Cuba : Le défenseur
des droits humains emprisonné,
M. Antonio
González Rodiles,
accusé de résistance à l'autorité
Par Antonio González Rodiles
Le 14 novembre 2012, la famille du défenseur des droits
humains M. Antonio González Rodiles a été informée qu'il sera accusé de
résistance à l'autorité, alors qu'il est toujours en détention préventive au
poste de police d'Acosta. Le défenseur a été arrêté à La Havane lors d'une
vague d'arrestations et de passage à tabac de défenseur-ses des droits humains
les 7 et 8 novembre 2012. Antonio González Rodiles est responsable d'Estado de
SATS, un projet indépendant qui vise à créer un espace de participation et de
débats à travers des groupes de discussions, des forums et d'autres événements
filmés et diffusés sur Internet.
Le 7 novembre 2012, l'avocate et défenseuse des droits
humains Mme Yaremis Flores a été arrêtée en lien avec des articles dans
lesquels elle critiquait la réponse du gouvernement vis-à-vis de l'ouragan
Sandy, et dans lesquels elle dénonçait les décès de détenus. Alors que des
défenseur-ses des droits humains se sont rassemblé-es devant le poste de police
pour protester contre sa détention, plusieurs d'entre eux-elles, dont Antonio
González Rodiles et l'avocate blogueuse, Mme Laritza Diversent, ont été
passé-es à tabac et arrêté-es.
Le 8 novembre 2012, Mme Yoani Sanchez, blogueuse et
écrivaine, M. Ángel Santiesteban Prats, M. Angel Moya Acosta, M. Julio Aleaga,
M. Librado Linares, M. Félix Navarro, M. Iván Hernández Carrillo, M. Eduardo
Díaz Fleites et M. Guillermo Fariñas Hernández ont été arrêté-es alors qu'ils
appelaient à la libération des personnes arrêtées la veille.
Quatre autres défenseur-ses des droits humains ont été
arrêté-es à Camagüey et six autres personnes détenues alors qu'elles se
rendaient au poste pour demander leur libération. Ces personnes et celles
détenues à La Havane ont été libérées après plusieurs jours de détention.
Cependant, Antonio González Rodiles est toujours incarcéré et sa famille a été
informée que le procureur avait demandé sa détention provisoire pour
"résistance à l'autorité", une accusation pour laquelle il risque de
trois mois à un an de prison.
Plusieurs des personnes arrêtées sont membres de la campagne
"Demanda ciudadana por otra Cuba" (Demande citoyenne pour un autre
Cuba); une réunion devait avoir lieu chez Antonio González Rodiles (ci-contre). La campagne
appelle le gouvernement cubain à immédiatement appliquer les garanties
juridiques et politiques inscrites dans la Déclaration Universelle des Droits
de l'Homme, et ratifiées dans le Pacte international sur les droits civils et
politiques et le Pacte international sur les droits économiques, sociaux et
culturels signés par les autorités cubaines en février 2008.
En août 2012, le document "Demanda ciudadana por otra
Cuba" a été signé par des centaines de Cubains dans toute l'île et par les
Cubains exilés, puis remis à l'Assemblée Nationale.
Front Line Defenders pense que les arrestations des
défenseur-ses des droits humains susmentionné-es et le maintien en détention
d'Antonio González Rodiles ont un lien direct avec leur travail légitime et
pacifique en faveur des droits humains. La police empêche régulièrement les
manifestations pacifiques, bloquant les accès aux lieux les jours où les
manifestations sont prévues; cela constitue un déni clair du droit à la liberté
d'assemblée à Cuba. En outre, les défenseur-ses des droits humains sont
toujours exposé-es au harcèlement et aux attaques physiques perpétrés par la
police dans toute l'île.
Une préoccupation permanente (extraits de Polémica Cubana)
Récemment, alors que l’île de Cuba se mobilise pour aider
les victimes de l’ouragan Sandy, nous avons reçu des informations qui – si
elles sont fondées – font allusion à des cas très inquiétants de brutalité
policière et d’arrestations qui peuvent être qualifiés d’arbitraires.
(…)
La brutalité policière et les arrestations arbitraires dans
notre pays ne doivent pas être prises à la légère.
Trop souvent, nous voyons que les groupes considérés comme marginaux, comme les descendants d’Africains, les rastafariens, les abakuás, les rockers, les travailleurs du sexe, les personnes LGBT, les vendeurs de l’économie informelle les moins favorisés, les migrants des provinces orientales, et d’autres souffrent de l’application des préjugés grossiers et ataviques des forces de police.
Trop souvent, nous voyons que les groupes considérés comme marginaux, comme les descendants d’Africains, les rastafariens, les abakuás, les rockers, les travailleurs du sexe, les personnes LGBT, les vendeurs de l’économie informelle les moins favorisés, les migrants des provinces orientales, et d’autres souffrent de l’application des préjugés grossiers et ataviques des forces de police.
Contrairement aux affaires politiques, ces situations
n’éveillent pas la plus minime réaction, elle n’existe uniquement que dans le
sphère étroite des victimes directement touchées, mais sans échos dans la
sphère médiatique.
L’inconvénient de ces gens, innocents de tout autre péché que de vivre avec la couleur de leur peau, ou d’exercer dans des conditions difficiles le droit de manifester leurs sentiments et leurs personnalités propres, constitue un puissant moteur de mobilisation et d’émotions pour tous les gens honnêtes capables d’apporter leur solidarité avec les innocents.
L’inconvénient de ces gens, innocents de tout autre péché que de vivre avec la couleur de leur peau, ou d’exercer dans des conditions difficiles le droit de manifester leurs sentiments et leurs personnalités propres, constitue un puissant moteur de mobilisation et d’émotions pour tous les gens honnêtes capables d’apporter leur solidarité avec les innocents.
Des actes aussi condamnables ne contribuent en rien à la
cause anticapitaliste ou à la justice sociale, mais au contraire ils affectent
ces causes. Si ces actes ne cessent de se produire, cela démontrerait un
manquement grave au compromis des autorités cubaines avec les principes de
justice et de liberté de la part, et de tous ceux qui s’en réclament.
L’attitude conséquente des partisans de la plaine émancipation humaine implique dans de telles situations, la solidarité avec les personnes affectées et la demande que la justice soit appliquée aux auteurs de ces violations qui menacent les principes pour lesquelles nous nous battons : ceux d’une société libérée de toutes formes de domination, d’exclusion et d’exploitation.
L’attitude conséquente des partisans de la plaine émancipation humaine implique dans de telles situations, la solidarité avec les personnes affectées et la demande que la justice soit appliquée aux auteurs de ces violations qui menacent les principes pour lesquelles nous nous battons : ceux d’une société libérée de toutes formes de domination, d’exclusion et d’exploitation.
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Signataires du texte : Dmitri Prieto Samsónov, Rogelio
Díaz Moreno, Ovidio DAngelo Hernández, Isbel Díaz Torres, Jimmy Roque Martínez,
Armando Chaguaceda Noriega, Karel Negrete Vázquez, Yasmín S. Portales Machado,
Luis Rondón Paz, Mario Castillo Santana, Julio Tang Zambrana, Ramón García
Guerra
Sources : Front-Line Defenders