Alexandre Pétion
Buste dévoilé en Colombie
Par Wooldy Edson Louidor
IIIe Sommet International des dirigeants et maires afro-descendants : Plus de 1,500 personnes, dont des maires et des hauts dirigeants noirs, provenant de plus de 80 pays du continent américain, de l’Afrique et de quelques pays européens, ont rendu hommage au héros de l’indépendance haïtienne Alexandre Pétion, le 15 septembre 2013, à Cali (en Colombie), au cours du troisième Sommet international des dirigeants et maires afro-descendants. Ce Sommet des leaders noirs du monde, tenu à Cali du 12 au 16 septembre 2013, se poursuivra dans la ville de Carthagène (Cartagena), toujours en Colombie, du 17 au 18 septembre.
Dévoilement d’un buste d’Alexandre Pétion
Des dirigeants, maires, conseillers municipaux, hauts fonctionnaires onusiens, ministres, hommes de science, membres d’organisations non gouvernementales afro du monde ont assisté, en présence d’une importante délégation haïtienne, au dévoilement du buste d’Alexandre Pétion.
Construit en fibre de verre et revêtu de résine polyester, le buste du troisième président haïtien (1806-1818) pèse 70 kilos et mesure 80 centimètres de long et 60 centimètres de large.
Sur le piédestal du buste, œuvre du sculpteur originaire de la ville colombienne de Cali Cristian Oviedo, est gravée cette inscription : « le premier bienfaiteur de la terre qu’un jour l’Amérique proclamera son libérateur ! »
Allusion à la lettre que Simon Bolívar a écrite à Pétion, en guise de remerciement pour l’hospitalité et la solidarité que le chef d’État de la première république noire du monde lui a manifestées en deux occasions.
La première fois, c’était entre décembre 1815 et janvier 1816, quand Pétion a reçu Bolívar à Port-au-Prince et lui a procuré des munitions, des soldats et autres aides pour permettre au « libertador » de lancer l’Expédition des Cayes contre la Costa Firme [ancien nom du territoire comprenant le Venezuela, l’isthme de Panamá et une grande partie de la Colombie].
La deuxième fois, c’était en décembre 1816, quand Pétion a accueilli Bolívar [qui a dû partir en exil suite à l’échec de l’expédition] et lui a fourni tout ce dont le « libertador » avait besoin pour organiser l’expédition de Jacmel (Sud-Est d’Haïti).
Expédition, qui a été couronnée de succès, puisque Bolivar a consolidé ses triomphes militaires au Venezuela et initié la campagne de libération des pays sud-américains contre l’Espagne.
Le directeur de l’organisation de Chao Racismo [Adieu au Racisme], Ray Charrupi, et des dirigeants de la ville de Cali avaient proposé de rebaptiser le boulevard Río de Cali (l’une des principales avenues de cette ville) du nom d’Alexandre Pétion, en guise d’hommage aux Noirs de la Colombie (communément appelés afro-colombiens).
Selon l’un des dirigeants de Chao Racismo, le conseiller municipal Fabio Arroyave, ce geste « marquerait un pas vers la reconnaissance de la communauté afro-descendante, la reconnaissance de sa contribution historique à la ville [Cali] ».
Ce serait « un hommage bien mérité à un leader, qui a été rendu invisible et dont la contribution au processus de libération de notre pays est méconnue par les citoyens ».
Cependant, au cours d’un débat ouvert, réalisé le 18 avril 2013 à la Commission des Instituts Décentralisés du Conseil Municipal (en espagnol, la Comisión de Institutos Descentralizados del Consejo), d’autres dirigeants de la ville ont rejeté la proposition, arguant que le boulevard doit porter le nom d’un citoyen illustre originaire du département de Valle del Cauca, dont Cali est la capitale.
Hommage à la ministre italienne d’origine congolaise Cécile Kyenge
Parmi des dirigeants noirs ayant participé au Sommet, figure la ministre italienne d’origine congolaise Cécile Kyenge (ci-contre), qui a reçu, en la circonstance, un hommage spécial pour son courage face à tant d’attaques racistes, dont elle a fait l’objet, à Rome, dans l’exercice de ses fonctions, en tant que ministre de l’Intégration et de la Coopération internationale de ce pays européen.
Le Sommet est organisé en Colombie par l’Association des Maires et Gouverneurs des Communes et Départements, ayant une population afro-descendante (Asociación de Alcaldes y Gobernadores de Municipios y Departamentos con Población Afrodescendiente -Amunafro) et l’Ong Chao Racismo, avec le soutien de l’Association des Maires Noirs des États-Unis d’Amérique.
L’un des objectifs de ce sommet consiste à promouvoir la fraternité entres des villes, le dialogue politique et la coopération internationale pour le développement de la diaspora africaine.
Il vise aussi à construire un Réseau Mondial de Mandataires Noirs qui œuvrera pour l’intégration économique, culturelle, sociale, académique et spirituelle de cette population exclue et victime de discriminations de toutes sortes, partout dans le monde.
C’est pour la première fois que ce Sommet est organisé hors de l’Afrique. Cali a été choisie comme siège du troisième sommet des dirigeants et maires noirs, parce qu’elle constitue l’une des villes ayant le plus de Noirs en Amérique Latine (plus de 700,000 habitants noirs).
En plus, la Colombie (Cali et Carthagène) a été élue pour accueillir ce sommet, parce qu’elle « démontre qu’elle est en train de consolider les programmes en faveur des Afro-colombiens, de créer des liens avec les Afro-descendants d’autres pays et des liens avec l’Afrique », selon Djibril Diallo, l’un des organisateurs de ce sommet et également consultant du directeur exécutif de l’Onusida.
Source : ALTERPRESSE (Haïti)