Et le 12 apôtres
de Santiago Uribe...
de Santiago Uribe...
Par la Commission éthique contre la Torture du Chili –
Notes et traduction de Libres Amériques
Le lundi 12 août 2013, dans la ville de Santiago du
Chili, nous avons écouté le témoignage du citoyen colombien Monsieur Eunisio
Pineda Lujan, il a relaté les événements dont il fut un témoin direct, quand il
travaillait dans les années 1993 et 1994 à « La Carolina », propriété
appartenant à Santiago Uribe (en photo), frère de l’ex. Président Álvaro Uribe Velez, qui
gouverna la Colombie entre 2002 et 2010. Dans la propriété « La Carolina », à la période
indiquée, a opéré un groupe paramilitaire, connu sous le nom « des 12
apôtres ».
Ce groupe paramilitaire a été impliqué dans l’assassinat de civils et dans les actions
appelées de « nettoyage social » dans la localité de Yarumal,
département d’Antioquia, juridiction ou au même moment (et pas vraiment
fortuit), l’ancien président Álvaro Uribe avait été élu comme gouverneur
durant les années 1995 et 1997. (ndt. Ses terres électorales et familiales)
Dans ce cas particulier, ce n’est pas la première fois que
le frère de l’ancien président Uribe est concerné par des accusations, qui
l’ont directement impliqué dans des meurtres contre des civiles.
En effet, déjà l’année 2010, l’ancien policier Juan Carlos Meneses avait livré son
témoignage à Adolfo Pérez Esquivel, Prix Nobel de la Paix, où il avait désigné
Santiago Uribe comme ayant participé aux crimes commis par le groupe
paramilitaire s’appelant « les 12 apôtres ».
Eunisio Pineda Lujan (en photo, en haut à droite), dans son témoignage signale de nouveau,
qu’à « La Carolina », propriété de Santiago Uribe, a opéré un groupe
paramilitaire des Autodéfenses
Unies de Colombie (AUC), où sont venues des personnes armées et en
uniforme, qui ont été impliquées dans les assassinats de personnes dans la
localité de Yarumal (Antioquia).
Le témoignage de Pineda indique aussi, qu’en ce lieu venait
la police de Yarumal, pour faire des réunions avec des paramilitaires et avec
Santiago Uribe.
Les personnes qui ont signé cette déclaration ont pris
connaissance de ce témoignage.
De même, il a été donné en personne par Eunisio Pineda
Lujan, son témoignage (vidéo ci-après) à un procureur de Colombie au sein du
Consulat de Colombie au Chili.
Témoignage en espagnol sur Santiago Uribe (En castillan)
Nous voulons signaler les éléments suivants :
Nous demandons aux autorités de la Colombie, au pouvoir
judiciaire, d’enquêter sur ces faits et sanctionner les responsables de crimes
atroces commis contre la vie à Yarumal, département d’Antioquia, et
spécialement, nous sollicitons que soit déterminer la responsabilité qui
pourrait s’abattre sur Santiago Uribe et toutes les personnes impliquées dans
des crimes contre l’Humanité.
2 – Nous sollicitons le système de la Justice Colombienne,
que ses larges bras s’ouvrent à tous les pouvoirs factices, qui ont causé tant
de tort au peuple Colombien, en imposant le principe d’égalité devant la loi
et que Monsieur Santiago Uribe soit déféré devant l’Etat et réponde aux graves
accusations au sujet de sa personne.
3 – Nous demandons au gouvernement de Colombie et à ses
autorités d’assurer la protection du témoin Eunisio Pineda Lujan, ainsi qu’aux
avocats et entités de défense des Droits Humains comme la Commission Justice et
Paix (CIJP) ; le MOVICE (le Mouvement des victimes de l’Etat) ; les autres
entités qui s’engagent en faveur des droits humains, la démocratie et la
justice en Colombie.
4 – Nous demandons à la communauté internationale de suivre
avec attention la situation des droits humains en Colombie et de condamner le
harcèlement et la persécution que sont en train de vivre dans ce pays les
défenseurs des droits de l’Homme.
Nous sommes certain au regard de l’Histoire du Chili, que
l’impunité des violations des droits humains n’a pu qu’encourager les faits
s’étant produits.
Par Santiago O’Donnell, pour Página/12 (Argentine) –
Traduction de Primitivi
Un officier de police colombien à la retraite accuse Santiago Uribe Vélez, frère du président ALvaro Uribe, d’avoir créé et maintenu dans les années 90 une structure paramilitaire qui a commis plusieurs crimes en connivence avec les forces policières dans la province d’Antioche. Il indique également que le président aurait appuyé les activités illégales de son frère.
