de la société civile, des ONG et des défenseur-ses des
droits humains
Depuis le début de l’année 2013, le gouvernement guatémaltèque orchestre une campagne pour criminaliser, discréditer et contrôler les organisations de la société civile (OSC), les organisations non gouvernementales (ONG) et les défenseur-ses des droits humains (DDH).
L’espace sûr dans lequel les défenseur-ses des droits humains travaillent est de plus en plus restreint tandis que leur crédibilité est attaquée par des campagnes de diffamation. L’État du Guatemala, y compris le cabinet présidentiel et le ministère de l’Intérieur, dénigre aussi les DDH en les reliant à des activités terroristes ou en les menaçant de poursuites pénales s’ils continuent à critiquer la politique gouvernementale. L’actuelle vague de répression ne se limite pas aux OSC guatémaltèques ; les organisations internationales qui opèrent dans le pays sont aussi ciblées dans des campagnes médiatiques qui les accusent de financer ou d'alimenter le mécontentement et le conflit.
Entre janvier et septembre 2013, l’Unidad de Protección de Defensoras y Defensores de Derechos Humanos Guatemala – UDEFEGUA (Unité de protection des défenseurs et défenseuses des droits humains du Guatemala) a enregistré 568 attaques contre les DDH, comparés aux 305 signalées pour toute l’année 2012. Outre les menaces et agressions physiques, à la fois la liées au procès de Rios Montt et aux questions des terres et de l’environnement, il y a eu une importante campagne de diffamation bien documentée, qui taxait les DDH de traîtres et d’écoterroristes. 164 cas de diffamation ont été recensés depuis le début de l’année.
Au cours de cette même période, 18 DDH ont été tués et 37 autres ont survécu à des tentatives d’assassinat. L’assassinat de Carlos Alberto Orellana Chávez en août 2013 porte à quatre le nombre de journalistes tués cette année. Cela a conduit le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’expression, Frank La Rue, à critiquer l’administration du Président Otto Pérez Molina pour ne pas avoir endigué la criminalité dans le pays, pour s’être rangé aux côtés des intérêts privés, pour avoir persécuté les leaders sociaux et pour ne pas protéger les journalistes contre l’acharnement judiciaire, les poursuites, les menaces, les agressions physiques et les assassinats. Il décrit les violences comme « un pas en arrière pour la démocratie et le processus de paix du pays ».
Les défenseur-ses des droits humains continuent de vivre dans un climat de peur où le risque d’arrestation est utilisé pour dissuader les gens d’accomplir leur travail en faveur des droits humains ; les menaces de mort (jusqu’ici, 2013 compte 155 menaces écrites et 6 menaces par téléphone), les cambriolages de bureaux, les actes d’intimidation, les enlèvements et les mises sous surveillance sont utilisés pour faire pression sur les DDH, jusqu’à les pousser à choisir entre la sécurité de leur famille et leur engagement envers leur travail. Le prix à payer pour un-e défenseur-se dans une société violente telle que le Guatemala reste très élevé.
Les campagnes de diffamation contre les OSC, les ONG et les DDH sont utilisées non seulement pour intimider et harceler des groupes ou des individus, mais aussi pour saper leur crédibilité et leurs activités légitimes, rogner leur soutien politique et financier.
• Le 2 mai 2013, le Président Otto Pérez Molina a déclaré l’état de siège dans quatre municipalités proches du projet minier d’El Escobal : San Rafael Las Flores et Casillas (département de Santa Rosa), et Jalapa et Mataquescuintla (département de Jalapa). Le 27 avril, un groupe d’habitants opposés aux activités minières ont quitté un camp de résistance proche de la mine. Lorsqu’ils ont passé le portail d’entrée, les gardes ont ouvert le feu contre eux depuis l’autre côté, blessant plus de dix personnes. Cet incident a entraîné des violences ; un policier a été tué et plusieurs véhicules de police ont été incendiés. Depuis, 12 membres du Comité en Defensa de la Vida de San Rafael las Flores ont été pris pour cible et leurs domiciles ont été perquisitionnés par la police et l’armée. Cinq leaders et membres de communauté ont été arrêtés et accusés et au moins 18 mandats d’arrêt ont été lancés contre d’autres personnes. Lors d’une conférence de presse, le Président a déclaré que l’état de siège était nécessaire, car les manifestants ou les groupes du crime organisé tels que le cartel de drogue Zeta étaient en possession d’armes lourdes et d’explosifs. Le ministre de l’Intérieur a dépeint les groupes qui militent contre les mines comme des « marchands de conflits » et a juré de révéler les « structures criminelles qui se cachent derrière… les récentes activités » en lançant une série de raids. L’état de siège permet au gouvernement de saisir les armes, d’arrêter ou détenir les citoyens pour une période indéterminée sans les faire comparaître devant un juge et sans la garantie qu’ils soient représentés par un avocat pendant les interrogatoires. Tous les rassemblements publics ou les manifestations autour de la mine de San Rafael sont interdits. Ces mesures sont aussi utilisées comme moyens de dénigrer et criminaliser les défenseur-ses des droits humains et les organisations, et de les empêcher de mener à bien leurs actions non violentes d’oppositions aux activités minières.
• Le 10 juillet 2013, plusieurs coups de feu ont été tirés devant le domicile de Mme Telma Yolanda Oquelí Veliz del Cid, leader du Frente Norte del Área Metropolitana – FRENAM (Front nord de la zone métropolitaine), un mouvement composé de membres de la communauté qui défend la terre contre l’expansion des activités minières à San José del Golfo et San Pedro Ayampuc, dans le département de Guatemala. L’incident s’est produit peu après le meurtre du défenseur des droits humains M. Santos Fidel Ajau Suret, tué alors qu’il rentrait d’un sit-in pacifique pour protester contre un projet de mine dans le village de La Puya. Yolanda Oquelí a été victime d’une tentative d’assassinat le 13 juin 2012 à cause de son rôle prépondérant dans un mouvement d’opposition à un autre projet de mine dans le village d’El Tambor.
• Le 30 juin et le 1er juillet 2013, un article de quatre pages, en couleur, écrit par la Fundación Contra el Terrorismo -FCT (fondation contre le terrorisme), a été publié par quatre journaux nationaux. Dans cet article, l’organisation de défense des droits humains Centro de Acción Legal, Ambiental y Social de Guatemala – CALAS (Centre d’action légale, environnementale et sociale du Guatemala) et deux de ses leaders, Dr Yuri Giovanni Melini Salguero et M. Pedro Rafael Maldonado Flores étaient dénigrés. CALAS œuvre pour promouvoir la participation des communautés et le respect des droits collectifs des communautés indigènes face aux problèmes environnementaux. CALAS proteste activement contre le projet de construction d’une usine de pétrole liquide dans la zone protégée de Refugio de Vida Silvestre "Punta de Manabique”, à Izabal. Les protestations de CALAS ont conduit le ministère de l’Environnement et des ressources naturelles et le Conseil national des zones protégées à refuser la construction de l’usine.
• La Fondation contre le terrorisme, dont les membres incluent d’anciens responsables et partisans de l’armée, affirme que CALAS aurait utilisé des fonds reçus de poderosas entidades internacionales (entités internationales puissantes), telles que OXFAM et le gouvernement norvégien, pour fomenter un conflit dans les zones où des activités minières et des monocultures sont pratiquées. Yuri Giovanni Melini Salguero et Pedro Rafael Maldonado Flores sont visés en particulier et accusés d’orchestrer des campagnes de désinformation contre les compagnies minières, dans le but d’inciter au conflit entre les populations indigènes et les entreprises présentes dans ces zones. Ils sont accusés d’avoir mis en danger les progrès économiques du Guatemala et de priver le pays de toute opportunité de développement. Le 4 septembre 2008, Yuri Melini a survécu à une tentative d’assassinat ; il a reçu une balle dans l’abdomen, au genou droit ainsi qu’au fémur gauche.
