QUARANTE ANS
SANS OUBLI
POSSIBLE…
Par Vudeloin
Depuis
que deux avions détournés par des militants d’Al Qaeda ont
heurté de plein fouet les Twin Towers du World Trade Center, ce jour est
le symbole toujours vivace de l’affrontement entre les sociétés
occidentales civilisées et l’islamisme fanatique militant et terroriste…
Mais le 11 septembre est aussi le jour de la fête « nationale » de la
Catalogne, consacrant la prise de Barcelone par les troupes françaises
au terme ultime de la Guerre de Succession d’Espagne. Et surtout, depuis
quarante ans, le 11 septembre est la date anniversaire du coup d’Etat
fomenté par l’armée chilienne contre le Gouvernement d’Unité Populaire
de Salvador Allende.
Le pays a d’ailleurs connu une vive controverse ces dernières
semaines, en pleine campagne électorale, sur le sens à donner aux
manifestations diverses marquant le quarantième anniversaire du « golpe
de Estado ». Il est en effet évident, pour les partis de la gauche chilienne,
qu’il est impossible d’oublier quoique ce soit de ce qui s’est passé
alors.
Ainsi, l’ancien Président Ricardo Lagos a dit « Au Chili, la
dictature militaire nous a pris le meilleur de nos vies », pendant
les
dix sept années (de 1973 à 1990) qu’a duré le régime Pinochet. Guillermo
Teillier, député et Président du PC Chilien, a indiqué pour
sa part « Nous ne renoncerons pas à la justice ni à la vérité. »
Pour sa part, l’UDI, le parti des anciens pinochétistes et de leurs
enfants (comme nous avons déjà eu l’occasion de l’indiquer) a préféré «
donner un signe d’unité nationale » en commandant une …messe dans la
Chapelle du Parlement…Et ce, pour que l’unité prenne le pas sur toute exploitation
politique de l’événement et toute « relecture historique » qui serait
malhonnête.
Carlos Larrain, sénateur et Président du Parti RN, celui de la droite
new-look version bizness, a précisé, en parlant du 11 septembre, qu’il
n’y « avait ni purs innocents ni purs coupables » dans cette affaire.
Il a invité ensuite « à se garder de juger la situation du pays en
1973 dans l’abstrait, et de se souvenir du contexte de l’époque, » Il a ainsi indiqué qu’à son avis « le risque totalitaire avait été
écarté et que le Chili avait pu éviter de devenir Cuba… » (sic).
On voit que l’interprétation des faits historiques est un exercice
encore complexe au Chili, même si l’une des forces politiques (la DC
d’Eduardo Frei) qui soutint le coup d’Etat est aujourd’hui partie
intégrante de la Concertacion des forces de gauche…
La journée de commémoration de l’événement a d’ailleurs été marquée
par des incidents assez sérieux dans plusieurs villes (Puente Alto, San
Bernardo, Concepcion).
Il semble toutefois qu’il y ait un domaine dans lequel un large
accord pourrait intervenir, à l’exception notable de l’UDI, attachée à
la défense de l’héritage du régime Pinochet.
C’est celui de la modification du mode de scrutin et l’abandon de
l’ahurissant système binominal pour une proportionnelle un peu plus
conforme aux canons habituels de ce genre de système électoral.
Vidéo sur le SYSTêME BINOMINAL (en espagnol sous- titré en français)
La discussion actuelle sur le mode de scrutin s’appuie sur plusieurs
propositions, certaines préservant le nombre des élus actuels (120) dans
un découpage un peu différent, et d’autres prévoyant un accroissement
du nombre des élus des deux Assemblées.
Premier projet : il s’agirait de fondre les soixante circonscriptions
actuelles élisant chacune deux élus en trente – quatre entités pourvues
de deux à huit élus.
Ce qui donnerait les résultats suivants :
1er district : Région XV (Arica), deux élus 2e district :Région I (Iquique), deux élus 3e district : Région II (Antofagasta),
quatre élus 4e district : Région III (Atacama), quatre élus 5e district :
Région IV(Coquimbo), six élus 6e district : Région V (Petorca,
Quillota, Los Andes, San Felipe, Marga Marga), six élus 7e district :
Région V (Valparaíso, San Antonio), six élus 8e district : Région
métropolitaine (Chacabuco, Quilicura, Pudahuel), deux élus 9e district :
Région métropolitaine (Conchali, Renca, Huechuraba, Cerro Navia, Lo
Prado et Quinta Normal), quatre élus 10e district : Région
métropolitaine (Estacion Central, Cerrillos, Maipu), deux députés 11e
district : Région métropolitaine (Recoleta, Independencia, Santiago),
quatre députés 12e district : Région métropolitaine (Melipilla, Maipo et
Talagante), quatre députés 13e district : Région métropolitaine (Las
Condes, Lo Barnechea, Vitacura, Nunoa, Provindencia), quatre députés.