Un officier de police colombien à la retraite accuse Santiago Uribe Vélez, frère du président ALvaro Uribe, d’avoir créé et maintenu dans les années 90 une structure paramilitaire qui a commis plusieurs crimes en connivence avec les forces policières dans la province d’Antioche. Il indique également que le président aurait appuyé les activités illégales de son frère.
La plainte de Juan Carlos Meneses Quintero, commandant de
police à la retraite a été déposée à Buenos Aires il y a trois semaines devant
un groupe de représentants des organisations internationales qui surveillent les
violations des droits de l’homme en Colombie. Página/12 a été témoin du
témoignage, qui a été maintenu secret jusqu’à aujourd’hui, à la demande de
Daniel Prado l’avocat de Meneses, pour des raisons de sécurité.
Ont entendu la plainte le Prix Nobel de la Paix Adolfo Pérez
Esquivel, directeur du Service Paix et Justice colombien, Carlos Zamorano pour
la Ligue Argentine des Droits de l’Homme, le juge de la Chambre Fédérale
Criminelle et Correctionnelle, Eduardo Freiler, le président consultatif de
l’Association Américaine des Juristes, Beinusz Smuckler, et le représentant de
l’Association Américaine des Juristes, Ernesto Moreau.
Meneses a commencé son récit en racontant comment il a connu
le frère du président colombien et comment a pris un contact avec la structure
paramilitaire dont la création et la gestion est attribuée à Santiago Uribe
Vélez.
“En 1993, étant
lieutenant, on m’a nommé commandant du District 7 de la police d’Antioche dont
le siège est à Yarumal. Comment je suis arrivé à Yarumal ? J’ai toujours
été une personne engagée dans l’institution, plus que combatant la guerilla. A
cette époque Yarumal était très dangereux, elle était assiégée par un groupe de
guerilleros. Les colonels avaient peur, alors les commandants m’ont envoyé. Je
reçois le commandement du capitaine de l’époque Benavídez, aujourd’hui colonel
à la retraire. Il me reçoit et me dit ‘Meneses, ici il y a une situation
très spéciale, ici il y a un groupe de personnes qui nettoie, ou bien un
nettoyage social, ou bien fait disparaître les personnes identifiées comme
guérilleros, comme voleurs, comme pirates de l’air, racketteurs, ou simplement
vendeurs de vice, ou vicieux. Voyez, la seule chose que vous avez à faire c’est
quand ce groupe ira faire un travail vous collaborerez avec eux’.”
“Je lui demande ‘Comment ça, capitaine’, et il me répond : ‘Le groupe a un
chef qui s’appelle Santiago Uribe Vélez, qui est le frère du sénateur (de
l’époque) Alvaro Uribe. C’est un éleveur de la région qui a une ferme près de
Yarumal, la ferme La Carolina. Il est le chef de ce groupe paramilitaire’. Le capitaine me conte donc l’histoire : ‘J’ai
collaboré avec eux, ce que je fais c’est qu’à chaque fois que ce groupe va
commettre un assassinat ce qu’il faut faire c’est que la police ne réagisse
pas, il faut que vous les gardiez occupés pour qu’ils n’aillent pas capturer
ceux qui commettent ces assassinats, et c’est la manière de collaborer avec
Santiago’. Alors il me met en rapport avec
Santiago Uribe Vélez. Il me le présente (et Santiago me dit) : ‘Très
heureux lieutenant, bienvenu à Yarumal, j’ai ce groupe qui va souvent
collaborer avec vous, en contrepartie j’ai besoin que vous collaboriez avec
eux, ils vont vous donner beaucoup d’informations et libérer la région quand
vous aurez besoin de cela’.”
“A cette époque la Police Nationale était toujours vue comme
celle qui avait le taux de délits le plus petit, en laissant de côté les
homicides, ce qui intéressait la police c’était de maintenir ses taux de
délinquance bien bas. Je me présente devant Santiago et il me dit ‘Nous
allons vous et moi avoir une conversation par mois pour que vous collaboriez
avec moi’. Le capitaine Benavídez me disait
‘Tranquille, il n’y a pas de problème, c’est coordonné avec les
grands dirigeants, il ne va rien se passer’.
Santiago me dit ‘Prenez cet argent ou ne le prenez pas, nous avons
l’appui des commandants de police au niveau départemental et d’autres amis au
niveau national, nous allons continuer d’agir’,
et j’ai dit ‘Bon, puisque c’est comme ça, allons-y’. C’était l’engagement avec Santiago.”
“Ainsi nous avons commencé en janvier 1993, je suis resté
février, mars, et début avril ils m’ont viré parce que le scandale a éclaté au
niveau national avec les médias, on découvre le mal nommé groupe des Douze
Apôtres. Tout le temps où j’ai été en poste on ne les a jamais appelé les Douze
Apôtres. C’est les médias qui ont commencé à utiliser ce nom parce qu’on
supposait qu’il y avait un prêtre dans le groupe, le père Palacios.