• Le 30 mai 2013, M. Rubén Herrera de l’Asamblea de Pueblos de Huehuetenango Por La Defensa del Territorio – ADH (Assemblée des villages de Huehuetenango pour la défense du territoire) a été libéré de prison ; il avait été arrêté le 15 mars 2013. Dans l’une des deux affaires, Rubén Herrera était accusé de faux emprisonnement, menaces et incitation à la criminalité, et le juge avait décrété que le ministère Public devait rassembler plus de preuves et avait décidé qu’une nouvelle audience aurait lieu six mois plus tard. Dans l’autre affaire, le juge a décrété qu’il n’y avait aucune preuve indiquant que le défenseur était impliqué, directement ou indirectement, dans les évènements qu’il était accusé d’avoir dirigés. Dans cette affaire, neuf charges pesaient contre Rubén Herrera, dont des accusations graves de terrorisme, enlèvement et menace contre la sécurité de la Nation. Rubén Herrera a été libéré en attendant sa prochaine comparution en novembre. Les accusations portées contre lui sont liées à sa participation présumée à des actions contre le projet hydraulique Santacruz, dirigé par la compagnie Hidralia Energy, à qui le gouvernement a attribué une licence pour construire un barrage hydroélectrique en 2010.
Ce ne sont que quelques exemples de menaces et actes d’intimidation perpétrés contre des défenseur-ses des droits humains qui protègent les témoins du procès historique susmentionné pour génocide, ou qui sont engagés à œuvrer pour la vérité, la mémoire et la justice, ainsi que tous les autres groupes systématiquement pris pour cibles, car ils défendent la terre et l’environnement. Ces actes ont lieu dans un climat de violence et d’intimidation dirigées contre des défenseur-ses des droits humains, y compris les meurtres et la criminalisation des défenseur-ses des droits des populations autochtones, et dans un climat d’impunité pour les coupables d’exactions au Guatemala.
Front Line Defenders appelle les autorités du Guatemala à :
1. Ouvrir immédiatement une enquête impartiale sur l’augmentation du nombre de meurtres et d’agressions contre des organisations de la société civile, des organisations non gouvernementales et des défenseur-ses des droits humains, en vue de publier les conclusions et de traduire les coupables en justice selon les normes internationales ;
2. Créer une commission indépendante pour effectuer une enquête sur le lien entre les campagnes de diffamation et l’augmentation des attaques et des assassinats de défenseur-ses des droits humains.
3. Reconnaître publiquement le rôle positif et légitime des défenseur-ses des droits humains au Guatemala et prendre des mesures pour assurer que les responsables du gouvernement ou d’autres personnalités publiques s’abstiennent de faire des déclarations qui stigmatisent le travail légitime des défenseur-ses des droits humains.
4. Cesser de cibler tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Guatemala et garantir qu’en toutes circonstances, ils-elles puissent mener à bien leurs activités légitimes sans craindre de représailles.
- See more at: http://frontlinedefenders.org/fr/node/23949#sthash.a0Im5dsC.dpuf
Depuis le début de l’année 2013, le gouvernement guatémaltèque orchestre une campagne pour criminaliser, discréditer et contrôler les organisations de la société civile (OSC), les organisations non gouvernementales (ONG) et les défenseur-ses des droits humains (DDH).
L’espace sûr dans lequel les défenseur-ses des droits humains travaillent est de plus en plus restreint tandis que leur crédibilité est attaquée par des campagnes de diffamation. L’État du Guatemala, y compris le cabinet présidentiel et le ministère de l’Intérieur, dénigre aussi les DDH en les reliant à des activités terroristes ou en les menaçant de poursuites pénales s’ils continuent à critiquer la politique gouvernementale. L’actuelle vague de répression ne se limite pas aux OSC guatémaltèques ; les organisations internationales qui opèrent dans le pays sont aussi ciblées dans des campagnes médiatiques qui les accusent de financer ou d'alimenter le mécontentement et le conflit.
Entre janvier et septembre 2013, l’Unidad de Protección de Defensoras y Defensores de Derechos Humanos Guatemala – UDEFEGUA (Unité de protection des défenseurs et défenseuses des droits humains du Guatemala) a enregistré 568 attaques contre les DDH, comparés aux 305 signalées pour toute l’année 2012. Outre les menaces et agressions physiques, à la fois la liées au procès de Rios Montt et aux questions des terres et de l’environnement, il y a eu une importante campagne de diffamation bien documentée, qui taxait les DDH de traîtres et d’écoterroristes. 164 cas de diffamation ont été recensés depuis le début de l’année.
Au cours de cette même période, 18 DDH ont été tués et 37 autres ont survécu à des tentatives d’assassinat. L’assassinat de Carlos Alberto Orellana Chávez en août 2013 porte à quatre le nombre de journalistes tués cette année. Cela a conduit le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’expression, Frank La Rue, à critiquer l’administration du Président Otto Pérez Molina pour ne pas avoir endigué la criminalité dans le pays, pour s’être rangé aux côtés des intérêts privés, pour avoir persécuté les leaders sociaux et pour ne pas protéger les journalistes contre l’acharnement judiciaire, les poursuites, les menaces, les agressions physiques et les assassinats. Il décrit les violences comme « un pas en arrière pour la démocratie et le processus de paix du pays ».
Les défenseur-ses des droits humains continuent de vivre dans un climat de peur où le risque d’arrestation est utilisé pour dissuader les gens d’accomplir leur travail en faveur des droits humains ; les menaces de mort (jusqu’ici, 2013 compte 155 menaces écrites et 6 menaces par téléphone), les cambriolages de bureaux, les actes d’intimidation, les enlèvements et les mises sous surveillance sont utilisés pour faire pression sur les DDH, jusqu’à les pousser à choisir entre la sécurité de leur famille et leur engagement envers leur travail. Le prix à payer pour un-e défenseur-se dans une société violente telle que le Guatemala reste très élevé.
Les campagnes de diffamation contre les OSC, les ONG et les DDH sont utilisées non seulement pour intimider et harceler des groupes ou des individus, mais aussi pour saper leur crédibilité et leurs activités légitimes, rogner leur soutien politique et financier.
• Le 2 mai 2013, le Président Otto Pérez Molina a déclaré l’état de siège dans quatre municipalités proches du projet minier d’El Escobal : San Rafael Las Flores et Casillas (département de Santa Rosa), et Jalapa et Mataquescuintla (département de Jalapa). Le 27 avril, un groupe d’habitants opposés aux activités minières ont quitté un camp de résistance proche de la mine. Lorsqu’ils ont passé le portail d’entrée, les gardes ont ouvert le feu contre eux depuis l’autre côté, blessant plus de dix personnes. Cet incident a entraîné des violences ; un policier a été tué et plusieurs véhicules de police ont été incendiés. Depuis, 12 membres du Comité en Defensa de la Vida de San Rafael las Flores ont été pris pour cible et leurs domiciles ont été perquisitionnés par la police et l’armée. Cinq leaders et membres de communauté ont été arrêtés et accusés et au moins 18 mandats d’arrêt ont été lancés contre d’autres personnes. Lors d’une conférence de presse, le Président a déclaré que l’état de siège était nécessaire, car les manifestants ou les groupes du crime organisé tels que le cartel de drogue Zeta étaient en possession d’armes lourdes et d’explosifs. Le ministre de l’Intérieur a dépeint les groupes qui militent contre les mines comme des « marchands de conflits » et a juré de révéler les « structures criminelles qui se cachent derrière… les récentes activités » en lançant une série de raids. L’état de siège permet au gouvernement de saisir les armes, d’arrêter ou détenir les citoyens pour une période indéterminée sans les faire comparaître devant un juge et sans la garantie qu’ils soient représentés par un avocat pendant les interrogatoires. Tous les rassemblements publics ou les manifestations autour de la mine de San Rafael sont interdits. Ces mesures sont aussi utilisées comme moyens de dénigrer et criminaliser les défenseur-ses des droits humains et les organisations, et de les empêcher de mener à bien leurs actions non violentes d’oppositions aux activités minières.
