mardi 8 octobre 2013

Mexique, brèves de société et disparition des langues natives

Le Mexique 
en bref 

(Société et Culture)


Par Amandine Weber

Extraits des brèves d'Amandine Weber sur le Mexique : L’actualité en bref du Mexique en ce début octobre 2013 rend acte de la température du tissu social : insécurité, quand 68% des Mexicains considèrent leur ville dangereuse; vieillissement de la population; lutte contre l'obésité et collaboration avec le secteur privé. Et Culture : les langues amérindiennes ou originelles se meurent.

Société

68% des Mexicains considèrent leur ville dangereuse

Selon l’Enquête Nationale de Sécurité Publique Urbaine (ENSU) menée par l’Institut National de la Statistique et de la Géographie (INEGI), 68% des Mexicains qui habitent une ville de plus de 100,000 habitants estiment vivre en perpétuelle insécurité et un pourcentage similaire juge les autorités policières peu effectives.

Seuls 2,4% des citoyens du Mexique considèrent que les forces de police sont efficaces pour lutter contre la délinquance urbaine.

Quant à l’analyse de leur environnement, 70,9% affirment avoir vu ou écouté sur les trois derniers mois près de leur lieu de résidence “des consommations d’alcool dans les rues” (au Mexique, celles-ci sont interdites par la loi), 66,2% ont vu, vécu ou entendu parler de “vols ou braquages”, 56,1% d’“actes de vandalisme”, et 43% “de vente ou consommation de drogues”.

Quant à leur vision du changement, 36,8% des citoyens sont sûrs que ces 12 prochains mois les choses n’auront pas bougé et 24% affirment même qu’elles empireront.

Autre aspect traité par l’étude : 64,5% des citoyens affirment changer régulièrement leur routine quotidienne par peur de subir un quelconque délit (vol ou braquage), en particulier lorsqu’ils transportent des objets de valeur ou s’apprêtent à réaliser une opération financière et 50% évitent de circulation hors de chez eux, passée 20hrs.

L’enquête a concerné 27 capitales des Etats du Mexique, et 4 villes en particulier jugées d’importance : Tijuana (Basse-Californie), León (Guanajuato), Acapulco (Guerrero) y Cancún (Quintana Roo).

En 2030, la population des personnes âgées au Mexique aura triplé

Typique des pays développés, la pyramide des âges tend à s’inverser, les personnes âgées supplantant progressivement en nombre les plus jeunes. Le Mexique depuis quelques années maintenant cette tendance bien connue, sa population marquant les premiers signes de vieillissements.

Actuellement, le Mexique compte 8,5 millions de personnes âgées de plus de 60 ans, un taux qui a augmenté de 3,08% à 3,52% passant de 6% en 2010 à 9% en 2012 de la population totale. Une croissance rapide et prématurée selon le Conseil National de la Population (Conapo) qui estime que si le tendance se poursuit à ce rythme, la population âgée mexicaine représentera 17,1% de la population totale en 2030 et 27,7% en 2050.

Et le Mexique est loin d’être préparé à affronter le phénomène : la plupart  des personnes âgées, faute de pensions retraite, continuent de travailler à un âge très avancé et manquent cruellement d’assistance spécialisée médicale ou sociale.

L’étude a été menée par la Conapo dans le cadre du développement de l’Etude Nationale sur la Santé et le Vieillissement (Enasem) en collaboration avec l’Institut National de la Statistique et de la Géographie (INEGI), l’Université du Texas, l’Université du Wisconsin, l’Institut National de Gériatrie au Mexique et l’Institut National de Santé publique.

L’étude révèle les systèmes de santé publique mexicains sont largement déficients pour s’occuper de ce segment sensible de la population. 34,1% des femmes et 33,5% des hommes sont ayant-droits de l’IMSS (Institut Mexicain de Sécurité Sociale), tandis que 32,5% des femmes et 31,3% des hommes sont affiliés à la Sécurité Sociale Publique (Seguro Popular). Le tiers restant ne dispose pas de couverture particulière ou s’assure au travers de compagnies privées.

Au niveau des maladies chroniques les plus fréquentes sur cette tranche d’âge, on trouve l’hypertension artérielle, le diabète, l’arthrite, les infections pulmonaires, les infarctus, les embolies et enfin, le cancer.

Quant à l’autonomie, plus de 50% de personnes de cet âge interrogées reconnaissent rencontrer des difficultés fréquentes pour réaliser des tâches quotidiennes comme se coucher et se lever, se vêtir, marcher, utiliser les toilettes, se laver et manger.

Toujours sur ce segment de population, l’étude observe également qu’en 2012, 41,1% des femmes sont sans concubin, des suites d’un veuvage, d’une séparation ou bien par choix du célibat. Parmi les hommes, ce pourcentage chute à 18,6%. 57,4% d’entre elles sont femmes au foyer, tandis que 68,5% des hommes continuent de travailler pour apporter un revenu.

Côté équilibre émotionnel, l’optimisme est au beau fixe, puisque l’étude souligne que 83.7% des hommes et 79.8% des femmes se disent satisfaits de leur vie ; 79,6% des hommes et 78% des femmes estiment aussi avoir réussi les principales choses importantes de leur vie. Mieux encore, 71,4% des hommes et 67,8% des femmes pensent approcher un style de vie idéal, et 64,4% des hommes et 61,5% des femmes affirment ne vouloir rien changer de leur vie.

Les autorités fédérales en collaboration avec le secteur privé préparent un plan de lutte contre l’obésité

Ces prochains jours, le gouvernement fédéral et les principales entreprises du secteur agroindustriel dévoileront la stratégie nationale de lutte contre l’obésité et le diabète, a informé Daniel Servitje, directeur général de Bimbo.