Moi ils m’ont viré parce que ça commençait à chauffer, ‘Prêt,
mon colonel, je ne fais qu’exécuter les ordres’, et ils ont fini par m’envoyer dans un district encore plus
difficile : Segovia. C’est qu’ils me considéraient comme une personne
efficace pour combattre les groupes guerilleros. Durant ces trois mois il y a
eu plusieurs incidents durant lesquels des personnes ont été assassinées et je
collaborais avec Santiago pour que le groupe dont il était le chef puisse
commettre ces assassinats.”
Meneses a continué avec une description des membres du
groupe, il nomme le propriétaire terrien Alvaro Vázquez comme co-financier du
groupe aux côtés de Santiago Uribe, et dit que Santiago Uribe lui a désigné des
agents de liaison avec le groupe pour les opérations urbaines et pour les
opérations rurales. Il nomme les policiers a leur poste et leur ordonne qu’ils
collaborent avec le groupe.
“Ce garçon Rodrigo (l’un des agents de liaison) a loué une
chambre à côté du siège de la police qui avait une connexion avec ma chambre au
siège. Là il avait plusieurs uniformes de police et de l’armée, des cagoules,
des bottes, il y en avait tellement que le procureur a fait une perquisition de
la chambre et a trouvé ces éléments”.
“À la troisième réunion avec Santiago il m’emmène dans la
propriété, il dit que c’est parce que j’ai beaucoup collaboré avec lui. A
l’arrière de la propriété il y a une petite arène de course de taureaux parce
qu’ils élèvent des taureaux. Derrière l’arène il y a un parcours d’entraînement
pour les paramilitaires. Un parcours avec tous les obstacles pour un entraînement
militaire. L’escalier, la toile d’araignée, tout. Il me dit ‘Ici c’est là où
j’entraîne mes gars’. Dans la propriété il
y avait des gens armés de fusils de chasse, de fusils, lui avait une
mitraillette. Cette fois Santiago me montre également une liste, parce qu’il
avait une liste des personnes à assassiner. A cette époque Alvaro Uribe était
sénateur et aspirait au gouvernement. Il me disait ‘C’est tranquille,
quand Alvaro sera gouvernant ça va aller beaucoup mieux pour nous’”.
Ensuite, Meneses s’est mis à détailler cinq crimes commis
par le groupe paramilitaire sous la protection de son mandat au commandement de
police.
“Il y a une affaire où on a obtenu l’information qu’ils
allaient attaquer un péage. Je leur dis ‘allez faire l’opération, il n’y a pas
de problème. Alors ils se cachent et effectivement arrivent à attaquer le
péage. Ça a été des gens de la Sigin (renseignement policier) et c’était le
groupe de Santiago. Ils tuent deux délinquants au péage. C’est vu comme positif
et que les choses commencent à fonctionner.”
“Il y a une autre affaire pour laquelle Santiago m’a demandé
une faveur : ‘Il y a une situation spéciale : nous avons un
collaborateur dans le groupe de guerilleros, je vais l’envoyer aux gars, nous
allons commettre tuer cette personne qui collabore avec le groupe de
guerilleros. C’est une personne connue, c’est un guerillero, il s’appelle
Rodrigo Barrientos. C’est le conducteur d’une voiture qu’ils utilisent comme
bus. Nous l’avons déjà identifié c’est la personne qui fournit les vivres au
groupe de guerilleros. Nous devons en finir avec eux et c’est le chef visible.’ (Je réponds) ‘Bon, prêt faites-le, il n’y
a pas de problème’. Ils ont commis
l’assassinat.”
“Il y a une affaire d’extorsion faite à un commerçant
d’Yarumal, Santiago m’appelle et dit, ‘Meneses nous allons lancer une
opération contre une personne’.
L’entrepreneur avait un restaurant qui s’appellait Las Rocas. J’y suis allé et
j’ai pris la déposition de l’entrepreneur et j’ai lancé l’opération, les gens
du groupe et de la police y sont allés. Quand les délinquants sont allés
prendre l’argent un des deux a été descendu. L’autre réussi à s’échapper. J’ai
émis un rapport en donnant un résultat positif. C’était la police, mais en
coordination avec le groupe des Douzes Apôtres”.
