dimanche 29 septembre 2013

Amérique latine, l'avortement libre et l'exemple de l'Uruguay

L’avortement légalisé 
fait baisser le nombre 
d’interruption de grossesse 
en Uruguay

Par OTRAMÉRICA et Laurie Fachaux (RFI) – Notes et traduction de Libres Amériques

C’était en Amérique latine et dans les Caraïbes, le samedi 28 août 2013, la journée en faveur de l’avortement libre, à cette occasion, il faut souligner les avancées survenues en Uruguay. Ce qui reste en ce domaine une exception avec Cuba, même s’il existe dans d’autres pays comme le Venezuela et l’Argentine, l’avortement thérapeutique, il est limité à des cas très précis (mise en danger de la vie de la mère, malformation du foetus ou viol par exemple). Et ne permettant pas aux femmes de choisir ou pas de mettre au monde un enfant et selon leur choix ou volonté propre. 

Il faudrait reprendre l’idée que développait le professeur Albert Jacquard à ce sujet, quand il affirmait qu’il était contre l’avortement, mais pour son remboursement… L’article d’Otramérica est plus qu’illustratif des raisons existantes à dépénaliser l’avortement et le rendre libre.

L’interdiction stricte est et pas seulement en ce domaine, un pur contresens social et qui va l’encontre des droits des femmes à une aide et planification de leurs besoins en matière de contraception. Le contre du professeur Jacquard marquait simplement l’idée que mettre fin à une grossesse est un choix difficile et qu’il ne se prend pas à la légère, et son remboursement une nécessité, car il s’agit avant tout d’un acte médical et d’un accès à un soin à caractère universel.

C’est un vieil argument des pro-natalistes (ou en défaveur de l’avortement libre) qui s’effondre en seulement 6 mois de légalisation en Uruguay, le nombre d’avortement diminue massivement et surtout les risques de décès de femmes tombent à zéro en cas d’avortement mené par un service de santé et de soin légal. De fait la santé des femmes est mieux encadrée si l’état prend en charge son accompagnement hospitalier et son information auprès des femmes en âge de procréer.

Il est intéressant, de comprendre par ailleurs, ce qui se passe au Chili et de découvrir une interdiction totale date du régime dictatorial de Pinochet, et comment depuis 1990 la parti démocrate chrétien fait l’impasse même sur l’avortement thérapeutique qui avait existé de 1931 à 1973 au Chili. Il est probable qu’une nouvelle majorité d’ici quelque temps et après les élections prochaines aura à répondre sur cette question et qui fait de ce pays est un des plus rétrogrades et allergiques à la question. Morale chrétienne et pudibonde oblige.

Il est fait part dans un document sonore de RFI Radio (le lien après l’article sur l’Uruguay six mois par ès la légalistation) d’une proposition de loi sur l’avortement actuellement en discussion, proposée par un élu socialiste, mais il faudra attendre après cette échéance pour espérer un changement concret, qui sait qu’une femme à la tête du pays (Madame Bachelet) n’oubliera pas ces concitoyennes et qu’ils sera véritablement mis fin aux pratiques obscurantistes de l’ancienne dictature.



Uruguay : La loi sur l’avortement diminue à zéro la mortalité féminine associée à la pratique - par Otramérica

Depuis que s’applique la loi sur l’avortement en Uruguay, en décembre dernier (2012) la mortalité a chuté à zéro pour les femmes ayant pratiqué une interruption de grossesse. Associé aux politiques publiques éduquant à la santé sexuelle et reproductive, de même dans ce pays se trouve l’un des plus faibles nombres d’avortements pratiqués dans le monde. En décembre 2012 a été légalisé l’avortement en Uruguay, et depuis il n’a pas été enregistré de femmes décédées l’ayant pratiqué jusqu’au mois de mai de cette année.

Jusqu’à ce mois, il a dénombré 2550 avortements – pour une moyenne 426 par mois, - et il n’y a pas eu de femmes mortes, ni complications associées, depuis qu’il est pratiqué dans le cadre de la loi et des centres d’aides ou de suivis.

Selon une information officielle et citée par diverses sources, il se serait réaliser autour de 10 avortements pour 1000 femmes en âge de se reproduire, face à plus de 40 pour mille pour ce qui était estimé entre 1995 et 2012, ce qui signifie que l’Uruguay serait l’un des pays avec le plus bas taux d’avortement au monde.

Le Sous-secrétaire du Ministère de Santé Publique (MSP), Monsieur Leonel Briozzo, a présenté en juin les données sur les interruptions volontaires de grossesse pour le premier trimestre, depuis qu’est appliquée la loi en 2012, le pays dispose de conditions sûres pour avorter et avec la consolidation à cette fin des services de santé.

La loi a été accompagnée par des politiques publiques d’éducation sexuelle et sur la reproduction, une planification familiale et anti-contraceptive, et des services complets dans ce domaine, lesquels ont été débordés, pendant que la pratique de l’avortement diminuait. Et le taux de mortalité associé à l’avortement a chuté à zéro.

Le MSP informe que 10 pour mille femmes entre 15 et 44 ans pratiquent actuellement une interruption de grossesse en Uruguay,  des chiffres situant le pays au même niveau que les états d’Europe occidentale, qui ont le taux d’avortement légal (ou libre) le plus bas de la planète.

Mr Briozzo a signalé que ces statistiques ont « pour terreau l’absence de fondement mis à l’index avec l’avortement légal, ceux-ci vont aller en disparaissant ». Et il ajoute que « si certains sont contre l’avortement, ce qu’ils doivent faire, c’est de soutenir sa dépénalisation ».

En opposition à la loi

Bien qu'il y ait eu des initiatives ayant cherché à  interroger la loi, les chiffres appuient le gouvernement uruguayen. Un groupe de 20 médecins a présenté un argumentaire expliquant que le décret réglementaire « malmenait » la liberté de conscience du personnel de santé, « les empêchant d’agir en accord avec leurs convictions scientifiques, étiques et philosophiques, restreignant leur droit à l’objection de conscience ».

Et il  que la réglementation limite l’information que la loi exige que se le doit offrir aux femmes  qui prétendent avorter, ce qui demandera au médecin d’ « agir en accord avec son devoir professionnel .

Mr Briozzo a répondu que ces critiques  annonçant qu’ils arriveraient à un accord avec le Collège des Médecins de l’Uruguay pour réglementer l’objection de conscience et en plus confirmant qu’autour de 30% des professionnels refusaient de pratiquer le procédé.


Chili : l’avortement interdit, un héritage de la dictature de Pinochet - par Laurie Fachaux

Le 28 septembre 2013, c’est la Journée pour la Dépénalisation de l’avortement en Amérique latine et dans les Caraïbes. Une manifestation aura lieu à Santiago du Chili, et dans d’autres villes du continent.

Le Chili est l’un des six pays au monde qui interdit totalement l’avortement. Augusto Pinochet a interdit l’avortement thérapeutique en 1989, pourtant autorisé dès 1931.

Malgré cette loi, on estime qu’au moins 120 000 IVG se pratiquent tous les ans. Trois projets de loi ont été rejetés par le Sénat depuis 2009. Pourquoi ce blocage, 23 ans après la fin de la dictature ?

Photo : Manifestation à Santiago du Chili, pour la légalisation de l'avortement, le 25 juillet 2013. © RFI/Laurie Fachaux

RFI (Grand reportage)
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Sources : Radio France Internationale et Otramérica