• Le 10 juillet 2013, plusieurs coups de feu ont été tirés devant le domicile de Mme Telma Yolanda Oquelí Veliz del Cid, leader du Frente Norte del Área Metropolitana – FRENAM (Front nord de la zone métropolitaine), un mouvement composé de membres de la communauté qui défend la terre contre l’expansion des activités minières à San José del Golfo et San Pedro Ayampuc, dans le département de Guatemala. L’incident s’est produit peu après le meurtre du défenseur des droits humains M. Santos Fidel Ajau Suret, tué alors qu’il rentrait d’un sit-in pacifique pour protester contre un projet de mine dans le village de La Puya. Yolanda Oquelí a été victime d’une tentative d’assassinat le 13 juin 2012 à cause de son rôle prépondérant dans un mouvement d’opposition à un autre projet de mine dans le village d’El Tambor.
• Le 30 juin et le 1er juillet 2013, un article de quatre pages, en couleur, écrit par la Fundación Contra el Terrorismo -FCT (fondation contre le terrorisme), a été publié par quatre journaux nationaux. Dans cet article, l’organisation de défense des droits humains Centro de Acción Legal, Ambiental y Social de Guatemala – CALAS (Centre d’action légale, environnementale et sociale du Guatemala) et deux de ses leaders, Dr Yuri Giovanni Melini Salguero et M. Pedro Rafael Maldonado Flores étaient dénigrés. CALAS œuvre pour promouvoir la participation des communautés et le respect des droits collectifs des communautés indigènes face aux problèmes environnementaux. CALAS proteste activement contre le projet de construction d’une usine de pétrole liquide dans la zone protégée de Refugio de Vida Silvestre "Punta de Manabique”, à Izabal. Les protestations de CALAS ont conduit le ministère de l’Environnement et des ressources naturelles et le Conseil national des zones protégées à refuser la construction de l’usine.
• La Fondation contre le terrorisme, dont les membres incluent d’anciens responsables et partisans de l’armée, affirme que CALAS aurait utilisé des fonds reçus de poderosas entidades internacionales (entités internationales puissantes), telles que OXFAM et le gouvernement norvégien, pour fomenter un conflit dans les zones où des activités minières et des monocultures sont pratiquées. Yuri Giovanni Melini Salguero et Pedro Rafael Maldonado Flores sont visés en particulier et accusés d’orchestrer des campagnes de désinformation contre les compagnies minières, dans le but d’inciter au conflit entre les populations indigènes et les entreprises présentes dans ces zones. Ils sont accusés d’avoir mis en danger les progrès économiques du Guatemala et de priver le pays de toute opportunité de développement. Le 4 septembre 2008, Yuri Melini a survécu à une tentative d’assassinat ; il a reçu une balle dans l’abdomen, au genou droit ainsi qu’au fémur gauche.
• Le 30 mai 2013, M. Rubén Herrera de l’Asamblea de Pueblos de Huehuetenango Por La Defensa del Territorio – ADH (Assemblée des villages de Huehuetenango pour la défense du territoire) a été libéré de prison ; il avait été arrêté le 15 mars 2013. Dans l’une des deux affaires, Rubén Herrera était accusé de faux emprisonnement, menaces et incitation à la criminalité, et le juge avait décrété que le ministère Public devait rassembler plus de preuves et avait décidé qu’une nouvelle audience aurait lieu six mois plus tard. Dans l’autre affaire, le juge a décrété qu’il n’y avait aucune preuve indiquant que le défenseur était impliqué, directement ou indirectement, dans les évènements qu’il était accusé d’avoir dirigés. Dans cette affaire, neuf charges pesaient contre Rubén Herrera, dont des accusations graves de terrorisme, enlèvement et menace contre la sécurité de la Nation. Rubén Herrera a été libéré en attendant sa prochaine comparution en novembre. Les accusations portées contre lui sont liées à sa participation présumée à des actions contre le projet hydraulique Santacruz, dirigé par la compagnie Hidralia Energy, à qui le gouvernement a attribué une licence pour construire un barrage hydroélectrique en 2010.
Ce ne sont que quelques exemples de menaces et actes d’intimidation perpétrés contre des défenseur-ses des droits humains qui protègent les témoins du procès historique susmentionné pour génocide, ou qui sont engagés à œuvrer pour la vérité, la mémoire et la justice, ainsi que tous les autres groupes systématiquement pris pour cibles, car ils défendent la terre et l’environnement. Ces actes ont lieu dans un climat de violence et d’intimidation dirigées contre des défenseur-ses des droits humains, y compris les meurtres et la criminalisation des défenseur-ses des droits des populations autochtones, et dans un climat d’impunité pour les coupables d’exactions au Guatemala.
Front Line Defenders appelle les autorités du Guatemala à :
1. Ouvrir immédiatement une enquête impartiale sur l’augmentation du nombre de meurtres et d’agressions contre des organisations de la société civile, des organisations non gouvernementales et des défenseur-ses des droits humains, en vue de publier les conclusions et de traduire les coupables en justice selon les normes internationales ;
2. Créer une commission indépendante pour effectuer une enquête sur le lien entre les campagnes de diffamation et l’augmentation des attaques et des assassinats de défenseur-ses des droits humains.
3. Reconnaître publiquement le rôle positif et légitime des défenseur-ses des droits humains au Guatemala et prendre des mesures pour assurer que les responsables du gouvernement ou d’autres personnalités publiques s’abstiennent de faire des déclarations qui stigmatisent le travail légitime des défenseur-ses des droits humains.
4. Cesser de cibler tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Guatemala et garantir qu’en toutes circonstances, ils-elles puissent mener à bien leurs activités légitimes sans craindre de représailles.
Guatemala:
Front Line Defenders publie une déclaration publique appelant le
gouvernement du Guatemala à mettre fin à la persécution des
organisations de la société civile, des ONG et des défenseur-ses des
droits humains
Depuis le début de l’année 2013, le gouvernement guatémaltèque orchestre une campagne pour criminaliser, discréditer et contrôler les organisations de la société civile (OSC), les organisations non gouvernementales (ONG) et les défenseur-ses des droits humains (DDH).
L’espace sûr dans lequel les défenseur-ses des droits humains travaillent est de plus en plus restreint tandis que leur crédibilité est attaquée par des campagnes de diffamation. L’État du Guatemala, y compris le cabinet présidentiel et le ministère de l’Intérieur, dénigre aussi les DDH en les reliant à des activités terroristes ou en les menaçant de poursuites pénales s’ils continuent à critiquer la politique gouvernementale. L’actuelle vague de répression ne se limite pas aux OSC guatémaltèques ; les organisations internationales qui opèrent dans le pays sont aussi ciblées dans des campagnes médiatiques qui les accusent de financer ou d'alimenter le mécontentement et le conflit.
Entre janvier et septembre 2013, l’Unidad de Protección de Defensoras y Defensores de Derechos Humanos Guatemala – UDEFEGUA (Unité de protection des défenseurs et défenseuses des droits humains du Guatemala) a enregistré 568 attaques contre les DDH, comparés aux 305 signalées pour toute l’année 2012. Outre les menaces et agressions physiques, à la fois la liées au procès de Rios Montt et aux questions des terres et de l’environnement, il y a eu une importante campagne de diffamation bien documentée, qui taxait les DDH de traîtres et d’écoterroristes. 164 cas de diffamation ont été recensés depuis le début de l’année.
Au cours de cette même période, 18 DDH ont été tués et 37 autres ont survécu à des tentatives d’assassinat. L’assassinat de Carlos Alberto Orellana Chávez en août 2013 porte à quatre le nombre de journalistes tués cette année. Cela a conduit le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’expression, Frank La Rue, à critiquer l’administration du Président Otto Pérez Molina pour ne pas avoir endigué la criminalité dans le pays, pour s’être rangé aux côtés des intérêts privés, pour avoir persécuté les leaders sociaux et pour ne pas protéger les journalistes contre l’acharnement judiciaire, les poursuites, les menaces, les agressions physiques et les assassinats. Il décrit les violences comme « un pas en arrière pour la démocratie et le processus de paix du pays ».
Les défenseur-ses des droits humains continuent de vivre dans un climat de peur où le risque d’arrestation est utilisé pour dissuader les gens d’accomplir leur travail en faveur des droits humains ; les menaces de mort (jusqu’ici, 2013 compte 155 menaces écrites et 6 menaces par téléphone), les cambriolages de bureaux, les actes d’intimidation, les enlèvements et les mises sous surveillance sont utilisés pour faire pression sur les DDH, jusqu’à les pousser à choisir entre la sécurité de leur famille et leur engagement envers leur travail. Le prix à payer pour un-e défenseur-se dans une société violente telle que le Guatemala reste très élevé.