14E district : Région métropolitaine (La Reina, Penalolen), deux élus
15e district : Région métropolitaine (Macul, San Joaquin, La Granja, La
Florida), quatre élus 16e district : Région métropolitaine (Lo Espejo,
El Bosque, La Cisterna, San Ramon, Pedro Aguirre Cerda, San Miguel),
quatre élus 17e district : Région métropolitaine (Puente Alto, Pirqué,
San José de Maipo, La Pintana), deux députés. 18E district : Région VI –
O’Higgins (Rancagua), quatre députés 19e district : Région VI –
O’Higgins (Cardenal Caro et Colchagua), quatre élus 20e district :
Région VII – del Maule (Curico), deux députés 21e district : Région VII –
del Maule (Talca), quatre élus 22e district : Région VII – del Maule
(Cauquenes, Linares), quatre élus 23e district : Région VIII – du Bio
Bio (partie Nuble), deux élus 24e district : Région VIII – du Bio Bio
(Concepcion), quatre élus 25e district : Région VIII – de Bio Bio
(Coronel), deux élus 26e district : Région VIII – de Bio Bio (Chillan),
deux élus 27e district : Région VIII – du Bio Bio (Arauco, Bio Bio),
quatre élus 28e district : Région IX – Araucanie (Malleco), quatre élus
29e district : Région IX – Araucanie (Temuco), deux élus 30e district :
Région IX – Araucanie (Cautin), quatre élus 31e district : Région XIV –
Los Rios, quatre élus 32e district : Région X – Los Lagos, huit élus 33e
district : Région XI – Aysen General Carlos Ibanez del Campo, deux élus
34e district : Région XII – Magellan, deux élus.
Dans les faits, comme le scrutin est proportionnel, la règle des deux
tiers/un tiers jouerait encore dans les circonscriptions comptant deux
élus, mais moins dans les autres.
A quatre élus, une liste dépassant les 60 % obtiendrait trois sièges
sur quatre ; à six élus, une liste dépassant 57,5 % pourrait obtenir
quatre des six mandats et à huit élus, une liste dépassant les 55 %
pourrait décrocher cinq mandats sur huit.
Complétant ce projet, il existe également une réforme limitée du
Sénat qui prévoit d’une part la création de six sièges, avec un Sénat
passant de 38 à 44 élus, par deux sièges pour la région XV (Arica) qui
en est pour l’heure dépourvue et quatre sièges de plus pour la région
Métropolitaine de Santiago.
Par ailleurs, le Sénat serait élu sur la base de circonscriptions
recouvrant les Régions, ce qui fait que les plus peuplées (Valparaiso,
Maule, Bio Bio, Araucania et Métropolitaine) éliraient quatre à huit
sénateurs avec les mêmes modifications de majorité que celles possibles
pour les députés.
Un autre projet, signé par des députés de sensibilités diverses
(autant du PS que de la RN), préconise de porter à 150 le nombre des
députés et à 50 celui des sénateurs.
Pour les députés, le principe retenu est d’accorder au moins trois
députés à chaque région, indépendamment de sa population. Puis de
répartir les autres sièges, c’est-à-dire 105 mandats à raison de la
démographie.
Dans les faits, les régions XV (Arica), I (Iquique), XI (Aysen) et
XII (Magellan) auraient trois élus. Puis les régions III (Atacama) et
XIV (Los Rios) en auraient quatre. Ensuite, la région II (Antofagasta)
passerait à cinq sièges, la région IV (Coquimbo) resterait à six sièges ;
les régions VI (O’Higgins) et X (Los Lagos) resteraient à huit sièges ;
les régions VII (Maule) et IX (Araucania) conserveraient leurs dix
élus. Par contre, la région V (Valparaiso) passerait à seize élus, la
région VIII (Bio Bio) à dix – huit sièges et la région Métropolitaine à
quarante – neuf.
La région V serait partagée en deux circonscriptions
élisant chacune huit députés, la région VI serait découpée en deux, avec
quatre députés à élire à la clé dans chaque cas ; la région VII aurait
deux circonscriptions de six et quatre élus ; la région VIII serait
découpée en trois parties élisant huit, cinq et cinq députés ; la région
IX aurait deux circonscriptions de quatre et six élus ; et la région
Métropolitaine serait découpée en huit circonscriptions élisant de cinq à
sept députés. De fait, les régions I à IV, X à XII, XIV et XV
constitueraient, chacune, une circonscription à part entière.
Ce qui a au moins l’avantage d’éviter qu’il ne s’y produise des
inégalités évidentes de représentation des différentes provinces les
composant, comme aujourd’hui.
Pour le Sénat, le projet prévoit de donner deux élus à chaque région
au moins. Il y aurait trois élus dans les régions VI (O’Higgins) et X
(Los Lagos), quatre dans les régions VII (Maule) et IX (Araucania), cinq
dans les régions V (Valparaiso) et VIII (Bio Bio) et dix dans la région
Métropolitaine.
Ladite région serait la seule à être divisée en deux circonscriptions
(Une à l’Ouest, une à l’Est) de cinq sièges chacune. Le projet prévoit
une clause de revoyure tous les dix ans pour la répartition des sièges
en posant le principe suivant : 84 sièges attribués au minimum pour
chacun des 28 districts ou circonscriptions constitués ; 66 sièges
répartis à la proportionnelle à raison de la population sans que le
moindre district ne puisse avoir plus de neuf députés.
Comme le pays est un pays dont la population bouge relativement
beaucoup, les migrations régionales étant loin d’être inexistantes, on
voit tout l’intérêt de la chose.
La vérité et le texte qui sera débattu et adopté pour les élections
de 2017 sont sans doute à chercher dans le cadre d’un moyen terme entre
ces deux projets.
Source : Politique Fiction