se mobilisent pour l’éducation
et
en finir avec l’héritage de Pinochet
Par la rédaction du quotidien La Jornada – Notes et traductions de Libres
Amériques
Les étudiants chiliens ont organisé de nouveau une
manifestation le jeudi 5 août 2013 pour exiger une profonde réforme du système
éducatif actuel, et pour en finir avec les héritages de la dictature d’Augusto
Pinochet (1973-1990) et le message très symbolique de cette marche à Santiago
du Chili. Le rassemblement a réuni entre 50.000 et 80.000 personnes. La
manifestation s’est terminée avec des incidents violents et comme une habitude
des plus malsaines et routinières, par une forte répression des policiers. Un
reportage vidéo (en ligne) d’OPAL Presse nous montre une fois de plus le
comportement brutal des agents de la force publique. (et un document vidéo en ligne sur l'éducation et les inégalités sociales au Chili)
La manifestation a
commencé sur la grande place Italia à Santiago, d’où de longues colonnes
de personnes engagèrent une marche jusqu’à la station Mapocho, où s’est conclue
la protestation, au milieu d’un très important dispositif policier.
La protestation s’est déroulée à moins d’une semaine de la
commémoration des 40 ans du coup d’Etat militaire du 11 septembre 1973, qui
entraîna la chute du président socialiste Salvador Allende, et l’arrivée de la
dictature de Pinochet, qui se termina en 1990.
Des slogans comme « à 40 ans du coup (d’Etat), le
coup nous le donnons » ou « fin
à l’éducation du tyran », ont retenu
l’attention tout au long de la marche, qui a réuni selon la Confédération des
Etudiants du Chili (Confech) plus de 80.000 personnes, pendant que la police a
chiffré la mobilisation à 50.000 manifestants.
Vidéo d’OPAL Presse, de la dernière manifestation étudiante !
Avant que ne se termine la marche ont éclaté des
affrontements entre manifestants et les agents des forces spéciales de la
police, qui lancèrent des jets d’eau à partir de leurs camions blindés et par
des gaz lacrymogènes pour contrôler les débordements, ce qui a mis fin au bon
déroulement de la manifestation (plus que majoritairement pacifique).
Une centaine d’individus cagoulés (*) ont jeté des pierres
et des bâtons aux agents des force spéciales policières, de même, ils ont
incendié des barricades et réalisés des destructions sur le mobilier public.
Les incidents ont donné lieu à 214 arrestations et 34 policiers blessés, selon
le rapport de la police. (ndt et évidemment pas de blessés chez les
manifestants qui ne portent pas des tenues de Robocop…).
(*) Les encagoulés : Un procédé bien connu au Chili de provocations, ou des individus non
identifiés viennent à la fin des manifs pour provoquer des heurts avec les
forces de l’ordre et servant ensuite à la propagande du pouvoir pour dénoncer
les agitateurs dans le camp des manifestants, bien que ne dépassant pas le
nombre d’une centaine, mais qui à chaque marche sont présents comme par
enchantement…
En finir avec l’héritage de la dictature
Depuis mai
2011, les étudiants chiliens ont fait une centaine de manifestations
dans les rues pour une éducation gratuite et de qualité, certaines d’entre
elles ont même dépassées les 100.000 personnes (pour 16 millions d’habitants),
et représentant les défilés les plus massifs de ces 20 dernières années depuis
le retour de la démocratie au Chili en 1990.
En plus des marches ou manifestations, les étudiants ont
occupé « illégalement » des collèges et ont été appuyés par les
syndicats de professeurs et de travailleurs.
Les étudiants exigent un changement radical de l’actuel
système éducatif, un des héritages de la dictature de Pinochet, un des plus
ségrégationniste (socialement) du monde, pour entre autres assurer la gratuité
et la qualité aussi bien au collège qu’à l’université.
Dans le système actuel, l’inscription à l’école publique à
l’entrée au collège représente seulement 40% des écoliers, pendant que les
autres sont dans des collèges privés ou dans des centres éducatifs qui
perçoivent des subventions de l’Etat, mais aussi, si les parents ont de quoi
payer. (pour une famille des petites classes moyennes, un enfant peut
représenter 30% des dépenses du foyer sur une année dès le collège).
A l’entrée à l’universitaire, il n’existe pas la possibilité
d’étudier sans payer des frais très lourds, et en accédant à l’éducation
supérieure, les étudiants doivent prendre des crédits, qu’ils sont obligés de
rembourser à la fin de leurs études.
« Dans le cas de l’éducation, il faut prendre en
compte un autre lègue de la dictature, avec lequel nous voulons en finir et qui
justement est le présent que vivent des milliers de chiliens par l’imposition
d’un modèle économique et social », a
déclaré Diego Vela, présidente de la Fédération des Etudiants de
l’Université (FEUC).
« Nous observons un individualisme, il existe dans l’éducation, par la
ségrégation (sociale) qui a été générée par un excès de commercialisation dans
son fonctionnement et il est lié justement aux changements que nous voulons
obtenir », a ajouté Diego Vela de la
FEUC.
Un peu avant cette manifestation, les étudiants ont présenté
un rapport de 11 pages dans lequel ils ont rassemblé toutes leurs revendications, qui en plus de
l’éducation gratuite et de qualité, ils ont inclus entre autres choses, la fin
de la municipalisation de l’éducation des écoles du primaire, la
nationalisation de l’industrie du cuivre.
« Non ce n’est pas un livre de recettes, c’est une
invitation à débattre sur l’éducation (ou l’école) que nous voulons », précise le document.
Vidéo de Pantuana TV, Mouvement étudiant et inégalités sociales au Chili
Source : Le quotidien La Jornada (Mexique)