Les campagnes de diffamation contre les OSC, les ONG et les DDH sont utilisées non seulement pour intimider et harceler des groupes ou des individus, mais aussi pour saper leur crédibilité et leurs activités légitimes, rogner leur soutien politique et financier.
• Le 2 mai 2013, le Président Otto Pérez Molina a déclaré l’état de siège dans quatre municipalités proches du projet minier d’El Escobal : San Rafael Las Flores et Casillas (département de Santa Rosa), et Jalapa et Mataquescuintla (département de Jalapa). Le 27 avril, un groupe d’habitants opposés aux activités minières ont quitté un camp de résistance proche de la mine. Lorsqu’ils ont passé le portail d’entrée, les gardes ont ouvert le feu contre eux depuis l’autre côté, blessant plus de dix personnes. Cet incident a entraîné des violences ; un policier a été tué et plusieurs véhicules de police ont été incendiés. Depuis, 12 membres du Comité en Defensa de la Vida de San Rafael las Flores ont été pris pour cible et leurs domiciles ont été perquisitionnés par la police et l’armée. Cinq leaders et membres de communauté ont été arrêtés et accusés et au moins 18 mandats d’arrêt ont été lancés contre d’autres personnes. Lors d’une conférence de presse, le Président a déclaré que l’état de siège était nécessaire, car les manifestants ou les groupes du crime organisé tels que le cartel de drogue Zeta étaient en possession d’armes lourdes et d’explosifs. Le ministre de l’Intérieur a dépeint les groupes qui militent contre les mines comme des « marchands de conflits » et a juré de révéler les « structures criminelles qui se cachent derrière… les récentes activités » en lançant une série de raids. L’état de siège permet au gouvernement de saisir les armes, d’arrêter ou détenir les citoyens pour une période indéterminée sans les faire comparaître devant un juge et sans la garantie qu’ils soient représentés par un avocat pendant les interrogatoires. Tous les rassemblements publics ou les manifestations autour de la mine de San Rafael sont interdits. Ces mesures sont aussi utilisées comme moyens de dénigrer et criminaliser les défenseur-ses des droits humains et les organisations, et de les empêcher de mener à bien leurs actions non violentes d’oppositions aux activités minières.
• Le 10 juillet 2013, plusieurs coups de feu ont été tirés devant le domicile de Mme Telma Yolanda Oquelí Veliz del Cid, leader du Frente Norte del Área Metropolitana – FRENAM (Front nord de la zone métropolitaine), un mouvement composé de membres de la communauté qui défend la terre contre l’expansion des activités minières à San José del Golfo et San Pedro Ayampuc, dans le département de Guatemala. L’incident s’est produit peu après le meurtre du défenseur des droits humains M. Santos Fidel Ajau Suret, tué alors qu’il rentrait d’un sit-in pacifique pour protester contre un projet de mine dans le village de La Puya. Yolanda Oquelí a été victime d’une tentative d’assassinat le 13 juin 2012 à cause de son rôle prépondérant dans un mouvement d’opposition à un autre projet de mine dans le village d’El Tambor.
• Le 30 juin et le 1er juillet 2013, un article de quatre pages, en couleur, écrit par la Fundación Contra el Terrorismo -FCT (fondation contre le terrorisme), a été publié par quatre journaux nationaux. Dans cet article, l’organisation de défense des droits humains Centro de Acción Legal, Ambiental y Social de Guatemala – CALAS (Centre d’action légale, environnementale et sociale du Guatemala) et deux de ses leaders, Dr Yuri Giovanni Melini Salguero et M. Pedro Rafael Maldonado Flores étaient dénigrés. CALAS œuvre pour promouvoir la participation des communautés et le respect des droits collectifs des communautés indigènes face aux problèmes environnementaux. CALAS proteste activement contre le projet de construction d’une usine de pétrole liquide dans la zone protégée de Refugio de Vida Silvestre "Punta de Manabique”, à Izabal. Les protestations de CALAS ont conduit le ministère de l’Environnement et des ressources naturelles et le Conseil national des zones protégées à refuser la construction de l’usine.
• La Fondation contre le terrorisme, dont les membres incluent d’anciens responsables et partisans de l’armée, affirme que CALAS aurait utilisé des fonds reçus de poderosas entidades internacionales (entités internationales puissantes), telles que OXFAM et le gouvernement norvégien, pour fomenter un conflit dans les zones où des activités minières et des monocultures sont pratiquées. Yuri Giovanni Melini Salguero et Pedro Rafael Maldonado Flores sont visés en particulier et accusés d’orchestrer des campagnes de désinformation contre les compagnies minières, dans le but d’inciter au conflit entre les populations indigènes et les entreprises présentes dans ces zones. Ils sont accusés d’avoir mis en danger les progrès économiques du Guatemala et de priver le pays de toute opportunité de développement. Le 4 septembre 2008, Yuri Melini a survécu à une tentative d’assassinat ; il a reçu une balle dans l’abdomen, au genou droit ainsi qu’au fémur gauche.
• Le 30 mai 2013, M. Rubén Herrera de l’Asamblea de Pueblos de Huehuetenango Por La Defensa del Territorio – ADH (Assemblée des villages de Huehuetenango pour la défense du territoire) a été libéré de prison ; il avait été arrêté le 15 mars 2013. Dans l’une des deux affaires, Rubén Herrera était accusé de faux emprisonnement, menaces et incitation à la criminalité, et le juge avait décrété que le ministère Public devait rassembler plus de preuves et avait décidé qu’une nouvelle audience aurait lieu six mois plus tard. Dans l’autre affaire, le juge a décrété qu’il n’y avait aucune preuve indiquant que le défenseur était impliqué, directement ou indirectement, dans les évènements qu’il était accusé d’avoir dirigés. Dans cette affaire, neuf charges pesaient contre Rubén Herrera, dont des accusations graves de terrorisme, enlèvement et menace contre la sécurité de la Nation. Rubén Herrera a été libéré en attendant sa prochaine comparution en novembre. Les accusations portées contre lui sont liées à sa participation présumée à des actions contre le projet hydraulique Santacruz, dirigé par la compagnie Hidralia Energy, à qui le gouvernement a attribué une licence pour construire un barrage hydroélectrique en 2010.
Ce ne sont que quelques exemples de menaces et actes d’intimidation perpétrés contre des défenseur-ses des droits humains qui protègent les témoins du procès historique susmentionné pour génocide, ou qui sont engagés à œuvrer pour la vérité, la mémoire et la justice, ainsi que tous les autres groupes systématiquement pris pour cibles, car ils défendent la terre et l’environnement. Ces actes ont lieu dans un climat de violence et d’intimidation dirigées contre des défenseur-ses des droits humains, y compris les meurtres et la criminalisation des défenseur-ses des droits des populations autochtones, et dans un climat d’impunité pour les coupables d’exactions au Guatemala.
Front Line Defenders appelle les autorités du Guatemala à :
1. Ouvrir immédiatement une enquête impartiale sur l’augmentation du nombre de meurtres et d’agressions contre des organisations de la société civile, des organisations non gouvernementales et des défenseur-ses des droits humains, en vue de publier les conclusions et de traduire les coupables en justice selon les normes internationales ;
2. Créer une commission indépendante pour effectuer une enquête sur le lien entre les campagnes de diffamation et l’augmentation des attaques et des assassinats de défenseur-ses des droits humains.
3. Reconnaître publiquement le rôle positif et légitime des défenseur-ses des droits humains au Guatemala et prendre des mesures pour assurer que les responsables du gouvernement ou d’autres personnalités publiques s’abstiennent de faire des déclarations qui stigmatisent le travail légitime des défenseur-ses des droits humains.
4. Cesser de cibler tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Guatemala et garantir qu’en toutes circonstances, ils-elles puissent mener à bien leurs activités légitimes sans craindre de représailles.
