samedi 24 novembre 2012

Cuba, abus policiers et répression contre les dissidents

 Cuba : Le défenseur 
des droits humains emprisonné, 
M. Antonio González Rodiles, 
accusé de résistance à l'autorité

 Par Antonio González Rodiles

Le 14 novembre 2012, la famille du défenseur des droits humains M. Antonio González Rodiles a été informée qu'il sera accusé de résistance à l'autorité, alors qu'il est toujours en détention préventive au poste de police d'Acosta. Le défenseur a été arrêté à La Havane lors d'une vague d'arrestations et de passage à tabac de défenseur-ses des droits humains les 7 et 8 novembre 2012. Antonio González Rodiles est responsable d'Estado de SATS, un projet indépendant qui vise à créer un espace de participation et de débats à travers des groupes de discussions, des forums et d'autres événements filmés et diffusés sur Internet.

Le 7 novembre 2012, l'avocate et défenseuse des droits humains Mme Yaremis Flores a été arrêtée en lien avec des articles dans lesquels elle critiquait la réponse du gouvernement vis-à-vis de l'ouragan Sandy, et dans lesquels elle dénonçait les décès de détenus. Alors que des défenseur-ses des droits humains se sont rassemblé-es devant le poste de police pour protester contre sa détention, plusieurs d'entre eux-elles, dont Antonio González Rodiles et l'avocate blogueuse, Mme Laritza Diversent, ont été passé-es à tabac et arrêté-es.

Le 8 novembre 2012, Mme Yoani Sanchez, blogueuse et écrivaine, M. Ángel Santiesteban Prats, M. Angel Moya Acosta, M. Julio Aleaga, M. Librado Linares, M. Félix Navarro, M. Iván Hernández Carrillo, M. Eduardo Díaz Fleites et M. Guillermo Fariñas Hernández ont été arrêté-es alors qu'ils appelaient à la libération des personnes arrêtées la veille.

Quatre autres défenseur-ses des droits humains ont été arrêté-es à Camagüey et six autres personnes détenues alors qu'elles se rendaient au poste pour demander leur libération. Ces personnes et celles détenues à La Havane ont été libérées après plusieurs jours de détention. Cependant, Antonio González Rodiles est toujours incarcéré et sa famille a été informée que le procureur avait demandé sa détention provisoire pour "résistance à l'autorité", une accusation pour laquelle il risque de trois mois à un an de prison.

Plusieurs des personnes arrêtées sont membres de la campagne "Demanda ciudadana por otra Cuba" (Demande citoyenne pour un autre Cuba); une réunion devait avoir lieu chez Antonio González Rodiles (ci-contre). La campagne appelle le gouvernement cubain à immédiatement appliquer les garanties juridiques et politiques inscrites dans la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, et ratifiées dans le Pacte international sur les droits civils et politiques et le Pacte international sur les droits économiques, sociaux et culturels signés par les autorités cubaines en février 2008.

En août 2012, le document "Demanda ciudadana por otra Cuba" a été signé par des centaines de Cubains dans toute l'île et par les Cubains exilés, puis remis à l'Assemblée Nationale.

Front Line Defenders pense que les arrestations des défenseur-ses des droits humains susmentionné-es et le maintien en détention d'Antonio González Rodiles ont un lien direct avec leur travail légitime et pacifique en faveur des droits humains. La police empêche régulièrement les manifestations pacifiques, bloquant les accès aux lieux les jours où les manifestations sont prévues; cela constitue un déni clair du droit à la liberté d'assemblée à Cuba. En outre, les défenseur-ses des droits humains sont toujours exposé-es au harcèlement et aux attaques physiques perpétrés par la police dans toute l'île.

Une préoccupation permanente (extraits de Polémica Cubana)

Récemment, alors que l’île de Cuba se mobilise pour aider les victimes de l’ouragan Sandy, nous avons reçu des informations qui – si elles sont fondées – font allusion à des cas très inquiétants de brutalité policière et d’arrestations qui peuvent être qualifiés d’arbitraires.

(…)

La brutalité policière et les arrestations arbitraires dans notre pays ne doivent pas être prises à la légère. 

Trop souvent, nous voyons que les groupes considérés comme marginaux, comme les descendants d’Africains, les rastafariens, les abakuás, les rockers, les travailleurs du sexe, les personnes LGBT, les vendeurs de l’économie informelle les moins favorisés, les migrants des provinces orientales, et d’autres souffrent de l’application des préjugés grossiers et ataviques des forces de police.

Contrairement aux affaires politiques, ces situations n’éveillent pas la plus minime réaction, elle n’existe uniquement que dans le sphère étroite des victimes directement touchées, mais sans échos dans la sphère médiatique. 

L’inconvénient de ces gens, innocents de tout autre péché que de vivre avec la couleur de leur peau, ou d’exercer dans des conditions difficiles le droit de manifester leurs sentiments et leurs personnalités propres, constitue un puissant moteur de mobilisation et d’émotions pour tous les gens honnêtes capables d’apporter leur solidarité avec les innocents.

Des actes aussi condamnables ne contribuent en rien à la cause anticapitaliste ou à la justice sociale, mais au contraire ils affectent ces causes. Si ces actes ne cessent de se produire, cela démontrerait un manquement grave au compromis des autorités cubaines avec les principes de justice et de liberté de la part, et de tous ceux qui s’en réclament. 

L’attitude conséquente des partisans de la plaine émancipation humaine implique dans de telles situations, la solidarité avec les personnes affectées et la demande que la justice soit appliquée aux auteurs de ces violations qui menacent les principes pour lesquelles nous nous battons : ceux d’une société libérée de toutes formes de domination, d’exclusion et d’exploitation.

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Signataires du texte : Dmitri Prieto Samsónov, Rogelio Díaz Moreno, Ovidio DAngelo Hernández, Isbel Díaz Torres, Jimmy Roque Martínez, Armando Chaguaceda Noriega, Karel Negrete Vázquez, Yasmín S. Portales Machado, Luis Rondón Paz, Mario Castillo Santana, Julio Tang Zambrana, Ramón García Guerra