Cela impliquera en substance de nouvelles règles liées principalement à l’étiquetage et la publicité des produits alimentaires pour informer les consommateurs de la teneur en sucre ou graisses.

« Il y aura de nouvelles implications et engagement de la part de l’industrie des aliments en accord avec les nouvelles règles du jeu que l’autorité fixera et que l’industrie devra mettre en œuvre et soutenir activement » explique le directif en interview.

Cette annonce a été formulée dans le cadre du sommet Enactus 2013, dans lequel des étudiants de plus de 30 nations ont présenté des projets d’entrepreneuriat social.

Le chef d’entreprise s’est dit convaincu que l’obésité dont souffre la population mexicaine peut trouver remède à partir d’un effort conjugué de la société, des entreprises et du gouvernement dans son ensemble. Il a détaillé par ailleurs que son entreprise, Bimbo, chercherait à améliorer la qualité nutritive de ses produits, afin qu’ils soient plus sains.

« Il faudra nous assurer tout d’abord que le goût du consommateur pour nos produits continue d’être vif, et à partir de là, qu’ils soient moins gras, moins sucrés, moins salés et avec un contenu en fibres plus important. Nous sommes actuellement en train de travailler à la reformulation et innovation de nos produits pour y parvenir » avance-t-il.

Autre effort à accomplir de la part du secteur privé consistera à communiquer de façon plus responsable le contenu des aliments distribués et encourager la pratique de l’exercice comme une habitude saine à prendre et afin de lutter contre le sédentarisme excessif de la population mexicaine.
La table de réflexion, à laquelle a été convié Daniel Servitje aux côtés d’autres hauts dirigeants de principales compagnies agroindustrielles du pays, dans le cadre du sommet Enactus 2013, traitait également des pratiques de développement durable mises en œuvre dans leurs structures pour le respect et la préservation de l’environnement. 

Il a ainsi évoqué les pratiques utilisés dans ses usines pour économiser l’eau et l’énergie au cours du processus de production, et est revenu sur la mise en opération de son usine à énergie éolienne la plus grande du pays dédiée au secteur des aliments. Avec ces politiques, a-t-il affirmé, Bimbo a diminué de 20% sa consommation d’énergie par unité et 25% celle de l’eau depuis 2009.

Le CEO de Walmart Intenational, Doug Mc Millon, également partie prenante à la table ronde, a reconnu la nécessité de supprimer progressivement l’ensemble des produits ou emballages qui ne sont pas respectueux de l’environnement, une nécessité de plus en plus pressée par les consommateurs eux-mêmes qui commencent à sélectionner leurs produits en fonction de ce critère.

Culture

Les langues originelles du Mexique en voie d’extinction

Mercredi, Diego Valadés Ríos, éminent chercheur à l’Institut de Recherches Juridiques (IIJ) rattaché à l’Université Nationale Autonome de Mexico (UNAM),  juriste, avocat et politicien mexicain de renom a mis en garde sur la menace d’extinction “accélérée” de certains dialectes ancestraux du Mexique.

A l’occasion de sa participation à la conférence thématique sur “La Langue espagnole au Mexique”, aux côtés d’académiciens reconnus comme Miguel León Portilla, Gonzalo Celorio et Concepción Company Company, pour commémorer les 300 ans de l’Académie Royale Espagnole, Diego Valadés s’est fait l’avocat, une fois n’est pas coutume, des 62 langues autochtones officiellement reconnues sur le territoire et dont « beaucoup sont en grave danger ».

Selon lui, 22 d’entre elles sont en danger d’extinction accéléré et 12 en danger d’extinction modéré. Parmi les 22 premières, il cite les langues maya et otomi et parmi les 12 suivantes, le náhuatl. « Le seul et unique endroit dans le pays où ont augmenté le nombre de personnes parlant ces langues natives est le Chiapas, grâce à ses politiques éducatives dynamiques » commente-t-il.

Parmi les thèmes traités durant cette première sessions de commémoration des 300 ans de l’Académie Royale Espagnole, Concepcion Company a abordé les particularités de l’espagnol qui se parle au Mexique et de l’idiosyncrasie sous-jacent à ces singularités; Miguel Leon Portilla s’est référencé sur le thème de la coexistence entre l’espagnol et les langues originelles du Mexique, et tandis que Gonzalo Celorio assume le rôle de modérateur du débat, Diego Valadés a disserté sur la situation de ces langues dans le pays et dans la Constitution politique de la République mexicaine.

Le 6 octobre prochain, et ouvert au public en général, se tiendra la prochaine session qui portera sur le thème de “L’Académie Mexicaine de la Langue”, à l’Institut National des Beaux-Arts. Jaime Labastida sera à cette occasion le modérateur du débat et les invités sur le thème seront Felipe Garrido qui dissertera sur « L’histoire de la Association des Académies de la Langue Espagnole”, etGonzalo Celorio sur “Questions fréquentes, intéressantes et curieuses sur l’Académie Mexicaine de la Langue.”

La série de débats pour célébrer les 300 ans de l’Académie Royale Espagnole finalisera avec une dernière session le 15 octobre intitulée “La langue espagnole et sa projection” avec la participation de Vicente Quirarte et Adolfo Castañón. Ce même jour, la session de clôture sera animée par Hugo Gutiérrez Vega et Ruy Pérez Tamayo. Le modérateur cette fois-ci sera à la charge de Julieta Fierro, astronome mexicaine de renom international et académicienne de la langue.