- See more at: http://frontlinedefenders.org/fr/node/23949#sthash.a0Im5dsC.dpuf
Depuis le début de l’année 2013, le gouvernement guatémaltèque orchestre une campagne pour criminaliser, discréditer et contrôler les organisations de la société civile (OSC), les organisations non gouvernementales (ONG) et les défenseur-ses des droits humains (DDH).
L’espace sûr dans lequel les défenseur-ses des droits humains travaillent est de plus en plus restreint tandis que leur crédibilité est attaquée par des campagnes de diffamation. L’État du Guatemala, y compris le cabinet présidentiel et le ministère de l’Intérieur, dénigre aussi les DDH en les reliant à des activités terroristes ou en les menaçant de poursuites pénales s’ils continuent à critiquer la politique gouvernementale. L’actuelle vague de répression ne se limite pas aux OSC guatémaltèques ; les organisations internationales qui opèrent dans le pays sont aussi ciblées dans des campagnes médiatiques qui les accusent de financer ou d'alimenter le mécontentement et le conflit.
Entre janvier et septembre 2013, l’Unidad de Protección de Defensoras y Defensores de Derechos Humanos Guatemala – UDEFEGUA (Unité de protection des défenseurs et défenseuses des droits humains du Guatemala) a enregistré 568 attaques contre les DDH, comparés aux 305 signalées pour toute l’année 2012. Outre les menaces et agressions physiques, à la fois la liées au procès de Rios Montt et aux questions des terres et de l’environnement, il y a eu une importante campagne de diffamation bien documentée, qui taxait les DDH de traîtres et d’écoterroristes. 164 cas de diffamation ont été recensés depuis le début de l’année.
Au cours de cette même période, 18 DDH ont été tués et 37 autres ont survécu à des tentatives d’assassinat. L’assassinat de Carlos Alberto Orellana Chávez en août 2013 porte à quatre le nombre de journalistes tués cette année. Cela a conduit le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’expression, Frank La Rue, à critiquer l’administration du Président Otto Pérez Molina pour ne pas avoir endigué la criminalité dans le pays, pour s’être rangé aux côtés des intérêts privés, pour avoir persécuté les leaders sociaux et pour ne pas protéger les journalistes contre l’acharnement judiciaire, les poursuites, les menaces, les agressions physiques et les assassinats. Il décrit les violences comme « un pas en arrière pour la démocratie et le processus de paix du pays ».
Les défenseur-ses des droits humains continuent de vivre dans un climat de peur où le risque d’arrestation est utilisé pour dissuader les gens d’accomplir leur travail en faveur des droits humains ; les menaces de mort (jusqu’ici, 2013 compte 155 menaces écrites et 6 menaces par téléphone), les cambriolages de bureaux, les actes d’intimidation, les enlèvements et les mises sous surveillance sont utilisés pour faire pression sur les DDH, jusqu’à les pousser à choisir entre la sécurité de leur famille et leur engagement envers leur travail. Le prix à payer pour un-e défenseur-se dans une société violente telle que le Guatemala reste très élevé.
Les campagnes de diffamation contre les OSC, les ONG et les DDH sont utilisées non seulement pour intimider et harceler des groupes ou des individus, mais aussi pour saper leur crédibilité et leurs activités légitimes, rogner leur soutien politique et financier.
• Le 2 mai 2013, le Président Otto Pérez Molina a déclaré l’état de siège dans quatre municipalités proches du projet minier d’El Escobal : San Rafael Las Flores et Casillas (département de Santa Rosa), et Jalapa et Mataquescuintla (département de Jalapa). Le 27 avril, un groupe d’habitants opposés aux activités minières ont quitté un camp de résistance proche de la mine. Lorsqu’ils ont passé le portail d’entrée, les gardes ont ouvert le feu contre eux depuis l’autre côté, blessant plus de dix personnes. Cet incident a entraîné des violences ; un policier a été tué et plusieurs véhicules de police ont été incendiés. Depuis, 12 membres du Comité en Defensa de la Vida de San Rafael las Flores ont été pris pour cible et leurs domiciles ont été perquisitionnés par la police et l’armée. Cinq leaders et membres de communauté ont été arrêtés et accusés et au moins 18 mandats d’arrêt ont été lancés contre d’autres personnes. Lors d’une conférence de presse, le Président a déclaré que l’état de siège était nécessaire, car les manifestants ou les groupes du crime organisé tels que le cartel de drogue Zeta étaient en possession d’armes lourdes et d’explosifs. Le ministre de l’Intérieur a dépeint les groupes qui militent contre les mines comme des « marchands de conflits » et a juré de révéler les « structures criminelles qui se cachent derrière… les récentes activités » en lançant une série de raids. L’état de siège permet au gouvernement de saisir les armes, d’arrêter ou détenir les citoyens pour une période indéterminée sans les faire comparaître devant un juge et sans la garantie qu’ils soient représentés par un avocat pendant les interrogatoires. Tous les rassemblements publics ou les manifestations autour de la mine de San Rafael sont interdits. Ces mesures sont aussi utilisées comme moyens de dénigrer et criminaliser les défenseur-ses des droits humains et les organisations, et de les empêcher de mener à bien leurs actions non violentes d’oppositions aux activités minières.
• Le 10 juillet 2013, plusieurs coups de feu ont été tirés devant le domicile de Mme Telma Yolanda Oquelí Veliz del Cid, leader du Frente Norte del Área Metropolitana – FRENAM (Front nord de la zone métropolitaine), un mouvement composé de membres de la communauté qui défend la terre contre l’expansion des activités minières à San José del Golfo et San Pedro Ayampuc, dans le département de Guatemala. L’incident s’est produit peu après le meurtre du défenseur des droits humains M. Santos Fidel Ajau Suret, tué alors qu’il rentrait d’un sit-in pacifique pour protester contre un projet de mine dans le village de La Puya. Yolanda Oquelí a été victime d’une tentative d’assassinat le 13 juin 2012 à cause de son rôle prépondérant dans un mouvement d’opposition à un autre projet de mine dans le village d’El Tambor.
• Le 30 juin et le 1er juillet 2013, un article de quatre pages, en couleur, écrit par la Fundación Contra el Terrorismo -FCT (fondation contre le terrorisme), a été publié par quatre journaux nationaux. Dans cet article, l’organisation de défense des droits humains Centro de Acción Legal, Ambiental y Social de Guatemala – CALAS (Centre d’action légale, environnementale et sociale du Guatemala) et deux de ses leaders, Dr Yuri Giovanni Melini Salguero et M. Pedro Rafael Maldonado Flores étaient dénigrés. CALAS œuvre pour promouvoir la participation des communautés et le respect des droits collectifs des communautés indigènes face aux problèmes environnementaux. CALAS proteste activement contre le projet de construction d’une usine de pétrole liquide dans la zone protégée de Refugio de Vida Silvestre "Punta de Manabique”, à Izabal. Les protestations de CALAS ont conduit le ministère de l’Environnement et des ressources naturelles et le Conseil national des zones protégées à refuser la construction de l’usine.
• La Fondation contre le terrorisme, dont les membres incluent d’anciens responsables et partisans de l’armée, affirme que CALAS aurait utilisé des fonds reçus de poderosas entidades internacionales (entités internationales puissantes), telles que OXFAM et le gouvernement norvégien, pour fomenter un conflit dans les zones où des activités minières et des monocultures sont pratiquées. Yuri Giovanni Melini Salguero et Pedro Rafael Maldonado Flores sont visés en particulier et accusés d’orchestrer des campagnes de désinformation contre les compagnies minières, dans le but d’inciter au conflit entre les populations indigènes et les entreprises présentes dans ces zones. Ils sont accusés d’avoir mis en danger les progrès économiques du Guatemala et de priver le pays de toute opportunité de développement. Le 4 septembre 2008, Yuri Melini a survécu à une tentative d’assassinat ; il a reçu une balle dans l’abdomen, au genou droit ainsi qu’au fémur gauche.
