vendredi 30 novembre 2012

Brésil, les sciences humaines interdites à l’étranger !

Les étudiants 
en sciences humaines 
interdits de voyage
au Brésil



Par Emmanuelle Leroy Cerqueira, traduction d’Henri Dumoulin

Le 20 novembre 2012 a été annoncée l'exclusion des sciences humaines du projet d'échange et mobilité internationale pour les étudiants de l'enseignement supérieur au Brésil: Science sans frontière (CsF). Cette décision a révolté de nombreux étudiants qui ont lancé une campagne en ligne pour son abrogation. Se retrouvent exclus les étudiants d'au moins 24 cursus dont 20 en sciences humaines, entre autres.

Communication sociale (information, publicité et journalisme), Etude des médias, Systèmes et médias informatiques, Science de l'information, Gestion de l'information et Documentation. Le projet est focalisé sur le domaine des technologies, laissant de côté le domaine des secteurs créatifs propres aux étudiants en sciences humaines.

Cristiane Nascimento et Davi Lira commentent cette décision sur le site Estadão (portail d'information de l'état de São Paulo) ;

Cette décision est justifiée par le fait que ces formations n'auraient pas de lacunes à combler comme les sciences exactes et la recherche technologique ; de ce fait, elles n'auraient pas besoin d'être complétées par l'apport d'universités étrangères.

Pour riposter, les étudiants ont créé sur Facebook, le 21 novembre, le collectif “CiênciaCom Fronteiras” (science avec frontières) qui compte, au moment de la publication de cet article, le soutien de plus de 2100 personnes. 


Le but est de faire pression pour obtenir le retrait de cette décision.

Larissa Goulart écrit sur le site du collectif :

Je pense qu'on devrait finalement manifester pour l'inclusion de toutes les formations, pas seulement celles qui ont été exclues, mais également celles qui n'ont jamais été incluses ; et pour l'amour de Dell ne venez plus me raconter que les sciences humaines ne sont pas des sciences.

Kátia Flavia ajoute :

Ah mes amis quel pays merveilleux! Il ne suffisait pas d'avoir les “sans terre”, les “sans toit”, les “sans emploi”, les pauvres, les bidonvilles, les exclus de l'informatique ! Voici désormais une nouvelle catégorie de misérables fabriquée par ce merveilleux pays : les exclus de la Science. Il y vraiment des choses que l'on réussit bien ici !

Fernando Strongren propose d'aller plus loin :

Une telle page ne doit pas évoquer l'image de “nourrissons réclamant la tétée”. Il faut avant tout présenter des arguments montrant l'importance du but de toute science sociale : le développement humain, pour le développement du pays. Il n'y a que de cette façon que nous mettrons en évidence l'absurdité de ce choix.

Un article publié sur Facebook par le collectif le 26 novembre, précise :

Ce qui nous importune réellement, et nous a poussé à aller en justice, c'est la situation de plus de 1100 étudiants en sciences humaines et sciences de la santé qui avaient été accepté par le passé et qui se voient écartés sans le moindre avertissement du fait de ce changement brutal. Ils se retouvent avec de gros frais, épreuves de compétence, cours préparatoire, passeports et frais de déplacements que tout cela entraîne. Cette même note annonce également avoir à disposition près de 36 pages de pièces justificatives de personnes attestant les dépenses nécessitése par leur participation au processus de sélection. Ceci amène les questions suivantes :

1. Comment le gouvernement espère-il gérer le problème des étudiants qui se sont investis dans une langue dans le but d'obtenir un bourse d'étude ?

2. Qu'est ce qui fait la différence entre les étudiants homologués au début de cette année et nous ? La chance ? Alors que faites vous du principe d'égalité de traitement inclu dans l'article 5 !

3. Pourquoi ne pas nous avoir averti de cette décision dès la publication du programme de cette année ( valable pour les deux rentrées: janvier et août/septembre 2013) ? Est-il légal de modifier à ce point un programme alors qu'il est en cours de réalisation ?
Vous pouvez faire des découvertes révolutionnaires dans le domaine de la santé, la robotique, l'écologie, et bien d'autres choses encore, mais n'oubliez pas que nous nous efforçons de faire évoluer la pensée humaine, et sans elle aucune société démocratique ne perdure.

Les étudiants déclarent qu'ils remettront personnellement au siège de la CAPES (coordination des formations) à Brasilia le lundi 26 novembre, une lettre ouverte énumérant les frais des personnes qui s'étaient préparés en vue de ce programme et signée par tous.

Il est également réclamé une ordonnance ou une mesure conservatoire suspendant le processus de sélection jusqu'à ce que soit réglé le problème généré par les formations exclues.


Elle est destinée au Gouvernement fédéral, au Ministère de l'éducation, à la coordination des formations de niveau supérieur (CAPES), a déjà recueilli près de 2650 signatures. 



En fin de journée, vers 19h à Brasilia, un tweet a été édité portant le hashtag #CienciaComFronteiras.


Source : article et photo, Global Voices