“Qu’est-ce qui c’est passé ensuite ? Ce racketteur qui
s’était échappé, le groupe le localise dans une propriété qui s’appelle La
Sirena, alors mon escorte me dit ‘Lieutenant nous avons situé cette
personne’. Alors je lui réponds ‘eh bien
allez-y’. Puisque l’idée était celle-là : s’il était localisé... on lance
donc l’opération et deux personnes de la famille Quintero Olarte sont
assassinées, le père et le fils. Le fils c’est celui qui avait tenté
l’extorsion. Et là ils m’impliquent dans le processus. Parce que l’agent Amaya,
étant de mon escorte, je ne l’avais jamais autorisé à partir avec des fusils,
mais il avait emporté son fusil et mon fusil. Ils y vont et tuent les deux
Quintero Olarte et par-dessus le marché ils blessent deux mineurs. Peu après je
suis allé avec l’inspectrice de police faire le relevé. J’ai moi-même recueilli
les étuis, je les ai emballées et je les ai remis aux autorités. Après j’ai été
informé qu’Amaya avait emporté les fusils pour commettre ces assassinats. Pour
cela je fus arrêté à deux occasions, une fois six mois et une autre fois trois
mois, pour le même fait la présence des étuis, c’est dans la procédure. Après
j’ai été libéré, j’ai obtenu ma sortie avec mon avocat, parce que je savais que
c’était un processus politique qui implique Santiago, mais j’ai dit que
Santiago n’avait rien à voir. Lui me disait ‘Tranquille, le procès va
bien se passer. Le frère est déjà au-dessus de ce procès et il va se clore’, comme c’est effectivement ce qui est arrivé.
“La dernière affaire a été une attaque de la municipalité
d’Yarumal, le groupe de guerilleros avait attaqué un village au fusil, le
hameau était à quarante-cinq minutes de la caserne. Je suis allé chercher
Santiago et je lui ai demandé de l’aide et il dit que ce jour là il n’avait que
trois gars. Allez-y avec mes gars ils connaissent un chemin pour aller là-bas.
Ce jour nous étions environ quinze policiers avec trois du groupe de Santiago.
Nous trompons les renforts du groupe de guerilleros et nous arrivons au
village, les guerilleros étaient encore entrain de tirer sur le commissariat de
police. Alors nous armons plusieurs mines et attendons le groupe de
guerilleros, mais ils sortent par un autre chemin et m’ont laissé en attendant.
Après j’entre au village et j’apprends que tout c’était bien passé pour la
police, parce qu’il y a eu trois morts dans le groupe de guerilleros et
seulement un pour la police.”
Pour conclure, Meneses a essayé d’expliquer comment il a
fini au Venezuela.
”En vérité le procès n’ira pas jusqu’aux Douze Apôtres parce
qu’à Yarual il y avait un soit-disant groupe de commerçants qui avaient armé un
groupe de collaborateurs de la police contre de la papeterie, de l’essence, des
produits d’hygiène. Le ministère public a ouvert un procès contre eux, mais c’était
des allégations mensongères, les commerçants n’étaient pas impliqués, c’étaient
les éleveurs qui étaient avec Santiago. Mais le ministère public n’a jamais
découvert Santiago et les commerçants innocents ont pris plus d’un an, et le
procès continue toujours contre ces commerçants d’Yarumal.
”Quand le procès démarre nous allons avec mon colonel au
bureau de Santiago. Nous n’étions pas à Yarumal il avait un bureau à Medellín.
Santiago nous dit ‘Ne vous préoccupez pas, avec mon frère nous avons parlé
aux personnes auxquelles nous avions à parler pour que ce procès ne donne rien
et que vous sortiez acquittés. Vous pouvez aller tranquilles. Mais : ne me
mentionnez pas’.
Les années suivantes, en 2002, 2003, je suis plus commandant de police et je me retrouve dans une mauvaise situation. Je localise Santiago, je l’appelle et je lui demande qu’ils ne m’emmènent pas. Il me dit ‘L’engagement c’était classer l’affaire, et ça a été fait. Ne réessayez pas de m’appeler’. C’était ma dernière communication avec Santiago. L’an dernier j’ai commencé à recevoir des menaces, Santiago sait que je suis une personne qui connais beaucoup de choses sur lui. Et comme la majorité du groupe des Douze Apôtres a été assassinée, j’ai pris la décision de m’échapper.”
Les années suivantes, en 2002, 2003, je suis plus commandant de police et je me retrouve dans une mauvaise situation. Je localise Santiago, je l’appelle et je lui demande qu’ils ne m’emmènent pas. Il me dit ‘L’engagement c’était classer l’affaire, et ça a été fait. Ne réessayez pas de m’appeler’. C’était ma dernière communication avec Santiago. L’an dernier j’ai commencé à recevoir des menaces, Santiago sait que je suis une personne qui connais beaucoup de choses sur lui. Et comme la majorité du groupe des Douze Apôtres a été assassinée, j’ai pris la décision de m’échapper.”
Article d’origine en espagnol :
Página/12 "LosDoce Apóstoles de Santiago Uribe"
Sources : Comité contre la Torture du Chili –
Contagio Radio - Primitivi