• Le 30 mai 2013, M. Rubén Herrera de l’Asamblea de Pueblos de Huehuetenango Por La Defensa del Territorio – ADH (Assemblée des villages de Huehuetenango pour la défense du territoire) a été libéré de prison ; il avait été arrêté le 15 mars 2013. Dans l’une des deux affaires, Rubén Herrera était accusé de faux emprisonnement, menaces et incitation à la criminalité, et le juge avait décrété que le ministère Public devait rassembler plus de preuves et avait décidé qu’une nouvelle audience aurait lieu six mois plus tard. Dans l’autre affaire, le juge a décrété qu’il n’y avait aucune preuve indiquant que le défenseur était impliqué, directement ou indirectement, dans les évènements qu’il était accusé d’avoir dirigés. Dans cette affaire, neuf charges pesaient contre Rubén Herrera, dont des accusations graves de terrorisme, enlèvement et menace contre la sécurité de la Nation. Rubén Herrera a été libéré en attendant sa prochaine comparution en novembre. Les accusations portées contre lui sont liées à sa participation présumée à des actions contre le projet hydraulique Santacruz, dirigé par la compagnie Hidralia Energy, à qui le gouvernement a attribué une licence pour construire un barrage hydroélectrique en 2010.
Ce ne sont que quelques exemples de menaces et actes d’intimidation perpétrés contre des défenseur-ses des droits humains qui protègent les témoins du procès historique susmentionné pour génocide, ou qui sont engagés à œuvrer pour la vérité, la mémoire et la justice, ainsi que tous les autres groupes systématiquement pris pour cibles, car ils défendent la terre et l’environnement. Ces actes ont lieu dans un climat de violence et d’intimidation dirigées contre des défenseur-ses des droits humains, y compris les meurtres et la criminalisation des défenseur-ses des droits des populations autochtones, et dans un climat d’impunité pour les coupables d’exactions au Guatemala.
Front Line Defenders appelle les autorités du Guatemala à :
1. Ouvrir immédiatement une enquête impartiale sur l’augmentation du nombre de meurtres et d’agressions contre des organisations de la société civile, des organisations non gouvernementales et des défenseur-ses des droits humains, en vue de publier les conclusions et de traduire les coupables en justice selon les normes internationales ;
2. Créer une commission indépendante pour effectuer une enquête sur le lien entre les campagnes de diffamation et l’augmentation des attaques et des assassinats de défenseur-ses des droits humains.
3. Reconnaître publiquement le rôle positif et légitime des défenseur-ses des droits humains au Guatemala et prendre des mesures pour assurer que les responsables du gouvernement ou d’autres personnalités publiques s’abstiennent de faire des déclarations qui stigmatisent le travail légitime des défenseur-ses des droits humains.
4. Cesser de cibler tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Guatemala et garantir qu’en toutes circonstances, ils-elles puissent mener à bien leurs activités légitimes sans craindre de représailles.
Guatemala:
Front Line Defenders publie une déclaration publique appelant le
gouvernement du Guatemala à mettre fin à la persécution des
organisations de la société civile, des ONG et des défenseur-ses des
droits humains
Depuis le début de l’année 2013, le gouvernement guatémaltèque orchestre une campagne pour criminaliser, discréditer et contrôler les organisations de la société civile (OSC), les organisations non gouvernementales (ONG) et les défenseur-ses des droits humains (DDH).
L’espace sûr dans lequel les défenseur-ses des droits humains travaillent est de plus en plus restreint tandis que leur crédibilité est attaquée par des campagnes de diffamation. L’État du Guatemala, y compris le cabinet présidentiel et le ministère de l’Intérieur, dénigre aussi les DDH en les reliant à des activités terroristes ou en les menaçant de poursuites pénales s’ils continuent à critiquer la politique gouvernementale. L’actuelle vague de répression ne se limite pas aux OSC guatémaltèques ; les organisations internationales qui opèrent dans le pays sont aussi ciblées dans des campagnes médiatiques qui les accusent de financer ou d'alimenter le mécontentement et le conflit.
Entre janvier et septembre 2013, l’Unidad de Protección de Defensoras y Defensores de Derechos Humanos Guatemala – UDEFEGUA (Unité de protection des défenseurs et défenseuses des droits humains du Guatemala) a enregistré 568 attaques contre les DDH, comparés aux 305 signalées pour toute l’année 2012. Outre les menaces et agressions physiques, à la fois la liées au procès de Rios Montt et aux questions des terres et de l’environnement, il y a eu une importante campagne de diffamation bien documentée, qui taxait les DDH de traîtres et d’écoterroristes. 164 cas de diffamation ont été recensés depuis le début de l’année.
Au cours de cette même période, 18 DDH ont été tués et 37 autres ont survécu à des tentatives d’assassinat. L’assassinat de Carlos Alberto Orellana Chávez en août 2013 porte à quatre le nombre de journalistes tués cette année. Cela a conduit le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’expression, Frank La Rue, à critiquer l’administration du Président Otto Pérez Molina pour ne pas avoir endigué la criminalité dans le pays, pour s’être rangé aux côtés des intérêts privés, pour avoir persécuté les leaders sociaux et pour ne pas protéger les journalistes contre l’acharnement judiciaire, les poursuites, les menaces, les agressions physiques et les assassinats. Il décrit les violences comme « un pas en arrière pour la démocratie et le processus de paix du pays ».
Les défenseur-ses des droits humains continuent de vivre dans un climat de peur où le risque d’arrestation est utilisé pour dissuader les gens d’accomplir leur travail en faveur des droits humains ; les menaces de mort (jusqu’ici, 2013 compte 155 menaces écrites et 6 menaces par téléphone), les cambriolages de bureaux, les actes d’intimidation, les enlèvements et les mises sous surveillance sont utilisés pour faire pression sur les DDH, jusqu’à les pousser à choisir entre la sécurité de leur famille et leur engagement envers leur travail. Le prix à payer pour un-e défenseur-se dans une société violente telle que le Guatemala reste très élevé.
Les campagnes de diffamation contre les OSC, les ONG et les DDH sont utilisées non seulement pour intimider et harceler des groupes ou des individus, mais aussi pour saper leur crédibilité et leurs activités légitimes, rogner leur soutien politique et financier.
• Le 2 mai 2013, le Président Otto Pérez Molina a déclaré l’état de siège dans quatre municipalités proches du projet minier d’El Escobal : San Rafael Las Flores et Casillas (département de Santa Rosa), et Jalapa et Mataquescuintla (département de Jalapa). Le 27 avril, un groupe d’habitants opposés aux activités minières ont quitté un camp de résistance proche de la mine. Lorsqu’ils ont passé le portail d’entrée, les gardes ont ouvert le feu contre eux depuis l’autre côté, blessant plus de dix personnes. Cet incident a entraîné des violences ; un policier a été tué et plusieurs véhicules de police ont été incendiés. Depuis, 12 membres du Comité en Defensa de la Vida de San Rafael las Flores ont été pris pour cible et leurs domiciles ont été perquisitionnés par la police et l’armée. Cinq leaders et membres de communauté ont été arrêtés et accusés et au moins 18 mandats d’arrêt ont été lancés contre d’autres personnes. Lors d’une conférence de presse, le Président a déclaré que l’état de siège était nécessaire, car les manifestants ou les groupes du crime organisé tels que le cartel de drogue Zeta étaient en possession d’armes lourdes et d’explosifs. Le ministre de l’Intérieur a dépeint les groupes qui militent contre les mines comme des « marchands de conflits » et a juré de révéler les « structures criminelles qui se cachent derrière… les récentes activités » en lançant une série de raids. L’état de siège permet au gouvernement de saisir les armes, d’arrêter ou détenir les citoyens pour une période indéterminée sans les faire comparaître devant un juge et sans la garantie qu’ils soient représentés par un avocat pendant les interrogatoires. Tous les rassemblements publics ou les manifestations autour de la mine de San Rafael sont interdits. Ces mesures sont aussi utilisées comme moyens de dénigrer et criminaliser les défenseur-ses des droits humains et les organisations, et de les empêcher de mener à bien leurs actions non violentes d’oppositions aux activités minières.
