Quand la guerre et les violences criminelles
sont toujours
actives
Par Lionel Mesnard
Poudres aux yeux, sémillantes réunions entre
« assassins » de tout bord, qui peut-être dupe sur les négociations
engagées entre La Havane et la Norvège sur la paix en Colombie. Comment régler
une guerre ayant plusieurs facettes, quand la paix avec les FARC-EP ne serait
qu’un gros emplâtre sur une plaie béante ?
Si demain, il n’y avait plus de heurts entre l’armée
régulière et les « belligérants », se serait un pas manifeste, mais
qui ne réglerait rien s’agissant de la vie quotidienne des Colombiens, si deux
aspects, l’un la question de la restitution de plusieurs millions d’hectares de
terres agricoles à leurs propriétaires, et deuxièmement la question des trafics
de drogue ne trouvait pas, aussi des solutions ou des accords appropriés. La
violence subie resterait tout aussi chaotique, comme pour tous ces anonymes
qui sont morts ces dernières décennies pour des intérêts ne les concernant pas.
Les négociations de paix, entre le gouvernement colombien et
la guérilla des FARC sont parties pour durer, sans qu’il soit possible de
savoir si elles trouveront une fin. Elles devaient durer 8 mois, il faudra
attendre quatre mois de plus et octobre 2013, si la sortie du tunnel est
possible, du moins si un accord viendra à ce terme.
Aussi l’autre guérilla, l’ELN a demandé à faire partie du
processus en cours, mais aussi certaines individualités proches des
paramilitaires ou du pouvoir et surtout les nombreuses organisations sociales
colombiennes se sont manifestées, pour qu’elles aussi soient entendues, et
puissent participer pour faire entendre : la voix de victimes.
Par ailleurs, la Cour Pénale Internationale (1), non
seulement continue son travail d’enquête, mais semble bien décider à mettre le
gouvernement colombien devant ses responsabilités. « A travers ce rapport, la
CPI adresse clairement un dernier avertissement à l’Etat colombien. Et s’il ne
fait pas le nécessaire pour mettre un terme à l’impunité des plus hauts
responsables de ces crimes, la CPI ouvrira une enquête », a affirmé Souhayr
Belhassen, Présidente de la FIDH (2). Et en matière de justice, la loi qui se
dessine actuellement ou seule l’autorité militaire serait amenée à juger des
crimes contre l’Humanité ne pouvant être pour la CPI ou la FIDH que du ressort
de la justice civile, interroge fortement sur une loi qui vise à détourner de
la justice civile les pires atteintes aux droits humains en temps de guerre.
Résignation, incompréhension, doutes, ou difficulté à croire
que la Colombie puisse se mettre à l’heure de la paix pour mettre fin à ce qui
est du conflit guerrier, beaucoup d’observateurs ou de Colombiens de la rue
sont sceptiques, et ils ne croient guère aux actuels pourparlers de paix. Et
ils ont raison, rien à l’heure actuelle n’a changé, attentats et crimes contre
la population civile continuent. La restitution des terres n’avance pas comme
il se devrait, et aussi bien du côté des FARC, des paramilitaires, que de
l’Armée nationale la mitraille n’a pas cessé. Pour autant l’industrie minière ou
le négoce de l’agro-alimentaire continue à prospérer et à s’étendre toujours au
détriment des populations des campagnes.
Seuls points maigres de satisfaction, le rôle des diplomaties latino-américaines
Brésil, Cuba, Venezuela et autres, et qui seules permettent vraiment ces
échanges, à la condition que ce petit monde décide vraiment de poser les armes,
s’ouvre aux victimes et assume ce que la justice civile ou internationale peut
attendre d’eux. Nous pourrions y donner un sens, mais en l’état, il faudra
attendre, car à jouer comme le fait, la guérilla des FARC avec les photos de
famille avec l’égérie hollandaise à Cuba, ou le président Juan Manuel Santos
sur sa fermeté et ses problèmes de prostate, on meurt toujours impunément en
Colombie.
Notes :
(2) Communiqué » de la FIDH, du 14 novembre 2012, cliquez ici !
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