• Le 10 juillet 2013, plusieurs coups de feu ont été tirés devant le domicile de Mme Telma Yolanda Oquelí Veliz del Cid, leader du Frente Norte del Área Metropolitana – FRENAM (Front nord de la zone métropolitaine), un mouvement composé de membres de la communauté qui défend la terre contre l’expansion des activités minières à San José del Golfo et San Pedro Ayampuc, dans le département de Guatemala. L’incident s’est produit peu après le meurtre du défenseur des droits humains M. Santos Fidel Ajau Suret, tué alors qu’il rentrait d’un sit-in pacifique pour protester contre un projet de mine dans le village de La Puya. Yolanda Oquelí a été victime d’une tentative d’assassinat le 13 juin 2012 à cause de son rôle prépondérant dans un mouvement d’opposition à un autre projet de mine dans le village d’El Tambor.
• Le 30 juin et le 1er juillet 2013, un article de quatre pages, en couleur, écrit par la Fundación Contra el Terrorismo -FCT (fondation contre le terrorisme), a été publié par quatre journaux nationaux. Dans cet article, l’organisation de défense des droits humains Centro de Acción Legal, Ambiental y Social de Guatemala – CALAS (Centre d’action légale, environnementale et sociale du Guatemala) et deux de ses leaders, Dr Yuri Giovanni Melini Salguero et M. Pedro Rafael Maldonado Flores étaient dénigrés. CALAS œuvre pour promouvoir la participation des communautés et le respect des droits collectifs des communautés indigènes face aux problèmes environnementaux. CALAS proteste activement contre le projet de construction d’une usine de pétrole liquide dans la zone protégée de Refugio de Vida Silvestre "Punta de Manabique”, à Izabal. Les protestations de CALAS ont conduit le ministère de l’Environnement et des ressources naturelles et le Conseil national des zones protégées à refuser la construction de l’usine.
• La Fondation contre le terrorisme, dont les membres incluent d’anciens responsables et partisans de l’armée, affirme que CALAS aurait utilisé des fonds reçus de poderosas entidades internacionales (entités internationales puissantes), telles que OXFAM et le gouvernement norvégien, pour fomenter un conflit dans les zones où des activités minières et des monocultures sont pratiquées. Yuri Giovanni Melini Salguero et Pedro Rafael Maldonado Flores sont visés en particulier et accusés d’orchestrer des campagnes de désinformation contre les compagnies minières, dans le but d’inciter au conflit entre les populations indigènes et les entreprises présentes dans ces zones. Ils sont accusés d’avoir mis en danger les progrès économiques du Guatemala et de priver le pays de toute opportunité de développement. Le 4 septembre 2008, Yuri Melini a survécu à une tentative d’assassinat ; il a reçu une balle dans l’abdomen, au genou droit ainsi qu’au fémur gauche.
• Le 30 mai 2013, M. Rubén Herrera de l’Asamblea de Pueblos de Huehuetenango Por La Defensa del Territorio – ADH (Assemblée des villages de Huehuetenango pour la défense du territoire) a été libéré de prison ; il avait été arrêté le 15 mars 2013. Dans l’une des deux affaires, Rubén Herrera était accusé de faux emprisonnement, menaces et incitation à la criminalité, et le juge avait décrété que le ministère Public devait rassembler plus de preuves et avait décidé qu’une nouvelle audience aurait lieu six mois plus tard. Dans l’autre affaire, le juge a décrété qu’il n’y avait aucune preuve indiquant que le défenseur était impliqué, directement ou indirectement, dans les évènements qu’il était accusé d’avoir dirigés. Dans cette affaire, neuf charges pesaient contre Rubén Herrera, dont des accusations graves de terrorisme, enlèvement et menace contre la sécurité de la Nation. Rubén Herrera a été libéré en attendant sa prochaine comparution en novembre. Les accusations portées contre lui sont liées à sa participation présumée à des actions contre le projet hydraulique Santacruz, dirigé par la compagnie Hidralia Energy, à qui le gouvernement a attribué une licence pour construire un barrage hydroélectrique en 2010.
Ce ne sont que quelques exemples de menaces et actes d’intimidation perpétrés contre des défenseur-ses des droits humains qui protègent les témoins du procès historique susmentionné pour génocide, ou qui sont engagés à œuvrer pour la vérité, la mémoire et la justice, ainsi que tous les autres groupes systématiquement pris pour cibles, car ils défendent la terre et l’environnement. Ces actes ont lieu dans un climat de violence et d’intimidation dirigées contre des défenseur-ses des droits humains, y compris les meurtres et la criminalisation des défenseur-ses des droits des populations autochtones, et dans un climat d’impunité pour les coupables d’exactions au Guatemala.
Front Line Defenders appelle les autorités du Guatemala à :
1. Ouvrir immédiatement une enquête impartiale sur l’augmentation du nombre de meurtres et d’agressions contre des organisations de la société civile, des organisations non gouvernementales et des défenseur-ses des droits humains, en vue de publier les conclusions et de traduire les coupables en justice selon les normes internationales ;
2. Créer une commission indépendante pour effectuer une enquête sur le lien entre les campagnes de diffamation et l’augmentation des attaques et des assassinats de défenseur-ses des droits humains.
3. Reconnaître publiquement le rôle positif et légitime des défenseur-ses des droits humains au Guatemala et prendre des mesures pour assurer que les responsables du gouvernement ou d’autres personnalités publiques s’abstiennent de faire des déclarations qui stigmatisent le travail légitime des défenseur-ses des droits humains.
4. Cesser de cibler tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Guatemala et garantir qu’en toutes circonstances, ils-elles puissent mener à bien leurs activités légitimes sans craindre de représailles.
- See more at: http://frontlinedefenders.org/fr/node/23949#sthash.a0Im5dsC.dpuf
Depuis le début de l’année 2013, le gouvernement guatémaltèque orchestre une campagne pour criminaliser, discréditer et contrôler les organisations de la société civile (OSC), les organisations non gouvernementales (ONG) et les défenseur-ses des droits humains (DDH).
L’espace sûr dans lequel les défenseur-ses des droits humains travaillent est de plus en plus restreint tandis que leur crédibilité est attaquée par des campagnes de diffamation. L’État du Guatemala, y compris le cabinet présidentiel et le ministère de l’Intérieur, dénigre aussi les DDH en les reliant à des activités terroristes ou en les menaçant de poursuites pénales s’ils continuent à critiquer la politique gouvernementale. L’actuelle vague de répression ne se limite pas aux OSC guatémaltèques ; les organisations internationales qui opèrent dans le pays sont aussi ciblées dans des campagnes médiatiques qui les accusent de financer ou d'alimenter le mécontentement et le conflit.
Entre janvier et septembre 2013, l’Unidad de Protección de Defensoras y Defensores de Derechos Humanos Guatemala – UDEFEGUA (Unité de protection des défenseurs et défenseuses des droits humains du Guatemala) a enregistré 568 attaques contre les DDH, comparés aux 305 signalées pour toute l’année 2012. Outre les menaces et agressions physiques, à la fois la liées au procès de Rios Montt et aux questions des terres et de l’environnement, il y a eu une importante campagne de diffamation bien documentée, qui taxait les DDH de traîtres et d’écoterroristes. 164 cas de diffamation ont été recensés depuis le début de l’année.
Au cours de cette même période, 18 DDH ont été tués et 37 autres ont survécu à des tentatives d’assassinat. L’assassinat de Carlos Alberto Orellana Chávez en août 2013 porte à quatre le nombre de journalistes tués cette année. Cela a conduit le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d’expression, Frank La Rue, à critiquer l’administration du Président Otto Pérez Molina pour ne pas avoir endigué la criminalité dans le pays, pour s’être rangé aux côtés des intérêts privés, pour avoir persécuté les leaders sociaux et pour ne pas protéger les journalistes contre l’acharnement judiciaire, les poursuites, les menaces, les agressions physiques et les assassinats. Il décrit les violences comme « un pas en arrière pour la démocratie et le processus de paix du pays ».
Les défenseur-ses des droits humains continuent de vivre dans un climat de peur où le risque d’arrestation est utilisé pour dissuader les gens d’accomplir leur travail en faveur des droits humains ; les menaces de mort (jusqu’ici, 2013 compte 155 menaces écrites et 6 menaces par téléphone), les cambriolages de bureaux, les actes d’intimidation, les enlèvements et les mises sous surveillance sont utilisés pour faire pression sur les DDH, jusqu’à les pousser à choisir entre la sécurité de leur famille et leur engagement envers leur travail. Le prix à payer pour un-e défenseur-se dans une société violente telle que le Guatemala reste très élevé.
Les campagnes de diffamation contre les OSC, les ONG et les DDH sont utilisées non seulement pour intimider et harceler des groupes ou des individus, mais aussi pour saper leur crédibilité et leurs activités légitimes, rogner leur soutien politique et financier.
• Le 2 mai 2013, le Président Otto Pérez Molina a déclaré l’état de siège dans quatre municipalités proches du projet minier d’El Escobal : San Rafael Las Flores et Casillas (département de Santa Rosa), et Jalapa et Mataquescuintla (département de Jalapa). Le 27 avril, un groupe d’habitants opposés aux activités minières ont quitté un camp de résistance proche de la mine. Lorsqu’ils ont passé le portail d’entrée, les gardes ont ouvert le feu contre eux depuis l’autre côté, blessant plus de dix personnes. Cet incident a entraîné des violences ; un policier a été tué et plusieurs véhicules de police ont été incendiés. Depuis, 12 membres du Comité en Defensa de la Vida de San Rafael las Flores ont été pris pour cible et leurs domiciles ont été perquisitionnés par la police et l’armée. Cinq leaders et membres de communauté ont été arrêtés et accusés et au moins 18 mandats d’arrêt ont été lancés contre d’autres personnes. Lors d’une conférence de presse, le Président a déclaré que l’état de siège était nécessaire, car les manifestants ou les groupes du crime organisé tels que le cartel de drogue Zeta étaient en possession d’armes lourdes et d’explosifs. Le ministre de l’Intérieur a dépeint les groupes qui militent contre les mines comme des « marchands de conflits » et a juré de révéler les « structures criminelles qui se cachent derrière… les récentes activités » en lançant une série de raids. L’état de siège permet au gouvernement de saisir les armes, d’arrêter ou détenir les citoyens pour une période indéterminée sans les faire comparaître devant un juge et sans la garantie qu’ils soient représentés par un avocat pendant les interrogatoires. Tous les rassemblements publics ou les manifestations autour de la mine de San Rafael sont interdits. Ces mesures sont aussi utilisées comme moyens de dénigrer et criminaliser les défenseur-ses des droits humains et les organisations, et de les empêcher de mener à bien leurs actions non violentes d’oppositions aux activités minières.
• Le 10 juillet 2013, plusieurs coups de feu ont été tirés devant le domicile de Mme Telma Yolanda Oquelí Veliz del Cid, leader du Frente Norte del Área Metropolitana – FRENAM (Front nord de la zone métropolitaine), un mouvement composé de membres de la communauté qui défend la terre contre l’expansion des activités minières à San José del Golfo et San Pedro Ayampuc, dans le département de Guatemala. L’incident s’est produit peu après le meurtre du défenseur des droits humains M. Santos Fidel Ajau Suret, tué alors qu’il rentrait d’un sit-in pacifique pour protester contre un projet de mine dans le village de La Puya. Yolanda Oquelí a été victime d’une tentative d’assassinat le 13 juin 2012 à cause de son rôle prépondérant dans un mouvement d’opposition à un autre projet de mine dans le village d’El Tambor.
• Le 30 juin et le 1er juillet 2013, un article de quatre pages, en couleur, écrit par la Fundación Contra el Terrorismo -FCT (fondation contre le terrorisme), a été publié par quatre journaux nationaux. Dans cet article, l’organisation de défense des droits humains Centro de Acción Legal, Ambiental y Social de Guatemala – CALAS (Centre d’action légale, environnementale et sociale du Guatemala) et deux de ses leaders, Dr Yuri Giovanni Melini Salguero et M. Pedro Rafael Maldonado Flores étaient dénigrés. CALAS œuvre pour promouvoir la participation des communautés et le respect des droits collectifs des communautés indigènes face aux problèmes environnementaux. CALAS proteste activement contre le projet de construction d’une usine de pétrole liquide dans la zone protégée de Refugio de Vida Silvestre "Punta de Manabique”, à Izabal. Les protestations de CALAS ont conduit le ministère de l’Environnement et des ressources naturelles et le Conseil national des zones protégées à refuser la construction de l’usine.
• La Fondation contre le terrorisme, dont les membres incluent d’anciens responsables et partisans de l’armée, affirme que CALAS aurait utilisé des fonds reçus de poderosas entidades internacionales (entités internationales puissantes), telles que OXFAM et le gouvernement norvégien, pour fomenter un conflit dans les zones où des activités minières et des monocultures sont pratiquées. Yuri Giovanni Melini Salguero et Pedro Rafael Maldonado Flores sont visés en particulier et accusés d’orchestrer des campagnes de désinformation contre les compagnies minières, dans le but d’inciter au conflit entre les populations indigènes et les entreprises présentes dans ces zones. Ils sont accusés d’avoir mis en danger les progrès économiques du Guatemala et de priver le pays de toute opportunité de développement. Le 4 septembre 2008, Yuri Melini a survécu à une tentative d’assassinat ; il a reçu une balle dans l’abdomen, au genou droit ainsi qu’au fémur gauche.
• Le 30 mai 2013, M. Rubén Herrera de l’Asamblea de Pueblos de Huehuetenango Por La Defensa del Territorio – ADH (Assemblée des villages de Huehuetenango pour la défense du territoire) a été libéré de prison ; il avait été arrêté le 15 mars 2013. Dans l’une des deux affaires, Rubén Herrera était accusé de faux emprisonnement, menaces et incitation à la criminalité, et le juge avait décrété que le ministère Public devait rassembler plus de preuves et avait décidé qu’une nouvelle audience aurait lieu six mois plus tard. Dans l’autre affaire, le juge a décrété qu’il n’y avait aucune preuve indiquant que le défenseur était impliqué, directement ou indirectement, dans les évènements qu’il était accusé d’avoir dirigés. Dans cette affaire, neuf charges pesaient contre Rubén Herrera, dont des accusations graves de terrorisme, enlèvement et menace contre la sécurité de la Nation. Rubén Herrera a été libéré en attendant sa prochaine comparution en novembre. Les accusations portées contre lui sont liées à sa participation présumée à des actions contre le projet hydraulique Santacruz, dirigé par la compagnie Hidralia Energy, à qui le gouvernement a attribué une licence pour construire un barrage hydroélectrique en 2010.
Ce ne sont que quelques exemples de menaces et actes d’intimidation perpétrés contre des défenseur-ses des droits humains qui protègent les témoins du procès historique susmentionné pour génocide, ou qui sont engagés à œuvrer pour la vérité, la mémoire et la justice, ainsi que tous les autres groupes systématiquement pris pour cibles, car ils défendent la terre et l’environnement. Ces actes ont lieu dans un climat de violence et d’intimidation dirigées contre des défenseur-ses des droits humains, y compris les meurtres et la criminalisation des défenseur-ses des droits des populations autochtones, et dans un climat d’impunité pour les coupables d’exactions au Guatemala.
Front Line Defenders appelle les autorités du Guatemala à :
1. Ouvrir immédiatement une enquête impartiale sur l’augmentation du nombre de meurtres et d’agressions contre des organisations de la société civile, des organisations non gouvernementales et des défenseur-ses des droits humains, en vue de publier les conclusions et de traduire les coupables en justice selon les normes internationales ;
2. Créer une commission indépendante pour effectuer une enquête sur le lien entre les campagnes de diffamation et l’augmentation des attaques et des assassinats de défenseur-ses des droits humains.
3. Reconnaître publiquement le rôle positif et légitime des défenseur-ses des droits humains au Guatemala et prendre des mesures pour assurer que les responsables du gouvernement ou d’autres personnalités publiques s’abstiennent de faire des déclarations qui stigmatisent le travail légitime des défenseur-ses des droits humains.
4. Cesser de cibler tous-tes les défenseur-ses des droits humains au Guatemala et garantir qu’en toutes circonstances, ils-elles puissent mener à bien leurs activités légitimes sans craindre de représailles.